L Euripe de l Hippodrome de Constantinople. Essai d identification - article ; n°1 ; vol.7, pg 180-193
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L'Euripe de l'Hippodrome de Constantinople. Essai d'identification - article ; n°1 ; vol.7, pg 180-193

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Description

Revue des études byzantines - Année 1949 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 180-193
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 107
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

C. A. Mango
L'Euripe de l'Hippodrome de Constantinople. Essai
d'identification
In: Revue des études byzantines, tome 7, 1949. pp. 180-193.
Citer ce document / Cite this document :
Mango C. A. L'Euripe de l'Hippodrome de Constantinople. Essai d'identification. In: Revue des études byzantines, tome 7, 1949.
pp. 180-193.
doi : 10.3406/rebyz.1949.1011
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1949_num_7_1_1011DE L'HIPPODROME DE CONSTANTINOPLE L'EURIPE
Essai d'identification.
La réhabilitation de l'empire byzantin, dont la civilisation a été
longtemps méconnue par les historiens, a donné un nouvel intérêt à
la topographie et aux monuments de sa capitale qui sont encore impar
faitement connus. Par suite des nombreuses vicissitudes, des destruc
tions et des remaniements qu'elle a subis, la physionomie de cette ville
célèbre s'est obscurcie avec les siècles. Cependant, grâce à l'ingéniosité
et à la patience des chercheurs modernes, nous voyons se lever par
endroit un pan du lourd voile qui la recouvre.
L'hippodrome, ce centre vital de la capitale médiévale, qui fut le
témoin de ses jours les plus heureux comme aussi des plus lugubres,
recèle encore de nombreux secrets jalousement gardés. L'imprécision,
l'ambiguïté des auteurs byzantins, qui ne se souciaient guère de la
postérité, sont la cause principale de l'incertitude qui règne dans
toutes les études consacrées à l'hippodrome.
Nous voudrions apporter notre modeste contribution à l'éclairciss
ement de la toponymie et de l'histoire de cet antique édifice en éta
blissant la véritable signification du terme « Euripe », emprunté
au détroit qui sépare l'Eubée de la Béotie, terme qui apparaît souvent
dans les textes quand il est question de l'hippodrome. Plusieurs consi
dérations que nous allons exposer nous permettent de croire que le
mot Euripe est le synonyme grec de la spina latine et qu'il désignait
le mur qui divisait la piste dans toute sa longueur.
L'obélisque égyptien, la colonne serpentine et l'obélisque muré se
trouvent aujourd'hui alignés au milieu de l'hippodrome de Cons
tantinople. Beaucoup d'autres monuments disparus (statues antiques,
effigies impériales, stèles cochères, bornes portant des œufs et des
dauphins) étaient rangés sur la même ligne. Autour s'étendait la
piste qui épousait la forme de l'édifice entier, celle d'un quadrilatère
allongé, dont le côté sud était semi-circulaire. Les chars de course,
partant des Carceres, qui s'élevaient à peu près sur l'emplacement de l'eURIPE DE L'HIPPODROME DE CONSTANTINOPLE 181
la fontaine de Guillaume II (1), s'élançaient le long de la piste, contour
naient la borne méridionale et revenaient aux portes.
Nous retrouvons les mêmes dispositions, sauf quelques détails,
au Gircus Maximus de Rome, car celui de Constantinople en dérivait
directement (2). A Rome, la rangée centrale, qui comprenait des
obélisques et des autels, s'élevait sur un mur bas qu'on appelait la
spina. Quoique ce mot ne fût pas usité chez les Byzantins, on s'en sert
tout de même pour désigner la partie correspondante de l'hippodrome
de Constantinople. Non seulement les savants s'accordaient à supposer
qu'une spina semblable à celle de Rome existait à Byzance, mais
encore certains d'entre eux ont tenté d'en préciser les dimensions (3).
Cependant, lors des fouilles pratiquées en 1927, sur l'emplacement
même de l'axe de l'hippodrome par S. Casson et D. Talbot, on n'en
rencontre aucune trace (4). On constata que la colonne serpentine
repose sur une canalisation d'époque tardive, qu'elle est placée sur
la terre d'argile jaune qui constitue le sol de cette région. L'absence
de tout dallage a été considéré par les archéologues anglais comme
une preuve que la spina n'a jamais existé. Cette affirmation quelque
peu hâtive se heurte néanmoins à de nombreuses difficultés (5).
Parmi les hippodromes que nous connaissons, seul celui de Gerasa
semble n'avoir pas eu de spina (6).
M. Casson crut démontrer que la spina n'était pas documentée.
Il cite seulement le Florentin Buondelmonti (1422), qui écrit : Per
medium denique dicti cursus in longitudine humilis est murus (7).
(1) Texier (Reçue archéologique, II, 1845, p. 145) prétend avoir vu les ruines des Carceres
près de la rue Divanyolu. D'après le voyageur anglais Sanderson, qui a puisé ses renseigne
ments sur Constantinople auprès d'un docteur juif, des restes considérables de forme arrondie
existaient en ce lieu vers 1590 (Travels, Hakluyt Society, 2nd series, n° LXVII, Londres,
1931, p. 76). Cf. aussi les gravures de Panvinio et de Vavassore. Paspati, Τα βυζαντινά ανάκ
τορα, 1885, p. 46, signale une construction byzantine qui apparut lorsqu'on creusait les
fondations du café qui existe toujours en cet endroit.
(2) Chronicon Paschale, Bonn, I, 528; Malalas, Bonn, 320; Pseudo-Codinus, Bonn, 19;
Vita Constantini du Codex Angelicus, Byzantion, IX, 575; cf. A. Vogt, L'hippodrome de
Constantinople, Byzantion, X, 472.
(3) S. Casson et D. Talbot, Preliminary Report, p. 10, n. 1; Grosvener, The Hippodrome
of 1889, lui donne une hauteur de 4 pieds et une longueur de 607; cf. du
même, Constantinople, 1895, I, 331; A. Thiers, Comptes rendus de VAcad. des Inscr., 1913,
l'évalue à 2 mètres.
(4) Preliminary Report, pp. 9-11; Les fouilles de l'hippodrome de Constantinople, Gazette
des Beaux-Arts, 6e période, III, p. 220, 224, 230, 241; cf. E. Mambo.ury, Les fouilles byzant
ines à Istanbul, Byzantion, XI, p. 258.
(5) Cf. R. Janin, La topographie de Constantinople byzantine, Échos d'Orient, XXXVIII,
p. 127.
(6) Gerasa, City of Decapolis, 1938, p. 97. Remarquons que le centre de l'arène ne fut pas
fouillé.
(7) Ed. de Bonn, p. 180. Le manuscrit Ambrosien qui contient la version la plus complète
de Buondelmonti donne une leçon différente : Per mediam dicti campi in longitudine non 1
182 ÉTUDES BYZANTINES
M. Casson n'attribue aucune valeur à ce témoignage pour la raison que
Buondelmonti est souvent inexact et qu'il pouvait avoir pris· pour
un mur un amas de débris provenant des ruines de l'hippodrome.
Cette explication est peu probable, car au commencement du xve siè
cle l'hippodrome n'était point délaissé : Clavijo (1), Père Tafur (2),
et un pèlerin russe anonyme (3) en témoignent. Il est inutile de démont
rer que le dessin de Panvinio (4) ne date pas des environs de 1350,
comme le croyait M. Casson, mais plutôt de 1500 (5). Sur le plan de
Constantinople attribué à Buondelmonti la sp ina se voit clairement (6).
M. Casson passe ensuite à la base sculptée de l'obélisque de Théodose,
dont le côté sud inférieur est consacré aux courses de chars. La piste
se voit séparée en deux par un long. mur sur lequel se dressent deux
obélisques et une construction soutenue par quatre colonnes. Les
bornes sont aux deux extrémités de la spina, telles qu'elles apparaissent
sur plusieurs autres monuments de la même époque (7), socles cylin
driques portant chacun trois cônes réunis. Pour soutenir sa thèse,
M. Casson maintient que ce relief est purement symbolique et bien
éloigné de la vérité, ce qui n'est juste qu'en apparence. En effet,
malgré sa raideur conventionnelle et maladroite, ce relief n'est pas
dénué de toute valeur topographique (8) et constitue un document
de plus qui atteste l'existence de la spina.
altus est murus, in quo columpne marmoree multarum historiarum sculpte, una post alteram,
posite sunt, G. Gerola, Le vedute di Costantinopoli di Christophoro Buondelmonti, Studi
Bizantini, III, p. 273. Le manuscrit grec de la bibliothèque du Sérail porte : έν τω μέσω
δέ τ-.ΰ προλεχθέντος Ιπποδρόμου ην χθαλμος διαιρων αυτόν κατά μήκος, Legrand, Description
des îles de V Archipel, 1897, p. 87.
(1) Embassy to Tamerlane, traduction anglaise de Guy Le Strange, p. 69.
(2) Travels and Adventures, de Malcolm Letts, p. 143.
(3) Itinéraires russes en Orient, trad. Β. de Khitrowo, 1889, p. 237.
(4) De ludis circensibus, Venise, 1600, pi. R, p. 61.
(5) Nous arrivons à la date de 1500 d'après les monuments qui figurent sur la gravure.
La colonne de Justinien perdit sa statue équestre en 1490, Hardtmann Schedel, Chronicon
Nuremberg, 1493, fol. CCLVII r., donc le dessin est po

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