Le Correctorium corruptorii du Dominicain Johannes Quidort de Paris. Notes sur des documents manuscrits - article ; n°75 ; vol.19, pg 404-418
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1912 - Volume 19 - Numéro 75 - Pages 404-418
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Publié le 01 janvier 1912
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Martin Grabmann
Le Correctorium corruptorii du Dominicain Johannes Quidort de
Paris. Notes sur des documents manuscrits
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 19° année, N°75, 1912. pp. 404-418.
Citer ce document / Cite this document :
Grabmann Martin. Le Correctorium corruptorii du Dominicain Johannes Quidort de Paris. Notes sur des documents manuscrits.
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 19° année, N°75, 1912. pp. 404-418.
doi : 10.3406/phlou.1912.2027
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1912_num_19_75_2027XV.
LE " CORRECTORIUM CORRUPTORII
DU DOMINICAIN JOHANNES QUIDORT DE PARIS
(f 1306).
Notes sur des documents manuscrits *).
I.
Le dominicain Johannes Quidort (Surdus, de Soardis)
Parisiensis x), appelé aussi Joannes Parisiensis II,
pour le distinguer de Joannes Pungens-Asinum
l'ancien 2) est une personnalité remarquable, qui fit
une profonde impression déjà de son vivant. Une charte
de 1303 le mentionne parmi les « fratres celebriores » du
couvent dominicain de St-Jacques 3). Le codex lat. 14889,
fol. 38v de la Bibliothèque nationale de Paris a conservé
un discours à son sujet, prononcé en automne 1304 par un
*) Traduit de l'allemand.
*) Sur Jean Quidort de Paris cfr. Quétif-Echard, Scriptores Ordinis
Praedicatorum, I, 500-502; Denifle-Chatelain, Chartularium Uni-
verzitatis Parisiensis, II, 46, n. 569 ; 120, n. 656 ; Hurter, Nomenclator,
IIs, 477-479 ; surtout R i c h a r d S c h o 1 z , Die Publizistik zur Zeit Philipps
des Schônen und Bomfaz VIII. Stuttgart, 1905, 275-333.
') C'est pour cela que ces deux théologiens ont été plusieurs fois con
fondus, par exemple, par Prantl, Geschichie der Logik im Abendlande,
III. Bd., Leipzig, 1867, 200 : Ici Jean Pungensasinum est expressément et
erronément désigné comme le plus jeune. Les surnoms Quidort et Pun
gensasinum (Point l'âne) sont des noms de famille.
*) Denifle, Chartularium, II, 120, n. 634. « CORRECTORIUM CORRUPTORII » DE J. QUIDORT 405 LE
maître en théologie de Paris, en sa qualité de promotor,
lors des « vesperies » solennelles qui précédèrent la pro
motion théologique du maître es arts Jean Quidort. Ce
document remarquable fait grand éloge de la science du
futur maître en théologie, principalement en matière philo
sophique 1). Les renseignements fournis par ce discours
inaugural rapprochés de quelques autres indications éparses
permettent de reconstituer les grandes lignes de la bio
graphie de notre philosophe scolastique. Il en résulte que
Joannes Quidort naquit vers 1269, commença ses études
universitaires à la faculté des arts de Paris en 1 284, devint
magister artium en 1290, se consacra dans la suite à l'étude
de la théologie et entra dans l'ordre dominicain entre 1293
et 1300 2).
L'attention se porta sur Jean de Paris en 1304, quand
il publia son écrit « Determinatio de modo existendi cor
poris Christi in sacramento altaris alio quam sit ille quem
tenet ecclesia » . Dans le but de dissiper certaines difficultés
philosophiques soulevées contre le dogme de l'Eucharistie,
il y défend l'union hypostatique du pain, inchangé dans sa
substance, avec le corps du Christ, c'est-à-dire la théorie
de l'impanation. Toutefois il émit son opinion sous forme
d'hypothèse et la soumit au jugement de l'Eglise. L'affaire
fut introduite devant le tribunal de l'évêque de Paris, qui
rendit un jugement défavorable à Jean Quidort. Celui-ci
en appela au pape, et se rendit lui-même devant la curie
à Bordeaux, où Clément V se trouvait alors, mais il mourut
le 22 septembre 1306 3), avant qu'une décision intervint.
J'ai découvert récemment à Munich une intéressante
consultation relative à cette uvre de Jean Quidort. Elle
est rédigée par un théologien à la demande du pape, et
j'en parlerai plus longuement ailleurs. Le traité consacré
0 Quétif-Echard,I, 500; R. S cholz, loc. cit., 279.
*) R. S cholz, /. c, 276 seq.
') Denifle, Chartularium, II, 120, n. 656 où sont également indiquées
des sources plus anciennes ; R. S cholz, 282-284. 406 M. GR ABM ANN
par J. Quidort à l'Eucharistie fut publié plus tard par Alix
(Londres, 1686), et c'est ainsi que son nom survécut
jusqu'à nos jours dans l'histoire du dogme l).
D'autre part, le De potestate regia et papali de Jean de
Paris occupe une place importante parmi les traités que le
début du xive siècle suscita sur l'Eglise et l'Etat 2). Il ne
s'agira ici ni de sa doctrine eucharistique ni de la façon
dont il conçoit les rapports des pouvoirs civil et ecclésias
tique, ni de son traité De Antichristo 3), mais uniquement
de l'écrit qu'il rédigea pour prendre la défense de saint
Thomas. Le catalogue de Stams, une liste des écrivains
dominicains issue dans les premières décades du xive siècle
et publiée par Denifle, attribue à Jean de Paris un traité
Contra corruptum Thome, et cette attribution a été main
tenue jusqu'à ce jour 4). Il faut certainement entendre par
là un traité Contra corruptorem S. Thomae, c'est-à-dire
une réplique au Correctorium fratris Thomae que publia
en 1282 Guillaume de la Mare, franciscain d'Oxford, ou
encore un Correctorium corruptorii fratris Thomae.
II.
Or on a maintes fois imprimé sous le nom de Gilles de
Rome un pamphlet en réponse à Guillaume de Ja Mare 5).
Voici le début de cet écrit justificatif : « Quare detraxistis
sermonibus veritatis, cum e vobis nullus sit qui possit
*) Cfr. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, III*, 579.
*) R. Scholz, l. c, 285-333, en fait une étude approfondie et élogieuse.
¦) Cfr. Denifle, Arc hi v fiir Literatur-und Kirchengeschichte
des Mittelalters, IV, 322 seq.
*) Denifle, ibid., 11,226.
6) Pour la première fois à Strasbourg en 1501, et à Venise (1501).
Voici le titre de l'édition de chez Martin Flach junior : Casti-
gatorium Egidii de Roma in corruptorium librorum Sancti Thome de
Aquino a quodam emulo depravatorum. La Bibliothèque Royale d'Eich-
stâtt a mis à ma disposition un bel exemplaire de cette édition. Dans les
impressions ultérieures (cet opuscule a été édité huit fois jusqu'en 1654),
le titre est ordinairement: Defensorium seu correctorium corruptorii
S. Thomae Aquinatis. « CORRECTORIUM CORRUPTORII » DE J. QUIDORT 407 LE
arguere me » . Cette réplique expose d'abord brièvement la
thèse thomiste qui est l'objet de l'attaque ; puis, sous la
rubrique Corruptorium, développe les critiques formulées
par G. de la Mare ; enfin, dans la Responsio ad haec, pré
sente une réfutation motivée des objections et des diff
icultés. Les problèmes débattus sont du domaine philo
sophique ; ils se rapportent principalement aux matières
psychologiques et idéologiques par lesquelles l'aristoté-
lisme de saint Thomas et de son école est venu s'opposer
à l'augustinisme de l'école franciscaine. Les théories dis
cutées sont empruntées, pour la plupart, à la Somme théo
logique, subsidiairement aux Quaestiones disputatae et
Quodlibetales et au premier livre du Commentaire sur les
sentences.
Qui est l'auteur de ce Correctorium corruptorii ? Faut-il
peut-être identifier cet écrit avec le Contra corruptum
Thome que le catalogue de Stams attribue à Jean de Paris ?
Les éditions imprimées l'attribuent à G. de Rome. Ossinger
partage cette manière de voir *), et des bibliographies plus
récentes du doctor fundatissimus rangent ce Defensorium
ou Correctorium parmi ses uvres 2).
Mais depuis longtemps et pour d'excellentes raisons, la
critique a refusé à Gilles la paternité de ce traité. Quétif
et Oudin se sont longuement occupés d'en faire la preuve 3).
Il est invraisemblable, même a priori, que ce ne soit pas
un dominicain qui ait, le premier, riposté aux violentes
attaques de G. de la Mare. Ne sont-ils pas tous domin
icains, ceux qui ont pris la plume pour défendre saint
Thomas contre d'autres adversaires, contre la condamn
ation d'Etienne Tempier, contre Durand de S. Pourçain,
Henri de Gand, Godefroid de Fontaines, contre Gilles de
*) Ossinger, Bibliotheca augustiniana, Ingolstadii, 1776, 245.
*) P. ex., Boffito-Oxilla, Un trattato inedito di Egidio Colonna.
Firenze, 1908, XXXIV.
*) Oudin, Commentarius de scriptoribus ecclesiasticis, III, Lipsiae,

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