La politique extérieure du Canada - article ; n°5 ; vol.15, pg 563-582
21 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La politique extérieure du Canada - article ; n°5 ; vol.15, pg 563-582

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
21 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1950 - Volume 15 - Numéro 5 - Pages 563-582
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Patricia van der Esch
La politique extérieure du Canada
In: Politique étrangère N°5-6 - 1950 - 15e année pp. 563-582.
Citer ce document / Cite this document :
van der Esch Patricia. La politique extérieure du Canada. In: Politique étrangère N°5-6 - 1950 - 15e année pp. 563-582.
doi : 10.3406/polit.1950.2746
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1950_num_15_5_2746LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DU CANADA
Ce n'est que depuis dix ans qu'on peut parler d'une politique étrangère
canadienne autonçme. Quand le premier ambassadeur canadien fut envoyé
à Washington, le 1 1 novembre 1943, le Premier ministre, Mackenzie King,
vit dans cet événement «le signe de l'avènement du Canada parmi les
grandes puissances mondiales » (I).
La politique étrangère du Canada, qu'est en train de tracer sa nouvelle
diplomatie — indépendante du Foreign Office et responsable seulement
devant le ministre des Affaires étrangères d'Ottawa, — est conditionnée
par les mêmes facteurs historiques, économiques et culturels qui ont forgé
la nation canadienne.
Le premier principe est qu'elle doit être approuvée par la majorité du
peuple canadien (2). Cela paraît aller de soi ; mais, en fait, ce principe n'est
pas d'une application facile dans un pays caractérisé par une telle diversité
géographique, linguistique et religieuse.
Le deuxième principe est que le Canada doit s'unir aux autres nations
pour défendre ces libertés politiques qui, sous l'influence britannique,
ont poussé dans le pays de si profondes racines. Le Canada considérera
toujours toute atteinte à ces libertés sur le continent européen comme une
atteinte à son propre mode de vie.
En troisième lieu, la politique extérieure canadienne est fondée stir le
respect de la loi internationale et la volonté d'accepter des responsabilités
internationales. Elle vise également à affirmer, dans toute la mesure du
possible, l'individualité canadienne dans les affaires internationales.
Depuis que le Canada est devenu la deuxième nation exportatrice du
(1) Cité par SkillinG H.-Gm Canadian Representation Abroad, Humphries, Boston, p. 256.
(2) Saint-Laurent Louis, Les bases de la politique canadienne datv les affaires intematfûtutlu.
University of Toronto Press, 1947, p. 23-25. 564 PATRICIA VAN DER ESCH
monde (3), il lui faut défendre ses intérêts économiques sur le marché
mondial. Son excédent de production de blé, viande, métaux et bois rend
l'économie du pays extrêmement sensible à la conjoncture internationale.
Le Canada, qui ne compte que douze millions d'habitants, dépend aussi
dans une large mesure des relations entre grandes puissances. Sa position
de champ de bataille éventuel entre les États-Unis et l'Union soviétique
le rend particulièrement soucieux des grands problèmes qui se posent entre
l'Est et l'Ouest. C'est pourquoi un autre impératif de la politique extérieure
canadienne est la nécessité de travailler au sein des Nations Unies et de
toutes les organisations internationales en faveur de la paix et de la collabo
ration internationale.
/. — La diplomatie canadienne.
Avant la naissance de la Confédération canadienne en 1867, les colonies
anglaises d'Amérique du Nord cherchaient par-dessus tout à faciliter
l'afflux d'immigrants afin de rendre le pays plus fort et plus prospère. Les
agences d'immigration furent donc la première forme de représentation
canadienne à l'étranger. C'est en 1866, à Liverpool, que fut envoyé le
premier de ces agents et, deux ans plus tard, une agence des dominions fut
établie à Londres (4). Un autre agent fut envoyé à Anvers en 1869, mais il
fut rappelé peu après, à la suite de la guerre franco-prussienne. Le premier
représentant canadien en France arriva à Paris en 1872. Trois ans plus
tard, deux autres agents canadiens étaient envoyés aux États-Unis.
Tandis que ces agences ne cessaient de se développer aux États-Unis
et en Grande-Bretagne, les représentants de la jeune nation canadienne se
heurtaient à un accueil hostile sur le continent européen. Ne jouissant
d'aucun statut diplomatique ni consulaire, les agents d'immigration se
virent nier le droit de faire de la propagande autre part qu'en France et en
Belgique.
L'évolution vers une condition plus indépendante se manifesta tout
d'abord en matière commerciale, au fur et à mesure que les agents d'immig
ration assumaient les responsabilités des consuls. Devenu un grand pays
exportateur, le Canada ne chercha plus tellement a se procurer des immig
rants, comme au XIXe siècle, mais à conquérir des débouchés pour écouler
ses excédents de production, tâche malaisée pour des agents britanniques.
(3) Chardonnet Jean, Les Conséquences économiques de la guerre (1939-1946), Hachette, Paris,
1947, p. 114. Le volume du commerce extérieur du Canada a augmenté dé 300 p. 100 entre 1939
et 1945.
(4)Skillinc, op. cit., p. 1-2. POLITIQUE EXTÉRIEURE DU CANADA 565
En 1907, l'Office canadien du commerce fut transformé en ministère, avec
pour mission d'encourager le et les échanges.
Le gouvernement britannique avait déjà accordé aux Canadiens des
pouvoirs plénipotentiaires et la faculté de négocier des traités dans les
affaires qui les touchaient directement : le traité sur les frontières de
l'Orégon (1846) ; le traité de Washington (1871), qui suivit la guerre civile
américaine et le règlement du conflit sur les frontières de l'Alaska. Dans
chacune de ces occasions, cependant, les Canadiens eurent l'impression
que leurs intérêts avaient été sacrifiés ; ainsi les deux représentants cana
diens refusèrent de signer l'accord sur les frontières de l'Alaska, mais ils
furent mis en minorité par le négociateur anglais et les deux négociateurs
américains.
Au début du XXe siècle, le peuple canadien eut à choisir entre poursuivre
en accord avec l'Angleterre une politique étrangère impériale et adopter
une politique étrangère indépendante. Les conservateurs estimaient que le
système des Conférences impériales (5) était suffisant et que la création
d'un ministère des Affaires étrangères constituait pour le Canada un luxe
inutile. Ils allaient jusqu'à soutenir qu'un fonctionnaire du Conseil privé
chargé de la correspondance avec l'Empire et l'étranger suffisait à expédier
toute la politique étrangère du Canada (6)! La majorité libérale souhaitait
étendre progressivement jusqu'au domaine de la politique étrangère l'ind
épendance canadienne. Les représentants canadiens s'opposèrent toujours
à ce que la Conférence impériale devînt un organisme permanent. Ils
craignaient, en effet, que la Grande-Bretagne ne voulût avoir sur lui la haute
main, surtout après que M. Asquith eut clairement laissé entendre que la
métropole n'avait pas l'intention de partager avec les Dominions le contrôle
de la politique étrangère.
Le ministère canadien des Affaires étrangères fut finalement créé en 1909,
sous le gouvernement libéral de sir Wilfrid Laurier. L'agence de Paris
fut la première à tomber sous sa juridiction le 1er janvier 1913. Avant cette
date, le Canada n'avait pas de représentants diplomatiques permanents à
l'étranger, à l'exception d'un « Jjaut commissaire » à Londres, dont le
poste avait été créé dès 1880. Cependant, ce n'est qu'en 1919, à la Confé
rence de la paix, que le Canada établit son droit à être traité comme une
nation distincte au sein de la communauté internationale en signant de son
propre nom le traité de Versailles, bien que, même à ce moment, son ministère
(5) Six conférences impériales ont eu lieu avant 1914: en 1887, 1894, 1897, 1902, 1907
et 1911.
(6) Fraser Blair, Our Diplomats at Work (pamphlet), C. 1. 1. A., Toronto, 1945, p. 566 PATRICIA VAN DER ESCH
des Affaires étrangères ne comptÂt que trois fonctionnaires (7) ! A noter
encore que sa délégation à la Société des Nations fut nommée par le gou
verneur du Conseil à Ottawa, et non par le roi.
Ce n'est qu'en 1927 que s'ouvrit à Washington une légation cana
dienne

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents