Economie : Richard Nixon et les Etats-Unis - article ; n°1 ; vol.34, pg 17-31
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Politique étrangère - Année 1969 - Volume 34 - Numéro 1 - Pages 17-31
L'économie américaine est en expansion continue depuis dix ans. Elle donne aux Etats-Unis une puissance toujours plus grande et leur ouvre des perspectives grandioses. Richard Nixon hérite cependant une situation délicate à laquelle les mesures d'austérité prises en 1968 par l'administration démocrate n'ont pas porté remède. L'inflation menace et l'équilibre de la balance des paiements n'est pas encore rétabli. La liberté de manœuvre de la nouvelle administration reste donc étroite. Pendant les premières années de son mandat, Richard Nixon va devoir observer une grande prudence dans le maniement de sa politique économique conjoncturelle.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

Jean-Paul Pigasse
Economie : Richard Nixon et les Etats-Unis
In: Politique étrangère N°1 - 1969 - 34e année pp. 17-31.
Résumé
L'économie américaine est en expansion continue depuis dix ans. Elle donne aux Etats-Unis une puissance toujours plus grande
et leur ouvre des perspectives grandioses. Richard Nixon hérite cependant une situation délicate à laquelle les mesures
d'austérité prises en 1968 par l'administration démocrate n'ont pas porté remède. L'inflation menace et l'équilibre de la balance
des paiements n'est pas encore rétabli. La liberté de manœuvre de la nouvelle administration reste donc étroite. Pendant les
premières années de son mandat, Richard Nixon va devoir observer une grande prudence dans le maniement de sa politique
économique conjoncturelle.
Citer ce document / Cite this document :
Pigasse Jean-Paul. Economie : Richard Nixon et les Etats-Unis. In: Politique étrangère N°1 - 1969 - 34e année pp. 17-31.
doi : 10.3406/polit.1969.6048
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1969_num_34_1_6048ÉCONOMIE : RICHARD NIXON
ET LES ÉTATS-UNIS
par Jean-Paul PIGASSE
L'économie américaine est en expansion continue depuis dix ans.
Elle donne aux Etats-Unis une puissance toujours plus grande et
leur ouvre des perspectives grandioses. Richard Nixon hérite cepen
dant une situation délicate à laquelle les mesures d'austérité prises
en 1968 par l'administration démocrate n'ont pas porté remède.
L'inflation menace et l'équilibre de la balance des paiements n'est
pas encore rétabli. La liberté de manœuvre de la nouvelle administ
ration reste donc étroite. Pendant les premières années de son
mandat, Richard Nixon va devoir observer une grande prudence
dans le maniement de sa politique économique conjoncturelle.
Les Etats-Unis se sont donné, le 4 novembre 1968, un
président républicain. Celui-ci a accédé au pouvoir, le 20 jan
vier, sous les auspices les plus favorables : la crise monétaire
de novembre a raffermi le dollar ; le vol d' Apollo 8, en
décembre, a marqué la supériorité scientifique des Etats-Unis ;
la conférence de Paris sur le Vietnam a fini par s'ouvrir en
janvier. Ces événements se sont produits au moment où, après
huit années d'une administration démocrate souvent difficile,
les buts et les moyens de la politique des Etats-Unis étaient en
voie de réévaluation.
Ce réexamen est périodique. Il se produit chaque fois que
l'équipe dirigeante change et constitue l'une des qualités maj
eures du système américain. Mais il a pris cette fois une am
pleur particulière en raison du climat général dans lequel il s'est
produit. 18 I'KJASSE
Les Etats-Unis, après six années d'une guerre « pourrie »,
ont repris confiance en eux. Leur économie est prospère, leur
puissance plus grande que jamais. Les problèmes demeurent,
mais le pessimisme a fait place à l'optimisme.
Les conséquences de cette évolution ne tarderont pas à se
faire sentir en Europe. Il est bon d'en connaître, dès à présent,
les implications économiques (1).
I — L'HERITAGE LEGUE PAR L'ADMINISTRATION
DEMOCRATE.
Richard Nixon accède au pouvoir au moment où l'économie
américaine, après dix années d'expansion ininterrompue, s'ap
prête à ralentir son rythme de croissance pour trouver son s
econd souffle. Il va devoir mener pendant quelques mois une
politique prudente de stabilité monétaire et de rigueur finan
cière pour combattre les déséquilibres qui sont apparus à la
faveur de la guerre du Vietnam. Mais, une fois ce palier dé
passé, l'économie américaine repartira plus rapidement encore
que par le passé sur la voie de l'expansion.
a) L'héritage structurel.
Les causes de cette continuité dans la croissance sont mult
iples, on peut cependant les ramener à deux :
1) La première, relativement nouvelle, est la stabilité des
éléments qui composent le coût des produits américains : prix
des matières premières, prix de l'argent, prix du travail.
Bertrand de Jouvenel a mis en relief, dans une étude récente
(2), le fait que la source de l'expansion américaine a été et
reste l'expansion des entreprises.
L'administration démocrate a favorisé, huit années durant,
(1) Pour les conséquences politiques, se reporter à notre article paru dans la
Revue de Défense nationale du mois de février : « L'Amérique de Richard Nixon *.
(2) Conjoncture américaine, par B. de Jouvenel. Chronique d'actualité n° 1041 ;
10 janvier 1969. RICHARD NIXON 19
la croissance des entreprises par la détaxation de leurs profits
et l'élargissement de leurs facultés d'amortissement. Elle l'a fait
volontairement, d'abord pour résorber le chômage, qui est
passé de 6,6 % en 1961 à 3,3 % en 1968, ensuite pour
soutenir l'effort de guerre au Vietnam. Le résultat, c'est que
le rythme annuel de la croissance nationale — qui était de
2,2 % de 1956 à 1960 — a atteint 4,7 % en moyenne de
1960 à 1966.
2) Le second facteur de la croissance continue des Etats-
Unis est permanent. C'est la dimension continentale et l'unité
de l'économie américaine. De la Californie à l'Etat de New-
York, de Chicago à Dallas, les échanges se font librement et
ont pour seul instrument le dollar. En Europe et sur un espace
identique (l'Europe occidentale -f- les pays de l'Est -f- la
Russie occidentale) coexistent par contre une vingtaine de pays
et donc de frontières, d'Etats et donc de politiques, de monnaies
et de rapports de forces. Aux Etats-Unis, la croissance
■ d'un Etat fédéré s'additionne à celle des autres Etats fédérés et
les ajustements se font automatiquement. En Europe, faute
d'unité politique, la croissance d'un pays crée un problème
d'équilibre général ; si l'Allemagne croît trop vite, elle concur
rence ses voisins ; si, au contraire, elle croît trop lentement, elle
leur achète moins et exporte sa propre récession ; la politique
impose à l'économie des limites, elle est un frein. Aux Etats-
Unis, elle est un accélérateur, chacun des Etats se faisant
concurrence pour attirer à lui le plus grand nombre d'entre
prises possible et les équilibres généraux se réalisant à l'échelle
du continent.
Pour saisir l'avantage que donne aux Etats-Unis leur doc
trine libérale et leur dimension géographique, il suffit de
rappeler qu'en huit ans le produit national brut américain a
augmenté de 60 %, le revenu personnel de 45 %, les salaires
de 65 %, les profits de 50 %, la production industrielle de
56%.
Une projection de ces chiffres dans l'avenir donne des résul
tats impressionnants. Elle démontre que l'écart entre les Etats- 20 PIGASS&
Unis et le reste du monde, Europe comprise, ne peut cesser
de grandir. En 1980, le produit national des Etats-Unis dépas
sera 1.500 milliards de dollars. En 1968, il était déjà huit fois
plus élevé que le produit national de la France ; en 1980, il le
sera douze à treize fois plus pour une population seulement
quatre fois plus importante.
La conclusion qui ressort de ces chiffres n'est pas nouvelle :
la puissance politique va de pair avec la puissance économique.
Les Etats-Unis domineront d'ici la fin du siècle le monde
industrialisé, par le mouvement naturel de leur développement
interne et la supériorité de leurs techniques.
C'est une perspective à long terme qu'il ne faut pas perdre
de vue lorsque l'on aborde les problèmes concrets du court
terme. Elle éclaire les choix que Richard Nixon va devoir faire
au cours des prochains mois dans la conduite de sa politique
intérieure et extérieure. Elle explique l'une de ses premières
décisions comme président des Etats-Unis : la création d'une
commission ministérielle chargée de dresser les plans à long
terme de la politique économique américaine et de déterminer
les « chemins critiques » à suivre pour éviter retards et à-coups
dans la croissance.
b) L'héritage conjoncturel.
La prospérité actuelle et future des Etats-Unis ne doit cepen
dant pas faire oublier leurs difficultés conj

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