La Chine communiste et l URSS - article ; n°5 ; vol.29, pg 531-552
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Description

Politique étrangère - Année 1964 - Volume 29 - Numéro 5 - Pages 531-552
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Daniel Kerven
La Chine communiste et l'URSS
In: Politique étrangère N°5-6 - 1964 - 29e année pp. 531-552.
Citer ce document / Cite this document :
Kerven Daniel. La Chine communiste et l'URSS. In: Politique étrangère N°5-6 - 1964 - 29e année pp. 531-552.
doi : 10.3406/polit.1964.2262
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1964_num_29_5_2262LA CHINE COMMUNISTE ET LU.R.S.S.
Ce n'est pas une tâche facile que de suivre l'évolution du
monde communiste et celle-ci ne peut guère être exposée en
éléments simples. Au cours des neuf ou dix dernières années,
nous avons vu des fissures se faire dans ce monde. Il y a eu
d'abord la scission yougoslave, des divergences notables se
sont fait jour dans l'Europe « socialiste » et se sont précisées
peu à peu ; il y a eu un divorce qui a paru avant tout idéolo
gique entre l'Union Soviétique et la Chine ; on a vu des
tendances plus nationales prendre naissance dans un pays
comme la Roumanie, en particulier sur le plan économique ;
des conceptions hardies se sont développées par exemple dans
le parti communiste italien. On pourrait presque dire du
mot « socialisme » ce que Blanqui disait du mot « démoc
ratie », il y a quelque chose comme 90 ans : il disait que
c'était un « mot en caoutchouc ». Le mot « socialisme »
couvre également . diverses réalités.
Tel sera le principal, objet de cet exposé : comment, sous
le couvert d'une doctrine universelle, oecuménique, des
réalités distinctes tendent-elles à se définir ?
Il y a quelques années, certains avaient coutume de pen
ser que la querellé dans le monde communiste revêtait avant
tout un aspect idédlogiquei, ton aspect doctrinal et il est
juste de reconnaître que les discussions quasi théologiques
qui se poursuivaient- dans le cadre du mouvement commun
iste international avaient leur importance. Mais on s'est
aperçu progressivement que la querelle passait du domaine
idéologique au domaine des divergences d'intérêts entre les
Etats. Si ce dernierf asjaect n'est apparu que peu à peu, c'est
parce que le voilei idéologique, répandu comme une fumée 532 DANIEL KERVEN
sur les réalités, empêchait de voir clair. Un moment est
venu tout de même où les principaux Etats intéressés, à com
mencer par l'Union Soviétique et la Chine, ont dû recon
naître officiellement que la discorde avait passé du domaine
des idées au domaine des intérêts d'Etat. Je ne crois pas qu'il
faille s'en étonner. La querelle entre Moscou et Belgrade de
1948 avait d'abord pris une forme idéologique, mais on s'est
bien aperçu après coup qu'il y avait entre les deux capitales
des divergences plus réelles. Sans être marxiste, on peut
d'ailleurs rappeler quelle est, pour les marxistes, leur pro
pre interprétation dans ce domaine : pour eux, l'idéologie
n'est qu'une sorte de superstructure, un reflet de l'infr
astructure économique et sociale, autrement dit un reflet de
la réalité. Marx, dans sa préface à la Critique de l'Economie
Politique, précisait, de façon très nette, que « le mode de
production de la vie matérielle détermine en général les
processus politiques et intellectuels de la vie ». Ainsi donc,
il importait dès le début, du moins comme procédé de recher
che, d'admettre que la discorde idéologique pouvait couvrir
des réalités essentielles en voie de divergence. Les philo
sophes marqueraient la différence en distinguant entre le
(( phénomène » et l'« essence », entre ce qui est représentatif
et symbolique, et ce qui est la réalité. On s'est aperçu par
exemple, et on l'a appris assez tard, qu'il y avait à partir
de 1957-1958 diminution des exportations de produits sid
érurgiques de l'Union Soviétique vers la Chine. On s'est aperçu
que les négociations économiques entre les deux pays deve
naient de plus en plus difficiles et de plus en plus longues,
que les techniciens soviétiques, au mois d'août 1960 avaient
été rappelés de Chine, que la Chine tentait de réorienter son
commerce vers les pays occidentaux ou des pays comme le
Japon. On a vu l'Union Soviétique et la Chine choisir par
exemple une diplomatie différente en ce qui concerne l'Inde
et d'autres pays.
11 est évident que ce ne sont pas là des questions idéolo
giques ; ce sont des questions matérielles, des questions
d'Etat. Nous voici donc dans le vif du sujet. Mais comment CHINE ET URSS 533
poursuivre notre étude ? Dans le passé, lorsque j'examinais
ce problème, je procédais de manière analytique : j'essayais
de définir un certain nombre de données concernant la
Chine : données géographiques, démographiques, économiq
ues, et j'insistais sur l'importance du parti communiste dans
l'Etat parce que c'est une donnée de base quand on étudie
le communisme. Ensuite, j'avais marqué les divergences qui
se faisaient entre l'Union Soviétique et la Chine dans trois
ou quatre domaines importants : leurs conceptions respec
tives en ce qui concerne la coexistence pacifique et le pro
blème de la guerre, la distinction également en ce qui
concerne leur approche différente à l'égard des pays sous-
développés, et enfin la distinction qui apparaissait également
entre eux en ce qui concerne le problème de l'accession au
communisme, ce qu'on appelle les « voies d'accès » au socia
lisme. Je voudrais, cette fois-ci, pour ne pas me répéter,
procéder d'une manière différente, et ordonner mon exposé
autour de trois thèmes principaux dont deux au moins seront
tirés de l'actualité.
La première partie de mon exposé sera d'ordre historique :
quelles sont les véritables origines des divergences sino-
soviétiques ? Puis je traiterai du problème de l'éviction de
Khrouchtchev et des; rapports entre cet événement et îa
querelle idéologique sino-soviétique. Enfin je situerai l'explo
sion atomique chinoise dans le contexte des relations sino-
soviétiques. Je dois signaler à l'avance que, sans forcer mon
sujet, et sans chercher naturellement à défendre une thèse,
je serai contraint de mettre l'accent, pour trouver une suf
fisante explication aux faits, sur certains problèmes propres
à la Chine et à l'Union Soviétique en tant que réalités natio
nales.
* *
Venons-en au premier point : les origines des divergences
sino-soviétiques. Comme vous le savez, la querelle sino-sovié
tique remonte pour le moins, de l'aveu de ces deux pays ;
534 DA.NIEL KERVEN
eux-mêmes, au XXme Congrès du parti Communiste de l'Union
Soviétique, le Congrès de février 1956» Les Chinois ont
révélé en effet, il y a peu de temps d'<aiUejuirs, qu'ils avaient
estimé que les conclusions de ce Congrès: comportaient, à
côté de certains éléments « positifs »;,idîautr6s éléments qu'ils
avaient considérés comme « négatifs ».
On peut aussi déduire de l'attitude actuelle de Pékin à
l'égard de la personne de Staline que c'est la nature même
et le rythme de la déstalinisation que les Chinois ont repro
chés à Moscou. Et ceci nous fait donc remonter déjà au-delà
du XXme congrès. Dans un congrès ultérieur, le XXIF16
congrès, celui de 1961, un fait symbolique s'était produit :
Chou En-lai allait mettre des fleurs sur la tombe de Staline
alors que Khrouchtchev expulsait le même Staline du mausol
ée de la Place Rouge. Il semble bien qu'il faille remonter
au-delà de cette période et se livrer à une analyse sociologique
et historique pour retrouver quelques-uns des éléments
essentiels qui ont constitué plus tard la base des divergences
entre l'Union Soviétique et la Chine.
Le parti communiste chinois, par ses origines mêmes, est
lié de très près à la révolution russe. Son premier congrès a
eu lieu à Shanghaï en 1921. Dans un moment difficile, en
l'année 1928, le congrès du parti a eu lieu à Moscou même.
Le parti communiste russe prend le pouvoir dans les années
1917 et 1918. Le

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