Continuité et ruptures - article ; n°2 ; vol.45, pg 363-375
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Description

Politique étrangère - Année 1980 - Volume 45 - Numéro 2 - Pages 363-375
The foreign policy of the USSR: continuity and ruptures, by Hélène Carrère d'Encausse
The Soviet State has a twofold vocation: that of a state and a revolutionary country, which explains the complexity of its policy. Characterised by an alternative phase of expansion and co-existence, Soviet policy remains nonetheless coherent. The USSR does not accept any turning back from its policy of extension. On its frontiers, it intends setting up a territorial continuity which would not be challenged. From 1975 onwards, Soviet policy suddenly deviates and the USSR moves decisively in the Third World. The USSR has become conscious of a certain weakening of the capitalist system, the increasing importance of the Third World and the Islamic-oil world. For the USSR, the massive penetration of its troups in Afghanistan does not alter a position acquired two years ago which it considers, by international silence, as ratified. It is therefore surprised by the Afghan resistance, the accelerated awakening of America and even more so by Islamic solidarity. Since 1975, Soviet policy has become international and the USSR seeks in international power a legitimacy which is being increasingly contested within the country.
La politique extérieure de l'URSS : continuité et ruptures, par Hélène Carrère d'Encausse
L'Etat soviétique a une double vocation, étatique et révolutionnaire qui explique la complexité de sa politique. Caractérisée par une alternance de phases d'expansion et de coexistence, la politique soviétique n'en est pas moins cohérente. L'URSS n'admet pas de recul dans sa politique de grignotage. A ses frontières, elle entend établir une continuité territoriale qui ne saurait être remise en question. A partir de 1975, la politique soviétique s'infléchit brusquement et l'URSS accomplit des pas décisifs dans le Tiers-Monde.L'URSS a pris conscience d'un affaiblissement du capitalisme, de l'importance croissante du Tiers-Monde et de l'espace islamo-pétrolier. Pour l'URSS, la pénétration massive de ses troupes en Afghanistan ne modifie pas une situation acquise depuis deux ans qu'elle considère comme entérinée par le silence international. Aussi est-elle surprise par la résistance afghane, l'accélération du réveil américain et plus encore par la solidarité islamique. Depuis 1975, la politique soviétique est devenue globale, et l'URSS recherche dans la puissance internationale une légitimité de plus en plus contestée à l'intérieur.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hélène Carrère d'Encausse
Continuité et ruptures
In: Politique étrangère N°2 - 1980 - 45e année pp. 363-375.
Citer ce document / Cite this document :
Carrère d'Encausse Hélène. Continuité et ruptures. In: Politique étrangère N°2 - 1980 - 45e année pp. 363-375.
doi : 10.3406/polit.1980.2976
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1980_num_45_2_2976Abstract
The foreign policy of the USSR: continuity and ruptures, by Hélène Carrère d'Encausse
The Soviet State has a twofold vocation: that of a state and a revolutionary country, which explains the
complexity of its policy. Characterised by an alternative phase of expansion and co-existence, Soviet
policy remains nonetheless coherent. The USSR does not accept any turning back from its policy of
extension. On its frontiers, it intends setting up a territorial continuity which would not be challenged.
From 1975 onwards, Soviet policy suddenly deviates and the USSR moves decisively in the Third
World. The USSR has become conscious of a certain weakening of the capitalist system, the increasing
importance of the Third World and the Islamic-oil world. For the USSR, the massive penetration of its
troups in Afghanistan does not alter a position acquired two years ago which it considers, by
international silence, as ratified. It is therefore surprised by the Afghan resistance, the accelerated
awakening of America and even more so by Islamic solidarity. Since 1975, Soviet policy has become
international and the USSR seeks in international power a legitimacy which is being increasingly
contested within the country.
Résumé
La politique extérieure de l'URSS : continuité et ruptures, par Hélène Carrère d'Encausse
L'Etat soviétique a une double vocation, étatique et révolutionnaire qui explique la complexité de sa
politique. Caractérisée par une alternance de phases d'expansion et de coexistence, la politique
soviétique n'en est pas moins cohérente. L'URSS n'admet pas de recul dans sa politique de grignotage.
A ses frontières, elle entend établir une continuité territoriale qui ne saurait être remise en question. A
partir de 1975, la politique soviétique s'infléchit brusquement et l'URSS accomplit des pas décisifs dans
le Tiers-Monde.L'URSS a pris conscience d'un affaiblissement du capitalisme, de l'importance
croissante du Tiers-Monde et de l'espace islamo-pétrolier. Pour l'URSS, la pénétration massive de ses
troupes en Afghanistan ne modifie pas une situation acquise depuis deux ans qu'elle considère comme
entérinée par le silence international. Aussi est-elle surprise par la résistance afghane, l'accélération du
réveil américain et plus encore par la solidarité islamique. Depuis 1975, la politique soviétique est
devenue globale, et l'URSS recherche dans la puissance internationale une légitimité de plus en plus
contestée à l'intérieur.POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 363
LA POLITIQUE EXTÉRIEURE
Hélène
CARRERE D'ENCAUSSE
CONTINUITE ET RUPTURES
« Que veulent les Soviétiques ? ». Poser cette question conduit
d'emblée à en poser une seconde, complémentaire. De quoi ou de qui
parle-t-on lorsqu'on parle des « Soviétiques » ? Dans la mesure où
l'on veut ici traiter des Soviétiques dans les relations internationales
et d'abord dans l'affaire afghane, c'est l'action de l'Etat soviétique qui
doit être retenue. Cet Etat, il est à la fois un Etat semblable aux autres
et un Etat différent des autres. Etat semblable aux autres parce
qu'inscrit dans un cadre territorial déterminé, en principe achevé.
Parce qu'administrant une population déterminée : 262 millions de
citoyens. Parce qu'acteur à part entière de la vie internationale,
reconnu comme tel par la société internationale, qui traite avec lui en
tant qu'Etat.
En même temps, l'Etat soviétique a une nature particulière qu'il reven
dique hautement. Dans ses relations avec ses administrés où il en
appelle au besoin à des principes spécifiques, étrangers aux normes
internationales1. Dans la vie internationale où l'Etat soviétique se
réclame tantôt de sa vocation étatique normale, tantôt de sa vocation
révolutionnaire. Cette dualité de nature implique la complexité dans
l'action et les moyens utilisés. L'analyse qui suit sera concentrée sur présente de l'Etat soviétique dans ses manifestations directes
et explicitées. Il va de soi cependant que, tout en privilégiant ainsi
l'Etat et ses démarches, on n'en sous-estime pas pour autant les autres
dimensions de l'action soviétique : les partis communistes locaux, les
diverses organisations parallèles que l'URSS et/ou les PC contrôlent.
Mais, il faut souligner que si le matériel factuel dont on dispose per
met d'avancer avec prudence des hypothèses sur l'action de l'Etat
soviétique à ses frontières méridionales, il n'en va pas de même
s 'agissant des moyens d'action parallèle de l'URSS. La politique de
l'Etat soviétique ainsi définie, on peut tenter de la comprendre à
travers trois questions.
* Professeur à l'Institut d'Etudes politiques de Paris.
1. De là les ambiguïtés quant au contenu de la Détente. Pour le monde occidental
les principes inscrits dans la « troisième corbeille » négociée à Helsinki ont
une signification universelle. Pour le monde communiste, il n'y a d'adhésion
à une acception commune de ces principes que pour autant qu'elle ne heurte pas
les principes régissant les Etats communistes. 364 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
— S'agit-il d'une politique soviétique unique ? Ou de plusieurs poli
tiques distinctes ? Dans la mesure où l'on discerne des politiques
distinctes, sont-elles réellement en rupture les unes avec les autres ?
Ou bien s'insèrent-elles dans un dessein global, en dépit de différences
et de ruptures ?
— Où se situe l'affaire afghane dans la définition générale de la poli
tique soviétique ? Est-elle une étape dans une politique cohérente ?
Une rupture dans cette cohérence ? Une démarche particulière s 'insé
rant dans une chaîne de politiques différentes ?
— Enfin, et ceci est de manière globale une tentative pour poser en
termes précis la question initiale, « que veulent les Soviétiques ? » :
Que veut l'Etat soviétique ? Quel but poursuit-il à travers son action
ou ses actions extérieures ? Le progrès de la révolution, finalité qu'il
revendique à tout instant ? Sa sécurité, autre finalité hautement reven
diquée ? Sa puissance d'Etat qui s'est hissé en trois décennies au rang
de superpuissance ?
Pour tenter de répondre à ces questions, il faut faire un bref rappel de
l'évolution de l'Etat soviétique dans la vie internationale, au risque de
répéter des évidences.
Une politique cohérente : expansion et coexistence alternées
Tout d'abord, s 'agissant de la question de la continuité et de la cohé
rence de la politique soviétique : politique unique ou succession de
politiques ? A considérer la politique de l'URSS on discerne, depuis
soixante ans, derrière des démarches en apparence distinctes, voire
contradictoires, une politique extérieure cohérente. Cette politique,
elle remonte à 1920, au moment où Lénine constate qu'en dépit de
l'étincelle qu'il a allumée, la révolution s'est arrêtée aux frontières
russes ; et dès lors, il perd pour longtemps l'espoir de développer les
révolutions dans le monde. Dès ce moment, Lénine et après lui tous
ses successeurs ont admis que, puisque le monde extérieur se main
tenait hors d'atteinte de la révolution, il fallait s'accommoder de lui et
cohabiter avec lui. Cette cohabitation forcée, que l'on a baptisée
diversement, coexistence pacifique, terme utilisé par Lénine et
Khrouchtchev, ou détente (terme déplorable car il implique une
impossible Entente et par là engendre des malentendus) n'a jamais signi
fié réconciliation idéologique ; elle a toujours signifié, et signifie
aujourd'hui encore, accommodement momentané avec une réalité sur
laquelle l'URSS n'a pas de prise, dans l'attente du moment où cette
réalité s'effondrera. La cohabitation sovi

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