Irak, Libye, Soudan : efficacité des sanctions ? - article ; n°1 ; vol.65, pg 95-108
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Politique étrangère - Année 2000 - Volume 65 - Numéro 1 - Pages 95-108
Iraq, Libya, Sudan: Are Sanctions Effective ?, by Tim Niblock The article assesses the extent to which UN sanctions help in the maintenance of a stable international order. The experience of Iraq, Libya and Sudan suggests that, while sanctions may constrain states from external adventurism, they also have effects which may be severely destabilizing in the long term: regimes are strengthened against their own civil societies, moves towards regional collective security arrangements are blocked, and the domestic social order becomes more divided and divisive.
Tim Niblock analyse dans cet article, à travers le cas de trois pays — Irak, Libye, Soudan —, l'impact des sanctions multilatérales prises par le Conseil de sécurité des Nations unies, mais aussi des sanctions unilatérales décidées par les États-Unis. Leurs conséquences apparaissent diverses, l'Irak étant le pays le plus affecté de ce point de vue. Il pense que les sanctions favorisent, dans certaines conditions, une modification du comportement du pays concerné, mais quelles présentent cependant des effets négatifs qui vont à l'encontre même de leur objectif initial. Elles semblent, en effet, plus souvent aboutir à un renforcement des régimes incriminés qu'à leur affaiblissement.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Niblock
Al Rachid
Irak, Libye, Soudan : efficacité des sanctions ?
In: Politique étrangère N°1 - 2000 - 65e année pp. 95-108.
Résumé
Tim Niblock analyse dans cet article, à travers le cas de trois pays — Irak, Libye, Soudan —, l'impact des sanctions multilatérales
prises par le Conseil de sécurité des Nations unies, mais aussi des sanctions unilatérales décidées par les États-Unis. Leurs
conséquences apparaissent diverses, l'Irak étant le pays le plus affecté de ce point de vue. Il pense que les sanctions favorisent,
dans certaines conditions, une modification du comportement du pays concerné, mais quelles présentent cependant des effets
négatifs qui vont à l'encontre même de leur objectif initial. Elles semblent, en effet, plus souvent aboutir à un renforcement des
régimes incriminés qu'à leur affaiblissement.
Abstract
Iraq, Libya, Sudan: Are Sanctions Effective ?, by Tim Niblock
The article assesses the extent to which UN sanctions help in the maintenance of a stable international order. The experience of
Iraq, Libya and Sudan suggests that, while may constrain states from external adventurism, they also have effects
which may be severely destabilizing in the long term: regimes are strengthened against their own civil societies, moves towards
regional collective security arrangements are blocked, and the domestic social order becomes more divided and divisive.
Citer ce document / Cite this document :
Niblock, Al Rachid. Irak, Libye, Soudan : efficacité des sanctions ?. In: Politique étrangère N°1 - 2000 - 65e année pp. 95-108.
doi : 10.3406/polit.2000.4913
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2000_num_65_1_4913POLITIQUE ÉTRANGÈRE 1/2000
Tim NIBLOCK Irak, Libye, Soudan :
efficacité des sanctions ?
Tim Niblock analyse dans cet article, à travers le cas de trois pays — Irak, Libye,
Soudan —, l'impact des sanctions multilatérales prises par le Conseil de sécurité
des Nations unies, mais aussi des sanctions unilatérales décidées par les États-
Unis. Leurs conséquences apparaissent diverses, l'Irak étant le pays le plus affecté
de ce point de vue. Il pense que les sanctions favorisent, dans certaines conditions,
une modification du comportement du pays concerné, mais quelles présentent
cependant des effets négatifs qui vont à l'encontre même de leur objectif initial.
Elles semblent, en effet, plus souvent aboutir à un renforcement des régimes incri
minés qu'à leur affaiblissement.
Politique étrangère
Les années 90 ont été marquées par la tendance accrue des princi
pales puissances occidentales à intervenir plus activement que
par le passé dans les affaires des autres États. Cette tendance s'est
concrétisée à différents niveaux : engagement militaire (avec notam
ment un très lourd déploiement dans le Golfe au cours des dernières
années), pressions en vue de la libéralisation des économies exercées
principalement à travers ou conjointement avec le Fonds monétaire
international (FMI), soutien actif aux groupes se réclamant des droits
de l'homme et œuvrant pour la démocratisation de leur pays et, enfin,
imposition de sanctions économiques (aussi bien unilatéralement que
dans le cadre des Nations unies). À différents égards, cette situation
reflète la nouvelle configuration des forces prévalant au sein du système
international. En effet, depuis la fin de la guerre froide, il n'existe plus
aucun contre-pouvoir à même d'empêcher un tel interventionnisme.
Les puissances occidentales ne craignent plus désormais que leurs pres
sions sur un pays en développement n'entraînent le gouvernement de
Tim Niblock est directeur de l'Institut d'études arabes et islamiques à l'université d'Exeter.
Ce texte a été traduit par Loulouwa T. Al Rachid. 96 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
celui-ci dans une alliance avec le camp adverse comme au temps de la
guerre froide. L'opinion publique occidentale, mais aussi non occident
ale, a changé d'attitude à l'égard des gouvernements des pays en déve
loppement, désormais tenus responsables de leurs agissements contre
leurs populations ou contre les États voisins. Toute action entreprise à
l'encontre de ces gouvernements est alors présentée comme une
défense des intérêts de ces derniers.
Aussi, l'imposition dans les années 90 de sanctions économiques
contre certains États du Moyen-Orient procède-t-elle de cette logique
interventionniste occidentale. Cet article porte spécifiquement sur les
sanctions imposées par les puissances occidentales et à travers les
canaux des Nations unies. La Charte de cette organisation place le
recours aux sanctions économiques dans le contexte du maintien de la
stabilité de l'ordre international. Toute la question est alors de savoir
si ces sanctions y contribuent ou si elles ne font que mettre en avant
les intérêts propres aux États occidentaux qui les ont inspirés. On ne
s'intéressera ici aux sanctions unilatéralement imposées par ces der
niers que pour autant qu'elles empiètent sur l'efficacité de celles
décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies.
À cet égard, l'attitude actuelle face au recours aux Nations unies pour
imposer des sanctions économiques est à l'opposé de ce qu'elle était
dans les années 60, 70 et 80. Au cours de ces trois décennies, les él
éments les plus radicaux au sein des sociétés occidentales réclamaient
un rôle plus central pour les Nations unies dans la résolution des
conflits internationaux, et voyaient dans les sanctions économiques
l'instrument du droit international et du respect des droits de
l'homme. Leur idée était que seules des pressions internationales et
des sanctions économiques concertées pouvaient venir à bout du
régime minoritaire d'Afrique du Sud et de l'occupation israélienne de
la Cisjordanie et de Gaza, l'ONU apparaissant alors comme le forum
adéquat pour jeter les bases de tels changements et amener les gou
vernements récalcitrants à céder. De leur côté, les gouvernements occ
identaux se montraient fort réticents et faisaient valoir que de telles
sanctions seraient inefficaces, nuiraient seulement aux populations
sans pour autant changer les politiques des gouvernements, et enfin
iraient à l'encontre des dispositions de la Charte de l'ONU protégeant
la souveraineté nationale. .
LIBYE, SOUDAN : EFFICACITÉ DES SANCTIONS ? / 97 IRAK,
Depuis la fin de la guerre froide, les rôles se sont inversés. Ce sont
désormais les gouvernements occidentaux qui mettent en avant les
Nations unies dès qu'il s'agit d'imposer des sanctions économiques,
estimant qu'il s'agit là de la seule façon d'isoler et de contrôler d'évent
uels agresseurs internationaux, surtout lorsque ces derniers entrent en
collision avec leurs propres intérêts et objectifs. De leur côté, les
observateurs les plus radicaux mettent en doute la justification et le
principe même de telles sanctions qu'ils soupçonnent de ne servir que
les intérêts politiques et économiques occidentaux, au détriment des
objectifs humanitaires ou de stabilité internationale.
Comparaison des sanctions contre l'Irak, la Libye et le Soudan
Trois États du Moyen-Orient ont jusqu'à présent été soumis à des
sanctions décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies : l'Irak,
la Libye et le Soudan.
Irak
De ces trois pays, l'Irak est sans le doute le plus sévèrement sanc
tionné. Boutros Boutros-Ghali, alors secrétaire général des Nations
unies, avait relevé à juste titre que la résolution 687, document-clef du
régime des sanctions depuis 1991, « représente l'une des décisions les
plus complexes et les plus abouties jamais décidées par le Conseil [de
sécurité] »1. Il s'agit aussi du texte le plus long jamais adopté2, ce qui
donne une idée du soin mis à ce qu'il soit pleinement exécuté.
L'unanimité (initiale, au moins) des cinq membres permanents quant
aux principe et contenu du régime des sanctions ainsi que le soutien
de la majorité des autres Etats-membres achevaient de renforcer l'édi
fice. Ce rôle sans précédent de l'ONU et de ses diverses agences,
combiné aux facteurs géographi

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