Les origines de la légende troyenne de Rome - article ; n°1 ; vol.11, pg 153-170
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1972 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 153-170
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Les origines de la légende troyenne de Rome
In: Etudes sur la religion romaine. Rome : École Française de Rome, 1972. pp. 153-170. (Publications de l'École
française de Rome, 11)
Citer ce document / Cite this document :
Boyancé Pierre.Les origines de la légende troyenne de Rome. In: Etudes sur la religion romaine. Rome : École Française de
Rome, 1972. pp. 153-170. (Publications de l'École française de Rome, 11)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1972_ant_11_1_1538ORIGINES DE LA LÉGENDE TROYENNE DE ROME * LES
Presque simultanément, deux travaux importants ont remis à l'ordre 275
du jour les vieilles légendes qui lient au monde grec les premiers temps de
l'histoire italienne. Il a été rendu compte dans la Revue de la thèse de
doctorat, où M. Jean Bérard a étudié dans toute son ampleur le problè
me de la colonisation grecque dans l'Italie méridionale i1). On a dit les
tendances judicieuses de cet ouvrage: marquer l'accord de l'archéologie
avec une grande part des traditions littéraires; dans celles-ci, distinguer
au delà des souvenirs d'une colonisation proprement historique (VIIIe-
VIIe siècles) les traces de migrations que nous serions en droit d'appeler
protohistoriques et qui, à travers la Méditerranée, sont venues de l'Orient
vers l'Occident. Une telle tentative ne manquait ni de beauté ni de har
diesse. Le dessein de M. Perret, tout opposé d'esprit, n'en manque pas
davantage. Mais, au lieu de poser le problème dans son étendue, d'éclai
rer les légendes les unes par les autres, il a préféré considérer isolément
l'une d'entre elles, la plus fameuse, et en pousser à fond l'analyse. C'est
celle des origines troyennes de Eome. Il lui a consacré un volume considé
rable, plein de talent, qui eût gagné peut-être à plus de rapidité (2). D'autre
part, alors que M. Bérard recherche les traditions, les souvenirs confus mais
valables d'événements historiques, aux yeux de M. Perret les légendes
sont surtout significatives de ceux qui les conçoivent et nous renseignent
moins sur le passé qu'elles prétendent retracer que sur le présent de ceux
qui les imaginent et les propagent: « Ainsi, écrit-il, p. ix, la légende ap
paraît-elle comme un commentaire perpétuel de l'histoire écrit par les
contemporains eux-mêmes ». Dans ces conditions, il est logique que M. Per
ret n'ait plus le souci de concilier les textes avec les données archéologi
ques et diffère en cela encore de M. Jean Bérard. La position ainsi adoptée
par lui n'est certes pas nouvelle, mais il a poussé le système à un point
* BEA, XLV, 1943, p. 275-290.
(*) W. Seston, Bévue, XLIV, 1942, p. 139 et suiv.
(2) Les origines de la légende troyenne de Borne (281-31), Paris, Les Β elles -Lettres.
1942 (Collection d'études anciennes... de l'Association Guillaume Budé); 1 vol. in-8°,
xxx + 678 pages. 154 ÉTUDES SUB LA RELIGION ROMAINE
de rigueur qui, en cette matière, n'avait guère encore été atteint, même
pas par Schwegler ou par cet Ettore Pais, dont l'influence est plus d'une
fois sensible.
I - La thèse
276 La thèse de M. Perret est à la fois très critique et très constructive.
Elle déblaie avec force le terrain de tout ce qui lui paraît l'encombrer
abusivement. La légende de la fondation troyenne de Eome nous est
donnée par plusieurs textes comme formée relativement tôt. M. Perret,
en vertu de ses idées sur l'origine des légendes, s'est persuadé qu'une
date aussi ancienne n'était pas vraisemblable. C'est quand Eome était
grande qu'on a pu songer à lui donner des ancêtres dignes de cette gran
deur. Il fait sien un principe jadis posé par Niese (x): « On peut poser com
me un axiome de valeur universelle qu'une communauté, qu'un peuple
ne possède une histoire de ses origines que lorsqu'il a acquis une signif
ication historique, de sorte qu'il y ait intérêt pour lui ou pour les autres
à découvrir son origine. Seuls les peuples importants racontent l'histoire
de leurs origines et cette histoire ne se forme qu'après le commencement
de leur importance et de leur puissance ». Mais, alors, les textes qui sem
blaient dire le contraire? Il fallait les soumettre à une critique qui les
ruinât. De là, pour le lecteur qui jette les yeux sur la table des matières
de M. Perret, ces titres de chapitres ou de sections qui semblent un peu
faire de son livre un chantier de démolition: « Une pseudo-citation de
Sophocle; Une pseudo-allusion de Polybe; Pseudo-localisations troyen-
nes; Les paradoxes d'un Pseudo-Hellanicos; Une prétendue chronique
campanienne du IVe siècle... » M. Perret arrive ainsi à cette conclusion:
« II apparaissait alors qu'aucun témoignage écrit antérieur à celui de
Timée (mort vers 260) ne nous était parvenu de l'existence d'une tradi
tion relative à la fondation troyenne de Eome, tandis que, chez Timée
lui-même, la légende n'avait d'existence que rudimentaire » (p. 409).
En second lieu, cette légende tardive est une légende unique de son
espèce. Sans doute ce n'est pas ainsi qu'elle nous apparaît et que les hi
storiens sont habitués à la considérer. On la range à l'ordinaire parmi
d'autres qui semblent analogues, d'abord parmi celles qui parlent des
fondations de villes dans l'Italie méridionale, ensuite parmi celles qui
décèlent sur les côtes de la Méditerranée le passage des Troyens vaincus
(x) Die Sagen von der Gründung Roms (Historische Zeitschrift, LIX, Neue Folge,
XXIII, 1888, p. 481). LES ORIGINES DE LA LÉGENDE TROYENNE DE ROME 155
et fugitifs. Mais, pour M. Perret, il y a là une double illusion qu'il s'at
tache à dissiper. Des autres légendes italiennes, il faut séparer nettement
celles qui font intervenir les Troyens et non les Grecs. Son Introduction
développe cette idée de leur « singularité ». Parce que, nous l'avons vu,
« la légende n'a fait qu'exprimer à sa manière une histoire très précise »,
il veut que la colonisation légendaire des Grecs ne soit qu'une anticipa
tion, une transposition mythique de leur colonisation historique. Dès 277
lors, évidemment, les récits qui parlent de Troyens s'isolent des autres,
puisqu'à l'époque historique il ne saurait être — et pour cause — ques
tion de leur venue dans l'Italie du Sud.
Mais, d'autre part, la légende d'Enée n'a pas davantage d'analogue
parmi celles qui nous font assister à une dispersion des Troyens dans la
Méditerranée. Pour M. Bérard, il est bien clair qu'il y a à rechercher
quelque fondement historique à ces migrations fabuleuses (x). Pour M. Perr
et, il n'y a qu'une autre illusion à réduire. L'examen de ces traditions
analogues à la tradition romaine fait ressortir — et ce sont les deux pre
mières parties de sa thèse — qu'elles sont en réalité sans existence propre
et il s'est appliqué à détacher de leur entourage fallacieux celle qu'il
étudie. Tardives pour la plupart, elles doivent en fait le jour à l'imitation
de la légende romaine; elles sont nées sous son influence. Et là aussi le
mythe ne fait qu'exprimer de l'histoire. Souvent elles traduisent le désir
de certains de se faire reconnaître avec le peuple-roi une parenté flatteuse
et utile.
Comment la légende d'Enée, ainsi abaissée dans le temps, ainsi iso
lée dans son originalité, s'est-elle formée? M. Perret joue ici la difficulté.
Il lui faut faire assister son lecteur, en pleine lumière de l'histoire, à la
naissance d'une légende. Sa tentative est brillante et sans doute trop.
Après avoir écarté toutes les solutions qui lui semblent impossibles — et
c'est la troisième partie — il nous propose la sienne propre — et c'est
la fin de cette même partie. Une telle légende qui rattache les Eomains
aux ennemis des Grecs n'a pu sembler séduisante d'abord qu'à un Grec
ennemi des Eomains. C'est Pyrrhus, roi d'Epire, le nouvel Achille, qui a
cru combattre dans la cité ennemie une nouvelle Troie, et voici, en effet,
ce que nous dit Pausanias (I, xi, 7-xn, 2): « ... Tandis que les envoyés
des Tarentins parlaient ainsi (à Pyrrhus), le souvenir de la prise de T

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