L Italie, ses problèmes et ses Partis - article ; n°1 ; vol.45, pg 181-195
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L'Italie, ses problèmes et ses Partis - article ; n°1 ; vol.45, pg 181-195

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Description

Politique étrangère - Année 1980 - Volume 45 - Numéro 1 - Pages 181-195
Italy, its problems, its political parties, by Arrigho Levi
Italy displays a mysterious capacity for surviving in the face of all its trials and tribulations. Among all the Democracies passing through a crisis, the case of Italy differs by the force and not the nature of the tensions at work in the country. The reasons are, in the first place, historical and linked to ambitions beyond their means. The Parties have a difficult role: that of absorbing the tensions. The Italian Communist Party constitutes an anomaly within the political sphere; it has a great capacity of adaptation, at the same time remaining true to itself. The crisis seems to have arisen in the Autumn of 1979, at the same time as the world petrol crisis. During these difficult years, there has been positive action, both economical and political. The political vitality of the country has remained intact during the years of emergence. The recent election results may have led other countries to believe that the crisis was over, but history has not said its last word.
L'Italie, ses problèmes et ses partis, par Arrigho Levi
L'Italie montre une mystérieuse capacité à survivre aux épreuves qui la secouent. Parmi toutes les Démocraties en crise, le cas italien est différent par l'intensité et non par la nature des tensions qui s'y exercent. Les raisons en sont d'abord historiques et liées à des ambitions dépassant leurs moyens. Les Partis ont un rôle difficile, celui d'absorber les tensions. Le PCI constitue une anomalie au sein de la vie politique ; il a de grandes capacités d'adaptation, tout en restant fidèle à lui-même. La crise serait née à l'automne 1979, au moment de la crise mondiale du pétrole. Il y a aussi eu pendant ces années difficiles, des actions positives, économiquement et politiquement. La vitalité politique du pays est restée intacte pendant les années de l'émergence. Les résultats électoraux récents ont pu faire croire à l'étranger que la crise était révolue, mais son histoire est encore inachevée
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Arrigo Lévi
L'Italie, ses problèmes et ses Partis
In: Politique étrangère N°1 - 1980 - 45e année pp. 181-195.
Citer ce document / Cite this document :
Lévi Arrigo. L'Italie, ses problèmes et ses Partis. In: Politique étrangère N°1 - 1980 - 45e année pp. 181-195.
doi : 10.3406/polit.1980.2965
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1980_num_45_1_2965Abstract
Italy, its problems, its political parties, by Arrigho Levi
Italy displays a mysterious capacity for surviving in the face of all its trials and tribulations. Among all the
Democracies passing through a crisis, the case of Italy differs by the force and not the nature of the
tensions at work in the country. The reasons are, in the first place, historical and linked to ambitions
beyond their means. The Parties have a difficult role: that of absorbing the tensions. The Italian
Communist Party constitutes an anomaly within the political sphere; it has a great capacity of
adaptation, at the same time remaining true to itself. The crisis seems to have arisen in the Autumn of
1979, at the same time as the world petrol crisis. During these difficult years, there has been positive
action, both economical and political. The political vitality of the country has remained intact during the
years of "emergence". The recent election results may have led other countries to believe that the crisis
was over, but history has not said its last word.
Résumé
L'Italie, ses problèmes et ses partis, par Arrigho Levi
L'Italie montre une mystérieuse capacité à survivre aux épreuves qui la secouent. Parmi toutes les
Démocraties "en crise", le cas italien est différent par l'intensité et non par la nature des tensions qui s'y
exercent. Les raisons en sont d'abord historiques et liées à des ambitions dépassant leurs moyens. Les
Partis ont un rôle difficile, celui d'absorber les tensions. Le PCI constitue une anomalie au sein de la vie
politique ; il a de grandes capacités d'adaptation, tout en restant fidèle à lui-même. La crise serait née à
l'automne 1979, au moment de la crise mondiale du pétrole. Il y a aussi eu pendant ces années
difficiles, des actions positives, économiquement et politiquement. La vitalité politique du pays est
restée intacte pendant les années de l'"émergence". Les résultats électoraux récents ont pu faire croire
à l'étranger que la crise était révolue, mais son histoire est encore inachevéePOLITIQUE ÉTRANGÈRE I 181
Arrigo A . ¥¥?X7¥* LEVI L'ITALIE, '
SES PROBLEMES ET SES PARTIS
Lorsqu'on parle en Occident de la « crise des démocraties »,
et on en beaucoup, on en vient toujours à dire que dans
certaines démocraties la crise est beaucoup plus sérieuse que
dans d'autres. La liste des démocraties en danger inclut toujours,
depuis quelques années, l'Italie. D'autres démocraties connaissent de
nombreuses grèves, mais aucune plus que l'Italie. D'autres démocrat
ies souffrent d'une inflation sauvage, mais aucune plus que l'Italie.
D'autres démocraties sont confrontées au terrorisme, mais aucune plus
farouchement que l'Italie. D'autres démocraties ont du mal à former
des gouvernements majoritaires, mais en Italie « crise de gouverna-
bilité » signifie, ni plus ni moins, absence, pendant de longues pé
riodes, de tout gouvernement majoritaire, sinon même impossibilité
de former des gouvernements, impossibilité assortie de successives
dissolutions anticipées du Parlement. Finalement, et surtout, aucune
autre démocratie ne réunit, dans un même faisceau, tous ces maux,
à ce point de gravité.
Lorsqu'on parle de « L'Italie en agonie », pour reprendre le titre de
Time, on en vient par ailleurs toujours à dire aussi que cet extraor
dinaire pays montre une mystérieuse capacité à survivre aux épreuves
les plus graves qui le secouent. Des dangers menacent sans cesse
son équilibre politique et social, aucune solution ne paraît parfois
possible, et pourtant, l'Italie finit toujours par réussir à sortir de ses
crises : sommes-nous en présence d'un nouveau modèle de « démoc
ratie acrobatique » ? L'« esprit florentin » des Italiens apparaît
comme une ressource inépuisable, capable d'inventer des formules
absurdes, comme les « convergences parallèles » dont parla un jour
Aldo Moro, qui satisfont tout le monde et permettent aux partis de
former des gouvernements, même lorsqu'en théorie aucune entente
ne serait possible.
Cette société anarchique et conflictuelle a une vitalité extraordinaire.
La croissance économique de l'Italie à notre époque n'est inférieure
* Journaliste 182 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
qu'à bien peu d'autres dans le monde. Six ans après la première
grande crise du pétrole, la balance des paiements italienne est l'une
des plus solides. Les réserves d'or et de devises sont parmi les plus
importantes, et ce en dépit du fait que l'Italie n'a guère de ressources
énergétiques propres.
L'Italie a rarement, au cours de sa longue histoire, fait montre d'une
telle vitalité ; elle est plus présente que jamais dans le monde entier,
par sa littérature, son art, son cinéma, sa mode, sa cuisine, mais aussi
son industrial design, ses grands barrages, ses usines, et ses produits
industriels. La contribution italienne aux grands développements
culturels et politiques de notre temps est remarquable ; il suffît de
mentionner ce tournant de l'histoire qu'est V aggiornamento de
l'Eglise, et cet autre aggiornamento qui a nom Eurocommunisme.
Rome est sans aucun doute la capitale de ces deux mouvements.
La société italienne est un peu anarchique, et peut-être ingouvernable.
Mais en dépit de ces deux caractères, ou même à cause d'eux, elle
reste une partie vivante et essentielle du monde occidental. Comprend
re le « cas italien » signifie mieux comprendre l'Occident, ses qualités
et ses contradictions, ses vices et ses vertus, qui se manifestent de
façon seulement peut-être exagérée dans l'Italie d'aujourd'hui. Il faut
tenter de comprendre dans quelle mesure est justifiée la crainte
exprimée de temps à autres : la démocratie italienne survivra-t-elle ?
Crise de la démocratie et cas italien
On dit souvent que la crise des démocraties contemporaines est le
fruit du succès même de la Démocratie. Les exigences de participation,
la demande d'égalité et de bien-être universel imposent à l'Etat
démocratique un excès de tâches qu'il ne peut jamais accomplir à la
satisfaction de tous ses citoyens. Les « attentes croissantes » des
masses sont toujours déçues. Les individus et les groupes sociaux
réclament l'attention d'un Etat surchargé qui, ne pouvant contenter
tout le monde, finit par perdre sa crédibilité et son autorité. Chacun
hausse toujours le ton pour être écouté. Les conflits sociaux s'en
fièvrent. Sur le plan économique, l'inflation est l'indice de cet état
de fait : elle est la mesure de la distance qui sépare les désirs de la
possibilité de les satisfaire.
C'est là un tableau typique des démocraties contemporaines, et pas
seulement de l'Italie. Si le « cas italien » est différent, ce n'est pas
pour la qualité, mais pour l'intensité des relations sociales. Raymond
Aron a dit un jour qu'aucune société fille de la Révolution française,
ne saura jamais satisfaire entièrement la promesse de Liberté,
d'Egalité, de Fraternité, pour tous. Toute société démocratique est L'ITALIE ET SES PARTIS I 183
donc, par sa nature profonde, instable ; la Démocratie est toujours
« en crise ». Mais l'instabilité de la société italienne contemporaine
est très spéciale, et il faut l'expliquer. C'est une société
« mobilisée », selon la définition du politologue américain Peter Lange,
engagée dans un dramatique débat avec elle-même sur les grands
problèmes de la justice et de la démocratie, dont l'intérêt est d'ailleurs
universel, et pas seulement italien.
Quelles sont donc les raisons fondamentales, dans le cadre de la crise
de la démocratie contemporaine, de l'existence d'un « cas italien » ?
Il y a plusieurs explications : on invoque parfois le « caract

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