Le problème de Dieu chez Hegel. Athéisme ou christianisme ? - article ; n°79 ; vol.63, pg 353-418
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1965 - Volume 63 - Numéro 79 - Pages 353-418
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Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Georges Van Riet
Le problème de Dieu chez Hegel. Athéisme ou christianisme ?
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 63, N°79, 1965. pp. 353-418.
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Van Riet Georges. Le problème de Dieu chez Hegel. Athéisme ou christianisme ?. In: Revue Philosophique de Louvain.
Troisième série, Tome 63, N°79, 1965. pp. 353-418.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1965_num_63_79_5313problème de Dieu chez Hegel Le
Athéisme ou christianisme ? (*'
La pensée de Hegel sur le problème de Dieu a donné lieu à
toute une gamme d'interprétations. On y a vu de l'athéisme, du
panthéisme, de la gnose, de la « philosophie chrétienne », et même
de la théologie spéculative. Si l'on a pu la comprendre en des
sens aussi divergents, c'est assurément parce qu'en elle-même elle
est difficile à saisir, et que de surcroît elle se trouve exprimée dans
un langage qui n'est pas toujours exempt d'ambiguïtés. Mais sans
doute est-ce aussi parce que chacun l'a jugée selon des critères
propres, différents d'un interprète à l'autre, et qu'on négligeait de
remettre en question.
Notre souci, en relisant Hegel, sera précisément de tirer au
clair nos propres présupposés. Nous voulons relire Hegel en philo
sophe. Certes, pour le faire, nous avons dû nous livrer, nous aussi,
à un difficile travail d'exégèse ; nous ne pensons pas que, du simple
point de vue de l'histoire, toutes les interprétations qu'on a don
nées de Hegel soient d'égale valeur ou puissent se réclamer au
même titre de son texte. Mais, tout en respectant l'histoire, nous
voudrions la dépasser. En rappelant la conception religieuse de
Hegel ou ce qu'il a dit de Dieu, nous visons à mieux saisir en
lui-même le problème de Dieu ; en cherchant à savoir si Hegel
est athée ou chrétien, nous espérons mieux comprendre le sens
même de cette alternative. Si une grande philosophie du passé,
telle que le hégélianisme, nous intéresse encore aujourd'hui, c'est
que par elle se révèle une nouvelle manière de voir les choses, et
finalement une nouvelle manière d'être de ces choses mêmes ; prise
au sérieux, elle nous force à réfléchir, à éprouver nos propres con-
<*> On pourra lire un résumé de cette étude dans De Deo in philoaophia
S. Thomae et in hodiema philoaophia (Acta VI Congreaaua Thomiatici Inter-
notionalia), vol. I (Doctor Commuais, vol. XV11I), Rome, 1965, pp. 205-213. Georges Van Riet 354
victions, même celles qui nous paraissent le mieux ancrées et, en
raison de leur objet, le plus sacrées.
Tel que nous l'envisageons, le problème de Dieu porte sur
deux points principaux, d'ailleurs connexes : qu'est Dieu, et de
quel ordre est la démarche par laquelle nous l'atteignons ?
Chez Hegel, le problème de Dieu ne concerne pas d'abord
ni avant tout l'existence de Dieu, l'an est, mais la notion de Dieu,
le quid est, ce qu'il faut entendre par Dieu. C'est ce que montre
déjà la variété des interprétations qu'on a données de la pensée
de Hegel. Car il est incontestable, et d'ailleurs incontesté, que
pour Hegel Dieu existe. Mais ce Dieu, dont Hegel reconnaît l'exis
tence, quel est-il ? Et quelle notion ont-ils de Dieu, ceux qui
voient en Hegel un athée, ou un panthéiste, ou un gnostique, ou
un partisan de la « philosophie chrétienne », ou un théologien ?
Par delà les multiples interprétations de Hegel, et sans doute à
leur source, se pose la question de savoir quels sont, en définitive,
les « traits caractéristiques » que doit présenter le « vrai » Dieu.
Une seconde précision du problème apparaît dès qu'on s'inter
roge sur l'instance apte à fournir une réponse : faut-il recourir à
la raison humaine, ou à la foi religieuse, ou aux deux ? La philo
sophie est-elle capable, par ses seules forces, de déterminer la
vraie notion de Dieu ? Ou bien ne peut-elle mener qu'au « Dieu
des philosophes » ? Le « Dieu des croyants » possède-t-il des notes
distinctives qui s'ajoutent à celles du Dieu des philosophes, ou
des notes qui s'y opposent ? Ce Dieu des croyants est-il celui de
toutes les religions, ou seulement de certaines d'entre elles, voire
d'une seule, le christianisme ? La notion religieuse de Dieu doit-
elle guider la démarche philosophique et en contrôler les résul
tats ? Ou bien, au contraire, la recherche du philosophe peut-elle
s'exercer en toute autonomie, et la notion philosophique de Dieu
permet-elle de critiquer la notion religieuse de Dieu, de préférer
une religion à d'autres, d'épurer la meilleure d'entre elles, ou éven
tuellement de les rejeter toutes ?
Sous ses deux faces, ce problème pourrait s'appeler, en termes
devenus presque classiques, le des attributs de Dieu (1) et
'■' Cf. A. DONDEYNE, L'athéisme contemporain et le problème des attribut*
de Dieu, dans Foi et réflexion philosophique. Mélanges Franz Grégoire, Gem-
bloux-Louvain, 1961, pp. 462-480 ou [78]-[%]. Le problème de Dieu chez Hegel 355
celui des rapports entre la philosophie et la religion. Il se pose
aujourd'hui, non seulement de façon sereine au plan de la réflexion
philosophique, mais parfois de angoissante, dans des cercles
de plus en plus larges, particulièrement en milieu chrétien, au
niveau de la Weltanschauung ou de la spiritualité <2). Si l'on en
voulait un témoignage, qu'on relise ces lignes, écrites en 1949 par
le P. Teilhard de Chardin :
(( Un des aspects les plus troublants du monde actuel est
l'insatisfaction généralisée qui s'y manifeste, de façon crois
sante, en matière de religion... Nulle trace, sur Terre, de Foi
en état d' expansion : mais seulement, çà et là, des Credo pra
tiquement stabilisés, — quand ils ne sont pas en voie de claire
régression. Non pas que le Monde se refroidisse : il n'a jamais
été psychiquement plus brûlant ! Non pas que le Christianisme
ait perdu quoi que ce soit (bien au contraire) de sa valeur
séductrice absolue... Mais voilà : Indubitablement, pour cer
taine raison obscure, quelque chose ne « va plus » de notre
temps, entre l'Homme et Dieu tel qu'on le présente à l'Homme
d'aujourd'hui. Tout se passe présentement comme si
n'avait pas exactement devant soi la figure du Dieu qu'il veut
adorer... De là, dans l'ensemble (et malgré certains symptômes
décisifs, mais encore presque souterrains, de renaissance), cette
impression obsédante, partout autour de nous, d'un athéisme
irrésistiblement montant, — ou, plus spécifiquement encore,
d'une montante et irrésistible déchristianisation » <3).
De cet « athéisme irrésistiblement montant » ou de cette « mont
ante et irrésistible déchristianisation », Hegel semble être, parmi
les philosophes, le grand responsable. Déjà de son vivant, il fut
accusé d'irréligion, de panthéisme, d'athéisme ; on dit qu'il a en
gendré Feuerbach et Marx. Mais, s'il a le plus contribué à faire
naître les difficultés que nous rencontrons actuellement, n'est-ce
pas lui aussi qui nous aidera le mieux, sinon à les résoudre, du
moins à les formuler ? Il soulève des questions qu'on ne peut
aujourd'hui éluder.
Nous nous proposons d'en relever quelques-unes, en rappelant
la position de Hegel, telle qu'il l'a formulée au terme de sa car
rière, dans ses Leçons sur la philosophie de la religion (4) ; nous
<2> Par exemple, F. JEANSON, La foi d'un incroyant, Parie, 1963 ; J. A. T. Ro-
BINSON, Dieu sans Dieu (traduction de Honest to God, 1963), Paris, 1964.
(•) Œuvres, t. 5. L'avenir de l'homme, Paris, I960, p. 339.
(4> Nous négligeons la question, en soi importante, de l'évolution de Hegel; 356 Georges Van Riet
la confronterons à l'occasion, par souci de clarté, avec celle, mieux
connue, de saint Thomas.
* ♦ ♦
L'histoire le montre : quand on cherche à acquérir un savoir
absolument valable, on peut s'orienter dans trois directions prin
cipales, déterminées chacune par ce qu'on pourrait appeler un
« premier principe » (5). On peut partir de l'être, ou du Cogito, ou
de Dieu ; on visera

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