La théorie de la connaissance dans la philosophie de Maurice Blondel - article ; n°26 ; vol.32, pg 163-182
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1930 - Volume 32 - Numéro 26 - Pages 163-182
20 pages

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Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 31
Langue Français
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Extrait

P. Archambault
La théorie de la connaissance dans la philosophie de Maurice
Blondel
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 32° année, Deuxième série, N°26, 1930. pp. 163-182.
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Archambault P. La théorie de la connaissance dans la philosophie de Maurice Blondel. In: Revue néo-scolastique de
philosophie. 32° année, Deuxième série, N°26, 1930. pp. 163-182.
doi : 10.3406/phlou.1930.2575
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1930_num_32_26_2575IX
LA THÉORIE DE LA CONNAISSANCE
DANS LA PHILOSOPHIE DE MAURICE BLONDBL'
Où va l'action? A-t-elle un sens et lequel? Sous la
diversité et l'instabilité de mes volontés particulières,
y a-t-il un vouloir essentiel, permanent, constitutif? Les
initiatives, apparemment aberrantes et contradictoires, de
ma liberté, comportent-elles cependant une loi, une loi
telle que relèveraient encore d'elle la négation et la révolte
qui prétendraient la contester ? Peut-on discerner et définir
une logique de l'action, susceptible d'éclairer et d'équi
librer à la fois son développement, en accordant ses réali
sations réfléchies à son élan naturel et foncier ? Ainsi était
posé le problème philosophique en ce livre, aujourd'hui
introuvable, qui a classé d'emblée M. Blondel au nombre
des maîtres : l'Action.
Oui, l'action a un sens. Ni le dilettantisme ne parvient
à la décharger de ses responsabilités mystérieuses, ni le
pessimisme à y insérer une idée claire et une volonté sin
cère du néant. Oui, sous nos éphémères volontés voulues,
il y a une permanente volonté voulante, volonté de l'Être,
de l'Être absolu, éternel, infini. Oui, il y a une loi de
l'action, loi de radicale dépendance vis-à-vis d'une réalité
à la fois indispensable et inattingible, réalité telle que
si nous ne la saisissons pas, notre destinée avorte, telle
cependant qu'elle reste insaisissable à toutes les forces
*) Conférence faite à l'Institut Supérieur de Philosophie. 164 P. Archambault
que nous pouvons naturellement mettre en œuvre et ne
sera nôtre que par un don gratuit et inexigible. Il y a en
nous quelque chose qui nous constitue en nous dominant
essentiellement, quelque chose qui nous est plus intérieur
que nous ne sommes à nous-mêmes et qu'en même temps
un abîme sépare de nous, abîme où nous jetterions en vain
l'univers. Ce quelque chose, c'est Dieu. Dieu secrètement
désiré, c'est l'aimant qui polarise toute notre vie. Dieu
enfin possédé dans une action théandrique comme celle
que nous propose le christianisme, hymen d'une grâce
et d'une liberté, c'est le seul objet capable de combler
le vide infini qui nous sépare de nous-mêmes. Telle
est la solution donnée par M. Blondel au problème ainsi
posé.
Elntre ce point de départ et ce point d'arrivée, entre le
fait de l'action inévitable et inévitablement dépendante, et
le fait de enfin libérée et comblée dans la posses
sion de Dieu, s'est déroulée, comme en autant d'ondes
concentriques se contenant et se poussant les unes les
autres, la série des biens relatifs et des fins secondes où
s'attache l'espoir humain : le phénomène et la science
positive ; la conscience et le moi ; l'univers physique ; la
société sous ses différentes formes ; les métaphysiques, les
morales, les religions idolâtriques. Partout, le résultat de
l'examen a été le même : chacune de ces fins répond à un
besoin effectif, à un élan authentique du vouloir humain.
Aucune n'exprime son ambition totale, ne lui fournit un
aliment égal à sa faim, un but égal à son effort. « Dans
ce qu'on a voulu et fait jusqu'ici, ce qui veut et ce qui agit
demeure toujours supérieur à ce qui est voulu et fait ».
Partout le même dilemme, à quoi la rencontre divine
seule permet d'échapper : impossibilité de s'arrêter, imposs
ibilité d'avancer seul. Telle est enfin la méthode dialectique
originale qui a été mise en œuvre par M. Blondel.
*
* * La philosophie de Maurice Blondel 165
Cette méthode a pour caractéristique de lier les conquêtes
de la pensée aux progrès effectifs de l'action sous une triple
forme :
1° En fait, la pensée est dépendante et solidaire de l'ac
tion. La psychologie moderne a montré, de manière,
semble-t-il, décisive, que la conscience n'est jamais dans
l'état passif d'un spectateur indifférent; que chacune de nos
représentations est soutenue par une ossature de mouvem
ents, soit actuels, soit virtuels, qui, d'une part, la pré
parent et l'orientent, qui, d'autre part, la prolongent et
tendent à la réaliser ; que chacune de nos démarches
intellectuelles est liée, directement ou indirectement, à des
préférences définies de notre sensibilité, à des initiatives
positives de notre volonté ; que ces divers facteurs de notre
vie concrète sont entre eux en réaction réciproque, l'intérêt
porté à un sujet stimulant et orientant vers lui toutes nos
facultés de recherche, la représentation donnant à nos opé
rations inférieures, en même temps qu'une dicipline, une
portée toute nouvelle. M. Blondel utilise ou pressent, pour
autant qu'elles sont ou ne sont pas encore dégagées, ces
données aujourd'hui familières à la psychologie. D'une
pénétrante analyse des rapports du motif et du mobile, il
conclut qu'« on ne pense (c'est dans l'ordre) qu'après avoir
agi, en agissant et pour agir... Concevoir, c'est avoir agi,
agir encore et devoir agir au delà » 1). Et les applications
sont parfois très audacieuses. Elles vont jusqu'à rapporter
les lois les plus abstraites de l'entendement, quant à leur
origine et leur signification précise, « au développement
concret de la vie » 2). Maine de Biran cherchait dans l'expé
rience intime l'origine des notions d'être, de cause, de sub
stance et de fin : M. Blondel étend la même thèse aux
concepts logiques d'altérité, d'opposition et de contra-
1) Action, p. 109.
2) Action, p. 473. Voir en outre et surtout : Principe élémentaire d'une logique
de la vie morale. Congrès international de philosophie de 1900. P. Archambault 166
diction (cette dernière exprimant essentiellement l'irrévoca-
bilité du passé, pour la volonté qui l'a voulu et le subit).
2° En droit, la pensée n'évite l'abstraction et ses pièges
que si elle garde unis dans la représentation tous les él
éments que l'action organise en son propre développement.
Ainsi, pour M. Blondel, ce serait se montrer à la fois
téméraire et peu ambitieux de vouloir faire dépendre
l'affirmation de l'existence de Dieu d'une preuve unique,
suspendue à une prémisse par le lien déduction recti-
ligne. Notre dépendance naturelle et inévitable vis-à-vis
d'un Etre capable de nous rendre compte à nous-mêmes de
ce que nous sommes, tout en nous l'atteste. Dieu est au
bout de la science, de ses enquêtes et de ses découvertes,
principe de toute explication. Mais il est aussi au bout de
l'aspiration morale, de ses élans et de ses révoltes même,
fondement de toute valeur. Au bout de la passion, de ses
déceptions et de ses victoires, terme de tout amour. Au
bout de l'art et de ses mystérieux pressentiments, foyer de
toute beauté. Au bout de tout ce que nous pensons, de tout
ce que nous entreprenons, de tout ce que nous rêvons, de
tout ce que nous sommes. Carrefour unique où l'on ne peut
pas ne pas aboutir, dès lors qu'on va assez loin et assez
courageusement. Au bout de tout, ou plutôt non, au centre,
au cœur même de tout. Car nous n'avons pas à sortir de
nous, pour trouver ce bien universel, qui est en nous, qui
est nous-mêmes tout en n'étant pas nous *). Ainsi raisonne
M. Blondel en face de « l'Unique Nécessaire ». Ainsi rai-
sonnera-t-il, d'une certaine manière, en face de toute réalité.
Par synthèse d'indices convergents, en ramenant tout au
c

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