La définition de la mort dans les Coplas de Jorge Manrique - article ; n°1 ; vol.7, pg 225-232
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Description

Annexes des Cahiers de linguistique hispanique médiévale - Année 1988 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 225-232
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 40
Langue Français

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Bernard Darbord
La définition de la mort dans les Coplas de Jorge Manrique
In: Annexes des Cahiers de linguistique hispanique médiévale, volume 7, 1988. Hommage à Bernard Pottier. pp.
225-232.
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Darbord Bernard. La définition de la mort dans les Coplas de Jorge Manrique. In: Annexes des Cahiers de linguistique
hispanique médiévale, volume 7, 1988. Hommage à Bernard Pottier. pp. 225-232.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cehm_0180-9997_1988_sup_7_1_2125LA DÉFINITION DE LA MORT DANS LES COPLAS
DE JORGE MANRIQUE
mort progressivement souvent de décrire Le de thème de son l'essentiel la père. plus de au la Notre belle long mort des caractères manière perspective des dans Copias l'uvre (1). du que sera La concept, de présente Jorge fondamentalement Manrique tels étude qu'ils a deja a apparaissent écrivit pour cté sémantitraité, objet à la
que. Il est important de préciser qu'il faut entendre le terme de défini
tion dans son acception dynamique d'opération de l'esprit consistant
à réunir progressivement un ensemble de caractères ou sèmes
entrant dans la compréhension de la chose signifiée.
Nous ne refusons pas le contenu du bel article de Stephen Gilman
sur le sujet («Tres retratos...») ; nous proposons simplement une
analyse de trois différente portraits mais fondée sur non l'intégration plus sur méthodique la distinction de (le chaque contraste) saisie
sémantique dans la représentation qui lui succède. Le concept guillau-
mien de subduction ou appréhension d'un signifié en deçà (en
dessous) de sa pleine définition . justifie à bien des égards l'essence
de notre propos (2).
d' idéogénèse, Nous formulons tendant donc à produire l'hypothèse au long d'un des essai strophes de construction, une image
doujours plus nette, plus achevée, plus riche, plus une. On ne man
quera donc pas de se référer au tenseur guillaumien qui décrit par
faitement le mouvement en extension de ce processus de signification :
OO
idéogénèse v
1) Edition de Augusto Cortina (Jorge Manrique, Cancionero, Clásicos Castella
nos, o Stephen 1937 Revista repris Tradición ; n° dans Américo de 94); Gilman, Filología Hacia y Anna Castro, originalidad, «Tres Cervantes, Hispánica, Krause, « retratos Muerte Buenos. Jorge Madrid, XIII, de y Manrique belleza. la 1959, Aires, Taurus, muerte pp. ed. Un and* I960; 305-324, en recuerdo Sudamericana, the Jorge Pedro cult repris Manrique», a of Jorge Salinas, dans death, 1947 Manrique El Jorge (2* México Berkeley, comentario ed. Manrique » (1930), 1952) Nueva Cal., de ;
édition). textos, 4. La poesía medieval, Madrid, Castalia, 1983, pp. 277-302 fie renvoie à cette
pp. -,22 73-86. Gustave Guillaume, Langage et Science du Langage, Paris, Nizet, 1964, BERNARD DARBORD 226
L'extension du concept.
Ce mouvement mental du général au singulier est le fondement
de la structure du poème : Mamique nous transporte de l'expérience
universelle (la muerte genérica dont parlent Salinas et Gilman) (3)
au cas exemplaire de Rodrigo, comte de Paredes et maître de Santiago.
Il faut observer le caractère général et universel de la première saisie
ou « portrait » (Gilman). Comme le rappellent fièrement aux puissants
les auteurs des Danses macabres (4), la mort n'épargne personne,
tout homme est concerné :
DISE LA MUERTE :
Yo so la muerte cierta a todas criaturas
Que son y serán en el mundo durante,
Demando y digo o omne por que curas
De bida breue en punto pasante,
Pues non ay tan fuerte nm resio gigante
Que deste mi arco se puede anparar,
Conuiene que mueras quando lo tirar
Con esta mi frecha cruel transpasante
(Danza General, 1, in Saugnieux, p. 165).
Le thème de l'égalité de tous devant la mort apparaît dès le début
du poème de Manrique et se maintient jusqu'au bout :
... allí los ríos caudales,
allí los otros medianos
e más chicos,
allegados son yguales
los que viuen por sus manos
e los ricos (III).
... assi que non ay cosa fuerte,
que a papas y emperadores
e perlados,
assi los trata la Muerte
como a los pobres pastores
de ganados (XIV).
(Ailleurs XXIV , comme dans la Danza General, l'idée est
associée à l'image de l'arc et de la flèche).
al de se cual nos la vida, -irán 3)habla « La un a de dar primera alto aquella los que ríos muerte se de marca nuestras que genérica, al aparece movimiento vidas de en fija aquel las el Coplas vital. ritmo « morir La es y » una tradicional la impersonal atmósfera interrupción alegoría que, iniciales. o según detención del Aquí mar Sa
linas, distingue a las Coplas de las Danzas. Él poeta describe un proceso inexorable
al cual está sujeta la vida y que es inseparable de la temporalidad de la vida » (Gilman,
p. 281).
4) Joël Saugnieux, Les danses macabres de France et d'Espagne et leurs prolon
gements littéraires, Paris, Belles Lettres, 1972. DÉFINITION DE LA MORT DANS LES « COPLAS » 227 LA
Le concept de la mort est présent dès la première strophe, mais
il est bien en deçà de sa pleine définition. Il se prête déjà à l'allégorie
(« ... la mar,/qu'es el morir... ») (5) mais ne se présente, au seuil
de l'élégie, que comme négation figure d'opposition : « cómo se
passa la vida,/cómo se viene la muerte» , interruption, silence.
La mort est le corrélat de la vie : on dit la vanité de l'existence pour
souligner l'imminence de son contraire. La temporalité qui mesure
la vie n'est qu'un point dans l'immensité. Aussitôt conçu, aussitôt
parti. On observera que, pour souligner cette transcendance aspectuelle,
Manrique a choisi ser (s' es ido), l'auxiliaire de là passivité. Aver (« se ha
ido ») aurait au contraire donné de l'épaisseur au moment présent (6) :
Pues si vemos lo presente
como en vn punto s' es ido
e acabado,
si juzgamos sabiamente,
daremos lo non venido
por passado (II).
L'extension de l'image de la mort à tout être humain, l'absence
de présentation directe a conduit Salinas à parler de mortalité.
On rappellera, dans un même ordre d'idée, l'aspect collectif de la
parénèse des premières strophes (« Recuerde ... ») et les formes plur
ielles qui intègrent la totalité des vivants (« ... vemos... juzgamos...
daremos... » : dix-huit formes en sept strophes).
Saisie précoce et compréhension.
La saisie précoce s'enrichit rapidement (IV-VI) du fondement
de la vie chrétienne : l'au-delà de la mort, c'est-à-dire un salut offert
à tous. Après l'allégorie du fleuve et de la mer vient celle du chemin
(V) : à l'idée d'anéantissement et de mollesse contenue dans la fluidité
hydrique succède une impression de but, de volonté, d'objectif l
ibrement choisi (« mas cumple tener buen tino »). Le chemin est
un lieu de dureté, de résistance, où l'homme peut, s'il le veut, mesurer
ses forces et agir. On notera dès lors, dans la suite des Copias, que les
images choisies paraissent lourdement façonnées dans une matière
solide, à l'image du vocable chapado, deux fois répété (7). Cette allé-
l'eau l'immensité Les deux signifie 5)6) L'image Sur concepts devenue le l'alternance jaillissement du sont intemporelle, fleuve inséparables. ser/aver (vie) des et origines, la pour de Le force la exprimer sème mer le destructrice (mort) mouvement commun la confirme transcendance en qui de est engloutit. le la l'eau. jugement vie; aspectuelle Source mer, des elle puis analystes. des évoque fleuve, ver
bes de la voix moyenne, Maurice Molho, Sistemática del verbo español, Madrid, Gre
dos, 1975, pp. 171-192. '
7) Sur la symbolique du mou (l'eau, la mer) et du dur (Ut terre), on se repor
tera à -l'uvre de Gaston Bachelard, L'eau et les rêves. Essai sur l'imaginaire de
la matière, Pans, Corti, 1942, La terre et les rêveries de la volonté, Paris, Corti,
1^48, BERNARD DARBORD 228
gorie de la volonté et du salut est ensuite l'objet d'une glose (VI)
qui proclame l'hypostase de Dieu et le refus de tout dualisme mani
chéen (8) :
Este mundo es el camino
para el otro, qu'es morada
sin pesar ;
mas cumple tener buen tino
para andar esta jornada
sin errar ;
partimos quando nascemos,
andamo

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