Guerre ou paix au Vietnam ? - article ; n°1 ; vol.16, pg 145-176
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Description

Annuaire français de droit international - Année 1970 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 145-176
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 99
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. le Professeur Paul Isoart
Guerre ou paix au Vietnam ?
In: Annuaire français de droit international, volume 16, 1970. pp. 145-176.
Citer ce document / Cite this document :
Isoart Paul. Guerre ou paix au Vietnam ?. In: Annuaire français de droit international, volume 16, 1970. pp. 145-176.
doi : 10.3406/afdi.1970.1588
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1970_num_16_1_1588GUERRE OU PAIX AU VIETNAM ?
Paul ISOART
L'année 1968 allait être, au Vietnam, riche en événements qui devaient
apporter de nouveaux développements à une guerre devenue un danger
pour la paix mondiale. Elle s'ouvrait sur de violents et de sanglants combats
lourds de conséquences politiques. Pourtant, dès le mois d'avril, une lueur
d'espoir éclaircissait l'horizon vietnamien. Une initiative du Président John
son dégelait la situation diplomatique. Le 13 mai, à Paris, les représentants
des Etats-Unis rencontraient ceux de la République démocratique du Vietnam.
Certes, des rencontres devenues régulières n'apportaient sur le fond' aucune
solution immédiate, mais le 1er novembre une concession américaine provo
quait l'élargissement de la Conférence de Paris. De nouveaux représentants,
ceux du F.N.L. du Sud-Vietnam et du Gouvernement de la République du
Vietnam, arrivaient dans la capitale française. La Conférence se réunissait
en séance plénière le 25 janvier 1969. La nouvelle année serait-elle décisive ?
L'élection de M. Nixon semblait, en tout cas, devoir entraîner un changement
de la politique américaine. Dans cette perspective, la délégation du F.N.L. à la
Conférence présentait, le 8 mai, un programme en dix points définissant
« les principes d'une solution globale au problème sud- vietnamien ». Le 14
mai, le Président Nixon proposait en réponse un «plan de paix» en huit
points. La confrontation des textes révélait des oppositions qui s'accusaient le
8 juin. Au moment où le Président américain rencontrait à Midway son homo
logue sud -vietnamien, le Général Thieu, un congrès des « représentants du
peuple » réuni dans la zone « libérée » décidait la constitution d'un gouver
nement révolutionnaire provisoire de la république du Sud-Vietnam. La
possibilité d'une pacification rapide de la péninsule indochinoise s'estompait.
Le Président Nixon n'offrait, le 9 novembre 1969, que la triste et dramatique
solution d'une « vietnamisation » de la guerre, symbole d'un affreux combat
fratricide. De nouvelles propositions du G.R.P. du Sud- Vietnam, le 19 septem-
(*) Paul Isoart, Professeur à la Faculté de droit et des sciences économiques de Nice
et à l'Institut du droit de la paix et du développement. Thèse : « Le phénomène national
vietnamien», Paris, L.G.D.J., 1961; «Les conflits du Vietnam — Positions juridiques des
Etats-Unis », A.F.D.I., 1966; « Le Vietnam », Dossier U2, Paris, A. Colin, 1969.
10 ■
GUERRE OU PAIX AU VIETNAM ? 146
bre 1970, et du Chef de l'exécutif américain, le 7 octobre, précisaient, sans
apparemment les rapprocher, les positions des parties en présence.
Trois phases marquaient donc, au cours des années 1968-1970, l'évolu
tion du conflit vietnamien : l'offensive des « Forces armées populaires de
libération •» lancée au cours de la fête du Têt, les conversations entre les
représentants de la R.D.V.N. et ceux du gouvernement des Etats-Unis, enfin
la Conférence de Paris sur le Vietnam.
1. — « L'offensive du Tet Mau Than » (1) '
Les Etats-Unis s'efforcent, en 1967, d'assurer le succès de leur politique
vietnamienne. Leur souci d'obtenir à Saigon . un gouvernement constitué
selon des méthodes démocratiques les conduit au soutien d'une équipe mili
taire formée des deux généraux Nguyen Van Thieu et Nguyen Cao Ky. Il est
vrai que ces derniers ont accepté une constitution républicaine de type parle
mentaire « orléaniste », le 1er avril 1967, et qu'ils occupent la présidence et
la vice-présidence de l'Etat, grâce à des élections qui ont lieu le 3 septem
bre (2). La touche diplomatique n'est pas oubliée. Le 29 septembre, dans un
discours prononcé devant les membres de la conférence nationale des parle
mentaires à San Antonio (Texas) , le Président Johnson affirme : « les Etats-
Unis sont d'accord pour arrêter , immédiatement les bombardements aériens
et navals sur le Nord- Vietnam, lorsque cette initiative • conduira rapidement
à des discussions productives. Nous considérons comme allant de soi que,
pendant les discussions, le Vietnam du Nord ne tirerait pas avantage de la
cessation ou de la limitation des bombardements t> (3) . Sur le terrain militaire,
le Commandant en chef américain, le Général Westmoreland, vise d'abord à
stopper les infiltrations nord-vietnamiennes. Dans ce dessein, une ligne de
postes verrouille le 17* parallèle de Dong Ha, à proximité de la mer, à Khe
Sanh, près de la frontière du Laos. Les bases des Hauts Plateaux (Kontum,
Plê-Ku, An Khe) contrôlent les débouchés de la piste Ho Chi Minh. Les
bombardements au nord du 17e parallèle et sur les régions frontières du Laos
ont le même objectif. Le corps de bataille mobile est affecté à la recherche
et à la destruction des unités du Front ou de l'armée populaire de la Répub
lique-démocratique. Ce travail de destruction achevé, les programmes de
pacification assurés par l'armée nationale vietnamienne doivent prouver aux
populations paysannes l'efficacité de^ la protection du gouvernement de
Saïgon.
Parlant en avril devant le Congrès des Etats-Unis, le Général Westmo-
(1) Année lunaire du Singe. Sur le sens et l'interprétation du calendrier vietnamien voir
P. Huard et M. Duband, Connaissance du Vietnam, Hanoï, 1954, p. 75 et s.
(2) P. Isoart, « Les institutions politiques des deux Vietnams », Revue juridique et
politique, n° 3, septembre 1970.
(3) U.S.A. Documents, n° 2230, 2 oct. 1967. ,
,
,
GUERRE OU PAIX AU VIETNAM ? 147
reland déclare : « II me paraît donc que notre stratégie a donné de bons
résultats. Bien que l'ennemi soit loin d'être battu, il donne des signes évidents .
de détérioration de ses structures morales et politiques» (4). Cet optimisme
est confirmé dans le rapport qu'il adresse le 1er janvier 1968 au Président.
Le Général se félicite «de ne jamais laisser de répit à l'ennemi et de lui
éviter toute, possibilité de se refaire, de se ravitailler, de se reposer sur le
terrain» (4). De telles affirmations révèlent une incompréhension dangereuse
des méthodes de lutte du Front national de libération. Ces dernières sont
analysées dans un texte fondamental de M. Le Duan, élu premier secrétaire
du Parti des travailleurs de la R.D.V.N. intitulé : « En avant sous le glorieux
drapeau de la Révolution d'octobre » (5) . La Révolution vietnamienne affirme
son originalité par rapport à la pratique chinoise. Elle se définit comme un
acte total aux multiples formes. Certes, au Sud- Vietnam, « les plaines et les
deltas qui couvrent de vastes régions comportent une économie naturelle
très peu dépendante des villes avec une population en grande majorité
paysanne vivant de l'agriculture », elles constituent ainsi « le maillon le plus
faible où le pouvoir fantoche est le plus rapidement ébranlé » (6) . Pour
autant, il ne saurait être question d'en faire le seul théâtre du combat
insurrectionnel, le lieu privilégié où la révolution forge ses armes, avant
d'encercler les villes. Bien au contraire, dans l'évolution de la lutte, les mou
vements révolutionnaires urbain et rural ont été étroitement coordonnés,
l'un impulsant l'autre de façon vigoureuse. Le raz de marée révolutionnaire,
qui a secoué les campagnes il y a quelques années, a exercé une action
profonde sur le mouvement des villes, et la lutte bouillonnante des masses
citadines a créé des conditions éminemment favorables par le soulèvement
dans les villages et l'extension de la guerre du peuple » (6) . La ville n'est pas
laissée à l'adversaire en attendant l'assaut final parti des bases rurales; les
masses urbaines

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