Lichas, Lacédémonien, archonte à Thasos, et le livre VIII de Thucydide - article ; n°2 ; vol.127, pg 376-403
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Lichas, Lacédémonien, archonte à Thasos, et le livre VIII de Thucydide - article ; n°2 ; vol.127, pg 376-403

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1983 - Volume 127 - Numéro 2 - Pages 376-403
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Jean Pouilloux
Monsieur François Salviat
Lichas, Lacédémonien, archonte à Thasos, et le livre VIII de
Thucydide
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 127e année, N. 2, 1983. pp. 376-
403.
Citer ce document / Cite this document :
Pouilloux Jean, Salviat François. Lichas, Lacédémonien, archonte à Thasos, et le livre VIII de Thucydide. In: Comptes-rendus
des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 127e année, N. 2, 1983. pp. 376-403.
doi : 10.3406/crai.1983.14058
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1983_num_127_2_14058COMPTES RENDUS DE L? ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 37$
COMMUNICATION
LICHAS, LACÉDÉMONIEN, ARCHONTE À THASOS
ET LE LIVRE VIII DE THUCYDIDE,
PAR M. JEAN POUILLOUX, MEMBRE DE L'ACADÉMIE,
ET M. FRANÇOIS SALVIAT
Au VIIIe Congrès d'Épigraphie grecque et latine, qui se tint à
Athènes en octobre 1982, a été lue une communication sur Les
archontes de Thasos1. Il y était proposé une mise en ordre architec
turale des fragments de la liste de ces magistrats gravée sur un
édifice public de marbre blanc, de fondation inconnue, mais situé au
centre de la cité ; ce catalogue récapitulatif, transcrit en colonnes
régulières, vers 360 av. J.-C, tenu à jour ensuite sur une ou deux
générations, apparaît désormais, en dépit des lacunes, avec plus de
clarté. Au cours de cette séance, David Lewis, consultant la liste,
dont copie avait été remise à l'assistance2, a observé que le nom
d'un personnage connu à la fin du ve siècle, Lichas, fils d'Arkésilaos,
s'y retrouvait colonne 5. La publication du fragment inscrit concerné,
dans le fascicule III des Études thasiennes (J. Pouilloux)3, remonte
à 1954, et le nom a été recensé dans l'index de prosopographie
publié en 1958 dans les Études thasiennes V (Chr. Dunant et
J. Pouilloux). La remarque aurait donc pu être faite plus tôt. Quoi
qu'il en soit, il nous est apparu à l'examen que l'homme qui appar
aît ainsi comme archonte à Thasos est bien Lichas — Lacédé-
monien, ce qui surprend — plusieurs fois cité dans les textes anciens.
Nous voudrions ici préciser cette rencontre, et indiquer les consé
quences qui pour nous en découlent.
Tout d'abord, qui était Lichas, tel qu'on peut le connaître par
les sources littéraires ?
Il occupe une assez bonne place dans l'Histoire de la guerre du
Péloponnèse de Thucydide : il y est mentionné huit fois (dont deux
fois avec son patronyme, fils d'Arkésilaos), au livre V et au
livre VIII. Mais on rencontre aussi son nom deux fois chez Xéno-
1. Pour cet exposé, nous renvoyons aux Actes du Congrès, à paraître, à la
charge du comité organisateur athénien.
2. C'est la liste reproduite ici même, dépliant entre p. 382-383.
3. J. Pouilloux, Études thasiennes III, Recherches sur l'histoire et les cultes
de Thasos I (Paris, 1954). Ce titre est abrégé ci-après Recherches I. LICHAS ARCHONTE À THASOS ET THUCYDIDE VIII 377
phon, deux fois chez Plutarque, et dans un passage de Pausanias.
Les problèmes que pose sa personnalité sont donc évoqués dans les
divers endroits du Commentaire historique de Gomme et de ses suc
cesseurs, concernant les lieux où le nom apparaît4. Lichas est aussi
étudié, sommairement, dans l'ouvrage de Sainte-Croix sur les
origines de la guerre du Péloponnèse5 ; il est évoqué par D. Lewis
dans son livre sur Sparte et les Perses6 — enfin, dans beaucoup
d'autres travaux sur l'histoire de cette période, ou, en général,
l'histoire de Sparte7, mais avec des perspectives toujours secondaires.
Lichas a une notice dans la Real Encyclopàdie, mais elle est rapide8.
Il est donc utile de revenir sur les témoignages.
Lichas intervient d'abord, au livre V de VHistoire de la guerre
du Péloponnèse, comme un spécialiste de la diplomatie et des rap
ports entre Argos et Sparte, entre 422 et 417 av. J.-C.
1. Avant la paix de Nicias, négociée dans l'hiver 422-421, Thucyd
ide rappelle que Lichas et Ampelidas (ce dernier inconnu par
ailleurs) venus de Sparte à Argos, ont échoué dans un effort pour
obtenir le renouvellement des accords entre cette cité et Sparte
(V, 22 : oùx rfîzhov' AyLTzekfàov xcd Aiypu IXOovtcov è7u<77tsv8e(T0ai
Cette hostilité inquiétante d'Argos compte parmi les raisons qui
conduisirent Sparte à composer avec Athènes. Le choix de Lichas
pour une telle mission est expliqué plus loin : il était, à Sparte,
proxène d'Argos (V, 76).
2. Après la paix de Nicias, dans l'été 420, se place un épisode qui
témoigne à la fois de la richesse de Lichas, de son initiative, de son
aptitude à occuper le premier plan, et de la représentativité que
lui accordait sa cité. Sparte avait en effet, violant selon les Éléens
la trêve olympique, envoyé des hoplites à Lépréon : les Éléens avaient
fait condamner les Spartiates à une amende de deux mille mines,
qu'ils refusaient de payer, de même qu'ils refusaient de se retirer
de la place. Tout compromis s'étant avéré impossible, les Spartiates
se trouvèrent, seuls avec les gens de Lépréon, exclus du concours
4. Gomme, Andrewes, Dover, A Historical Commentary on Thucydides
(Oxford, Clarendon Press), tome I à V (abrégé ci -après HCT). Pour les réfé
rences concernant Lichas, on se reportera à l'index général à la fin du tome V.
5. G. E. M. de Sainte Croix, The Origins of the Peloponnesian War (Londres,
1978) (abrégé ci-après OPW), p. 137-138, 147, 155.
6. D. M. Lewis, Sparla and Persia (Cincinnati Classical Studies, Leyde, 1977),
p. 93, 97, 99-100, 102, 104-105, 107, 110-111.
7. Voir aussi Poralla, Prosop. Laked., n° 492 ; Moretti, Olympionikai (Rome,
1957), n» 339 ; H. Michell, Sparta (Cambridge, 1952), p. 152 et 298 ; A. M. Jones,
Sparta (Oxford, 1967), p. 78, 80, 97, 136 ; R. Meiggs, The Athenian Empire
(Oxford, 1972), p. 356 et p. 371.
8. Lenschau-Nachod, RE, Band XIIL1 (1926), col. 211-212, s.v. Lichas 3. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 378
olympique de 420. On en vint au bord de la guerre. La jeunesse
éléenne était en alerte ; mais aussi mille Argiens, mille Mantinéens,
S' éyévsTO tyj TOxvyjyùpei et des cavaliers d'Athènes (V, 50, 4). Asoç
(xéya [X7] £ùv oizkoic, è'XGoxnv ol AaxsSaifAOVioi, àXXwç te xal etciSt) xal
Aiyjxc, ô 'ApxsCTiXàou, AaxeSatfxovtoç, èv tw àyûvi ûnb t<5v p
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Syjfxocrtou xaxà tyjv oûx è^oocriav ttjç àycoviascoç, 7rposX06)v
sç tov ày&va àvé&rço-E tov tjvio^ov, (3ouX6|XSVoç 87)Xô>crat Ôti èauxou ^v
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véov È'cTEcrôai. 01 [xévTot AaxsSatjjtovtot, Y)CTÛxac7av T£ >tat ^J sopr/)
aÙTOiç ouTto StT^XGsv. « Une grande appréhension s'était répandue
sur les Grecs assemblés : on craignait de voir les Lacédémoniens
arriver en armes, surtout depuis que Lichas, fils d'Arcésilas, de
Lacédémone, avait reçu des coups des porte-baguettes sur le terrain
des jeux : son attelage étant victorieux, on avait proclamé vain
queur l'État béotien en vertu du fait que lui n'avait pas le droit de
concourir ; or, s'étant avancé sur le terrain, il avait couronné le
cocher, voulant ainsi montrer que le char était à lui. L'incident
avait beaucoup contribué à la frayeur générale et l'on croyait à du
désordre. Toutefois les Lacédémoniens se tinrent tranquilles et la
fête se passa comme cela » (traduction J. de Romilly9). Ostentation
personnelle, mais affirmation de la puissance Spartiate, accrue de
l'alliance béotienne (et il s'agit de la jeune confédération, non des
seuls Thébains), art calculé de la provocation : le rôle important
que les Spartiates ont demandé plus tard à Lichas de jouer montre
que cette affaire avait servi sa popularité.
3. Lichas poursuivit en effet son activité de diplomate. Thucydide,
qui évoque alors son titre de proxène d'Argos, nous le montre à
nouveau, apr&#

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