Découvertes récentes de manuscrits anciens en Chine - article ; n°2 ; vol.121, pg 379-393
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1977 - Volume 121 - Numéro 2 - Pages 379-393
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 63
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Yves Hervouet
Découvertes récentes de manuscrits anciens en Chine
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 121e année, N. 2, 1977. pp. 379-
393.
Citer ce document / Cite this document :
Hervouet Yves. Découvertes récentes de manuscrits anciens en Chine. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 121e année, N. 2, 1977. pp. 379-393.
doi : 10.3406/crai.1977.13369
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1977_num_121_2_13369DÉCOUVERTES DE MANUSCRITS ANCIENS EN CHINE 379
COMMUNICATION
DÉCOUVERTES RÉCENTES DE MANUSCRITS ANCIENS EN CHINE,
PAR M. YVES HERVOUET.
Les découvertes archéologiques ont été extrêmement nombreuses
en Chine depuis l'avènement de la République populaire en 1949,
et le nouveau régime a tenu à en informer rapidement et avec assez
de détails le public scientifique, grâce à trois revues d'archéologie
qui sont parmi les rares périodiques qu'il est facile de se procurer
à l'étranger. Quelles sont les raisons qui expliquent cette situation ?
Il est inutile d'insister sur ce qui peut être enfermé dans le sol
d'un pays dont l'histoire, et une histoire très riche en productions
littéraires et artistiques et qui a connu d'autre part des boulever
sements de toutes sortes, s'étend sur quelque trois millénaires et demi,
sans parler de plusieurs millénaires de préhistoire. Les recherches
proprement archéologiques avaient été peu nombreuses dans le passé :
souvent des interdits religieux ont empêché d'ouvrir les tombes et
même de fouiller le sol par peur de détruire les forces vitales qui
rendent un terrain propice. Pendant une trentaine d'années, du début
des années 1920 à 1950, la Chine a connu la guerre presque sans arrêt :
guerres civiles sur un point ou l'autre du territoire, guerre sino-
japonaise pendant huit ans. Au contraire, la Chine communiste non
seulement a instauré la paix des armes et supprimé tous les interdits
religieux mais, alors qu'une réévaluation de son passé littéraire et
philosophique rejetait comme entachés de féodalisme beaucoup
d'ouvrages pourtant importants, elle s'est toujours fait gloire des
monuments du passé, quels qu'ils soient, exhumés de son sol. D'autre
part, même sans consacrer de très gros crédits aux fouilles, les grands
travaux suscités par l'effort d'industrialisation ont permis un grand
nombre de découvertes fortuites qui ont été exploitées au maximum.
Exploitées en ce sens que la propagande s'en est servie pour exalter
le nouveau régime, et l'on a lu des articles sur les trouvailles archéo
logiques dans toutes les revues destinées au grand public et publiées
en Chine même dans un grand nombre de langues.
Il n'est pas possible dans cette brève communication de donner
même un aperçu de toutes ces découvertes et de montrer en quoi
elles ont fait progresser l'histoire de la Chine ancienne. Je voudrais
parler seulement des textes qui ont été exhumés, plus particulièrement
de ceux qui proviennent de tombes fouillées récemment. Il me paraît COMPTES RENDUS DE l! ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 380
nécessaire de les situer au préalable dans l'histoire des découvertes
de manuscrits anciens faites au cours de ce siècle.
L'épigraphie chinoise est très limitée par rapport au volume de la
littérature chinoise ancienne. Par suite du climat humide d'une grande
partie de la Chine, ainsi que des destructions de toutes sortes, pillages,
incendies, villes rasées, qui ont affecté ses capitales et ses grandes
villes au cours des siècles, et surtout en raison de l'invention de
l'imprimerie qui depuis une dizaine de siècles a supplanté la tradition
manuscrite, presque tous les manuscrits de l'Antiquité ont disparu
et la plupart des textes qui nous sont parvenus sont des impressions
des Song (xe-xme siècle) — encore celles-ci sont-elles elles-mêmes
rares — , et surtout des Ming et de l'époque mandchoue (xive-
xxe siècle). Aussi les découvertes de textes anciens sous forme de
manuscrits ou d'inscriptions ont-elles pris une grande valeur. Trois
grandes séries de découvertes jalonnent le présent siècle et portent
chacune sur une grande période de l'histoire chinoise. La plus connue
sans doute, que vous avez certainement présente à la mémoire, est
celle des manuscrits de Dunhuang, faite à l'orée de ce siècle par un
savant britannique d'origine hongroise, Aurel Stein, et par un illustre
membre de votre Académie, Paul Pelliot, dont la collection est à la
Bibliothèque nationale. Les manuscrits de Dunhuang dans leur
ensemble, aujourd'hui épars aux quatre coins du monde, représentent
environ six mille textes, de longueur très inégale, datés du ve au
début du xie siècle, dont la plus grande partie, peut-être 80 %,
se rattache plus ou moins directement au bouddhisme. L'intérêt de
cette immense collection est très grand pour l'étude du Moyen Âge,
plus réduit pour celle de la Chine antique — sous ce terme on entend
généralement la Chine de ses origines historiques à la fin de la dynastie
des Han, début du 111e siècle de notre ère — , bien qu'un certain
nombre des textes soient des copies de textes philosophiques, litté
raires ou historiques remontant à l'Antiquité.
Exactement dans les mêmes années que pour Dunhuang, c'est-à-
dire à partir de 1898, des inscriptions sur os et sur carapaces de
tortues sortis du sol dans la région de Anyang, au nord-est de la
Chine, commencent à attirer l'attention des archéologues chinois.
Au total, plus de cent mille os et écailles de tortues ont été exhumés
de 1898 à 1959, dont plus de la moitié ont été publiés et ont permis
de renouveler complètement notre connaissance de la Chine archaïque
du xive au xe siècle avant l'ère chrétienne, sous la dynastie des
Shang (ou Yin).
C'est à une troisième série de documents qu'appartient le sujet de
mon exposé. Coïncidence étonnante, cette série de découvertes a
commencé exactement dans les mêmes années que les précédentes,
c'est-à-dire en 1899. Les livres chinois de l'Antiquité, avant la décou- DE MANUSCRITS ANCIENS EN CHINE 381 DÉCOUVERTES
verte du papier au début du 11e siècle de notre ère, étaient écrits sur
de la soie et surtout sur des fiches de bois ou de bambou. Ces fiches,
étroites, varient en longueur du simple au double, de 28 à
56 cm environ, et ne comprennent généralement qu'une ligne de
caractères verticale comme le veut la graphie chinoise ; elles étaient
attachées par des ficelles. Souvent les fiches étaient numérotées
à la base, à gauche du texte. Quant aux rouleaux de soie, qui étaient
inconnus jusqu'aux découvertes récentes, ils varient en largeur du
simple au double également, de 24 à 48 cm environ, et sont de lon
gueur très variable. C'est ce qu'on appelle des juan, équivalent de
notre terme volumina.
Dans la région nommée Juyan en chinois, Etsingol en mongol,
et située en Mongolie intérieure, c'est-à-dire chinoise, ainsi qu'à
Dunhuang même (ces deux régions se situent aux confins du désert
des Ordos, c'est-à-dire dans un climat beaucoup plus sec que celui
de la Chine des dix-huit provinces), on a découvert à partir de 1899
et surtout dans les années 1930, plus de 10 000 fiches inscrites. Ce sont des rapports, des communiqués, des inventaires, des lettres
de soldats, des textes de lois. Ces textes, souvent très fragmentaires,
n'en sont pas moins très précieux pour la connaissance des institutions
et en particulier pour celle des colonies de soldats implantées sur le
limes chinois par l'administration impériale, comme dans l'empire
romain vers le même temps.
Des paquets de fiches de bois ou de bambou ont été découverts
récemment dans d'autres endroits. Ainsi à Mojuzi, près de la petite
ville de Wuwei, au centre du Gansu, c'est-à-dire dans une région pas
très éloignée de Dunhuang et de Juyan, ont été exhumées en 1959,
de tombeaux qui datent des environs de l'ère chrétienne, 610 fiches
de bois ou de bambou.

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