Problèmes britanniques - article ; n°169 ; vol.31, pg 15-36

A. Demangeon

Description

Annales de Géographie - Année 1922 - Volume 31 - Numéro 169 - Pages 15-36
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ANNALES_DE_GEOGRAPHIE
• Publié le: 01 janvier 1922
• Nombre de lectures: 70
• Langue: Français
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Extrait

Albert Demangeon
Problèmes britanniques
In: Annales de Géographie. 1922, t. 31, n°169. pp. 15-36.
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Demangeon Albert. Problèmes britanniques. In: Annales de Géographie. 1922, t. 31, n°169. pp. 15-36.
doi : 10.3406/geo.1922.10219
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1922_num_31_169_1021915
PROBL MES BRITANNIQUES
Du fait de la guerre Empire britannique gagné de nouveaux ter
ritoires ces acquisitions qui élèvent environ 2570000 km2 repre-
sentent une étendue huit fois plus grande que celle du Royaume-Uni1
Malgré cet énorme accroissement la distribution géographique de Em
pire demeure la même si on excepte la Mésopotamie par laquelle il
pénètre au ur du continent asiatique aux montagnes du Kur
distan il conservé le caractère un tat maritime établi au contact de
Océan est empire une nation commer ante qui vit de ses
échanges universels et pour laquelle la mer est comme un chemin inté
rieur Les côtes du globe sont devenues les frontières de la Grande-
Bretagne2 Quand elle ne possède pas les territoires elle exploite
elle installe leurs portes dans une île bien placée où rayonne son
action ces entrepôts des mers lointaines sont le type original de éta
blissement britannique véritables points de succion ils concentrent le
commerce immenses régions est Aden au seuil du monde arabe
est Singapore au centre du monde malais est Hong-Kong aux portes
du monde chinois Par eux achève le caractère universel de cet empire
qui mêle son existence celle de tous les peuples de la terre
CARACT RES DE UNIT IMP RIALE
Cette ubiquité de Empire pose le problème de son unité Il possède
des terres dans toutes les zones du globe des peuples de toute race de
toute religion de toute civilisation De plus géographiquement dis
persé il contient par la force des choses des tendances centrifuges
unité existe-t-elle Comment la réaliser si elle existe pas Comment
la faire durer si elle se crée Questions vitales qui occupent hui
les premiers plans de la pensée et de action britanniques
La guerre donné au monde un spectacle étonnant toutes les com
munautés britanniques de univers faisant cause commune avec la
mère patrie et lui apportant leurs trésors et leurs fils On eu impres
sion une solidarité spontanée fruit une âme unique De lourds sacri
fices en hommes furent le sanglant témoignage de cette union Au mois
de novembre 1918 le nombre hommes transportés outremer ou en
Afrique Sud-Ouest 834500 km2 Nouvelle-Guinée 225000 Samoa 2850
Afrique orientale 995 000 Togo 32380 Cameroun 85500 Mésopotamie 371000
Palestine 23300
Is BOWMAN The New World New York 1921 22 16 PROBL MES BRITANNIQUES
cours instruction dans les camps élevait 458218 pour le Canada
331814 pour Australie 112 223 pour la Nouvelle-Zélande 76 184 pour
Afrique du Sud ces chiffres représentent une proportion de 11
19 100 de la population masculine blanche Le Canada eut
tués Australie 55 S85 la Nouvelle-Zélande 16132 Si on ajoute
ces morts les disparus et les blessés on obtient par rapport au total
des troupes une proportion de 45 100 pour le Canada de 63 100
pour Australie de 50 100 pour la Nouvelle-Zélande1 Et-nous ne
parlons pas des dépenses et des dettes de guerre
Pareils sacrifices inspirés par un sincère loyalisme ont cependant
donné aux Dominions une conscience plus vive de leurs intérêts
propres la guerrea élargi leurs velléités indépendance nationale
Déjà avant la guerre ils étaient en pratique indépendants pour leurs
affaires intérieures seule la politique étrangère leur échappait Ayant
contracté des dettes énormes et donné des milliers de leurs enfants dans
une guerre pour la défense de Empire ils demandent avenir de
collaborer la direction de la diplomatie impériale Ce désir re ut un
commencement de satisfaction lorsque des ministres coloniaux furent
admis dans le Cabinet Impérial de Guerre puis dans la Conférence de
la Paix Cette révolution dans le système colonial de la Grande-Bre
tagne en était une aussi dans les relations internationales puisque pour
la-première fois ces jeunes démocraties entraient dans le système poli
tique de Europe Cette situation de fait est pas encore une situation
de droit il reste organiser constitutionnellement la participation des
colonies la politique impériale en un mot il reste créer une formé
tat nouvelle inédite
Ce nouvel tat ce nouvel être géographique en préparation a-t-il des
chances de vie Vivra-t-il malgré les forces hostiles Il semble un
peuple qui se forme dans un milieu nouveau ait une ten
dance naturelle indépendance politique mesure il grandit il
prend une conscience toujours plus nette de sa personnalité ainsi que
ont montré les tats-Unis il se dégage de cette conscience une force
vive qui est autre que le sentiment national le patriotisme et qui ne
va pas sans egoïsme Cecil Rhodes avait cette notion très claire dès
1891 il disait propos de Afrique du Sud Pouvons-nous
trouver un lien avec la mère patrie qui permette éviter une sécession
Ce lien doit être pratique car les générations futures ne seront pas nées
en Angleterre. Les hommes politiques anglais ne peuvent pas voir
avenir Ils croient que leur pays sera toujours le grand centre manu
facturier du mondel
en pas douter les liens sentimentaux entre nations urs se
The Round Table mare et juin 1919
CECIL HHO ES cité par ASIILKY dans son livre The Tariff Problem
London King 911 200 PROBL MES BRITANNIQUES 17
relâchent la longue un groupement politique il faut un ciment ma
tériel De là idée une union conomique comme base de unité
impériale Cette ne pouvait que tenter la métropole Dans un tat
maritime sans continuité territoriale la force union matérielle ne peut
provenir que des relations commerciales dont la mer est le lien perma
nent Le danger que je crains pour Empire disait lord Seiborne en
1902 devant une conférence intercoloniale est que le Canada Afrique
du Sud et Australie étant en fait des continents aient tendance
devenir trop continentaux et trop peu maritimes dans leurs aspirations
et leurs idées Empire britannique doit son existence Océan et il ne
peut continuer exister que si toutes ses parties persistent regarder
Océan comme leur vraie source existence et de force Comme la
Grande-Bretagne rencontre partout sur la terre des rivaux de son com
merce et comme son immense empire possède une grande variété de
ressources il est naturel elle cherche associer de plus en plus etroi-
tement cet empire sa vie économique elle espère trouver en nombre
croissant des clients el des fournisseurs la mer sera toujours le grand
chemin de cette circulation
Par intérêt la fois et par sympathie les Dominions ont bien
accueilli cette politique Il existe maintenant une ébauche de fédération
économique impériale elle repose sur les tarifs préférentiels exemple
donné par le Canada en 1897 puis en 1900 et 1907 fut suivi par
Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande en 1903 et un peu plus tard par
Australie Après la guerre la Grande-Bretagne prit elle-même initia
tive le 1er septembre 1919 entrait en application le British Finance Act
qui établit de nouveaux tarifs préférentiels pour tous les Dominions
Inde et les Protectorats Les faits semblent donner raison cette poli
tique On constate en effet que le système de la préférence arrêté le
déclin des importations britanniques au Canada résultat remarquable
car des forces géographiques presque irrésistibles attirent le Canada
vers les Etats-Unis De même on observe une manière générale
depuis le début du xx siècle un accroissement du commerce inter
impérial Le régime de la préférence développe donc les échanges
intérieur de Empire il est un facteur de unité impériale
La base un tat panbritannique doit-elle donc être une confédéra
tion protectionniste intérieur de laquelle se trouverait généralisé
la fois et précisé le régime de la préférence union politique doit-elle
avoir pour soutien une union économique Pour cela deux conditions
seraient nécessaires qui ne paraissent pas être près de se réaliser
abord il faudrait il eût pas chez les Dominions de tendances
centrifuges qui les orientent vers les pays non britanniques Ensuite il
faudrait que Empire considéré dans son ensemble pût se suffire lui-
même est-à-dire il pût produire tout c