Etats-Unis 1990 : le débat sur l immigration - article ; n°3 ; vol.55, pg 651-659
10 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Etats-Unis 1990 : le débat sur l'immigration - article ; n°3 ; vol.55, pg 651-659

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
10 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1990 - Volume 55 - Numéro 3 - Pages 651-659
Les Etats-Unis continuent d'être le premier pays d'immigration du monde. En dépit d'une législation restrictive qui remonte à 1965, les Asiatiques et les Hispaniques, les réfugiés politiques et les pauvres du Tiers-Monde partent pour l'Amérique. De là, un débat sur l'immigration, légale et clandestine. De plus en plus, les Américains inclinent vers une sélection des candidats à l'immigration en fonction de leurs qualifications professionnelles ou de leur niveau socio-économique. Mais le problème de l'intégration des nouveaux venus est loin d'être réglé, qu'il s'agisse de l'intégration économique, scolaire ou culturelle. Des différences apparaissent entre les communautés étrangères, les Hispaniques s'intégrant moins vite que les Asiatiques. Au total les Etats-Unis n'ont pas renoncé à leur tradition d'accueil, mais tâchent de l'adapter aux conditions de notre temps.
The United States in 1990's : Debates on Immigration, by André Kaspi
The United States are still the first country of immigration in the world. Despite restrictive laws dating back to 1965, Asiatic and Hispanic people, political refugees and the poor in the third world will go to America. There arises a debate on legal and illicit immigration. Americans are getting more and more inclined to make a selection among people candidates for immigration according to their professional qualifications or their socioeconomic backgrounds. But the problem of integrating newcomers is far from being sorted out no matter whether it is économie, educational or cultural. Some differences will arise between foreign communities ; Hispanics do not get integrated so quickly as Asiatics do. On the whole, the United States have not given up their customary welcoming policy but try to adjust it to the present circumstances.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

Kaspi
Etats-Unis 1990 : le débat sur l'immigration
In: Politique étrangère N°3 - 1990 - 55e année pp. 651-659.
Résumé
Les Etats-Unis continuent d'être le premier pays d'immigration du monde. En dépit d'une législation restrictive qui remonte à
1965, les Asiatiques et les Hispaniques, les réfugiés politiques et les pauvres du Tiers-Monde partent pour l'Amérique. De là, un
débat sur l'immigration, légale et clandestine. De plus en plus, les Américains inclinent vers une sélection des candidats à
l'immigration en fonction de leurs qualifications professionnelles ou de leur niveau socio-économique. Mais le problème de
l'intégration des nouveaux venus est loin d'être réglé, qu'il s'agisse de l'intégration économique, scolaire ou culturelle. Des
différences apparaissent entre les communautés étrangères, les Hispaniques s'intégrant moins vite que les Asiatiques. Au total
les Etats-Unis n'ont pas renoncé à leur tradition d'accueil, mais tâchent de l'adapter aux conditions de notre temps.
Abstract
The United States in 1990's : Debates on Immigration, by André Kaspi
The United States are still the first country of immigration in the world. Despite restrictive laws dating back to 1965, Asiatic and
Hispanic people, political refugees and the poor in the third world will go to America. There arises a debate on legal and illicit
immigration. Americans are getting more and more inclined to make a selection among people candidates for immigration
according to their professional qualifications or their socioeconomic backgrounds. But the problem of integrating newcomers is far
from being sorted out no matter whether it is économie, educational or cultural. Some differences will arise between foreign
communities ; Hispanics do not get integrated so quickly as Asiatics do. On the whole, the United States have not given up their
customary welcoming policy but try to adjust it to the present circumstances.
Citer ce document / Cite this document :
Kaspi. Etats-Unis 1990 : le débat sur l'immigration. In: Politique étrangère N°3 - 1990 - 55e année pp. 651-659.
doi : 10.3406/polit.1990.3975
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1990_num_55_3_3975POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 651
Etats-Unis 1990 :
André KASPI* le débat sur l'immigration .
Comme chacun sait, les Etats-Unis sont une nation d'immigrants. Ils
ont accueilli les «foules harassées, misérables, grouillantes », méta
morphosé en bons Américains « ces sans-abri, ballottés par la tem
pête » l et inventé le melting pot. Cette conviction est profondément enraci
née dans les mentalités collectives. Elle a donné naissance au « rêve
américain » qui, en dépit de quelques désillusions, reste vivace : le nouveau
venu travaille d'arrache-pied, fait des économies, s'intègre dans la société
ambiante, accède au paradis du bien-être et de la démocratie, ouvre à ses
enfants la voie du bonheur. Pourtant, l'hostilité à l'encontre des immigrants
remonte aux premières heures de la jeune République. Elle a pris des
formes variées, parfois violentes. Elle a abouti en 1882 à l'interdiction de
l'immigration chinoise et surtout à la loi de 1924, dite loi des quotas, qui
est restée en vigueur jusqu'en 1965. Aujourd'hui, le débat se poursuit, tout
en revêtant d'autres caractères. Les Etats-Unis doivent-ils continuer d'ouvrir
leurs portes ? Peuvent-ils sélectionner les candidats à l'immigration ? Com
ment intégrer les nouveaux venus sans que la conscience nationale ne soit
affaiblie, sans que le tissu économique et social ne soit déchiré ? En un
mot, les Américains n'échappent pas aux questions angoissantes que les
citoyens des pays riches posent et se posent.
Faut-il accepter de nouveaux immigrants ?
Aucune hésitation n'est possible, les Etats-Unis sont toujours le premier
pays d'immigration du monde. Les flux migratoires y sont considérables. De
1820 à 1987, ils ont reçu près de 54 millions d'individus, dont 4,5 millions
sont entrés sur le territoire national de 1971 à 1980 et au moins autant
durant les sept années suivantes. L'histoire la plus récente ne dément pas
l'évolution à long terme. Les Portoricains des années 50, les Cubains au
lendemain de l'accession au pouvoir de Fidel Castro, les Dominicains, les
Nicaraguayens, les Haïtiens, les Vietnamiens, les Chinois, les Juifs soviéti
ques jusqu'à une date récente, les Mexicains et les Philippins, les Européens
de l'Est dès qu'ils l'ont pu, ... on n'en finirait pas de réciter la litanie des
pays qui ont envoyé et continuent d'envoyer, bon gré mal gré, leurs
citoyens vers la terre promise d'outre-Atlantique.
* Professeur à la Sorbonne (Université de Paris-I).
1. Extraits du poème d'Emma Lazarus, gravé sur le socle de la statue de la Liberté. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 652
Pourtant, le texte de la loi de 1965 a de quoi surprendre les observateurs.
Par goût du symbole médiatique, le président Lyndon Johnson est allé la
signer au pied de la statue de la Liberté. Dans une certaine mesure, elle
rompt avec quarante années de politique restrictive. Le temps est fini où
chaque nation bénéficiait d'un quota qui variait suivant ses représentants
aux Etats-Unis, où l'Europe du Nord-Ouest était favorisée par rapport à
l'Europe centrale, orientale et méditerranéenne, où l'Amérique latine était
exempte de ces calculs d'apothicaires et les Japonais complètement écartés.
Désormais, les Etats-Unis ouvriront chaque année leurs portes à 270 000
immigrants, dont 120 000 viendront d'Amérique latine — aucun pays ne
pouvant obtenir plus de 20 000 visas 2. En principe, les premiers demand
eurs sont aussi les premiers servis, mais priorité est donnée à ceux qui
rejoignent leur famille ou qui témoignent de talents particulièrement pré
cieux, de qualifications professionnelles utiles pour les Etats-Unis.
Cette législation a impliqué trois conséquences inattendues. La première a
trait à la composition du flux migratoire. De 1955 à 1964, la moitié des
immigrants venaient d'Europe ; 36 %, d'Amérique du Nord (y compris
l'Amérique centrale et le bassin des Caraïbes) ; 8 %, d'Asie. En 1987,
l'Asie représente 41,27 % ; l'Amérique latine, 41,27 % également ; l'Eu
rope, 11,2 %. En fait, les Asiatiques — une catégorie qui regroupe les
Japonais, les Chinois de Taiwan, de République populaire et du Sud-Est
asiatique, les Coréens, les Philippins, les Indiens, les Indochinois — arrivent
maintenant en plus grand nombre que les Hispaniques — là encore un
terme commode qui réunit les Latino- Américains et les natifs des Caraïbes.
Si les courants d'immigration ne changent pas d'ici 2080 et que les taux de
fertilité restent identiques, les Américains seront alors, dans leur majorité,
des Noirs, d'origine hispanique ou non, et des Jaunes.
Deuxième conséquence : les réfugiés politiques sont comptés à part depuis
1980 \ ce qui accroît sensiblement le volume de l'immigration légale et
suscite des controverses. Faut-il considérer comme réfugiés politiques les
Haïtiens qui ont fui le régime de Duvallier ? Sans doute certains couraient-
ils le risque de subir les coups et les sévices des « tontons macoutes ». Mais
la plupart partaient pour les Etats-Unis parce qu'ils fuyaient la pauvreté.
Les boat people vietnamiens protestaient-ils dans les années 80 contre le
régime communiste de Ho Chi Minh-Ville ou bien aspiraient-ils à plus de
nourriture, de confort et de bien-être ? Les 125 000 Cubains de Mariel 4,
dont Fidel Castro se débarrasse en 1980 sans états d'âme, sont-ils vraiment
des réfugiés politiques ou des éléments « indésirables » ?
La troisième conséquence, enfin, est infiniment plus inquiétante. L'immigrat
ion clandestine a pris des proportions gigantesques, d'autant plus, estime-t-
2. La loi de 1965 est entrée en vigueur en 1968. L'amendement de 1976 établit un maximum
de 20 000 par pays pour le continent américain comme pour le reste du monde. L'amendement
de 1978 fixe un total de 290 000 immigrants par an, sans distinction d'origine, sans limitation
par Etat.
3. La loi de 1980, en effet, compte à part les réfugiés politiques, mais abais

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents