L affaire de Chypre - article ; n°2 ; vol.29, pg 105-116
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Description

Politique étrangère - Année 1964 - Volume 29 - Numéro 2 - Pages 105-116
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 119
Langue Français

Extrait

P.A. Argyropoulo
L'affaire de Chypre
In: Politique étrangère N°2 - 1964 - 29e année pp. 105-116.
Citer ce document / Cite this document :
Argyropoulo P.A. L'affaire de Chypre. In: Politique étrangère N°2 - 1964 - 29e année pp. 105-116.
doi : 10.3406/polit.1964.2279
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1964_num_29_2_2279DE CHYPRE F
II
L'aspect international
L'île de Chypre, occupée en 1878 par la Grande-Bretagne,
après accord avec la Porte, tout en demeurant province ott
omane, fut annexée par la Grande-Bretagne le 5 novembre 1914,
à la suite de l'état de guerre intervenu alors entre la Grande-
Bretagne et la Turquie.
En 1923, le traité de Lausanne vint régulariser internati
onalement cette annexion. En vertu de l'art. 20, la Turquie
reconnaissait « l'annexion de Chypre proclamée par la Grande-
Bretagne le 5 novembre 1914 » et en vertu de l'art. 21, la
Turquie se désintéressait désormais du sort de Chypre : « Les
ressortissants turcs », dit cet article, « établis dans l'île de
« Chypre à la date du 5 novembre 1914, acquerront, dans
« les conditions de la loi locale, la nationalité britannique,
« et perdront cfë ce chef la nationalité turque. Toutefois, ils
« auront la faculté, pendant une période de deux ans à dater
(( de la mise en vigueur du présent traité, d'opter pour la
« nationalité turque ; dans ce cas ils devront quitter l'île de
« Chypre dans les douze mois qui suivront l'exercice du droit
« d'option ».
Il est à noter que cette clause de désintéressement ne fut pas
imposée à Ankara, mais fut acceptée par Kémal, sorti vain
queur de la guerre en Asie Mineure. C'est que Kémal avait
répudié la politique impérialiste ottomane : il avait fondé
l'Etat national turc, cent ans après la fondation du premier 106 P. A. ARGYROPOULO
Etat national dans les Balkans : la Grèce, ainsi que me le
faisait remarquer le ministre des Affaires étrangères Rouchdy,
venu me féliciter à l'ambassade de Grèce à Ankara, le 25
mars 1926, anniversaire de l'indépendance de la Grèce. Kémal,
maître en Turquie (le traité de Lausanne supprimait les Capi
tulations) refusait Chypre, qu'il reconnaissait être grecque,
de même qu'il refusait Mossoul à la consternation de l'Assem
blée nationale. Kémal était venu à la séance de l'Assemblée
(j'y étais en ma qualité de ministre de Grèce) ; sous le regard
impérieux de Kémal, les députés, la mort dans l'âme, votèrent
l'abandon de Mossoul. Inonu était aux côtés du maître, dont
il a oublié depuis les enseignements. La bonne entente entre
la Grèce et la Turquie pouvait s'établir sur des bases solides,
qui furent posées en 1930 par Kémal et Vénisélos.1 Mais tous
deux devaient bientôt disparaître.
En ce qui concerne la Grande-Bretagne, celle-ci, avant Lau
sanne, ne semblait pas repousser toute entente avec la Grèce
au sujet de Chypre.
Dès 1878, des voix anglaises s'étaient élevées pour protester
contre l'occupation d'une île grecque et européenne qui ne
pouvait être une colonie. Gladstone déclarait qu'il espérait
voir la fin de « cette honte » avant de mourir. Cependant,
monté au pouvoir, il consolida « la honte ». Interrogé sur ce
qui allait advenir de Chypre, il répondit qu'il n'y avait pas
de question de Chypre.
Il y avait cependant le précédent des Iles Ioniennes, et en
1915, la Grande-Bretagne offrit Chypre à la Grèce pour qu'elle
entre en guerre à ses côtés.
En 1931, ont fut à deux doigts d'aboutir. Veniselos était
au pouvoir ; deux députés anglais, de retour de Chypre, l'en
tretinrent des revendications chypriotes, qu'ils estimaient être
légitimes. Ils proposèrent l'annexion de Chypre à la Grèce,
trois bases navales anglo-grecques à Géphalonie, en Crête et
à Chypre, et un traité d'alliance pour la défense en commun
de la mer Egée. C'était la solution idéale. Malheureusement
l'inconscience du consul de Grèce à Chypre, chypriote de CHYPRE 107
naissance, fit tout échouer. Pour forcer la main au gouverne
ment britannique, il souleva la population qui mît le feu au
gouvernorat. Londres menaça la Grèce d'un blocus maritime
et beaucoup de Chypriotes furent exilés.
Des entretiens furent encore amorcés au cours de la seconde
guerre mondiale. En mission à Chypre, je transmis à mon
gouvernement une proposition du gouverneur de l'île pour
la formation d'une armée chypriote, utile à l'Angleterre, dont
la Grèce était l'alliée, avec des cadres fournis par l'armée
grecque qui se reformait en Egypte. A Chypre, on aurait
voulu obtenir l'engagement formel de Londres que l'île serait
indépendante, la guerre terminée. C'était une erreur, car il
faut savoir risquer au jeu : les Indes, qui avaient fourni à la
cause commune des armées entières et sans conditions, obtin
rent leur indépendance.
Par ailleurs, dans un rapport au gouvernement hellénique,
je rappelais que, par le traité de Sèvres, on était convenu que
le sort de Chypre suivrait le sort du Dodecanese (dont l'a
nnexion à la Grèce ne faisait aucun doute, une fois l'Italie
vaincue et la paix signée) (1). Mais après la deuxième guerre
mondiale, la Grande-Bretagne ne se sentit pas engagée par
les accords de Sèvres.
Les événements ouvrirent la voie à la violence. Le peuple
de Chypre, déçu, prit en mains la solution de son problème
national.
En 1948, l'évêque de Kerynia, élu archevêque de Chypre,
prenait la tête du mouvement. Un plébiscite, organisé le 15
janvier 1950, réunissait 95,7 % des voix en faveur de l'union
de Chypre avec la Grèce ; la phase nouvelle n'allait pas tarder
à dégénérer en lutte ouverte entre les Chypriotes, soutenus
par les Grecs de Grèce, et la Grande-Bretagne, de plus en plus
réticente. Il faut noter que celle-ci peut prendre l'initiative
de négociations lorsqu'il s'agit d'un territoire placé sous sa
(1) A Sèvres, la Grande-Bretagne n'avait pas voulu aller plus loin : tant que l'Italie
serait à Rhodes, elle resterait à Chypre pour raison d'équilibre, et elle ne prévoyait
pas alors une seconde guerre mondiale et une défaite italienne. P. A. ARGYROPOULO 108
souveraineté, mais qu'elle admet difficilement que la partie
adverse prenne l'initiative. Elle refusa dès l'abord ce que
Chypre réclamait. De 1951 à 1955, des tentatives d'entente
furent sans doute faites à Londres et devant l'ONU, avec le
s-eul résultat d'introduire dans le conflit la Turquie, membre
de l'Organisation internationale, encouragée par Londres,
afin de diviser les Chypriotes, et d'opposer Ankara à Athènes.
La situation se dégradait.
Sowlèvgrn&nt et lutte arrivée.
Le 1er avril 1955, le colonel Grivas, sous le pseudonyme de
Digenis, engageait la lutte armée. Un peuple qui se bat a droit
à l'indépendance : le général de Gaulle a reconnu ce droit aux
Algériens en armes. Une première bombe éclatait. Londres
réagit en nommant gouverneur de Chypre le chef d'Etat-
Major impérial Harding. L'archevêque Makarios III, un évê-
que et des primats, étaient exilés aux îles Seychelles ; deux
jeunes patriotes furent pendus. Cependant, en mars 1957,
l'archevêque et les primats furent libérés, après un vote aux
Nations Unies, favorable à Chypre. Londres comprenait qu'il
fallait trouver des solutions de compromis, dont plusieurs
furent successivement examinées : Chypre ne pourrait-elle
pas obtenir le statut de membre du Commonwealth, sans
pouvoir cependant, avant un délai donné, décider de son sort
définitif ? Interrogé par des amis de Londres, je ne fus pas
opposé à cette solution d'attente.
L'impasse internationale} et constitutionnelle après Zurich.
Malheureusement les Etats-Unis intervinrent brusquement,
sans autre titre que de servir les intérêts de la Turquie, sur
laquelle Washington fonde toute sa politique en Moyen
Orient. Le gouvernement amér

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