Autour de la mission de Phénicie d Ernest Renan - article ; n°1 ; vol.109, pg 126-141
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1965 - Volume 109 - Numéro 1 - Pages 126-141
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 65
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Pommier
Autour de la mission de Phénicie d'Ernest Renan
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 109e année, N. 1, 1965. pp. 126-
141.
Citer ce document / Cite this document :
Pommier Jean. Autour de la mission de Phénicie d'Ernest Renan. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 109e année, N. 1, 1965. pp. 126-141.
doi : 10.3406/crai.1965.11828
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1965_num_109_1_11828COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 126
aux Académies de tenir compte de cette nouvelle périodicité pour
les prévisions des sujets de prix proposés.
Lecture est donnée d'une lettre du Secrétaire Perpétuel de l'Aca
démie des Sciences morales et politiques faisant part de la décision
prise par cette compagnie de renoncer à la constitution d'une com
mission interacadémique en vue d'élaborer un projet de réforme de
l'enseignement.
Le Secrétaire Perpétuel fait connaître que la Commission du
Prix du Budget ayant constaté qu'aucun mémoire n'a été remis sur
le sujet proposé : Recueil des ivoires du monde égéen, a décidé d'attr
ibuer le prix de 1965 à M. Robert Marichal pour sa contribution au
3e volume des Chartae latinae antiquiores. — Acte est donné de
cette communication.
Le Secrétaire Perpétuel, au nom de la Commission des Anti
quités de la France, propose à l'Académie d'attribuer sur la fondation
Carrière une récompense de 1.000 F. à Mlle Thouzellier pour son
ouvrage Une somme anti-cathare, le liber contra Manicheos de Durand
de Huesca, et sur la fondation Dourlans, une récompense de 3.000 F.
à M. Marcel Pacaut pour son ouvrage Louis vu et son royaume.
— Adopté.
M. Jean Pommier, membre de l'Académie des Sciences morales
et politiques, entretient l'Académie de la Mission de Phénicie
d'Ernest Renan.
COMMUNICATION
AUTOUR DE LA MISSION DE PHÉNICIE D'ERNEST RENAN,
PAR M. JEAN POMMIER, MEMBRE DE L'iNSTITUT.
Permettez-moi de vous remercier de l'honneur que vous me faites
en me donnant la parole dans cette Compagnie où je compte tant
de collègues, d'amis, de confrères de la Société Ernest Renan, où
j'ai le plaisir en particulier de revoir mon cher Pierre Montet, à qui
j'ai bien pensé en étudiant certaines parties de mon sujet.
Il m'a semblé qu'après avoir, dans un cours, dans un dernier
cours au Collège de France, suivi Ernest Renan l'ancienne
Phénicie et en Palestine, il me serait convenable d'apporter quelques
renseignements, quelques considérations devant cette Académie
où Renan a été élu le 5 décembre 1856, à trente-quatre ans, l'âge
auquel Fontenelle était entré à l'Académie française ; Renan fut
membre de cette Compagnie pendant trente-six ans, pendant plus
de la moitié de sa vie. Votre illustre confrère décéda le 2 octobre 1892,
mais le mauvais vouloir du Secrétaire Perpétuel d'alors, Henri
Wallon, l'a privé de la notice traditionnelle, et c'est seulement
cinquante et un ans plus tard, le 19 novembre 1943, que cet hommage LA MISSION DE PHÉNICIE D'ERNEST RENAN 127
lui fut rendu par les soins du regreté René Dussaud, Secrétaire
Perpétuel, dans la séance solennelle de votre Académie.
Ce désir d'honorer ici la mémoire d'un écrivain avec qui j'ai beau
coup vécu ne m'a pas fermé les yeux sur la témérité qu'il y aurait
de ma part à traiter au fond de la Mission de Phénicie. Mon incom
pétence doit éviter les discussions techniques et les jugements de
valeur. C'est à cette pensée que répond, au début de mon titre,
ce mot de « autour ». Mais pour ne rien vous celer, je serais
bien déçu si l'on s'en tenait dans cette séance à contourner la place,
et si d'autres que moi n'y entraient point. L'auteur de cette commun
ication a l'indiscrétion de souhaiter qu'on l'instruise lui-même ;
oui, j'espère recueillir ici des avis autorisés sur les idées et les
méthodes du chef de la Mission de Phénicie, et sur les résultats
obtenus.
Mon rôle à moi ne peut être et ne sera que de retracer, dans une
première partie, les circonstances de cette mission, et les conditions
dans lesquelles elle s'est déroulée. (J'ai déjà eu l'occasion l'année
dernière, dans les Mélanges offerts à Jean-Marie Carré, de publier
quelques documents inédits y relatifs, tirés des Archives Nationales.)
Dans une seconde partie, je reviendrai sur ce qu'on peut appeler
le drame de la sœur sacrifiée, qui se rattache étroitement à cette
histoire, qui en représente l'aspect douloureusement humain. Je
n'ai point oublié que c'est aussi pendant ce séjour en Syrie et en
Palestine que la Vie de Jésus a été conçue et presque entièrement
rédigée (j'entends la première version). Mais il est impossible dans
un temps aussi court, que j'en dise autre chose que le peu que
vous entendrez tout à l'heure.
J'utiliserai dans mon exposé, outre les sources imprimées et en
particulier le livre de René Dussaud, L'œuvre scientifique d'Ernest
Renan (Paul Geuthner, 1951) ainsi que votre Catalogue de l'Expos
ition de 1963, j'utiliserai, dis-je, plusieurs documents manuscrits
provenant soit des Archives Nationales, soit du fonds Scheffer-
Renan. (Ces derniers m'ont été communiqués par Mme Corrie-
Siohan, avec une bonne grâce dont je la remercie vivement.)
I
La mission de Renan dans l'ancienne Phénicie a eu lieu en 1860-
1861, cinq ans après la découverte du sarcophage d'Eschmounazar
(janvier 1855, comme a bien voulu me le préciser M. Charles Virol-
leaud), et à une époque fertile en missions de ce genre : en Egypte
(Mariette), en Grèce (Heuzey), en Asie Mineure (Perrot). C'est aussi
la date de l'acquisition de la Collection Campana, et, à l'intérieur COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 128
de notre frontière, des fouilles d'Alise-Sainte-Reine, sans compter
la création au Collège de France de la chaire d'épigraphie et d'anti
quités romaines où fut nommé Léon Renier. Tous actes corre
spondant aux curiosités archéologiques du souverain, qui préparait
déjà son Histoire de Jules César, et destinés à donner au régime en
voie de libéralisation le lustre des conquêtes scientifiques. Une
grande part revient dans cette politique à une amie d'enfance de
Napoléon ni dont la mère, la reine Hortense, avait eu pour filleule
cette Hortense-Albine Lacroix, qui épousa le peintre Sébastien
Cornu. Femme de lettres, femme savante, Mme Cornu fit servir la
confiance que lui témoignait l'Empereur à promouvoir ces entre
prises qu'un antiquaire aussi influent que le sénateur Mérimée ne
favorisait pas, selon elle, autant qu'il l'aurait dû.
Elle avait distingué le mérite de Renan, elle l'avait entendu,
assure-t-on, dans la séance de votre Académie du 11 décembre 1857,
lire la fin d'un mémoire sur Sanchoniathon, et « énoncer » en te
rminant « une espérance : c'est qu'il n'est pas impossible que des
fouilles pratiquées sur les points où le culte phénicien vécut le
plus longtemps, à Byblos, par exemple, ne livrent à la science, etc. w1.
Pour diriger de telles recherches, nul de pouvait être mieux qualifié
que le jeune savant qui en avait signalé l'intérêt, et qui, depuis,
s'adressant à un public moins restreint, aux lecteurs de la Revue des
Deux Mondes, avait réitéré son vœu, mais cette fois sous une forme
impérative : « Fouillez la vieille Phénicie, on ne sait pas ce que cache
cette terre » (article du 15 janvier 1860)2.
Encore fallait-il obtenir le consentement de l'intéressé. On dit
ordinairement que Renan guettait une occasion pour visiter la
Palestine et se mettre ainsi en état d'écrire sa Vie de Jésus. Ce n'est
pas tout à fait exact. Sans doute il avait longtemps à l'avance voué
sa maturité à la composition d'une Histoire critique des origines du
christianisme : comment n'eût-il pas désiré de voir le berceau de
la religion n

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