L Angleterre et l Europe - article ; n°5 ; vol.11, pg 421-432
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Description

Politique étrangère - Année 1946 - Volume 11 - Numéro 5 - Pages 421-432
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 237
Langue Français

Extrait

Konrad Zilliacus
L'Angleterre et l'Europe
In: Politique étrangère N°5 - 1946 - 11e année pp. 421-432.
Citer ce document / Cite this document :
Zilliacus Konrad. L'Angleterre et l'Europe. In: Politique étrangère N°5 - 1946 - 11e année pp. 421-432.
doi : 10.3406/polit.1946.5470
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1946_num_11_5_5470L'ANGLETERRE ET L'EUROPE
Avant d'aborder directement mon sujet, il convient de le situer dans
son cadre, celui du monde d'après guerre. C'est le règlement de la paix en
Europe qui retient actuellement l'attention. Cependant, l'Europe est en
train de cesser d'être le point central de la politique mondiale. Le poids
spécifique de l'Europe va en diminuant, et c'est l'Extrême-Orient qui, petit
à petit, s'avance sur la scène internationale. Déjà, la France et l'Angleterre
n'y jouent qu'un rôle subalterne ; ce sont les deux géants, l'U. R. S. S. et .
les États-Unis, qui, en Asie, sont les grandes vedettes.
Trop souvent, dit-on, les hommes d'État, en voulant parer au danger
d'une nouvelle guerre, préparent la guerre précédente. Nous sommes un
peu dans cette situation aujourd'hui. Le danger de la prochaine guerre
ne viendra directement ni de l'Italie, ni du Japon, ni de l'Allemagne. Elle
sera en fonction des relations entre l'U. R. S. S. et les États-Unis. Aussi
longtemps que ces deux États, au sein des Nations Unies, pourront s'en
tendre, il n'y aura pas de danger de guerre. Celui-ci ne surgirait que si,
en matière internationale, il y avait des querelles irréparables entre ces
deux pays.
Avant la première guerre mondiale, les ambitions, les intrigues, les
conflits des pays balkaniques jouèrent un rôle direct et important dans la
situation qui aboutit à la guerre. La politique des pays balkaniques était
cependant conditionnée par les rivalités des grandes puissances. Aujourd
'hui, l'Europe court le danger de devenir les Balkans de la politique mond
iale. Il dépend, en grande partie, de nos deux pays, l'Angleterre et la
France, qu il n'en soit pas ainsi et qu'au contraire nous allions vers une
Europe unifiée et régénérée.
L'Angleterre dans le monde.
Cela me ramène à la situation de l'Angleterre. Elle est difficile et pas
seulement pour des causes matérielles'. La guerre nous a épuisés et nous
sommes devenus pauvres. * KONRAD ZILLIACUS 422
De plus, et c'est une conséquence directe de la guerre, le monde traverse
une phase aiguë de crise sociale. La première guerre mondiale, la révolution
russe, l'intervention contre les révolutionnaires russes et la révolution sociale
en Europe, les contre-révolutions fascistes, leurs agressions, la politique
d'apaisement conservatrice anglo-française, finalement la deuxième guerre
mondiale, tous ces phénomènes sont des aspects, des symptômes, des
phases successives de la transition entre l'ancien ordre social basé sur
l'entreprise privée à la recherche de profits et un nouvel ordre de choses
fondé sur l'économie dirigée, dont le but principal est la sécurité et le bien-
être du peuple.
En Europe, la révolution sociale n'est pas trop teintée de nationalisme,
parce que celui-ci a déjà obtenu satisfaction. Ce phénomène de la révo
lution sociale, à l'état plus ou moins pur en Europe, tandis qu'il est mélangé
de nationalisme en Extrême-Orient, est la caractéristique de l'heure où
nous vivons. Il est probable que les historiens de l'avenir appelleront le
XXe -siècle l'époque de la révolution sociale. -
En Asie, ceux qui réclament des changements sociaux demandent
également l'affranchissement politique de leur pays, le droit de se gouverner
eux-mêmes, l'indépendance et la démocratie. Les mouvements national
istes ont à leur tête des socialistes et des communistes. A l'est de Suez,
la révolution française et la révolution russe sont arrivées la main dans la
main.
Il est inutile d'insister sur la répercussion profonde de la révolution
sociale dans les formes qu'elle a revêtueë en Asie, dans l'Empire britan
nique, les Indes et l'Egypte. L'Egypte est un ex-protectorat devenu un
allié après la première guerre, mais qui réclame, une indépendance plus
substantielle. Nous cédons. Nous quittons aussi les Indes. Ce n'est pas
très facile de quitter les Indes, parce que la situation y est compliquée. Nous
nous efforçons de partir dans des conditions telles que tout ne s'effondre
pas derrière nous après notre départ.
En Birmanie, en Malaisie, sans parler de l'Indonésie et de l'Indochine,
les mêmes forces sont à l'œuvre. Partout le même problème se pose devant
nous : comment liquider l'impérialisme et comment le remplacer par un
internationalisme organisé à base de réciprocité et d'égalité ?
L'Empire britannique n'est, en aucun sens, un bloc unique comme les
États-Unis ou comme I'U. R. S. S., un bloc qui obéit à une seule volonté,
qui est dirigé par un seul gouvernement. C'est un agglomérat de commun
autés à tous les degrés de l'évolution politique, sociale et culturelle,
conduites par un groupe d'Etats indépendants, car le Royaume-Uni et les ET L'EUROPE 423 L'ANGLETERRE
Dominions sont des États indépendants, rattachés par une union personn
elle en la personne du roi, qu'ils ont en commun, qui règne, mais ne gou
verne pas. t
Cependant, les 350 millions d'habitants de l'Inde vont quitter cet empire,
qui comprend à peu près 500 millions d'individus ; d'autres s'en
éloignent de plus en plus.
Quant aux Dominions, qui ont reçu leur statut d'égalité après la première
guerre mondiale, la dernière guerre a montré qu'ils étaient bien solidaires
de la vieille Angleterre. Mais la guerre aussi a mûri la résolution des Domin
ions d'être des Etats indépendants de fait et pas seulement de nom. Jus
qu'ici, ils ont suivi les directives de la politique étrangère britannique.
Aujourd'hui, ils commencent à prendre une part personnelle beaucoup
plus active dans la politique internationale.
Lors de la dernière conférence impériale à Londres, l'offre du gouverne
ment britannique de créer un bloc de défense impériale a été rejetée par lés
Dominions. Depuis, le Canada et l'Australie ont donné une explication
officieuse du rejet de cette offre. Les Canadiens sont d'avis que le temps est
déjà passé où un bloc de défense impériale avait un sens dans les conditions
du monde d'après guerre. Ils disent qu'il faut d'abord organiser leur
défense en liaison directe avec TO. N. Ui et sur la base de la Charte et
qu'ensuite ils ne peuvent pas songer à leurs problèmes de défense sur 'une
base purement britannique, parce qu'il faut y inclure les États-Unis ; ils
disent encore que le Canada est déjà lié par son alliance avec les États-
Unis. Pendant et après le dernier conflit, les relations entre les «deux pays
ont été très étroites. Le premier ministre d'Australie a fait remarquer
également, dans un discours, que c'étaient les États-Unis et non la Grande-
Bretagne qui s'étaient chargés, pendant la guerre, de, la défense de l'Aust
ralie et de la Nouvelle-Zélande, parce que la défense de ces territoires
dépassait les possibilités matérielles du Royaume-Uni.
Dans un monde d'États souverains, où la force prime le droit, l'Angle
terre ne pourrait pas longtemps conserver la situation de premief rang
qu'elle a acquise pendant la guerre, grâce à l'effort fourni parla nation bri
tannique et par son gouvernement, aussi au legs du passé. Si nous
voulons continuer, à avoir une influence politique et morale de premier
ordre dans le monde, il faut suppléer par la sagesse au poids matériel que
nous avons perdu.
11 faut d'abord reconnaître que le temps est venu de renoncer à tout
jamais au maintien de l'équilibre des puissances comme objet primordial
de la politique étrangère britannique. La politique du maintien de l'équi- 424 KONRAD ZILLIACUS
libre des puissances fut toujours une politique criminelle, parce qu'elle
aboutissait fatalement, tôt ou tard, à une guerre. Ce n&

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