Orientations actuelles en métaphysique - article ; n°24 ; vol.49, pg 655-678
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1951 - Volume 49 - Numéro 24 - Pages 655-678
24 pages

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Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Aimé Forest
Orientations actuelles en métaphysique
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 49, N°24, 1951. pp. 655-678.
Citer ce document / Cite this document :
Forest Aimé. Orientations actuelles en métaphysique. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 49, N°24,
1951. pp. 655-678.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1951_num_49_24_4370Orientations actuelles
en métaphysique
Communication de M. Aimé Forest,
professeur à l'Université de Montpellier
Les recherches métaphysiques ont pris de nos jours un déve
loppement très remarquable. Elles présentent sans doute les traits
communs des études de ce genre ; on reste frappé cependant, quand
on les examine, de leur grande originalité, de leur nouveauté. Elles
apparaissent d'autre part extrêmement diverses. La difficulté que
l'on rencontre quand on veut étudier d'une façon critique les doc
trines d'aujourd'hui est de reconnaître dans cette nouveauté ce qu'il
y a de classique, dans cette diversité ce qu'il y a de constant. Mais
bientôt certaines orientations se dessinent, on aboutit à des vues
d'ensemble. Les directions actuelles de la pensée métaphysique
apparaissent dans leur originalité et leur convergence.
Il est remarquable d'abord que toutes ces recherches appar
aissent comme des analyses de l'expérience métaphysique. A vrai
dire il n'y a là aucun abandon des prétentions classiques de la
pensée. Nous assistons cependant à un effort pour trouver une
position renouvelée des problèmes dans laquelle ils restent recon-
naissables. On s'attachera à montrer ce qu'il y d'initial, de fonda
mental dans toute affirmation métaphysique. Elle n'est pas la simple
reconnaissance d'une vérité en soi, indépendante de la conscience
de l'acte par lequel nous avons pu l'atteindre. La connaissance
métaphysique suppose toujours un moment réflexif. On est ainsi
conduit à mettre en lumière l'idée d'une expérience métaphysique.
A vrai dire elle est difficile à bien former. La tâche est de reconn
aître d'abord ce qu'elle a de propre, de distinctif. D'une façon
générale nous entendons par expérience ce qui est vécu, person
nellement éprouvé. Mais l'expérience métaphysique se distingue de 656 Aimé Forest
toutes les autres, elle présente un caractère original et qu'il faut
bien savoir discerner. Elle est d'abord une reprise du sujet par soi,
un effort de l'esprit pour entrer pleinement en possession de ce qu'il
est. Il est difficile l'esprit de s'égaler à soi, de dépasser ce
qui ne serait en lui que ses activités de surface, de retrouver son
activité vraiment primitive, son dynamisme originaire. L'esprit ne
revient pleinement à lui-même qu'au terme d'une option. Nous ne
sommes pas toujours également proches de nous-mêmes, présents
à nous-mêmes. L'expérience spirituelle est une conquête de l'être
intérieur permettant d'aboutir à une sorte d'égalité de soi à soi,
au delà d'une spontanéité qui aurait quelque chose de trop aisé,
de superficiel et peut-être d'extérieur encore. L'option permet une
présence à nous-mêmes qui est toujours conquise, méritée. Elle n'est
possible que dans l'expérience métaphysique elle-même. Nous re
trouvons alors ce qui en nous est fondamental, initial, ce qui n'est
pas notre seule référence au donné naturel ou du moins en tran
sforme la signification. Nous prenons conscience de la situation pre
mière que nous avons en face de l'être. Nous n'avons pas à pré
juger de la portée véritable de ce rapport. Il peut prendre des
formes diverses. Les doctrines philosophiques reconnaîtront que
nous avons accès à l'être ou que nous en restons au contraire
éloignés. La situation que nous avons à analyser peut être celle de
la présence ou de l'absence, de l'exil ou de la nostalgie, de l'oubli
ou de la remémoration. Mais la réflexion nous permet toujours de
retrouver une relation vraiment primitive, de reconnaître la nature
d'un engagement qui devient la vérité première de notre conscience.
La métaphysique, pour être fidèle à son exigence essentielle, n'a donc
pas seulement à analyser l'être en soi, elle retrouve ce qu'il y a de
classique et de constant dans sa démarche en reconnaissant en nous-
mêmes une disposition fondamentale, l'originalité de notre rapport
à ce qui est essentiel. La métaphysique est alors la recherche de
ce qui est premier non pas dans l'être lui-même mais dans la
situation où nous sommes devant lui. Le problème qui se pose à
nous est donc de définir ce que peut être la conscience métaphys
ique de soi. Dans cette perspective on ne préjugera pas des vérités
qui peuvent être établies par la suite. Mais si la métaphysique est
la recherche du fondamental, elle apparaît d'abord comme la révé
lation de soi et la conquête du sujet pur dans l'acte même par
lequel nous saisissons la véritable portée de notre référence à l'être. Métaphysique 657
On retrouvera un accord assez constant entre les doctrines pour
déterminer ce qui doit être la méthode de la métaphysique ainsi
entendue. C'est l'analyse reflexive ou la réduction phénoménolog
ique. Il est difficile de bien entendre quel est véritablement le
rôle que l'on veut faire jouer à la réflexion. Il faut surtout s'efforcer
de saisir ce qu'elle est dans sa fonction la plus simple et la plus
constante, indépendamment des tâches surajoutées, accessoires que
Von peut lui attribuer, comme aussi des déformations selon les
quelles on la considère parfois. La réflexion est une reprise de soi,
un retour de l'esprit à lui-même. Mais il est bien remarquable que
l'esprit ne s'écarte pas du monde des objets pour entrer en pos
session de soi-même. Il ne peut être fermé, isolé en soi. A propre
ment parler la pensée n'arriverait pas à se saisir elle-même si elle
cherchait à se posséder dans une sorte de suffisance intérieure. La
réflexion ne nous fait pas saisir un simple fait, une donnée inté
rieure, elle ne cherche pas à observer simplement ce qui est en
nous. Elle se distingue de l'observation de soi précisément parce
que ce repliement qui la rend possible n'est pas une simple distance
prise par rapport à l'objet. Le sujet se saisit réflexivement dans
l'acte par lequel il se reporte au monde. Sans cette référence la
subjectivité ne s'atteindrait pas dans ce qu'elle a d'élevé mais seule
ment dans une sorte d'immédiateté et comme d'abandon de ce
qui est en nous vraiment spirituel. La démarche philosophique t
émoigne d'une tout autre ambition, celle d'une réflexion totale par
laquelle l'esprit se possède vraiment et paraît alors sortir des limites
mêmes de la subjectivité. La réflexion ainsi entendue devient le
recueillement par lequel l'esprit se saisit dans la nature même de
sa référence à l'objet. Elle nous fait entrer une vérité première.
Elle ne modifie pas le rapport que nous avons à l'objet, mais nous
en fait saisir la véritable signification ; elle le transforme, si l'on
veut, non en soi mais pour nous. Notre expérience prend alors un
sens absolu, nous nous possédons nous-mêmes dans la vérité de
notre référence à l'être. Le repliement de l'esprit sur lui-même ne
nous conduit pas, selon les diverses doctrines, aux mêmes con
clusions philosophiques. La réflexion peut être amibitieuse ou tout
au contraire comme réservée et prudente. Elle se propose parfois
d'établir que la raison idéale des choses nous est accessible et que
nous pouvons la trouver en nous-mêmes. Elle limite au contraire
parfois nos prétentions dogmatiques. Il reste qu'elle nous donne
toujours accès à une certitude philosophique, à une vérité première. 658 Aimé Forest
Le propre de l'expérience humaine c'est la possibilité d'une reditio
compléta. Elle nous fait accéder à l'intériorité véritable, non pas

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