La musique dans les farces - article ; n°1 ; vol.26, pg 49-59
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1974 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 49-59
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

G. De Chambure
La musique dans les farces
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1974, N°26. pp. 49-59.
Citer ce document / Cite this document :
De Chambure G. La musique dans les farces. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1974, N°26. pp.
49-59.
doi : 10.3406/caief.1974.1050
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1974_num_26_1_1050•
LA MUSIQUE DANS LES FARCES
Communication de Madame DE CHAMBURE
(Taris)
au XXVe Congrès de l'Association, le 25 juillet 1973.
Je tiens d'abord à vous dire que je suis heureuse de me
trouver parmi vous aujourd'hui, de pouvoir prendre part
à vos travaux : ce plaisir, je le dois à mon maître et ami
Raymond Lebègue, qui n'a pas oublié une ancienne
étudiante, ce qui me touche, mais je vois là, surtout, un
témoignage de l'intérêt qu'il a toujours porté à la musique
et du désir qu'il éprouve de voir évoquer ici la place tenue
par la chanson dans le théâtre au xve et au début du xvie.
Que celle-ci soit présente dans les moralités, les sotties
et les farces, rien là qui nous étonne (1) ; ce qui est plus
remarquable, c'est le nombre des œuvres profanes qui
figurent dans les mystères. Des allusions s'y rencontrent,
des chansons y sont introduites : ce n'est pas devant
Raymond Lebègue que je dois rappeler que l'empereur
Néron chante I Amy Baudichon (2)... La « mondanité » du
peuple de Sion est manifeste, quand les filles font entendre,
dans la Vengeance Nostre Seigneur, « ce petit mot où il y a
hé ! vogue la galée » (3), pièce recueillie par maints manusc
rits et même par le rédacteur anonyme d'un traité de
musique figurée. C'est aussi pour témoigner de sa « mon-
(1) Music in the French Secular Theater, 1400-1550 par Howard
Mayer Brown, Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1963.
(2) Notes de lecture de M. R. Lebègue : « Néron et deux tyrans vont
au temple d'Isis en chantant Г Ату Baudichon, Madame », in Mystère
de la Vengeance de Notre Seigneur, édition de 1539, f. 123, entre « le
mariage de Néron et son mignon Sporus » et « le suicide de Néron ».
(3) Histoire de la musique, de la fin du XIVe siècle à la fin du
XVIe siècle, par André Pirro, Paris, H. Laurens, 1940, p. 127. 5O GENEVIÈVE DE CHAMBURE
danité » que, dans la Passion représentée à Angers en i486,
la Magdaleine propose à ses suivantes de dire « quelques
chansons nouvelles » et souhaite écouter des « chansons,
mélodies et ballades » ; enfin, elle et « ses damoyselles »
exécutent « quelque joyeuse chanson, en soy desmenant
joyeusement et honnestement » (4). Si la Passion d'Angers
n'indique pas quelle est cette pièce, le livre de conduite
du régisseur de la Passion de Mons, jouée en 1501, précise
qu'il s'agit de Mon seul plaisir ; c'est un rondeau mis en
musique par Dufay ou Bedingham, qui a joui d'un grand
succès en France et en Italie vers 1460 ; n'est-il pas noté
sur un manuscrit que tiennent ouvert devant eux trois
chanteurs représentés sur une miniature (véritable petit
tableau de genre), appartenant à la Biblioteca Estense —
bibliothèque des Este — à Modène ?
Écoutons cette chanson d'abord sous sa forme poly
phonique (5) :
Mon seul plaisir.
Mon seul plaisir ma doulce joye,
La maistresse de mon espoir,
J'ay tel désir de vous reveoir
Que mander ne le sçauroye.
Hélas ! pensez que ne pourroye
Nesung bien sans vous recepvoir,
Mon seul plaisir, ma doulce joye,
La maistresse de mon espoir.
Et quant desplaisir me guerroyé
Souvente fois a son povoir
Et je veul reconfort avoir,
Espérance vers vous m'envoye.
Et maintenant, comme danse, jouée par une flûte et un
tambour :
Mon seul plaisir
(4) Ibid., p. 127.
(5) Le Chansonnier cordiforme, Bibl. James de Rothschild, n° 2973,
aujourd'hui au département des manuscrits de la Bibl. Nat., fol. 44 v° à
46 r°, n° 32. MUSIQUE DANS LES FARCES 51 LA
Si j'insiste sur cette chanson dansée dans un mystère,
c'est que nous la retrouvons citée dans deux des farces,
au texte presque semblable (6) : « La Farce de celuy qui
garde les patins » et « La Farce nouvelle du patinier », mais,
dans l'une et l'autre, seul le premier vers est dit, moitié
par le Patinier, moitié par la Savetière. Ajoutons que cette
chanson a eu une longue vie puisque nous la trouvons encore
en 1529, cette fois adaptée au luth et sous le titre de La
Magdalena (7) qui rappelle son rôle dans le théâtre.
La M ad galena
(Basse-dance et Tourdion)
Ceci peut paraître une longue digression : mais il m'a
semblé intéressant de souligner, dès le début de cet exposé,
l'étroite parenté entre le répertoire chanté ou cité dans les
mystères, et celui des farces. Ces liens sont encore plus
serrés quand on rapproche Moralités et Sotties des Farces...
mais le temps ne nous permet pas, aujourd'hui, de faire
toutes les comparaisons qui s'imposent.
Disons seulement que, dans les farces, nous trouvons
des vers cités familièrement, empruntés à des chansons
appartenant à des périodes diverses : certaines datent des
environs de 1460 comme Mon seul plaisir ou J'ay pris
amours que je vais vous faire entendre (8) :
J'ay pris amours a ma devise
Pour conquérir joyeuseté,
Eureux seray en cest esté
Se puis venir a mon en(tre)prise.
S'il est aulcun qui m'en desprise
II me doibt estre pardonné.
J'ay pris amours a ma devise
Pour conquérir joyeuseté.
(6) Recueil de farces françaises du XVй siècle publié par G. Cohen.
The mediaeval academy of America, Cambridge, Mass., 1949 (XXI, 31
et XXXV, 28).
(7) Preludes, chansons, and dances de P. Attaingnant, Edition D.
Heartz. Publication de la Société de Musique d'Autrefois, Paris, 1964,
pp. 53 et 54, n° 41.
(8) Le Chansonnier cordiforme (voir note 5), n° 17, fol. 23 v°-24 r°. ■
52 GENEVIÈVE DE CHAMBURE
II me semble que c'est la guise,
Qui n'a rien il est débouté
Et n'est de personne honnoré.
N'est-ce pas (donc) droit que je y vise ?
Id. en danse (9).
D'autres remontent même à quelques années antérieures,
comme le premier et le troisième vers d'une célèbre ballade
de Christine de Pisan, qui a été mise en musique par Bin-
chois :
Deul angoisseux, rage desmesurée
Grief desespoir plain de forsenement
Langour sans fin et vie maleurée
Plaine de plours, d'angoisse et de torment ;
Cœur doloreux qui vit obscurément,
Ténébreux cors sur le point de partir,
Ay, sans cesser continuellement
Et sy ne puis ne garir ne morir !
Dans les deux versions de la Farce du Patinier dont nous
avons déjà parlé (XXI, 206, 213, 218, 221 et XXXV, 4Ï5,
421, 427, 429), [Si veulx-je pas}... ne font pas partie du
texte de la ballade, ce sont des paroles prononcées par la
Savetière.
D'autres chansons appartiennent à un répertoire plus
tardif, sans doute du dernier quart du xve et des premières
années du xvie siècle — comme celles à une voix, enregis
trées pour vous : Le poirier qui charge — Belle ... bé...bé ;
elles se trouvent dans un recueil, connu sous le nom de
« manuscrit de Bayeux » (10), constitué, vers 15 14, pour
Charles de Bourbon (11), ce grand féodal, bientôt connét
able, qui se révoltera plus tard contre François Ier ; vous
en entendrez quelques-unes tout à l'heure.
(9) Cité dans Nicole de la Chesnaye, La Condamnation de Bancquet,
1509.
(10) Une édition intégrale de ce manuscrit (Bibl. Nat. Nouv. acq.
9436) a été donnée en 1921 par Théodore Gérold dans les Publications
de la faculté des lettres de l'Université de Strasbourg (fasc. 2).
(11) Le destinataire du manuscrit a été reconnu d'après la lecture en
acrostiche de la table des matières. Voir. G. Thibault, « Notes sur quel
ques chansons normandes du Manuscrit de Bayeux » in « Études Nor
mandes », 1957, n° 83 (p. 232 et 233). LA MUSIQUE DANS LES FARCES 53
II n'y a pas de différence essentielle, disons-le tout de
suite, entre la sottie et la farce ; cette dernière, simple
ment plaisante, souvent grossiè

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