La recherche opérationnelle appliquée aux problèmes stratégiques - article ; n°3 ; vol.26, pg 197-213
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Description

Politique étrangère - Année 1961 - Volume 26 - Numéro 3 - Pages 197-213
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Charles Salzmann
La recherche opérationnelle appliquée aux problèmes
stratégiques
In: Politique étrangère N°3 - 1961 - 26e année pp. 197-213.
Citer ce document / Cite this document :
Salzmann Charles. La recherche opérationnelle appliquée aux problèmes stratégiques. In: Politique étrangère N°3 - 1961 - 26e
année pp. 197-213.
doi : 10.3406/polit.1961.2371
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1961_num_26_3_2371LA RECHERCHE OPÉRATIONNELLE
APPLIQUÉE AUX PROBLÈMES STRATÉGIQUES
La recherche opérationnelle a maintenant plus de vingt ans.
Elle est née de l'inquiétude qui précéda la deuxième guerre
mondiale ; elle s'est développée considérablement entre 1939
et 1945. Plusieurs centaines et même des milliers de scientifi
ques, d'ingénieurs, ont été arrachés à leurs laboratoires et,
au lieu de participer à l'effort de guerre dans leur position
d'officiers de réserve, ils ont « sur le tas » forgé les outils et
les concepts de la recherche opérationnelle en appliquant les
méthodes scientifiques d'analyse aux problèmes qui se posaient
alors aux commandements opérationnels.
Je n'ai pas l'intention de faire un historique de la recherche
opérationnelle ; je voudrais simplement, avant d'abandonner
le passé, rappeler une phrase qui se trouve dans une lettre
adressée par le général Pile aux Universités anglaises, pour
demander des hommes de sciences « capables de comprendre
rapidement des problèmes complexes et de les trouver sim
ples ».
Si on essaye actuellement de mettre un peu d'ordre dans les
publications de recherche opérationnelle (il y a maintenant
plus de 8.000 ouvrages, articles, rapports qui consignent les
résultats d'études de recherche opérationnelle) on peut faire
la distinction fondamentale suivante : une première catégorie
d'études a trait au meilleur emploi d'armements existants, et
une deuxième au choix des caractéristiques de systèmes d'ar
mes futures, ou au de politiques de défense. Faute d'une
meilleure expression, j'appellerai la première catégorie : Pro- CHARLES SALZMANN 198
blêmes du niveau tactique, et la deuxième catégorie : Problè
mes du niveau stratégique.
Je passerai très rapidement sur les problèmes tactiques, un
iquement afin de montrer ce que ne sont pas les études straté
giques.
Exemples d'études tactiques :
1. — Etudes sur les Kamikazes : Nous avons choisi de citer
ici cette application de la recherche opérationnelle parce que
les résultats trouvés par le groupe de. recherche opérationnelle, inattendus, n'auraient pu être établis autrement que
par une analyse quantitative des données. Lorsque les Japo-
mais lancèrent des attaques d'avions suicides Kamikaze, contre
les navires alliés durant les derniers mois de la guerre du Pa
cifique, la question suivante fut posée : « Le navire attaqué
doit-il effectuer une manœuvre brutale pour éviter le Kamikaz
e, ou bien au contraire doit-il poursuivre sa route afin de ne
pas perturber le tir de ses armes anti-aériennes ? »
Le groupe de recherche opérationnelle étudia les résultats
de 477 attaques dont 172 coups au but qui entraînèrent la per
te de 27 navires. Par l'analyse de ces données numériques, le
groupe arriva à la conclusion que les navires de gros tonnage
ne devaient modifier leur course que graduellement. Ces r
ecommandations furent mises en application, et parmi les na
vires qui les suivirent on enregistra seulement 29 % de coups
au but, chiffre qui atteignit 47 % pour les navires qui ne suivi
rent pas ces recommandations.
2. — Etude sur l'emploi des engins de défense anti-aérien
ne : Soit des engins de caractéristiques connues. Il s'agit de
savoir suivant quelle procédure les tirer, coup par coup, ou sal
ve par salve, selon les de l'attaque incidente,
la nature des avions qui se présentent, leur vitesse, leur con
figuration, ainsi que la nature, dimension et vulnérabilité des
objectifs à défendre.
Présentement, plus de la moitié des études de recherche opé
rationnelle militaire qui se font de façon courante sont des
études tactiques. Néanmoins, ce n'est pas là mon sujet. Il s'agit
au contraire de problèmes stratégiques, c'est-à-dire de pro- RECHERCHE OPERATIONNELLE 199
blêmes qui ont trait au choix des meilleures caractéristiques
de systèmes d'armes futures pour les problèmes stratégiques
militaires, et aux grands problèmes de défense qui font inter
venir leurs aspects économiques, psychologiques et autres.
Auparavant, il y a une idée que j'essaierai d'expliciter : je
souhaiterais montrer à quel point le progrès technologique a
rendu difficile la tâche des chefs responsables et nécessaire
la recherche opérationnelle. Là, en effet, réside la cause fon
damentale de la naissance, du développement et de l'emploi
de la recherche opérationelle.
Le progrès technologique : Le progrès scientifique et techni
que croît de façon exponentielle. Il a fallu plusieurs centaines
de milliers d'années pour que la vitesse de déplacement de
l'homme passe de celle correspondant à la course à pied à celle
du cheval au galop ; ensuite, il a fallu quelques milliers d'an
nées pour passer de la vitesse du cheval au galop à, disons,
cent kilomètres à l'heure. Il n'a plus fallu que cinquante ans
pour atteindre la vitesse sonique et, enfin à peine quelques
années ont suffi pour que l'on parle et que l'on pratique des
vitesses de l'ordre de cinquante mille kilomètres à l'heure.
Quelques autres indices suffiront à souligner l'accélération
exponentielle du progrès technologique et son ampleur. No
tons d'abord la prolifération des publications et de la docu
mentation scientifique (Figure 1) (1) dont la quantité, depuis le
18e siècle, double tous les quinze ans. Ainsi, en 1800, on ne
publiait pas plus d'une centaine de journaux et revues scientifi
ques dans le monde. Il y en a plus de cent mille aujourd'hui. A
ce propos signalons qu'il existe à Moscou un centre qui emploie
plusieurs milliers de personnes et dont le seul rôle est de lire
ces cent mille revues, de les collationner, d'en extraire le suc
puis d'en alimenter les centres de recherches soviétiques.
Le nombre de revues bibliographiques est lui-même passé
de cinq en 1850 — Comptes rendus des diverses Académies
des Sciences — à un peu moins de mille actuellement.
Parallèlement à cette accumulation de connaissances humain
es, la recherche se développe dans tous les grands pays à un
taux lui aussi exponentiel.
(1) D.J. Price € The Exponential Curve of Science » Discovery, vol. 17, p. 24*. 200 CHARLES SALZMANN
A titre indicatif, considérons la figure 2 (2). Sur ce graphique
est porté l'accroissement du coût total des recherches aux
Nombre
de revues
Années
Figure 1
Journaux et revues scientifiques. Revues bibliographiques scientifiques
Milliards
15
Années os
Figure 2
Montant des dépenses de recherche aux U.S.A.
(2) Dr. Ellis A. Johnson and Dr. Herbert E. Striner, «The Quantitative Effect of
Research in National Economic Growth » (2: Congrès International de R.O., Aix-
en-Provence, septembre I960). RECHERCHE OPÉRATIONNELLE 201
Etats-Unis de 1910 à 1960 : on est frappé par son importance.
Qui dit recherches dit découvertes et, par suite, exploitation
de ces découvertes. Cette exploitation ne pouvant bien évidem
ment se faire sans les hommes, on assiste également à un ac
croissement considérable du nombre de scientifiques et d'in
génieurs dans les pays fortement industrialisés.
Ainsi, aux Etats-Unis (figure 3) (3) on assiste tous les dix ans
au dédoublement du nombre des ingénieurs et des scientifiques.
Milliards
1.500
1.000
500 =
Années S
Figure 3
Ingénieurs et Scientifiques
En URSS, il y aura en 1965 plus d'un million et demi -d'i
ngénieurs et de scientifiques ; en 1975, leur nombre sera supé
rieur à deux millions.
Si l'on fait le total de tous les hommes de science qui ont
existé depuis l'origine des temps et qui sont morts aujourd'hui
ce nombre est inférieur à celui des hommes de science vivant
et produisant à l'heure actuelle.
Cette poussée du pr

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