L Atlantide de Platon - article ; n°213 ; vol.38, pg 193-205
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Description

Annales de Géographie - Année 1929 - Volume 38 - Numéro 213 - Pages 193-205
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Victor Bérard
L'Atlantide de Platon
In: Annales de Géographie. 1929, t. 38, n°213. pp. 193-205.
Citer ce document / Cite this document :
Bérard Victor. L'Atlantide de Platon. In: Annales de Géographie. 1929, t. 38, n°213. pp. 193-205.
doi : 10.3406/geo.1929.9683
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1929_num_38_213_9683213 XXXVni àâï 15 Mal 1929
ANNALES
DE
OGRAPHIE
ATLANTIDE DE PLATON
Aux temps homériques les Hellènes auditeurs des aèdes avaient
connu Calypso fille de cet Atlas aux perfides pensées qui connaît
de la mer entière les abîmes et qui veille lui seul sur les hautes
Colonnes qui gardent écarté de la terre le ciel Odyss. 52-54
Aux temps romains Pline VI 362 entendait parler une île Atlan
tide située au pied du mont Atlas traditur insula contra montem
Atlantem et psa Atlantis appellata Mais pour antiquité classique
la seule et véritable Atlantide fut celle que Platon avait décrite en
ses deux dialogues du Timée et du Critias géographes et philosophes
avec Posidonios et Strabon II 6) admettaient le prétendu ré
cit de Critias touchant existence antérieure et effondrement de
cette Atlantide
Ce fut désormais de cette Atlantide platonicienne que rêvèrent
les Hellènes puis leurs disciples de Rome et de Occident est elle
qui depuis vingt-trois siècles hante les cerveaux de humanité
blanche Comme les philosophes Athènes et Alexandrie tous les
savants du moyen âge chrétiens arabes ou juifs firent du Timée
un de leurs livres canoniques ils le connaissaient le lisaient et reli
saient sinon dans le texte du moins dans la traduction latine que
Chalcidius en avait donnée au vie siècle de notre ère et une de nos
écoles fran aises cole de Chartres avait entrepris de concilier la
cosmogonie du Timée avec la création de la Genèse La Renaissance
mit plus haut encore ce livre qui fut tenu désormais pour le compen
dium de la doctrine platonicienne quand Raphaël voulut installer
Platon dans son cole Athènes ce fut le Timée il lui mit la main
Dès la fin du xvie siècle néanmoins Loys Le Roy le premier tra
ducteur fran ais du Timée déclarait que Platon avait récité cette
histoire que <i pour honneur de son pays et pour monstrer antiquité
du monde Mais opinion contraire prévalut et durant deux siècles
AHN DB OG XXXVIU ANN 13 SLALES DE OGRAPHIE 194
1582-1779) les savants se mirent en quête de ce continent disparu
que les uns pla aient aux bouches occidentales de la Méditerranée au
voisinage du Portugal ou du Maroc autres dans les eaux loin
taines de Atlantique Nord Ouest ou Sud et autres encore dans
les parages des Amériques ou dans les glaces du pôle Puis la criti
que du xixe siècle fit son uvre
On peut faire grâce au lecteur des arguments et des rapprochements de
toute sorte parfois une subtilité incroyable par lesquels les auteurs du
xvie au xvnie siècle ont tenté de justifier les inductions les plus téméraires
On trouvera au premier volume des tudes sur le Timée Henri Martin une
analyse peu près complète de toute la littérature antérieure 1840 On
cherché Atlantide un peu partout même dans la Méditerranée orientale et
jusque dans Océan Indien La critique moderne est peu peu désintéressée
de ce problème insoluble
Ainsi parlait en 1925 le dernier éditeur et traducteur du Timée
et du Critias Mr Rivaud 29 Les conclusions de Mr St Gsell
Histoire ancienne de Afrique da Nord 327-329 semblaient
alors admises de tous II est impossible aux historiens de tenir le
moindre compte des assertions de Platon Brusquement Atlan
tide1 est remontée du fond des mers et des légendes dans les préoccu
pations de nos gens de lettres et de sciences nous assistons depuis
cinq ans au grand combat pour la restauration de cette grandeur
détrônée livres revues et même journaux quotidiens entrent en
jeu une Société des tudes atlantéennes est fondée Paris en juin
1926 les Petermanns Mitteilungen de 1927 ont consacré une dizaine
articles cette résurrection Nos contemporains reprennent la lec
ture du Timée Mais nos savants cherchent moins la pensée et en
semble de la doctrine platonicienne que des témoignages pensent-
ils et des arguments favorables leurs propres théories Des 228
pages que comporte édition de Mr Rivaud8 certains ne lisent
que les sept ou huit pages 130-137 qui derrière cette grande rêverie
métaphysique tendent comme toile de fond une géographie et une
préhistoire légendaires
Sur les débuts de ce renouveau voir les articles de Mr COUISSIN dans le Mercure
de France février-juillet 1927 la Bibliographie de Atlantide publiée en 1927 par
MM GATTEFOSS et Roux ne contient pas moins de 1700 références
Il ne saurait être question de discuter ou exposer ici toutes les explica
tion qui ont été données du texte platonicien ni toutes les hypothèses géologiques et
géographiques auxquelles il donné naissance on peut dire que chaque jour depuis
ix ans en vu et en voit naître de nouvelles Je ne ferai indiquer la solution que je
propose et les principaux arguments qui me décident
PLATON Timée et Critic Les Belles Lettres 95 boulevard Raspail Paris
est cette édition que je renvoie une fois pour toutes le lecteur Il apercevra des
emprunts que ai faite la belle Notice tant du Timée que du Critici et des modifica
tions que ai dû faire parfois la traduction pour en rendre plus précisément tous
IPS termes L'ATLANTIDE DE PLATON 195
I
L'un des interlocuteurs du Timée, Critias, rapporte une con
versation qu'eut avec les prêtres d'Egypte Solon, « le plus sage des
Sept ». Critias la tient de bonne source : il a connu « cette vieille
histoire par un homme qui n'était plus très jeune», son arrière-grand-
père Critias. Ce vieux Critias, âgé de quatre-vingt-dix ans, l'avait
un jour racontée à son petit-fils, le Critias d'aujourd'hui, qui n'avait
alors que dix ans.
C'était, après les vendanges, pendant les vacances des Apatouries,
le jour des Agneaux ; en avait récité nombre de poèmes et particuli
èrement de Solon, dont îes, poésies étaient alors en leur nouveauté. On
en vint donc à parler de Solon, et le vieux Critias transmit au petit
Critias les renseignements sur la première histoire d'Athènes qu'il
tenait de Solon, lequel les tenait des prêtres d'Egypte, dont un doyen
avait dit au plus sage des Sept : « Solon, vous autres Hellènes, vous
n'êtes que des enfants ; un Hellène n*H3t jamais vieux. Vous n'avez
aucune opinion ancienne, aucune de ces vieilles traditions qui puis
sent vous donner une science chenue».
Cette ignorance des Heller.es était, disait le prêtre égyptien, une
maladie incurable : les révolutions périodiques du globe terrestre en
étaient la cause invincible et toujours renouvelée ; car la légende de
Phaéthon traduit une vérité astronomique ; périodiquement, les astres
qui circulent autour de la Terre sont déviés de leur course et viennent
allumer des incendies terribles sur notre sol. « Alors tous ceux qui
habitent sur les montagnes périssent plutôt que ceux qui demeurent
près des fleuves.... Le Nil, notre sauveur en d'autres circonstances,
nous préserve aussi de cette calamité-là.» A époques, ее sont
des déluges que les dieux envoient pour purifier la Terre, et les hommes,
surpris par le cataclysme, périssent dans toutes les contrées qui ne
sont pas soumises, comme l'Egypte, à l'inondation annuelle et ашс
précautions de fuite ou de défense qu'elle enseigne. Chacun de ces
désastres fait disparaître les monuments écrits et même la tradi
tion orale des grandes choses d'autrefois.... Et voilà pourquoi Athènes
était muette sur vine période de la plus haute antiquité, où elle était
devenue la plus noble des cités, la plus puissante, la plus glorieuse,
la mieux policée à tous égards. Solon n'avait donc connu que par ce
prêtre égyptien l'histoire athénienne du quatre-vingt-quinzième siècle
avant notre ère :
De vos concitoyens d'il y a neuf mille ans, — lui avait dit cet Égyptien, —
je vais vous révéler en quelques mots les lois et vous conter, parmi d'autres
hauts faits, le plus beau qu'ils aient accompli.... Nos écrits nous relatent com
ment votre cité anéantit jadis une puissance dont la violence

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