1981-1985 : le recentrage de la politique française au Liban - article ; n°2 ; vol.50, pg 399-409
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Politique étrangère - Année 1985 - Volume 50 - Numéro 2 - Pages 399-409
1981-1985 : The Readjustment of French Policy in Lebanon, by Bass-ma Kodmani-Darwish
In Lebanon, the Socialist Government had started by reaffirming its committment to the traditional principles of French policy. Since 1982, faced with a crisis of international dimensions, it must assume its responsibilities. But the means France has accepted to commit are serving an essentially American policy with which Paris is in disagreement. France fears of being accused to « let down » Lebanon. But France cannot abandon her Western partners and is prisoner of a policy that is not hers. Some mistakes could hâve been avoided and would have spared French lives. But our failure in Lebanon mainly reveals the limits of French role in a situation polarized between East and West. France's return to a specifically French policy since 1984 allows her to regain its traditional role in Lebanon, one which is accepted by ail parties.
Au Liban, le gouvernement socialiste, qui avait commencé par affirmer son attachement aux principes qui régissent habituellement la politique française à l'égard de ce pays, se trouve confronté à partir de 1982 à une crise aux dimensions internationales et se voit contraint d'assumer ses responsabilités. Mais les moyens que la France accepte d'engager sont mis au service d'une politique essentiellement américaine avec laquelle Paris se trouve très vite en désaccord. Craignant de se voir accusée de « lâcher » le Liban, la France ne peut abandonner ses partenaires occidentaux dans l'épreuve et se trouve prisonnière d'une politique qui n'est pas la sienne. Certaines erreurs auraient sans doute pu être évitées et épargner à la France quelques victimes mais l'échec du Liban révèle plutôt les limites du rôle de la France dans une situation polarisée entre l'Est et l'Ouest. Le retour à une politique spécifiquement française à partir de 1984 permet au gouvernement de retrouver son rôle traditionnel au Liban, un rôle que les Libanais dans leur ensemble reconnaissent.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Bassma Kodmani-Darwish
1981-1985 : le recentrage de la politique française au Liban
In: Politique étrangère N°2 - 1985 - 50e année pp. 399-409.
Abstract
1981-1985 : The Readjustment of French Policy in Lebanon, by Bass-ma Kodmani-Darwish
In Lebanon, the Socialist Government had started by reaffirming its committment to the traditional principles of French policy.
Since 1982, faced with a crisis of international dimensions, it must assume its responsibilities. But the means France has
accepted to commit are serving an essentially American policy with which Paris is in disagreement. France fears of being
accused to « let down » Lebanon. But France cannot abandon her Western partners and is prisoner of a policy that is not hers.
Some mistakes could hâve been avoided and would have spared French lives. But our failure in Lebanon mainly reveals the
limits of French role in a situation polarized between East and West. France's return to a specifically French policy since 1984
allows her to regain its traditional role in Lebanon, one which is accepted by ail parties.
Résumé
Au Liban, le gouvernement socialiste, qui avait commencé par affirmer son attachement aux principes qui régissent
habituellement la politique française à l'égard de ce pays, se trouve confronté à partir de 1982 à une crise aux dimensions
internationales et se voit contraint d'assumer ses responsabilités. Mais les moyens que la France accepte d'engager sont mis au
service d'une politique essentiellement américaine avec laquelle Paris se trouve très vite en désaccord. Craignant de se voir
accusée de « lâcher » le Liban, la France ne peut abandonner ses partenaires occidentaux dans l'épreuve et se trouve
prisonnière d'une politique qui n'est pas la sienne. Certaines erreurs auraient sans doute pu être évitées et épargner à la France
quelques victimes mais l'échec du Liban révèle plutôt les limites du rôle de la France dans une situation polarisée entre l'Est et
l'Ouest. Le retour à une politique spécifiquement française à partir de 1984 permet au gouvernement de retrouver son rôle
traditionnel au Liban, un rôle que les Libanais dans leur ensemble reconnaissent.
Citer ce document / Cite this document :
Kodmani-Darwish Bassma. 1981-1985 : le recentrage de la politique française au Liban. In: Politique étrangère N°2 - 1985 - 50e
année pp. 399-409.
doi : 10.3406/polit.1985.3469
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1985_num_50_2_3469POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 399
1981-1985 : Le recentrage
Bassma KODMANI-DARWISH * de la politique française
au Liban
Le lourd tribut payé par le contingent français de la Force
multinationale (FMN) en octobre 1983 a été le symbole de
l'échec de toute une politique occidentale déployée à partir de
1982. Mais le départ tardif de nos soldats, derniers à quitter le Liban
en avril 1984, et surtout l'envoi d'observateurs français qui assurent
une présence même symbolique sur le terrain, témoignent de l'intérêt
de la France pour ce pays.
Quel que soit le jugement que l'on porte sur la politique française au
Liban depuis 1981, un souci constant a guidé le gouvernement
socialiste dans son action : celui de se montrer à la hauteur des
responsabilités historiques de la France à l'égard de ce pays, même
lorsque le prix à payer était très élevé. En cela, il a incontestable
ment bénéficié de l'appui de l'opinion publique pour laquelle « mour
ir pour le Liban » est une cause légitime, à la différence de
l'opinion américaine par exemple.
Il n'en reste pas moins que l'expérience des années 1982-1983 a été
vécue comme une épreuve très dure. Pour les uns, elle résultait
d'une situation libanaise insoluble où tous les intervenants se sont
« brûlés les doigts » et ont dû reconnaître leur impuissance. Pour les
autres, elle était la conséquence d'une série d'erreurs commises par
les dirigeants socialistes.
Il serait bien entendu très difficile, voire même absurde, de chercher
à savoir si la vie des soldats français morts au Liban aurait pu être
épargnée car ce n'est pas en ces termes que la question se pose. Le
conflit libanais a été pendant plusieurs années un conflit civil et
régional qui s'est internationalisé à partir de 1982 jusqu'en 1984, date
du retrait de la FMN. Aujourd'hui, le conflit est revenu à des
dimensions régionales sans qu'il y ait eu pour autant la moindre
réduction de tension ou une perspective de solution.
Chargée de recherches à ^Institut français des relations internationales. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 400
Dès lors, un bilan de la politique libanaise du gouvernement social
iste doit prendre en compte l'extrême complexité de l'imbroglio
libanais dont un grand nombre de données nous échappent pour faire
la part entre ce que nous devions faire au Liban et ce que nous
pouvions faire, entre nos erreurs et les limites de notre influence.
En s'installant au pouvoir en 1981, le président Mitterrand et le
gouvernement socialiste héritent d'une politique déjà très active de la
France au Liban, et dont ils auront à prendre le relais. Depuis 1975,
la situation libanaise n'avait cessé de s'aggraver : l'engagement syrien
se faisait de plus en plus important tandis qu'Israël jouait un rôle
discret, indirect mais de plus en plus substantiel sur la scène liba
naise. Le conflit conservait cependant des dimensions régionales, les
puissances étrangères n'intervenant que très peu. Seule la France
semblait alors préoccupée par les événements qui déchirent le pays.
Outre les émissaires du gouvernement qui sont envoyés régulière
ment, c'est l'ensemble de la classe politique et de l'opinion publique
qui s'intéresse au conflit. Des délégations parlementaires de tous
bords se rendent fréquemment au Liban et la presse assure une très
large couverture des événements. De sorte qu'à la veille de la guerre
de l'été 1982, la France était sans doute le seul pays étranger à la
région qui pouvait prétendre connaître et comprendre les complexités
de la situation libanaise.
La continuité de la politique française au Moyen-Orient est
exemplaire et, au Liban notamment, le nouveau gouvernement pro
clame sa fidélité à la politique poursuivie par ses prédécesseurs et
aux principes qui la régissent, à savoir le respect de l'intégrité, de la
souveraineté et de l'indépendance du Liban et la nécessité de forger
un nouveau consensus intérieur pour une réconciliation nationale
entre toutes les parties. Mais surtout Paris réitère sa conviction que
le problème libanais est inextricablement lié au problème palestinien
et partant que la solution du premier passe par un règlement global
du conflit du Proche-Orient. Ces idées, on le comprend, ne sont pas
faites pour plaire aux différentes parties en présence. Un compromis
implique en effet des concessions substantielles de la part de chacun
des acteurs tandis que le lien entre le conflit israélo-arabe et le
conflit libanais souligné par la France risque, aux yeux des Libanais,
de repousser aux calandes grecques le règlement de la crise qui
déchire leur pays.
Ce qui change en fait à partir de 1981, ce n'est donc pas la politique
française mais le conflit libanais lui-même. L'installation au pouvoir
du nouveau gouvernement en France coïncide en effet avec une
montée de la tension au Liban et une accélération de la crise dont
les données nous échappent chaque jour davantage. Mai 1981 : c'est
la crise des missiles entre Israël et la Syrie ; l'affrontement est évité
de justesse grâce à la médiation de l'émissaire américain Philip FRANCE I LIBAN I 401
Habib. En juin de la même année, ce sont les échanges de tirs entre
Palestiniens et Israéliens dans le Sud qui s'intensifient et menacent
de dégénérer en un affrontement grave, mais la crise est désamorcée
par le même Philip Habib qui amène les deux parties à conclure un
cessez-le-feu. Le rôle des Etats-Unis, on le voit bien, devient plus
important chaque jour, à mesure que le conflit s'aggrave et prend
des dimensions nouvelles. On ne le saura que plus tard : les plans

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