Espaces périurbains : au-delà de la ville et de la campagne ? - article ; n°596 ; vol.106, pg 389-413

Christian Calenge, Yves Jean

Description

Annales de Géographie - Année 1997 - Volume 106 - Numéro 596 - Pages 389-413
The spaces described as « outer-urban » are quite rarely treated as such by geographers ; the « ruralists » too often see them as creeping urban spawl, « distorting » their field of study, and the town specialists neglect them as a sort of extremely undeveloped part of urbanity. This apparent characteristic of « interface » no doubt partly explains the difficulties encountered in defining this notion and these areas. The phenomenon of peripheral urbanisation is nevertheless general in all types of towns and agglomerations, wich does not imply that it will be identical and uniform in every illustrated case ; starting with some examples from several average sized towns in the Centre-West, it appeared useful to attempt to construct a problem examining these spaces, avoiding the habitual and manifestly ineffective urban / rural dichotomy.
It appears that these spaces cannot be treated in isolation for they form a complex socio-spatial system with the other elements of these agglomerations. They result at the same time from the logic driving the infrastructure, notably economics, and from a set of performances as much from the inhabitants as from the political actors, structuring the ideal word. The most dynamic part of the agglomerations, those areas concentrate the states of a vanishing rurality and a spreading urbanity. The spoils are grabbed and formalised by the various actors, mainly political, in a very variable and often conflicting manner. They display the same signs of management difficulties as the outer-urban areas, wich undeniably raises the question of the coherence and pertinence of the legitimate spaces, obviously in conflict with socio-spatial dynamics.
Les espaces qualifiés de périurbains sont rarement abordés en tant que tels par les géographes ; les « ruralistes » y voient trop souvent des avancées conquérantes de la ville, dénaturant leur terrain d'études, et les spécialistes des villes les délaissent, comme des formes trop peu accomplies de l'urbanité. Ce caractère apparent d'interface explique sans doute en partie les difficultés rencontrées pour définir cette notion et ces territoires. Le phénomène de périurbanisation est pourtant généralisé à tous les types de villes et d'agglomérations, ce qui ne signifie pas qu'il soit identique et uniforme dans tous les cas de figures. En partant des exemples de quelques villes moyennes du Centre-Ouest, il est apparu utile de tenter de construire une problématique interrogeant ces espaces, en dépassant l'habituelle et manifestement inopérante dichotomie urbain/rural.
Il apparaît que ces espaces ne peuvent être abordés en eux-mêmes, car ils forment avec les autres éléments des espaces urbains un système socio-spatial complexe. Ils résultent en effet tout à la fois des logiques animant les infrastructures, notamment économiques, et des jeux de représentations, tant de la part des résidents que des acteurs politiques, structurant la sphère idéelle. Partie actuellement la plus dynamique des agglomérations, ces territoires localisent des enjeux essentiels, entre une ruralité évanescente et une urbanité floue. Ces enjeux sont saisis et formalisés par différents acteurs, pas seulement mais notamment politiques, de manière variable, et souvent conflictuelle. Ils se révèlent par là-même significatifs des difficultés de gestion de ces territoires périurbains, qui posent indéniablement la question de la cohérence et de la pertinence des espaces légitimes, manifestement ici en discordance avec les dynamiques spatiales.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: ANNALES_DE_GEOGRAPHIE
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 22
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Yves Jean
Christian Calenge
Espaces périurbains : au-delà de la ville et de la campagne ?
In: Annales de Géographie. 1997, t. 106, n°596. pp. 389-413.
Citer ce document / Cite this document :
Jean Yves, Calenge Christian. Espaces périurbains : au-delà de la ville et de la campagne ? . In: Annales de Géographie. 1997,
t. 106, n°596. pp. 389-413.
doi : 10.3406/geo.1997.20788
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1997_num_106_596_20788Abstract
The spaces described as « outer-urban » are quite rarely treated as such by geographers ; the «
ruralists » too often see them as creeping urban spawl, « distorting » their field of study, and the town
specialists neglect them as a sort of extremely undeveloped part of urbanity. This apparent
characteristic of « interface » no doubt partly explains the difficulties encountered in defining this notion
and these areas. The phenomenon of peripheral urbanisation is nevertheless general in all types of
towns and agglomerations, wich does not imply that it will be identical and uniform in every illustrated
case ; starting with some examples from several average sized towns in the Centre-West, it appeared
useful to attempt to construct a problem examining these spaces, avoiding the habitual and manifestly
ineffective urban / rural dichotomy.
It appears that these spaces cannot be treated in isolation for they form a complex socio-spatial system
with the other elements of these agglomerations. They result at the same time from the logic driving the
infrastructure, notably economics, and from a set of performances as much from the inhabitants as from
the political actors, structuring the ideal word. The most dynamic part of the agglomerations, those
areas concentrate the states of a vanishing rurality and a spreading urbanity. The spoils are grabbed
and formalised by the various actors, mainly political, in a very variable and often conflicting manner.
They display the same signs of management difficulties as the outer-urban areas, wich undeniably
raises the question of the coherence and pertinence of the legitimate spaces, obviously in conflict with
socio-spatial dynamics.
Résumé
Les espaces qualifiés de périurbains sont rarement abordés en tant que tels par les géographes ; les «
ruralistes » y voient trop souvent des avancées conquérantes de la ville, dénaturant leur terrain
d'études, et les spécialistes des villes les délaissent, comme des formes trop peu accomplies de
l'urbanité. Ce caractère apparent d'interface explique sans doute en partie les difficultés rencontrées
pour définir cette notion et ces territoires. Le phénomène de périurbanisation est pourtant généralisé à
tous les types de villes et d'agglomérations, ce qui ne signifie pas qu'il soit identique et uniforme dans
tous les cas de figures. En partant des exemples de quelques villes moyennes du Centre-Ouest, il est
apparu utile de tenter de construire une problématique interrogeant ces espaces, en dépassant
l'habituelle et manifestement inopérante dichotomie urbain/rural.
Il apparaît que ces espaces ne peuvent être abordés en eux-mêmes, car ils forment avec les autres
éléments des espaces urbains un système socio-spatial complexe. Ils résultent en effet tout à la fois
des logiques animant les infrastructures, notamment économiques, et des jeux de représentations, tant
de la part des résidents que des acteurs politiques, structurant la sphère idéelle. Partie actuellement la
plus dynamique des agglomérations, ces territoires localisent des enjeux essentiels, entre une ruralité
évanescente et une urbanité floue. Ces enjeux sont saisis et formalisés par différents acteurs, pas
seulement mais notamment politiques, de manière variable, et souvent conflictuelle. Ils se révèlent par
là-même significatifs des difficultés de gestion de ces territoires périurbains, qui posent indéniablement
la question de la cohérence et de la pertinence des espaces légitimes, manifestement ici en
discordance avec les dynamiques spatiales.Espaces périurbains
au-delà de la ville
et de la campagne
Problématique partir exemples pris
dans le Centre-Ouest
Maître de Conférences Département de Géographie Université Fran ois-Rabelais Yves JEAN Tours
Christian CALENGE
Professeur agrégé Département de Géographie Université Fran ois-Rabelais Tours
Résumé Les espaces qualifiés de périurbains sont rarement abordés en
tant que tels par les géographes les ruralistes voient trop souvent des
avancées conquérantes de la ville dénaturant leur terrain études et les
spécialistes des villes les délaissent comme des formes trop peu accomplies
de urbanité Ce caractère apparent interface explique sans doute en partie
les difficultés rencontrées pour définir cette notion et ces territoires Le
phénomène de périurbanisation est pourtant généralisé tous les types de
villes et agglomérations ce qui ne signifie pas il soit identique et
uniforme dans tous les cas de figures En partant des exemples de quelques
villes moyennes du Centre-Ouest il est apparu utile de tenter de construire
une problématique interrogeant ces espaces en dépassant habituelle et
manifestement inopérante dichotomie urbain/rural
Il apparaît que ces espaces ne peuvent être abordés en eux-mêmes car ils
forment avec les autres éléments des espaces urbains un système socio-
spatial complexe Ils résultent en effet tout la fois des logiques animant
les infrastructures notamment économiques et des jeux de représentations
tant de la part des résidents que des acteurs politiques structurant la sphère
ideelle Partie actuellement la plus dynamique des agglomérations ces terri
toires localisent des enjeux essentiels entre une ruralité evanescente et une
urbanité floue Ces sont saisis et formalisés par différents acteurs
pas seulement mais notamment politiques de manière variable et souvent
conflictuelle Ils se révèlent par là-même significatifs des difficultés de gestion
de ces territoires périurbains qui posent indéniablement la question de la
Ann Gèo. no 596 1997 pages 389-413 Armand Colin ANNALES DE OGRAPHIE 390
cohérence et de la pertinence des espaces légitimes manifestement ici en
discordance avec les dynamiques spatiales
Abstract The spaces described as outer-urban are quite rarely treated
as such by geographers the ruralists too often see them as creeping
urban spawl distorting their field of study and the town specialists
neglect them as sort of extremely undeveloped part of urbanity This
apparent characteristic of interface no doubt partly explains the difficulties
encountered in defining this notion and these areas The phenomenon of
peripheral urbanisation is nevertheless general in all types of towns and
agglomerations wich does not imply that it will be identical and uniform
in every illustrated case starting with some examples from several average
sized towns in the Centre-West it appeared useful to attempt to construct
problem examining these spaces avoiding the habitual and manifestly inef
fective urban rural dichotomy
It appears that these spaces cannot be treated in isolation for they form
complex socio-spatial system with the other elements of these agglomerations
They result at the same time from the logic driving the infrastructure notably
economics and from set of performances as much from the inhabitants
as from the political actors structuring the ideal word The most dynamic
part of the agglomerations those areas concentrate the states of vanishing
rurality and spreading urbanity The spoils are grabbed and formalised by
the various actors mainly political in very variable and often conflicting
manner They display the same signs of management difficulties as the outer-
urban areas wich undeniably raises the question of the coherence and
pertinence of the legitimate spaces obviously in conflict with socio-spatial
dynamics
Mots clés périurbain Centre-Ouest campagne ville mobilité représenta
tions enjeux politiques spatiales échelle
Key words outer-urban Centre-West country town mobility performances
spoils spatial politics scale
Introduction
Le phénomène dit de périurbanisation correspond surtout par son
ampleur spatiale une des grandes évolutions géographiques enregis
trées en France depuis vingt ans Les 10 400 communes périurbanisées
regroupent millions habitants en 1990 contre millions en 1982 ESPACES RIURBAINS 391
sur un peu plus de 10 du teritoire national représentent la moitié
de la croissance démographique nationale de 1982 1990 est là un
fait majeur des nouvelles modalités de peuplement représenta