La politique contemporaine des Etats-Unis et l Extrême-Orient - article ; n°2 ; vol.26, pg 93-109
18 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La politique contemporaine des Etats-Unis et l'Extrême-Orient - article ; n°2 ; vol.26, pg 93-109

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
18 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1961 - Volume 26 - Numéro 2 - Pages 93-109
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Baptiste Duroselle
La politique contemporaine des Etats-Unis et l'Extrême-Orient
In: Politique étrangère N°2 - 1961 - 26e année pp. 93-109.
Citer ce document / Cite this document :
Duroselle Jean-Baptiste. La politique contemporaine des Etats-Unis et l'Extrême-Orient. In: Politique étrangère N°2 - 1961 - 26e
année pp. 93-109.
doi : 10.3406/polit.1961.2376
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1961_num_26_2_2376POLITIQUE CONTEMPORAINE LA
DES ÉTATS-UNIS ET L'EXTRÊME-ORIENT
II me semble nécessaire pour faire un exposé de caractère
synthétique sur un sujet aussi vaste, sur lequel les Améric
ains ont publié d'innombrables ouvrages, d'étudier d'abord
«la tradition politique américaine et l'Extrême-Orient», de
façon à pouvoir examiner ensuite comment cette tradition
s'est heurtée au phénomène de la nouvelle répartition du pou
voir dans le monde. Ce phénomène affecte les Etats-Unis par
tout et particulièrement dans l'Est de l'Asie.
La tradition américaine paraît résider essentiellement dans
les quatre points suivants :
1) Les Etats-Unis ont toujours cherché à maintenir un équil
ibre des puissances, une «balance of power», en Extrême-
Orient. Ceci est une idée du professeur Hans Morgenthau.
2) Ils ont toujours recherché 'en Extrême-Orient l'amitié
d'une puissance.
3) Ils ont voulu s'assurer la suprématie dans la partie Est
du Pacifique.
4) Enfin, ils ont essayé de se défendre contre « l'invasion
jaune». On entend par là l'invasion physique d'immigrants
jaunes sur le territoire américain.
Sans doute, Morgenthau, qui est un esprit rigoureux et clair,
a-t-il là procédé par excès d'analogie avec ce qui lui semblait
1) Conférence prononcée au Centre d'Etudes de politique étrangère, le 17 mai 94 J.-B. DUROSELLE
être parallèlement la politique des Etats-Unis en Europe, à
savoir, se montrer, comme l'Angleterre, favorable à l'équilibre
continental, sans intervenir, mais en encourageant tout ce qui
pourrait empêcher une hégémonie quelle qu'elle soit.
Pour l'Extrême-Orient, il est plus difficile de parler d'une
« balance of power » puisque, si nous nous en tenons à ce
qui est situé au Nord-Est de Singapour, n'existent que trois
grandes puissances, réelles ou potentielles : la Russie devenue
soviétique, le Japon et la Chine. Nous constatons d'abord que
la Russie a toujours été considérée avec une certaine hostilité
par les Etats-Unis. Ils n'ont jamais aimé la Russie tsariste ;
ils se sont opposés fermement à l'idée d'Alexandre 1er d'en
voyer les troupes de la Sainte-Alliance en Amérique du Sud.
Ils ont regardé avec suspicion le fait que les Russes avaient
établi une base à Botega-bay dans l'actuelle Californie. Plus
tard ils se sont montrés satisfaits de La révolution de mars 1917.
Pour une courte période, de mars à novembre 1917, le régime
russe leur a plu. Après la révolution bolchevik, ils ont de nou
veau honni un régime qui leur paraissait odieux.
Le Secrétaire d'Etat Lansing disait du régime soviétique,
à propos des négociations menées par William Bullitt, au
début de 1919 : « Je n'admets même pas l'idée que l'on puisse
parler à ces assassins ». Le Président Wilson, d'après les pa
piers de Mantoux, considérait les Bolcheviks comme un rég
ime de bandits. L'opinion américaine ne devait évoluer qu'en
1933 lorsque fut opérée la reconnaissance du gouvernement
soviétique, pour faire pièce au Japon.
La relative idylle dura peu (c'est la période où Joseph Davies
était ambassadeur des Etats-Unis en Russie, jusqu'en 1938).
Les rapports redevinrent très mauvais dans les années 1938
à 1941, puis hésitants, malgré l'alliance, de 1941 à 1945.
On peut donc estimer qu'en Extrême-Orient, les Etats-Unis
n'ont jamais trouvé la possibilité d'entretenir de bonnes rela
tions avec les Russes, qu'ils fussent tsaristes ou qu'ils soient
soviétiques.
Le Japon, lui, était devenu, pendant des dizaines d'années,
« la chose » des Etats-Unis. Le Commodore Perry n'avait-il
pas ouvert le Japon au commerce européen ? Jusqu'en 1898,
jusqu'à l'annexion des Iles Hawaï et des Philippines, les Etals- ET EXTRÊME-ORIENT 95 U.S.A.
Unis restaient amis du Japon et assez indifférents à l'égard
de la Chine.
1898 marque le début d'un revirement qui s'est opéré pro
gressivement : la Chine, et non plus le Japon, va devenir
l'amie des Etats-Unis en Extrême-Orient. Lorsque l'on voulut
mettre fin à la guerre sino- japonaise, l'on s'adressa aux Etats-
Unis : ils servirent de médiateurs, et le traité de Paix sera
signé à Portsmouth. En 1907 encore, le futur secrétaire d'Etat
Bryan, hostile aux boissons alcooliques, portait un toast « à
l'eau» en l'honneur de la victoire japonaise remportée sur les
Russes. . \ , ;-;'#§|
En 1913, par contre, Bryan devenu secrétaire d'Etat déclar
ait, après Wilson, que le grand ami des Etats-Unis, en Ex
trême-Orient, était la Chine. Les deux hommes saluaient l'av
ènement de la République chinoise.
Pendant la première guerre mondiale, le Traité des 21
demandes (janvier 1915) entre le Japon et la Chine, fut consi
déré par les dirigeants américains comme un désastre ; ils
essayèrent d'en corriger les effets par la déclaration Lansing-
Ishii de 1917.
A l'heure du Traité de Versailles, un cas de conscience se
posait à Wilson ; il devait choisir entre la signature du Traité
(qui comportait le Pacte de la S.D.N.) par le Japon, ou la non-
signature par le Japon et la décision de remettre à la Chine
— et non au Japon — les anciennes possessions allemandes
et les droits allemands du Chantoung.
Wilson considérait la Société des Nations comme une valeur
suprême. Pour que le Japon acceptât d'y entrer, il leur céda
le Chantoung, ce qui entraîna la non-signature par la Chine
du Traité de Versailles.
La réaction de l'opinion fut immédiate ; les amendements
proposés par Henry Cabot Lodge, soumis au vote du Sénat, en
novembre 1919 et mars 1920, réclamaient que ce fût à la Chine,
et non au Japon que l'on rétrocédât les droits allemands sur
le Chantoung.
A dater de 1920, les Etats-Unis considéreront le Japon com
me l'ennemi potentiel. L'argument offert par les « navalistes »
favorables aux crédits navals, en 1920, était : « Nous devons 96 J.-B. DUROSELLE
avoir une forte marine à cause du Japon » . Or, d'après les
plans de 1921, les Etats-Unis compteraient approximativement
35 navires de bataille en 1926/1927, et le Japon, 25. Autrement
dit, l'équilibre entre les deux pays, dans le Pacifique, était
compromis dans la mesure où les Etats-Unis se trouvaient
obligés de maintenir une partie de leur flotte dans l'Atlanti
que.
D'où la décision d'un des plus habiles secrétaires d'Etat
américains, Charles Evans Hughes, de convoquer une confé
rence sur le désarmement naval. Le Cabinet noir du State
Department déchiffrait les codes japonais, ce qui permettait
aux Américains de connaître les positions et informations ja
ponaises J Loin d'avoir l'appui des Britanniques comme ils
l'avaient espéré, les Japonais se rendirent compte finie les
Etats-Unis en bénéficieraient et qu'un système de parité na
vale serait établi entre les deux pays anglo-saxons. On admit
alors un coefficient des 3/5 pour la flotte japonaise de cui
rassés par rapport à celle des Etats-Unis, en échange de quoi
les Etats-Unis acceptaient de renoncer à compléter leurs for
tifications dans les îles du Pacifique. Le Japon, qui avait for
tifié les anciennes îles allemandes, alors que les Etats-Unis
avaient peu fortifié leurs archipels, notamment les Hawaï, se
trouvait dans une position relativement confortable, malgré
la différence des flottes.
Les Etats-Unis obligèrent le Japon à signer, avec la Chine,
un traité bilatéral (février 1922), négocié pendant la Confé
rence de Washington, qui aboutit 

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents