L Union arabe - article ; n°2 ; vol.11, pg 179-215
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Description

Politique étrangère - Année 1946 - Volume 11 - Numéro 2 - Pages 179-215
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Robert Montagne
L'Union arabe
In: Politique étrangère N°2 - 1946 - 11e année pp. 179-215.
Citer ce document / Cite this document :
Montagne Robert. L'Union arabe. In: Politique étrangère N°2 - 1946 - 11e année pp. 179-215.
doi : 10.3406/polit.1946.5455
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1946_num_11_2_5455L'UNION ARABE
Ce n'est pas sans quelque surprise que l'opinion occidentale a observé,
depuis un an, au cours des grandes conférences internationales de San
Francisco ou de Londres, l'attitude concertée et disciplinée qu'adoptent
cinq États arabes du Proche-Orient, l'Egypte, l'Arabie séoudienne, l'Iraq,
la Syrie et le Liban, dans toutes les circonstances où sont en jeu les intérêts
des pays arabes dans leur ensemble. Certains ont pensé, et les Orientaux
consultés les ont sans doute confirmés dans cette opinion, qu'il s'agissait là
d'un des groupes régionaux analogues à ceux dont les fondateurs de
l'O. N. U. ont préconisé le développement, sur le modèle du groupe des
nations latines de l'Amérique du sud. D'autres ont vu dans l'apparition
de cette discipline intérieure commune à plusieurs petits Etats, jusqu'alors
connus par leur rivalité, une création artificielle et le résultat d'une inter
vention machiavélique de la Grande-Bretagne, qui s'efforcerait de créer
à son profit une sorte de confédération arabe du Proche-Orient afin de con
solider politiquement une des régions dont la sécurité est indispensable à
la vie de l'Empire britannique.
Quoi qu'il en soit des origines, les événements récents de Syrie, l'acuité
du conflit judéo-arabe en Palestine, la menace que les événements d'Iran
font peser sur l'Iraq donnent au rôle de l'Union arabe, dans les discussions
internationales, un intérêt exceptionnel.
Si l'on veut bien observer d'autre part que ce groupement politique,
faible par son importance numérique, plus faible encore par les ressources
militaires et économiques dont il dispose librement, a cependant conquis
au sein de l'O. N. U. une position élevée, l'Egypte ayant été admise au
Conseil de sécurité et l'Iraq au Conseil de tutelle (Trusteeships), on pensera
qu'il est utile d'étudier l'origine et la nature des forces politiques ainsi ra
ssemblées au sein de cette Union arabe et d'examiner le rôle politique et
culturel qu'elle entend assumer, soit en Orient, soit en Afrique.
Un tel sujet ne peut être observé par un Occidental qu'au prix d'un grand
effort d'objectivité, car sa pensée pénètre souvent dans un monde d'idées
qui lui sont étrangères. Un Français devra, «n outre, se dégager des préju- ROBERT MONTAGNE 180
gés défavorables que certaines déclarations récentes peuvent faire naître
dans son esprit. Il convient, croyons-nous, de voir avant tout, dans la format
ion de cette alliance permanente et dans le développement de ses ambitions,
un épisode nouveau du grand conflit qui oppose, en Afrique et en Asie,
l'Orient à l'Occident. L'ampleur même du sujet contraint l'observateur à
élever son jugement jusqu'à ces hauteurs où les intérêts particuliers dispa
raissent dans l'immense paysage de l'histoire universelle.
La période qui s'écoule entre les années 1 930 et 1 942, au cours de laquelle
le nom de l'Union arabe n'a jamais été prononcé hors du cercle étroit de
quelques précurseurs, a été remplie par l'effort des Arabes d'Orient pour
constituer, dans les frontières souvent arbitraire» que l'Occident avait tracées
lors du traité de Versailles, de véritables nations indépendantes. Peut-être
convient-il ici que nous rappelions aux lecteurs le résultat de cette transfor
mation. Immense changement, si l'on veut bien se souvenir que la péninsule
arabique n'était, il y a vingt-cinq ans, qu'une province décadente et à demi
abandonnée de l'Empire turc et qu'elle est aujourd'hui le foyer actif et
bruissant de l'arabisme.
C'est vers 1930 que l'Arabie séoudienne prend sa forme définitive et
achève, grâce à la puissance des nomades du Nejd, groupés autour du roi
Abdel Aziz Eben Séoud — un chef bédouin originaire du clan Masalikh
de la grande famille nomade des' Anezé — l'unification des provinces con
quises par lui depuis 1 902. Bien que le royaume séoudien ait réuni aux pays
déjà unifiés de l'Arabie centrale et orientale les provinces plus diversement
peuplées du Hasa, du Hedjaz et de l'Asir, il s'agit' bien là cependant, dans
l'ensemble, d'un territoire peuplé d'hommes de même race, adoptant les
mêmes coutumes et obéissant à la même religion, sans que des différences
appréciables de secte viennent altérer l'unité de l'ensemble. Grâce à l'usage
de la T. S. F. et des automobiles armées en guerre, cet immense territoire,
surtout formé de déserts, a pris en peu de temps une cohésion que pour
raient lui envier bien des États d'Orient et même d'Occident. L'Arabie
séoudienne, avec ses trois millions d'habitants, vivait jusqu'à ces dernières
années dans une grande p'auvreté. L'intervention des compagnies améri
caines de pétrole répand aujourd'hui dans les mains du roi une richesse
inattendue, une fortune immense dont l'acquisition implique cependant la
présence des étrangers et la conclusion d'accords avec leurs sociétés. Il
reste, il est vrai, à Abdel Aziz Eben Séoud, protecteur des villes saintes, un
autre prestige. Il reçoit chaque année avec orgueil les pèlerins musulmans
du monde entier et fait ainsi figure de défenseur des musulmans lorsqu'il
plaide la cause des frères arabes de Palestine.
L'Iraq, avec ses trois millions et demi d'habitants, son territoire riche en
pétrole, traversé par deux grands fleuves capables de fertiliser les déserts, L'UNION ARABE 181
peut envier au Nejd son unité. Ce pays n'est qu'un conglomérat de minorités
ethniques, religieuses, linguistiques, et l'État arabe qui a été créé à Bagdad,
avec l'appui de l'Angleterre, en 1921, ne peut s'appuyer solidement que sur
20 p. 1 00 des habitants des fleuves et des villes, les Arabes sunnites. Dans
le sud du territoire, une « minorité » chiite, dont l'importance s'élève à 55 p.
100 de la population totale, est un facteur permanent d'instabilité. Les rela
tions anciennes de ce groupe avec l'Iran peuvent, d'un jour à l'autre, repren
dre leur importance* surtout si une autre nation hostile à la Grande-Bretagne
continuait de progresser vers Téhéran. Une autre minorité, dangereuse
aussi et mal assimilée, celle des Kurdes montagnards, dont l'importance
numérique est égale à celle des Sunnites, se sent plus solidaire de ses
frères des tribus de même race de la Perse occidentale, de la Turquie orien
tale et de l' Azerbaïdjan, qu'elle ne l'est des Arabes des plaines. Et les Kurdes
eux aussi, prêtent l'oreille à des voix venues du nord.
L'Iraq, après être entré avec orgueil, en 1 932, à la S. D. N. et avoir cher
ché à prendre la direction de la politique arabe d'Orient, a connu depuis
une série de révoltes, d'insurrections, de massacres, de crises de régime et
a même été le théâtre d'une insurrection antibritannique. C'est avec dif
ficulté que ce pays fragile, sur la frontière septentrionale duquel s'exercent
de si fortes pressions, reprend aujourd'hui son équilibre intérieur. Il est
dirigé par un régent, le prince Abdulillah, pendant la minorité du jeune roi
Faysal II, dont le père, le roi Ghazi, germanophile et anglophobe, est mort
tragiquement en 1938. L'Iraq ne semble plus aujourd'hui en état de servir
utilement de guide aux États Voisins.
La Syrie, avec ses trois millions d'habitants, bénéficie d'une apparente
unité, en dépit de l'extrême variété d'origine de ses habitants. Un nivell
ement linguistique et religieux s'est peu à peu accompli au cours des siècles,
et la majorité sunnite de langue arabe peut être estimée à 75 p. 100. Il
subsiste, certes, bien des particularismes, avec les mi

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