Anatomie et physiologie humaine chez un auteur syriaque, Ahūhdemmeh - article ; n°1 ; vol.142, pg 231-242
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Anatomie et physiologie humaine chez un auteur syriaque, Ahūhdemmeh - article ; n°1 ; vol.142, pg 231-242

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1998 - Volume 142 - Numéro 1 - Pages 231-242
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 30
Langue Français

Extrait

Monsieur Philippe Gignoux
Anatomie et physiologie humaine chez un auteur syriaque,
Ahūhdemmeh
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 142e année, N. 1, 1998. pp. 231-
242.
Citer ce document / Cite this document :
Gignoux Philippe. Anatomie et physiologie humaine chez un auteur syriaque, Ahūhdemmeh. In: Comptes-rendus des séances
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 142e année, N. 1, 1998. pp. 231-242.
doi : 10.3406/crai.1998.15852
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1998_num_142_1_15852COMMUNICATION
ANATOME ET PHYSIOLOGIE HUMAINE CHEZ UN AUTEUR SYRIAQUE,
AHtJHDEMMEH, PAR M. PHILIPPE GIGNOUX
On sait trop bien que la médecine grecque ancienne est passée
chez les Arabes grâce aux traducteurs syriaques, mais on sait moins
bien que les auteurs syriaques ne se sont pas contentés de repro
duire les œuvres de la Collection hippocratique ou de Galien, entre
autres, mais ils ont aussi, me semble-t-il, élaboré leurs propres
théories médicales et ne peuvent donc être tenus comme de
simples copieurs ou compilateurs. Parmi ces auteurs les plus représ
entatifs, Ahûhdemmeh mériterait d'être mieux connu, plus inté
ressant à mon avis que le fameux Sergius de Rës'aina, de peu son
aîné, médecin célèbre pour ses traductions du grec dont trop peu
malheureusement nous est resté. Sans doute Ahûhdemmeh
n'était-il pas un médecin, et l'on sait peu de choses de lui, d'autant
plus qu'il a été confondu avec un homonyme, un évêque monophy-
site du Tût 'Abdin1. Notre Ahûhdemmeh est un nestorien
de Nisibe qui apposa sa signature aux Actes du Concile du Catholi-
cos Joseph en 544. D'après Bar Hebraeus, il composa des ouvrages
de polémique et plusieurs Memrê. En dehors d'un traité sur « la
composition de l'homme »2, dans lequel Ahûhdemmeh s'est plus
intéressé à l'âme qu'au corps, mettant en évidence une théorie des
puissances qui sera encore adoptée par un écrivain syriaque du
xnf siècle, Guiwarguis Wardâ3, l'auteur du VIe siècle avait aussi
laissé un traité sur l'homme en tant que microcosme, dont les man
uscrits me sont malheureusement restés jusqu'ici inaccessibles4,
1. Ainsi R. Duval, 1907, p. 364, ainsi F. Nau, qui a publié une Histoire de Mar Ahoudem-
meh, Apôtre des Arabes de Mésopotamie (Patrologia Syriaca, III/l), mais A. Baumstarck, Ges-
chichte der Syrischen Literatur, p. 178, fait la distinction à juste titre.
2. Publié par F. Nau, Patrologia Orientalis, III.
3. Qui a laissé un petit traité sur l'homme microcosme, dont je prépare l'édition pour
un recueil collectif sur l'anthropologie ancienne. J'ai déjà exploité le contenu de ce texte
dans un chapitre sur la médecine syriaque, destiné à une Storia délia Sdenza, que publiera
YEndclopedia italiana.
4. Notamment les mss de Notre-Dame des Semences (cf. le Catalogue de Mgr Scher) qui
ont en principe été rapatriés à l'archevêché chaldéen de Bagdad, mais que feu le patriarche
Mgr Cheikho n'avait pu retrouver pour moi. Il en est de même des mss de Mardin dont je
crois que personne ne sait où ils se trouvent désormais. 232 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
et qui demeure encore inconnu pour moi. Mais tout n'est pas
perdu en ce qui concerne la connaissance du corps humain par
Ahuhdemmeh, grâce à J.-B. Chabot qui avait décrit en 1943 deux
manuscrits syriaques, le second de ceux-ci, achevé le 14 juillet
19045 sous la forme d'une compilation d'ouvrages médicaux, et qui
choisit de publier quelques pages, avec une traduction latine, d'un
texte intitulé « Memrâ sur la composition de l'homme par Mar
Ahudemmeh Antipatros »6. Pour Chabot, la première partie du
texte serait due à un médecin de Rome du nom d'Antipater, de
l'époque de Galien qu'il nomme à plusieurs reprises, et que Ser-
gius de Rês'aina aurait traduit, tandis qu'une deuxième partie
serait tirée des œuvres d'Ahuhdemmeh7. En fait, Chabot tient cet
argument d'une communication de Ch. Picard, qui lui indiqua
l'existence de deux candidats possibles : l'un sous Auguste, qu'il
faudrait identifier avec Aelius Gallus, médecin et gouverneur de
l'Egypte, qui traita de questions de médecine dans des lettres et
fut peut-être l'auteur d'un traité Sur l'âme ; le second, médecin
romain du temps de Galien lui-même qu'il nomme à plusieurs
reprises, et qui serait de doctrine « méthodiste » en médecine. Mais
Chabot n'explique pas pourquoi les deux noms d'Ahuhdemmeh
et d'Antipatros ont été accolés ensemble, ce qui n'est pas usuel
dans les manuscrits, et le scribe n'aurait pas ajouté le
nom du traducteur syriaque s'il s'agit d'un médecin grec ou
romain. Il me semble que l'ensemble de ce texte pourrait être
attribué à un même auteur syriaque à partir de la critique interne.
Mais d'abord, le principal argument avancé par Chabot contre l'a
ttribution à Aljûhdemmeh, à savoir l'épithète d'Antipatros8, ne me
5 . Notice sur deux manuscrits contenant les œuvres du moine Isaac de Rabban Isho et du métro
politain Afioudemmek (Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale et
autres bibliothèques, 43), Paris, 1943, p. 43-76, sous forme de tiré à part. Le même texte a
été copié, sans doute à partir du manuscrit de 1904, et daté du 20 septembre 1932 : cf. Min-
gana Syr., 589, f. 5b-17b, l'auteur du catalogue Mingana {Catalogue ofthe Mingana Collection
of Manuscripts . I, Syriac and Garshûni Manuscripts, Cambridge, 1933), écrivant que l'auteur
de ce traité médical « may or may not be the same man as Ahud-'immeh of Tegrit » (p. 1126).
6. Fos 29 r°-39 r°. Dans le volume Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale
et Autres bibliothèques publiés par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XLIII, Paris, 1954,
p. 77-143, l'académicien publia un autre texte relatif à la médecine, intitulé « Version syriaque
de Traités médicaux dont l'original arabe n'a pas été retrouvé », mais son contenu, attribué
à IJunain Ibn Ishaq et Hobeisch, ne se rapporte pas aux thèmes dont je m'occuperai ici. Le
vol. 43 est le dernier de la collection, qui a été rééditée plusieurs fois. Chabot signale p. 2-3
[= 78-79] et n. 7, qu'il n'a rien changé à son édition du texte d'Ahuhdemmeh : « Nous repro
duisons fidèlement notre copie, et nous n'y avons apporté aucune modification, sauf quelques
légers changements dans la ponctuation qui n'était pas toujours d'accord avec elle-même. »
7. Chabot, art. cit. (n. 6), p. 75.
8. Cf. R. Degen, « Ein Corpus Medicorum Syriacorum », Medizinhistorisches Journal 7,
1972, p. 117, n. 17, où il signale que « Die Beziehung der beiden Traktate zu einander bleibt
noch zu untersuchen. Desgleichen ist die Frage, wer die (der) Verfasser sind (ist), noch
ungeklart ». ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE CHEZ AHOHDEMMEH 233
paraît pas absolument dirimant. En effet le nom étrange que porte
Ahuhdemmeh, signifie, comme on l'a compris, « frère de sa mère »,
et désigne donc un oncle maternel. Le grec antipatros signifie « qui
tient lieu de père » et peut faire allusion à un oncle ou quel-
qu'autre parent de la génération précédente. La ressemblance
entre les deux noms est troublante, ils pourraient ainsi évoquer le
rôle (de tuteur ?) qu'aurait pu tenir Ahuhdemmeh auprès de sa
famille, mais cela n'est bien sûr qu'une conjecture que je propose
seulement parce que les deux noms pourraient bien être équival
ents. Mais il me faut surtout montrer qu'à partir du contenu du
texte, et notamment grâce à une liste des os du squelette humain
que l'on retrouve presque à l'identique chez Wardà, rien n'em
pêche d'attribuer les deux parties du texte publié par Chabot à
Ahuhdemmeh.
1. Examinons tout d'abord ce que contient la seconde partie du
texte (f°s 36v°-39r°, trad. p. 60-63)9. L'auteur commence par mettre
en relation une longue série de termes appartenant à l'homme et
au cosmos, au microcosme et au macrocosme, non sans quelques
bizarreries : pourquoi le ventre correspond-il à la mer, et le do

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents