Expression et pensée du futur en anglais de l an mil - article ; n°2 ; vol.144, pg 519-555
38 pages
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2000 - Volume 144 - Numéro 2 - Pages 519-555
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur André Crépin
Expression et pensée du futur en anglais de l'an mil
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 2, 2000. pp. 519-
555.
Citer ce document / Cite this document :
Crépin André. Expression et pensée du futur en anglais de l'an mil. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 2, 2000. pp. 519-555.
doi : 10.3406/crai.2000.16140
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2000_num_144_2_16140COMMUNICATION
EXPRESSION ET PENSÉE DU FUTUR EN ANGLAIS DE L'AN MIL,
PAR M. ANDRÉ CRÉPIN, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
L'année 2000 invite à rouvrir le dossier de l'an mil, et plus géné
ralement à s'interroger sur la conception du temps selon les civil
isations. L'Angleterre du haut Moyen Âge offre de précieux témoi
gnages concernant l'an mil1. Et c'est un fait bien connu des
linguistes que les langues germaniques ne disposent, dans leur
état ancien, que d'un seul temps grammatical exprimant à la fois et
le présent et le futur2.
Il se trouve que notre connaissance de la langue anglaise des
Xe et XIe siècles s'appuie sur une masse de textes au nombre et à la
variété bien supérieurs à ce qu'avait produit la politique culturelle du
roi Alfred à la fin du IXe. On doit cette activité intellectuelle et scribale
à la réforme bénédictine, venue du Continent. Le siècle de l'an mil en
Angleterre va des années 960, quand le roi Edgar décida de soutenir
la réforme monastique bouleversant l'Église et la société anglaises,
jusqu'en 1066, lorsque Guillaume de Normandie brisa les projets
d'une Angleterre autonome ou d'une Angleterre Scandinave pour
lier définitivement le destin de l'Angleterre à celui du Continent3.
Abréviations utilisées dans les notes. AMAES - Association des Médiévistes anglicistes de l'E
nseignement supérieur (s/c Université de Paris IV). ASPR ~ Anglo-Saxon Poetic Records,
G. Ph. Krapp et E. Van Kirk Dobbie éd., New York, Columbia University Press, 6 vol., 1931-
1942. ( 'A JP ( Cambridge 1 I niversity Press. - EETS - The Early English Text Society, os ori
ginal séries, ss supplementary séries. EHD I - English Historical Documents. Vol. I, c. 500- 1042,
D. Whitelock éd., Londres, Ëyre Methuen-OUP, 1955, 2" éd. 1979. EHD II - Vol. Il 1042-1189, W."
D. C. Douglas [1953] et G. éd., 2 éd. 1981. OUP Oxford University Press. Greenaway
1. Les documents anglais complètent la démonstration de S. Gouguenheim, Les fausses ter
reurs de l'an mil. - Attente de la fin des temps ou approfondissement de la foi ? Paris, Picard, 1999.
S. Gouguenheim cite rapidement /Elfric fsans références; et Wulfstan (références de seconde
mainj, il ignore Byrhtferth. Le mythe des terreurs de l'an mil a été dénoncé dès 19()1 par des
historiens que ne cite pas Gougenheim mais que mentionne Bethurum (infra n. 20), p. 278-281.
2. Pour la bibliographie de linguistique, voir The Cambridge History of the English
Language. Vol. I. The Beginnings to 1066, R. M. Hogg éd., CUP, 1992.
3. Sur l'histoire de l'Angleterre du VIe au xr siècle, F. M. Stenton, Anglo-Saxon England,
Oxford, Clarendon (The Oxford Historvof England, II), [1943], 3e éd. rev. par D. Whitelock,
1971, reste, parmi les panoramas solides, le plus lisible. Voir aussi EHD I et fi. Sur les prin
cipaux artisans de la restauration monastique, F. Brunhôlzl, Geschichte der lateinischen Lite-
ratur des Mittelalters, 1992 ; trad. fr. par H. Roehais avec compléments bibliographiques de
J.-P. Bouhot, Histoire de la littérature latine du Moyen Age, Brepols (Université catholique de
Louvainj, t. II ( vol. 3), « De la fin de l'époque carolingienne au milieu du XIe siècle », 1996,
p. 442-452 (oùv4s- est transcrit E- : .'E/fric devient donc Elfric, etc.). COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 520
Ce siècle de 960 à 1066 a reçu, à cause de ses productions artistiques,
le nom de siècle d'or4. Voilà qui efface, de façon manifeste, une pré
tendue fracture aux environs de l'an mil.
La situation en Angleterre durant les décennies qui environ
nent l'an mil pouvait, cependant, faire croire à la fin du monde. Le
règne de paix du roi Edgar (959-975) mourut avec lui. Se succé
dèrent alors les réactions hostiles aux donations de terres aux
monastères, l'assassinat du roi légitime et, à partir de 980, la
reprise des raids Scandinaves, avec leur cortège de dévastations,
de trahisons, de crimes, qui aboutit au couronnement de rois
Scandinaves et à l'enracinement normand du futur Edouard le
Confesseur.
J'examinerai successivement 1) l'importance des thèmes du
Jugement dernier et de la date de l'an mil dans les documents
anglais du siècle entourant cet an mil ; 2) l'expression du futur
dans la langue anglaise de cette époque ; 3) les éventuelles corre
spondances entre langue et mentalité.
1. Le thème du jugement dernier
Ce thème est très présent dans notre corpus5. Les textes, dans
leur très grande majorité, sont écrits par des moines et, en prior
ité, pour des moines. Qu'ils soient en vers ou en prose, leur pro
pos est avant tout religieux et didactique. Le souci principal est
d'appeler à la vigilance contre la tentation du péché, et le plus sûr
moyen est d'évoquer le jour du grand Jugement [se micla dom,
dômes dœgf où chacun devra rendre compte à Dieu de sa conduite.
Une hymne en usage dans l'Angleterre du haut Moyen Âge
résume l'histoire sainte de l'humanité en s'adressant successiv
ement au Christ créateur, au Christ rédempteur, au Christ juge.
Voici la strophe XVI, avec ses gloses vieil-anglaises, qui s'adresse
au Christ du Jugement dernier :
4. J. Backhouse, D. H. Turner et L. Webster dir., The Golden Age of Anglo-Saxon England 966-
1066. Londres, British Muséum Publications, 1984 catalogue de l'exposition sur ce thème.
5. Ce corpus comprend la traduction des évangiles (infra, n. 32), les œuvres religieuses
et scientifiques du moine /Elfric (traduction des six premiers livres de la Bible, infra, n. 18 ;
homélies, infra, n. 15 ; vies de saints, infra, n. 19 ; grammaire et vocabulaire du latin, infra,
n. 30 et 32 ; lettres -opuscules, infra, n. 33), les sermons et les écrits juridiques et politiques
de son ami l'archevêque Wulfstan, infra, n. 21 ; diverses homélies, infra, n. 10 ; le manuel
de comput et de rhétorique de Byrhtferth, infra, n. 23 ; des chartes, n. 27 ; des pres
criptions médico-magiques, infra, n. 42 ; le roman d'Apollonius de Tyr, infra, n. 37 ; la plu
part des poèmes qui nous sont parvenus (ASPB).
6. La seconde expression donnera son titre, où se mélangent ironie et terreur - Dômes-
day Book , à l'inventaire (latin descriptio) des propriétés d'Angleterre ordonné par
Guillaume le Conquérant en 1086. LE FUTUR EN ANGLAIS DE L'AN MIL 521
Jhi eart Ôe on cuÔe tid
Tu es qui certo tempore
sellende ende worulde
daturus finem saeculi,
|>u ealra geeamungum
tu cunctorum mentis
rihtwis geedleanend eart
iustus remunerator es.
(« Tu es celui qui au moment déterminé mettra fin au monde, tu es,
des mérites de tous les êtres, le juste rétributeur »)7. La strophe
unit les deux aspects du Jugement Dernier : la fin du monde au
moment fixé par Dieu, et le Christ en tant que Juge.
Sur la page de beaucoup de manuscrits anglais, notamment sur le
frontispice de la charte de refondation du New Minster (« neuf mou-
tier ») de Winchester qui date de 966 ou peu après et qui ouvre le
«siècle d'or de l'art anglo-saxon», on voit le Christ siégeant en
majesté, entouré de la mandorle et tenant de la main gauche le livre
de vie (fig. l)8. Ce même Christ apparaîtra sur les tympans romans.
Les auteurs anglais d'homélies et de sermons commentent
volontiers les passages de l'évangile de saint Matthieu (ch. 24-25)
et de la Seconde Épître de saint Jean (7-11) annonçant les mal
heurs et les faux prophètes (l'antichrist, antichristus, 2 Jn 7). L'Apo
calypse ne figure guère parmi les sources exploitées. Une certaine
interprétation du verset 4 du Psaume 89
7. I. B. Milfull, The Hymns ofthe Anglo-Saxon Church. A Study and Edition ofthe * Durham
Hymnal*, CUP (Cambridge Studies in England, 17), 1996. - L'hymnaire de
Durham (Cathedral Library B. III. 32) a été copié à Canterbuiy

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