La politique des Etats-Unis face aux problèmes de l'Afrique australe - article ; n°1 ; vol.44, pg 109-126

William J.Foltz

Description

Politique étrangère - Année 1979 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 109-126
United States Policy Perspectives on Africa and the Southern African Conflicts, by William J. Foltz
After years of indifference, the United States are now considering the African issues and particularly the Southern African. Different trends may influence US policy toward Africa. Among them are two major directions: regionalist perspectives, which prevail in the present Administration, stress the importance of black nationalism and leave the East/West conflicts into the background; and globalist perspectives, which rather take account of the problem of power relationship between the US and the Soviet Union. The weight of the economists and of the army is weak. The decision makers cannot ignore the American public opinion, which is rooted in old racial stereotypes and follows opinion leaders. In the future, the United States will have to adapt their African policy to the ineluctable development of Southern Africa and to try to harmonize their views with those of the other Western Nations.
La politique des Etats-Unis face aux problèmes de l'Afrique Australe par William J. Foltz
Après de longues années de désintérêt, les Américains se penchent aujourd'hui sur les problèmes de l'Afrique, et de Afrique Australe en particulier. Leur politique est influencée par divers courants, dont les deux plus puissants sont le courant régionaliste, qui prévaut dans l'Administration actuelle, et insiste sur l'importance du nationalisme noir, mettant au second plan le conflit Est/Ouest, et le courant globaliste, plus orienté sur la lutte d'influence avec l'Union Soviétique. Le poids des économistes et des militaires est faible. L'opinion publique américaine, fondée sur de vieux clichés plus ou moins racistes et sur les avis des leaders, ne peut être ignorée par les dirigeants. Dans l'avenir, les Américains devront adapter leur politique africaine à l'évolution inéluctable de l'Afrique Australe, et tenter d'harmoniser leur point de vue avec celui des autres Nations occidentales.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: POLITIQUE_ETRANGERE
• Publié le: 01 janvier 1979
• Nombre de lectures: 43
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

William J. Foltz
La politique des Etats-Unis face aux problèmes de l'Afrique
australe
In: Politique étrangère N°1 - 1979 - 44e année pp. 109-126.
Abstract
United States Policy Perspectives on Africa and the Southern African Conflicts, by William J. Foltz
After years of indifference, the United States are now considering the African issues and particularly the Southern African.
Different trends may influence US policy toward Africa. Among them are two major directions: regionalist perspectives, which
prevail in the present Administration, stress the importance of black nationalism and leave the East/West conflicts into the
background; and globalist perspectives, which rather take account of the problem of power relationship between the US and the
Soviet Union. The weight of the economists and of the army is weak. The decision makers cannot ignore the American public
opinion, which is rooted in old racial stereotypes and follows opinion leaders. In the future, the United States will have to adapt
their African policy to the ineluctable development of Southern Africa and to try to harmonize their views with those of the other
Western Nations.
Résumé
La politique des Etats-Unis face aux problèmes de l'Afrique Australe par William J. Foltz
Après de longues années de désintérêt, les Américains se penchent aujourd'hui sur les problèmes de l'Afrique, et de Afrique
Australe en particulier. Leur politique est influencée par divers courants, dont les deux plus puissants sont le courant régionaliste,
qui prévaut dans l'Administration actuelle, et insiste sur l'importance du nationalisme noir, mettant au second plan le conflit
Est/Ouest, et le courant globaliste, plus orienté sur la lutte d'influence avec l'Union Soviétique. Le poids des économistes et des
militaires est faible. L'opinion publique américaine, fondée sur de vieux clichés plus ou moins racistes et sur les avis des leaders,
ne peut être ignorée par les dirigeants. Dans l'avenir, les Américains devront adapter leur politique africaine à l'évolution
inéluctable de l'Afrique Australe, et tenter d'harmoniser leur point de vue avec celui des autres Nations occidentales.
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Foltz William J. La politique des Etats-Unis face aux problèmes de l'Afrique australe. In: Politique étrangère N°1 - 1979 - 44e
année pp. 109-126.
doi : 10.3406/polit.1979.1592
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1979_num_44_1_1592POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 109
LA POLITIQUE DES ÉTATS-UNIS
FACE AUX PROBLÈMES William J. FOLTZ
DE L'AFRIQUE AUSTRALE
Après que les Américains aient participé, aux côtés des Anglais,
à la lutte contre les tanks de Rommel dans le désert de Libye,
l'Afrique n'éveillait plus aux Etats-Unis qu'une « indifférence
indulgente » que même l'engagement de Kennedy lors de la tourmente
politique du Congo n'avait pas su modifier.
Or depuis près de trois ans, l'Afrique suscite un intérêt nouveau aux
Etats-Unis, et a aujourd'hui pris la place qu'occupait naguère le
Vietnam dans les préoccupations des Américains vis-à-vis du Tiers-
Monde.
Ce regain d'attention est dû aux événements survenus en Afrique même,
mais aussi ailleurs dans le monde. Aucune Administration ne pouvant
se permettre de les ignorer, il a bien fallu leur apporter une réponse.
Celle-ci a été dictée par des forces puissantes, parfois conflictuelles,
nées d'une part de la société américaine, d'autre part de l'Administ
ration Carter. Avant d'étudier ce que pourra être dans les années à
venir la politique américaine en Afrique, et en particulier en Afrique du
Sud, il convient d'analyser les différents courants politiques qui se font
jour au sein de l'exécutif, et la façon dont ils se conjuguent aux mouve
ments de l'opinion publique.
La politique africaine prend place dans un débat qui dépasse le cadre
du seul continent africain. Pour la majorité des Américains, y compris
au niveau de ceux qui exercent des responsabilités dans la politique
étrangère, l'Afrique n'a jamais eu qu'un intérêt marginal, et ne bénéf
icie d'aucune tradition d'opposition. De ce fait, il n'y a pas de ligne
continue dans le débat, qui a consisté en une série d'escarmouches,
provoquées par des événements conjoncturels, en particulier le calen
drier législatif du Congrès. Ainsi l'ombre grandissante de la campagne
* Directeur de projet au Council on Foreign Relations, New York. 110 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
présidentielle de 1980 amène-t-elle les « prétendants » à se pencher
sur les questions susceptibles de rallier certains secteurs clés de
l'électorat.
Aucun débat portant sur une région particulière ne peut être dissocié
du contexte plus vaste dans lequel s'inscrit la politique étrangère des
Etats-Unis et leur position dans le monde. Un certain nombre de
tendances à long terme joue un rôle dont les responsables ne sentent
pas toujours le poids. Parmi elles, on peut citer :
— le déclin de la puissance économique et politique des Etats-Unis
face à d'autres acteurs tels que l'Europe Occidentale, les nations
exportatrices de pétrole, et même, à bien des égards, le Tiers-Monde
dans son ensemble. Il y a peu de grands problèmes que les Etats-Unis
soient désormais à même de régler seuls ;
— le potentiel militaire dont l'Union Soviétique pourrait disposer pour
jouer un rôle déterminant dans les conflits du Tiers-Monde à condition
toutefois de ne pas être confrontés à des forces très sophistiquées ;
— la fin de la guerre froide, durant laquelle Libéraux et Conservateurs
s'étaient retrouvés, dans un même réflexe d' anti-communisme viscéral ;
— les liens de plus en plus étroits qui unissent les politiques intérieure
et extérieure : les positions idéologiques prises sur les questions
nationales rejaillissent de plus en plus sur les questions de politique
étrangère ;
— le poids accru du Congrès dans l'élaboration et la mise en œuvre
de la politique étrangère : 67 commissions, composées de spécialistes,
tentent d'influencer la politique extérieure ;
— l'accès de Noirs de plus en plus nombreux à des postes de respons
abilité dans le secteur privé et surtout dans le secteur public, et la
prise en compte de la puissance de l'électorat noir.
Tous ces différents facteurs influencent le débat sur la politique afr
icaine des Etats-Unis.
Les années du changement
Entre 1973 et 1976, les événements qui ont bouleversé l'Afrique, et en
particulier l'Afrique Australe, ont contraint les Américains à reconsi
dérer leur politique. C'est en 1973 que le Nigeria est devenu le principal
partenaire commercial des Etats-Unis en Afrique, dépassant l'Afrique
du Sud : il devient le second fournisseur de pétrole des Etats-Unis,
et continue d'ailleurs les approvisionnements, au moment où le boycott
arabe montre à l'opinion publique américaine l'influence des questions
internationales sur la vie quotidienne. En 1974, le coup d'Etat au USA ET AFRIQUE AUSTRALE I 111
Portugal détruit un des postulats sur lesquels s'appuyait jusqu'alors
la politique suivie — définie en 1969 dans le memorandum 39 d'Henry
Kissinger sur l'étude de la sécurité nationale — à savoir que le pouvoir
blanc en Afrique était inamovible. Les leaders qui ont pris le
en Angola et au Mozambique n'étaient pas des inconnus pour les
responsables américains, à qui on avait interdit même de prendre
contact avec eux, et a fortiori de les aider, de crainte de mécontenter
les Portugais — dont la coopération pour la base des Açores primait
toute considération à long terme concernant l'Afrique.
En 1975 et 1976, la guerre civile en Angola fut un échec pour les Etats-
Unis, et fit comprendre aux politiciens américains que l'Afrique Noire,
et en particulier le Nigeria, ne pourrait admettre aucune action entre
prise de concert avec l'Afrique du Sud. Ainsi, avant même d'avoir été
rejetée par le Congrès, une politique élaborée sans consensus de
l'Afrique Noire s'effrondrait. Même la présence de 20 000 Cubains en
Angola ne suffisait pas à amener le peuple américain ou le Congrès
à soutenir une intervention directe des Etats-Unis.
Les deux principaux bastio