Bulletin d esthétique - article ; n°58 ; vol.41, pg 279-302
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Bulletin d'esthétique - article ; n°58 ; vol.41, pg 279-302

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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1938 - Volume 41 - Numéro 58 - Pages 279-302
24 pages

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Publié le 01 janvier 1938
Nombre de lectures 31
Langue Français
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Extrait

Edgard De Bruyne
Bulletin d'esthétique
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 41° année, Deuxième série, N°58, 1938. pp. 279-302.
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De Bruyne Edgard. Bulletin d'esthétique. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 41° année, Deuxième série, N°58, 1938. pp.
279-302.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1938_num_41_58_3895ÉTUDES CRITIQUES
BULLETIN D'ESTHÉTIQUE «
I. — Ouvrages historiques.
Le deuxième Congrès International d'Esthétique et de Science
de l'Art s'est tenu à Paris du 7 au 1 1 août 1937 sous la présidence
d'honneur de MM. Bergson, Claudel, Paul Valéry et sous la pré
sidence effective de M.Victor Basch, assisté de MM. Lalo et Bayer :
rendons un hommage tout spécial à ce dernier qui a fait preuve,
au Congrès d'Esthétique comme à celui de Philosophie, d'un
aimable dévouement à la hauteur de son talent d'esthéticien et de
ses dons moins connus d'organisateur.
Les Actes du Congrès forment deux beaux volumes (1). Ils com
prennent les discours liminaires de MM. Paul Valéry, Paul Claudel
et Victor Basch, aussi remarquables l'un que l'autre. Les deux
premiers, d'une forme admirable, repensent personnellement l'e
sthétique intégrale ; le dernier, toujours également clair et magni
fiquement synthétique, résume, en se plaçant au point de vue
strictement scientifique, toute une vie de méditation sur la beauté
et l'art. Le discours de M. Basch constitue l'introduction idéale et
le cadre rêvé pour les très nombreuses communications qui suivent.
Elles sont réparties sous les titres suivants : I. Esthétique géné
rale ; II. Psychologie ; III. Sociologie et Culture ; IV. Histoire et
Critique ; V. Science de l'art et Techniques ; VI. L'Art contemp
orain. Les contributions sont extrêmement nombreuses (environ
250), variées et, il faut le dire, de valeur diverse quoique en grande
majorité remarquables. Le problème des méthodes nous semble
trop négligé : cinq contributions, en y joignant le discours de
(*) Seuls les ouvrages dont un exemplaire est parvenu à la rédaction sont
recensés dans ce Bulletin.
<J) Deuxième Congrès International d'Esthétique et de Science de l'Art (deux
vol. de 23 X 14 de 369 et 525 pp.). Paris, Alcan, 1937. 280 E. De Bruyne
M. Basch, c'est peu. L'esthétique métaphysique remonte à la sur
face sous plusieurs formes, surtout idéalistes et phénoménologiques.
Quelques études intéressantes sont consacrées aux rapports entre
valeurs : beau et bien moral ; beau et utile. Les catégories esthé
tiques suscitent quelques idées originales sur le comique, le tragique,
le dramatique, le laid et sur l'ensemble du problème.
La section de psychologie comprend d'excellentes contributions
analytiques. La section de sociologie s'honore de la collaboration
d'ethnologues comme MM. Boas, Thurnwald, Dickson ; l'art folklo
rique et national livre quelques informations suggestives ; les rap
ports entre l'individu et la société sont étudiés d'un point de vue
général, entre autres par MM. Lutoslawski, Medicus et Lalo.
Le deuxième volume comprend quelques brèves mais excel
lentes contributions à l'histoire de l'Esthétique. Les rapports qui
intéressent l'histoire de l'art sont de valeur inégale ; ceux qui traitent
de la Science générale de l'art* comptent quelques articles remar
quables sur la définition de l'art, sur l'essence de la poésie, sur la
structure, de l'oeuvre littéraire, sur la musicalité et l'œuvre musicale r
on se réjouit de trouver ici le témoignage direct de plusieurs artistes
de renom. On remarquera que l'esthétique mathématique est assez
bien représentée alors que expérimentale l'est peu. Le
Congrès reflète, en somme, la variété des grandes tendances philo
sophiques du moment. On ne peut pas dire qu'il met en relief de
grandes découvertes. Sa signification réside surtout, nous semble-t-il,
dans la diversité et la richesse des matériaux qu'il apporte à une
discipline- relativement jeune mais extrêmement vivante.
* * *
M. H. H. GLUNZ, professeur à Francfort, est, si nous ne nous
trompons, le premier à tenter une synthèse générale de l'esthétique
littéraire médiévale <2). Son ouvrage Die Literarasthetik des euro-
pàischen Mittelalters réagit contre deux tendances dont la première
applique au poète médiéval les critères du poète moderne (génie
créateur exprimant sa vie personnelle dans un langage intuitif), dont
l'autre retrouve trop facilement, à chaque siècle du moyen âge, les
linéaments d'une Renaissance de l'humanisme antique. Le moyen
âge ne se comprend que par lui-même : c'est donc par les textes
<a> H. H. GLUNZ. Die Literarasthetik des europaiachen Mittelalters. (26 X 16,
608 pp.). Bochum-Langendreer, H. Pôppinghaus, 1937. Bulletin d'esthétique 281
d'auteurs médiévaux replacés dans leur contexte qu'il faut com
prendre la valeur littéraire telle que la comprenait le moyen âge.
A juste titre, nous semble-t-il, l'auteur prend ici comme centre de
perspective la conscience que pouvait et devait avoir le poète méd
iéval de sa fonction et de son art.
Les textes utilisés par M. Glunz sont de trois espèces : il y a
les textes des théologiens, les œuvres littéraires et les manuels
techniques (arts de rhétorique, arts poétiques, arts de prédication,
etc.). Les citations sont nombreuses et variées, pas toujours de
première main. De cette mosaïque patiemment assemblée se dégage
sans aucun doute une impression d'ensemble objectivement fondée.
L'auteur voit une certaine évolution dans le goût littéraire du
moyen âge : il y aurait donc, d'après lui, une histoire de l'esthétique
littéraire médiévale. Au VIIe et au VIIIe siècle, les doctrines chré
tiennes sont coulées dans les formes vides de l'antiquité. Le IXe et
le Xe siècle utilisent les fables antiques pour les moraliser d'après
l'éthique chrétienne. Plus tard apparaît l'éthos chrétien proprement
dit : c'est l'époque des oeuvres liturgiques, des vies de saints, des
paraphrases de la Bible, époque qui accorde une importance primor
diale à l'au-delà et au monde invisible. Les influences néo-plato
niciennes amènent au XIIe siècle une vision du monde plus humaine :
tout reflète Dieu à sa manière : les activités professionnelles aussi
bien laïques (chevalerie) qu'ecclésiastiques poursuivent Dieu ;
l'amour, même profane, en est imprégné : la hauteur de la vie rel
igieuse détermine la valeur de l'œuvre littéraire qu'elle inspire.
En même temps se développe le courant allégorique : la Bible
et la Nature sont les signes de l'artiste divin : l'allégorisme se ren
contre depuis Alcuin et Rhaban Maur jusqu'aux Victorins et autres
Scolastiques : le poète imite Dieu qui, dans l'Ecriture, comme dans
la Nature cache un sens secret sous les formes sensibles : les poèmes
cosmologiques et didactiques aussi bien que les romans prennent
une valeur allégorique.
Au XIVe siècle, tout en restant au service de Dieu, la poésie,
de morale qu'elle était, devient esthétique. Les rapports entre le
poète et son œuvre sont analogues aux rapports entre Dieu et le
monde. Puisque Dieu s'exprime lui-même dans la création, pour
quoi le poète ne « dirait »-il pas ses propres pensées, ses propres
visions, ses propres sentiments ? A Yars moecha des théologiens
et à l'ars rhetorica des juristes, se superpose ainsi la poésie tout
court. C'est en Angleterre et surtout en Italie que la nouvelle ten- 282 E. De Bruyne
dance se manifeste. Sans doute, chez Dante, nous retrouvons les
caractères de l'allégorisme et du pédantisme technique, mais à la
clarté transparente de l'allégorie se substitue l'obscurité intuitive
d'un style nouveau ; la beauté n'est plus cherchée dans les fioritures,
les figures et les couleurs des rhéteurs, mais dans la perception
directe de la beauté créée, image de la splendeur infinie ; le poète
ne se sent plus un imitateur impersonnel du Chantre divin qui com

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