La neutralité des Etats nordiques - article ; n°4 ; vol.3, pg 370-383
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Description

Politique étrangère - Année 1938 - Volume 3 - Numéro 4 - Pages 370-383
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1938
Nombre de lectures 94
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

B. De Quirielle
La neutralité des Etats nordiques
In: Politique étrangère N°4 - 1938 - 3e année pp. 370-383.
Citer ce document / Cite this document :
De Quirielle B. La neutralité des Etats nordiques. In: Politique étrangère N°4 - 1938 - 3e année pp. 370-383.
doi : 10.3406/polit.1938.5677
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1938_num_3_4_5677LA NEUTRALITÉ DES ÉTATS NORDIQUES
La neutralité déclarée à l'avance dans toutes les éventualités avait été
abandonnée après la guerre par les Ëtats nordiques, qui l'avaient remplacée
par la sécurité collective. C'est ainsi que la Norvège dénonça le traité du
2 novembre 1907 par lequel la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne
et la Russie avaient garanti l'intégrité de son territoire. Mais, devant l'im
puissance manifeste de la Société des Nations à réaliser la sécurité et à
amorcer le désarmement, la pensée de la neutralité s'est imposée de plus
en plus aux peuples nordiques, qui ne veulent à aucun prix être entraînés
dans un conflit possible.
La Société des Nations
L'entrée dans la Société des Nations n'avait pas été tout d'abord sans
rencontrer de la résistance, en Suède et en Norvège, de la part de la droite
et des socialistes d'extrême-gauche, et même, en Norvège, l'opposition de
tous les socialistes. Au Storting, M. Hambro, de la droite, qui dernièrement
plaidait pour que son pays n'abandonnât pas Genève, avait alors voté
contre cette adhésion. Les socialistes étaient inspirés par leurs tendances
bolchevisantes, mais les uns et les autres, à droite comme à gauche, cra
ignaient de collaborer à la politique des puissances victorieuses, et de devenir
leur instrument sans être initiés à leurs desseins.
Le rôle eminent qu'ont joué Branting et Nansen à Genève, la sati
sfaction que causait la participation à la grande politique, la possibilité de
faire entendre à un auditoire mondial leurs idées inspirées par un esprit
de pacifisme et de justice, ont fini par rendre la Société des Nations assez
populaire parmi les Scandinaves. Les cercles responsables pensaient alors
que la qualité de membre de la Société des Nations s'opposait à la neutral
ité, au-dessus de laquelle ils mettaient la fidélité à l'institution de Genève.
Ils ont d'ailleurs toujours fait des réserves au sujet des sanctions militaires,
ce qui était justifié vu la faiblesse de leurs armements. Ils se montrèrent
partisans d'une politique forte dans l'affaire du Mandchoukouo et dans LA NEUTRALITÉ DES ÉTATS NORDIQUES 371
celle du Chaco. Ils virent avec surprise les grandes puissances refuser
d'appliquer les sanctions dans les deux cas.
Le Pacte à quatre commença à raviver les méfiances du début. Ce
qu'on a appelé « le front de Stresa » n'a pas été sans influence sur la façon
dont ils se sont détachés de Genève. Dans l'affaire d'Ethiopie, ils ont pris
chaleureusement parti contre l'Italie. Ils exécutèrent les sanctions qui
entraînèrent de réels sacrifices de la part de la Norvège, grand fournisseur
de poisson séché a l'Italie. L'application incomplète des sanctions par les
grandes puissances leur causa une vive irritation. Ils se demandèrent
pourquoi ils seraient les victimes de ces « sanctions à éclipses » et ils expri
mèrent ces sentiments dans la note publiée à Genève, le 10 juillet 1936,
par les anciens neutres, les Scandinaves et la Finlande, les Pays-Bas, la
Suisse et l'Espagne, où ils revendiquaient le droit de décider comment et
quand ils appliqueraient les sanctions. C'était un pas qui les éloignait de
la Société des Nations et les rapprochait de la neutralité.
On en avait déjà parlé à la Conférence interparlementaire nordique en
mai 1936. A la même époque, le leader de la droite suédoise, M. Bagge,
demanda nettement que la Suède quittât la Société des Nations. M. Halv-
dan Koht, ministre des Affaires Etrangères de Norvège, se déclara pour la
révision du Pacte, ne souhaitant pas que son pays s'abstînt de collaborer à
l'œuvre qui se poursuit à Genève : « II s'agit, disait-il, de prévenir la guerre,
mais, pour nous, une fois qu'elle est commencée, de ne pas y être mêlés.
En dehors de cette redoutable éventualité, si la Russie d'une part et l'All
emagne de l'autre réussissaient à former deux blocs adversaires, la Norvège
serait contrainte d'abandonner Genève ». M. Sandier, à l'ouverture du
Riksdag suédois, il y a quelques mois, affirmait n'avoir pas l'idée que son
pays pût quitter la Société des Nations, à condition que la Suède et les
autres petits Etats s'efforcent de réagir contre les tendances visant à faire
de la Société des Nations une sorte d'alliance contre ceux qui n'en sont pas
membres. Avec ces derniers on doit pouvoir trouver des modes de colla
boration, hors du cadre de Genève, « quoique ce cadre soit le meilleur ».
Il réclamait, surtout, qu'on laissât aux Etats membres la liberté de
décision quant aux sanctions économiques ou militaires et au passage des
troupes sur leur territoire. En réalité, ses idées à ce sujet ne sont pas très
claires et n'ont pas contribué à fixer l'opinion.
Après avoir d'abord manifesté très sincèrement et dignement leur
sympathie à l'Ethiopie, les États nordiques ont été plutôt satisfaits que la
faculté leur fût laissée de reconnaître le nouvel empire italien. Plusieurs de
leurs représentants diplomatiques ont déjà remis leurs lettres de créance
au « roi d'Italie et empereur d'Ethiopie ».
Dans l'affaire récente de la neutralité suisse, M. Sandier, qui était rap- LA NEUTRALITÉ DES ÉTATS NORDIQUES 372
porteur, a exposé la situation et donné des conclusions où l'on ne pouvait
distinguer des préoccupations nationales. Mais M. Litvinof, dans son inter
vention, a visé particulièrement la neutralité possible de la Suède en deman
dant que la reconnaissance de la suisse fût formulée de telle
façon qu'elle ne pût servir de précédent à une autre nation.
Pourtant deux des nations Scandinaves ont fait au début de juin des
déclarations au sujet de leur neutralité, la Norvège d'une manière
absolue en se réservant le droit de rester en dehors d'une action décidée
par la Société des Nations, la Suède en revendiquant sa liberté à l'égard
des sanctions et attendant le moment favorable pour faire reconnaître sa
neutralité par les autres puissances.
Le réarmement
Ces États comprennent le danger que l'Allemagne fait courir à leur
indépendance et M. Sandier lui-même a dit que « la politique de la Suède
devait avoir les yeux fixés sur l'Allemagne ».
L'accord naval anglo-allemand de 1935, en livrant la Baltique à l'All
emagne, a réveillé les Scandinaves de leurs rêves pacifistes. Avec quelques
puissantes unités, soit dans les eaux de l'île de Riïgen, soit à la sortie du
Sund ou des Belts, la marine allemande peut fermer complètement la
Baltique. Dès ce moment l'opinion s'est déclarée en faveur d'un réa
rmement en vue de défendre la neutralité.
En Suède, les socialistes, autrefois adversaires des armements, se sont
montrés, autant que les autres, partisans d'une augmentation des forces
militaires, qui avaient été considérablement réduites en 1924.
M. Albin Hansson, le leader socialiste, président du Conseil, autrefois
antimilitariste convaincu quand il croyait que la Suède ne pouvait être
menacée, a marché le premier dans la voie de la remilitarisation. En 1936,
la deuxième, puis la première Chambre adoptaient les recommandations
d'une commission spéciale qui avait étudié les conditions d'un renfo
rcement de la défense. Le budget militaire a atteint, pour 1 938, 1 80 millions
de couronnes, presque 2 milliards de francs, somme élevée pour une
population de 6 millions, et M. Albin Hansson vient de demander encore
70 millions

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