L aménagement en politique. Ou ce que le syndrome NIMBY nous dit de l intérêt général - article ; n°42 ; vol.11, pg 67-92
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L'aménagement en politique. Ou ce que le syndrome NIMBY nous dit de l'intérêt général - article ; n°42 ; vol.11, pg 67-92

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Politix - Année 1998 - Volume 11 - Numéro 42 - Pages 67-92
«Political planning. What the NIMBY syndrom* tells us about general interest».
Arthur Jobert [67-92]
Facilities sitting arouses many controversies. Public interest, as defined by planners, is faced with local oppositions arguing from other points of view. These oppositions can't be discredited as local selfishness (NIMBY syndrom). On the contrary, these resistances mean that the boundaries between private and public interests are shifting. Thus, a new planning model, more conscious of the territoriality of issues, seems to be put on the agenda.
«L'aménagement en politique ou ce que le syndrome NIMBY nous dit de l'intérêt général».
Arthur Jobert [67-92]
L'implantation d'infrastructures suscite de nombreuses controverses. Face à «l'intérêt général» défini par les aménageurs, les opposants locaux affirment d'autres logiques. Celles-ci ne sont pas réductibles à l'expression d'égoïsmes locaux (syndrome NIMBY) ; elles sont au contraire significatives d'un déplacement de frontières entre intérêts particuliers et intérêt général. Un nouveau modèle d'aménagement, plus sensible à la territorialité des enjeux, semble ainsi émerger.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Arthur Jobert
L'aménagement en politique. Ou ce que le syndrome NIMBY
nous dit de l'intérêt général
In: Politix. Vol. 11, N°42. Deuxième trimestre 1998. pp. 67-92.
Abstract
«Political planning. What the "NIMBY syndrom* tells us about general interest».
Arthur Jobert [67-92]
Facilities sitting arouses many controversies. Public interest, as defined by planners, is faced with local oppositions arguing from
other points of view. These oppositions can't be discredited as local selfishness (NIMBY syndrom). On the contrary, these
resistances mean that the boundaries between private and public interests are shifting. Thus, a new planning model, more
conscious of the territoriality of issues, seems to be put on the agenda.
Résumé
«L'aménagement en politique ou ce que le "syndrome NIMBY" nous dit de l'intérêt général».
Arthur Jobert [67-92]
L'implantation d'infrastructures suscite de nombreuses controverses. Face à «l'intérêt général» défini par les aménageurs, les
opposants locaux affirment d'autres logiques. Celles-ci ne sont pas réductibles à l'expression d'égoïsmes locaux (syndrome
NIMBY) ; elles sont au contraire significatives d'un déplacement de frontières entre intérêts particuliers et intérêt général. Un
nouveau modèle d'aménagement, plus sensible à la territorialité des enjeux, semble ainsi émerger.
Citer ce document / Cite this document :
Jobert Arthur. L'aménagement en politique. Ou ce que le syndrome NIMBY nous dit de l'intérêt général. In: Politix. Vol. 11,
N°42. Deuxième trimestre 1998. pp. 67-92.
doi : 10.3406/polix.1998.1725
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1998_num_11_42_1725L'aménagement en politique
ou ce que le syndrome NIMBY
nous dit de l'intérêt général
Arthur Jobert
Centre d'étude de la vie politique française
LA TRANSFORMATION du drugstore Saint-Germain en boutique de
luxe a suscité la critique de riverains constitués en association de
défense qui craignaient que la disparition du drugstore ne
«dénature» la vie quotidienne de ce haut-lieu de l'intelligentsia
parisienne (la brasserie Lipp, Le Flore et Les deux Magots sont à
proximité immédiate), la disparition de ce commerce de proximité
contribuant un peu plus à vider ce quartier des charmes qui attirèrent
Vian, Sartre, Greco, etc. Snobisme et proximité sociale aidant, cette
querelle très parisienne eut l'honneur fin 1997 d'un reportage au
journal de 20 heures sur une grande chaîne où le «promoteur» (le
couturier Armani) s'engagea, sans surprise, à réaliser un aménagement
qui respecterait le site et ferait honneur à la réputation des lieux. Et
l'on n'entendit plus parler de cette querelle de voisinage.
Que «donne à voir» un tel reportage, si l'on admet que son contenu
informatif est faible ? Il met en scène, d'une part, le fait que des
riverains constitués en association ont un droit collectif «de regard» sur
la manière dont on modèle leur environnement immédiat et que
l'aménageur a pour devoir réciproque d'entendre leurs doléances ;
d'autre part, la qualité des locuteurs (un grand couturier, des
«riverains» d'un des quartiers les plus riches de la capitale), la qualité
du site (le carrefour Saint-Germain, un des centres de la «rive gauche»,
la rive intellectuelle de Paris), la qualité du tiers qui rapporte la
nouvelle (le journal de 20 heures d'une grande chaîne nationale) se
renforcent ici mutuellement pour légitimer le message. Enfin, la légèreté
du ton laisse imaginer que cet affrontement courtois relève de l'évidence,
de la normalité des échanges sociaux. Bref, à sa manière futile et
euphémisée ce reportage met en scène une «mythologie»1, donne à voir
un monde où les inévitables contradictions d'intérêts sur un même
espace trouvent à se résoudre dans le dialogue entre «dieux» (les riches
occupant d'un espace béni) et l'intérêt de tous. Il est important de
noter que dans cette querelle interne au «Panthéon» (si l'on ose dire
puisque cela se passe à Saint-Germain-des-Prés), le «bien commun» est
1. Au sens (ou plutôt à la manière) de Barthes (R.), Mythologies, Paris, Seuil, 1970.
Politix, n°42, 1998, pages 67 à 92 67 Définir l'intérêt général
implicitement conçu comme devant naître de l'accord des intérêts privés
en présence sur le territoire et sous le regard bienveillant du média
télévisuel.
Les pouvoirs publics, sont les grands absents d'une telle mise en scène
«mythologique». Et si l'on suit la convention que nous adoptons ici selon
laquelle tout les éléments de cette mise en scène peuvent être
interprétés comme faisant sens, cette absence livre une autre dimension
du mythe élaboré dans ce reportage : sur un territoire donné, l'État et
les pouvoirs publics ne sont qu'un acteur parmi d'autres1 qui peut être
convoqué ou non, mais, en tout état de cause, les intérêts territoriaux
(c'est-à-dire en présence sur un même espace) sont premiers dans la
définition de l'intérêt général. C'est cette «évidence» de l'intérêt
territorial et de la légitimité nouvelle des acteurs locaux à le défendre
qu'il convient d'interroger ici. À sa manière incongrue, ce reportage nous
semble caractéristique de la modification profonde de la conception des
rapports entre intérêt général et «intérêts particuliers» dans le domaine
de l'aménagement.
Pour être plus précis, l'opposition entre «intérêt général» et «intérêts
particuliers» qui apparaissait «évidente» hier semble aujourd'hui de
moins en moins pertinente pour décrire les tensions dans
l'aménagement du territoire2. Il est pourtant difficile de se défaire d'un
tel schéma. En effet, l'invocation de l'intérêt général permet de légitimer
les arbitrages entre intérêts particuliers et les conceptions de l'intérêt
collectif qu'opèrent constamment les décideurs publics3. L'action
publique se légitime4 par référence à cette notion. L'intérêt général, ou
l'utilité publique, sont fréquemment invoqués dans le domaine de
l'aménagement et de l'urbanisme : la principale procédure en la
matière, l'enquête d'utilité publique, a par exemple pour terme la
«déclaration d'utilité publique». Cette proclamation rituelle, qui confère
une dimension sacrée à la décision5, est sans doute nécessaire car dans
ce champ de l'action publique, peut-être plus structurellement
qu'ailleurs, toute décision entraîne des gains pour certains acteurs et
des pertes pour d'autres (réalisation d'un projet pour un promoteur,
1. Le Gales (P.), «Du gouvernement des villes à la gouvernance urbaine», Revue française
de science politique, 46 (4), 1996.
2. Entendu au sens littéral d'aménagement de l'espace et non au sens de «politique»
d'aménagement du territoire.
3. Rangeon (F.), L' idéologie de l'intérêt général, Paris, Économica, 1986.
4. Lagroye (J.), Sociologie politique, Paris, Presses de Sciences Po-Dalloz, 1993, p. 396 : «La
légitimation doit être comprise, en ce sens, comme l'ensemble des actions par lesquelles
les dirigeants tendent à établir leur légitimité et la revendiquent, en fonction des
représentations qu'ils ont du régime désirable et désiré par les gouvernés».
5. Caillosse (J.) : «Quelle conception de l'intérêt général à la base des procédures»,
communication au colloque L'utilité publique n'est plus ce quelle était (?), Association
«Espaces pour demain» et Université Paris I, 29 octobre 1996. On notera le titre du
colloque, particulièrement significatif lorsque l'on sait que l'association organisatrice est
une sorte de club de réflexion des grands aménageurs (EDF, Équipement, SNCF, etc.).
Notons encore que le point d'interrogation du ti

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