Gestion patrimoniale, gestion durable des ressources et évaluation - article ; n°4 ; vol.12, pg 31-49
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Description

Politiques et management public - Année 1994 - Volume 12 - Numéro 4 - Pages 31-49
On utilise souvent de façon indifférenciée les concepts de patrimoine, de ressources durables, de qualité des milieux naturels ou des milieux de vie pour penser les particularités de la gestion de l'environnement, des monuments, des œuvres d'art et d'autres témoignages du passé, mais aussi de ressources non renouvelables. On se propose, dans cet article, de contribuer à une clarification conceptuelle, notamment sur le plan d'une association forte entre les concepts de patrimoine et d'identité collective. On s'efforce, en second lieu, de mettre en parallèle la théorie de la gestion patrimoniale négociée et celle de l'évaluation pluraliste.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Gadrey
Gestion patrimoniale, gestion durable des ressources et
évaluation
In: Politiques et management public, vol. 12 n° 4, 1994. pp. 31-49.
Résumé
On utilise souvent de façon indifférenciée les concepts de patrimoine, de ressources durables, de qualité des milieux naturels ou
des milieux de vie pour penser les particularités de la gestion de l'environnement, des monuments, des œuvres d'art et d'autres
témoignages du passé, mais aussi de ressources non renouvelables. On se propose, dans cet article, de contribuer à une
clarification conceptuelle, notamment sur le plan d'une association forte entre les concepts de patrimoine et d'identité collective.
On s'efforce, en second lieu, de mettre en parallèle la théorie de la gestion patrimoniale négociée et celle de "l'évaluation
pluraliste".
Citer ce document / Cite this document :
Gadrey Jean. Gestion patrimoniale, gestion durable des ressources et évaluation. In: Politiques et management public, vol. 12
n° 4, 1994. pp. 31-49.
doi : 10.3406/pomap.1994.3186
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1994_num_12_4_3186GESTION PATRIMONIALE, GESTION DURABLE DES RESSOURCES,
ET ÉVALUATION
Jean GADREY
Résumé On utilise souvent de façon indifférenciée les concepts de patrimoine, de
ressources durables, de qualité des milieux naturels ou des milieux de vie
pour penser les particularités de la gestion de l'environnement, des
monuments, des œuvres d'art et d'autres témoignages du passé, mais aussi
de ressources non renouvelables. On se propose, dans cet article, de
contribuer à une clarification conceptuelle, notamment sur le plan d'une
association forte entre les concepts de patrimoine et d'identité collective. On
s'efforce, en second lieu, de mettre en parallèle la théorie de la gestion
patrimoniale négociée et celle de "l'évaluation pluraliste".
* Laboratoire LAST-CLERSE (Université de Lille I et IFRESI).
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 12, n° 4, décembre 1994.
© Instiut de Management Public - 1994. Jean GADREY 32
Les politiques publiques rencontrent de plus en plus fréquemment les notions
de "patrimoine" et de "gestion durable" des ressources. Les réalités, "milieux"
ou systèmes dont la gestion est alors visée peuvent relever soit du
patrimoine monumental, artistique, architectural, soit du patrimoine dit
"naturel" (les forêts et espaces verts, l'eau, le littoral....), soit de systèmes
mixtes (sites, cadre de vie urbain). Les acteurs concernés peuvent être des
acteurs locaux en nombre très limité, comme ils peuvent être regroupés dans
des associations ou institutions internationales. Quant aux modes de gestion
de ces réalités, milieux ou systèmes, ils sont eux-mêmes divers. Les plus
élaborés relèvent de pratiques évaluatives dont la complexité renvoie à la
multiplicité des critères, des acteurs, des points de vue et des objectifs. Or
les concepts demeurent imprécis, les termes mal différenciés, en dépit de
l'existence de travaux pionniers constituant les références majeures. Tel est
le cas du concept de patrimoine d'une collectivité.
On poursuit dans cette contribution un triple objectif : d'une part, préciser le
contenu du concept de patrimoine d'une collectivité (notamment en ce qui
concerne le patrimoine naturel et matériel), en suggérant une
complémentarité des approches économiques et sociologiques ; d'autre part,
établir un parallèle entre la «gestion patrimoniale» et «l'évaluation pluraliste»,
termes faisant référence à des travaux précis ; enfin, proposer une
distinction entre la gestion patrimoniale et la gestion «durable» des
ressources.
Qu'est-ce que Si l'on veut pouvoir fonder une approche économique ou socio-économique
le patrimoine du patrimoine d'une collectivité, il faut tenter de définir ce patrimoine comme
un concept, même si l'on sait qu'une telle définition ne résoudra pas tous les d'une
collectivité ? problèmes que son application concrète pourra poser. On commencera par la
définition suivante : le patrimoine d'une collectivité est un ensemble
«d'objets et de produits» auxquels cette collectivité, ou une proportion
suffisante de ses membres, attache de la valeur, parce qu'il s'agit de réalités
qui témoignent de l'identité de cette collectivité en établissant un lien
temporel entre le passé de cette collectivité et son présent (témoignage du
passé), et/ou entre son présent et ce qu'elle imagine de son avenir
(témoignage projeté).
Précisons les termes de cette définition.
- Un ensemble «d'objets et de produits»... : cette formulation large englobe
à la fois des objets et milieux naturels (qu'ils aient été ou non «exploités» par
l'homme et donc pour une part «produits» par lui), des monuments et
ensembles architecturaux, des œuvres d'art, des sites voire des paysages
(par exemple le bocage et son système de haies), ainsi que des informations
pouvant exister sous diverses formes (supports imprimés, banques et bases
de données informatisées, ...). Avec cette dernière catégorie, on envisage
donc, en suivant les travaux de Thierry Ribault (1993), l'existence du
patrimoine informationnel d'une collectivité. On pourrait aller plus loin et
considérer d'autres patrimoines encore plus «immatériels» parce qu'ils ne
sont stockés nulle part ailleurs que dans les mémoires de certains membres Gestion patrimoniale, gestion durable des ressources, et évaluation 33
de la collectivité (tradition orale, souvenir de faits marquants), ou parce qu'ils
sont un ensemble de normes, de conventions implicites, ou de façons d'être
ensemble (formes de sociabilité, coutumes), «façons de dire» ou «façons de
faire».
- ... auxquels cette collectivité, ou une proportion suffisante de ses
membres, attache de la valeur... :
a) Ici apparaît tout d'abord («la valeur») le fait, essentiel, que le patrimoine
n'est jamais une simple collection d'objets ou de produits, mais une sélection
sociale d'objets et de produits, sélection effectuée sur la base d'une
valorisation particulière de ces objets par les membres de la collectivité. C'est
ce que certains auteurs désignent comme l'essence relationnelle du
patrimoine, étant entendu qu'il s'agit de liens à des objets ou passant par la
référence à ces objets. Le fait que des individus considèrent certaines
réalités comme étant de nature patrimoniale (ce qui n'empêche pas que ces remplissent d'autres fonctions) est donc une construction historique
et sociale. Cela exclut par exemple l'application aveugle de la catégorie de
patrimoine (conçue comme un inventaire) à d'autres sociétés que celle que
l'on étudie, à moins d'effectuer un travail de contextualisation qui prouverait
son intérêt. Au cœur de l'identification du patrimoine se trouve une
connaissance, une reconnaissance et une «conscience patrimoniale»,
jugement partagé portant sur la «grandeur» particulière des objets en
question.
b) La première partie de l'assertion («cette collectivité, ou une proportion
suffisante de ses membres») mérite également deux précisions :
- la liaison particulière établie par cette définition entre une collectivité et son
patrimoine peut s'appliquer à des communautés très réduites, à une
entreprise, une région, une nation, comme à l'humanité entière. La difficulté
n'est pas là. Elle est dans la possibilité que des non-membres attachent eux
aussi de la valeur aux éléments en question et les considèrent comme faisant
partie d'une certaine façon de leur propre patrimoine, au point de les conduire
par exemple à souhaiter intervenir dans la préservation de ces éléments.
Cette situation peut entraîner des conflits d'appropriation (dont les sections
archéologiques des plus grands musées du monde fournissent un bon
exemple), mais elle est à la source même de la composante patrimoniale des
services touristiques modernes : l'étranger retrouve et réinterprète une
partie de son propre passé au contact des témoignages du nôtre, et

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