La révolution chinoise et l Asie du Sud-Est - article ; n°2 ; vol.28, pg 141-151
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La révolution chinoise et l'Asie du Sud-Est - article ; n°2 ; vol.28, pg 141-151

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Description

Politique étrangère - Année 1963 - Volume 28 - Numéro 2 - Pages 141-151
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 22
Langue Français

Extrait

Victor Purcell
La révolution chinoise et l'Asie du Sud-Est
In: Politique étrangère N°2 - 1963 - 28e année pp. 141-151.
Citer ce document / Cite this document :
Purcell Victor. La révolution chinoise et l'Asie du Sud-Est. In: Politique étrangère N°2 - 1963 - 28e année pp. 141-151.
doi : 10.3406/polit.1963.2311
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1963_num_28_2_2311RÉVOLUTION CHINOISE LA
ET L'ASIE DU SUD-EST
Ce ne fut qu'à partir de l'arrivée au pouvoir du Kouo-min
tang, c'est-à-dire après 1926, que la Révolution chinoise com
mença à faire sentir ses effets dans l'Asie du Sud-Est, bien que
Sun Yat-sen ait trouvé chez les Chinois d'Outre-mer un import
ant soutien financier et moral. Le parti communiste chinois
avait de son côté, peu après sa formation en 1921, exercé
quelque activité en Asie du Sud-Est, mais son influence, jus
qu'à 1941, date de l'ouverture des hostilités avec le Japon, fut
moins forte que celle du Kouo-min tang. Mon expérience per
sonnelle (de 1921 à 1946 j'étais officier d'immigration en Malai-
sie) me permit de constater que la politique du Kouo-min tang
était une source de préoccupation continuelle pour les gouver
nements des pays d'Asie du Sud-Est : En effet le Kouo-min
tang mettait l'accent sur le nationalisme ; les « Trois Princi
pes » de Sun Yat-sen étaient la charte de la République chi
noise. La loi chinoise sur la nationalité décrétait que tous les
descendants mâles d'un Chinois étaient pour l'éternité des
ressortissants chinois. La loi prévoyait bien qu'un Chinois pouv
ait renoncer à sa nationalité, mais la chose était pratique
ment impossible, les fonctionnaires chinois n'accomplissant
jamais les formalités nécessaires pour déposséder le requérant
de sa nationalité.
Cette loi chinoise sur la nationalité était parfois en contra
diction avec celles des pays voisins. Un Chinois né à Singapour,
Penang ou Malacca, était considéré par l'administration comme
un sujet britannique, mais il restait Chinois d'après la loi du
Kouo-min tang. Les consuls chinois dans les principales villes
de l'Asie du Sud-Est délivraient des passeports à tous les
Chinois qui s'adressaient à eux sans tenir compte de la double VICTOR PURCELL 142
nationalité. Et les missions commerciales, culturelles ou autres
venant de Chine, traitaient les Chinois d'Outre-mer comme s'ils
étaient tous sans- exception des nationaux chinois ; leurs inter
ventions, notamment dans le domaine de l'éducation, susci
taient partout des protestations par la voie diplomatique : dans
les colonies anglaises, françaises, hollandaises, américaines,
ainsi qu'au Siam. Le gouvernement de Nankin n'en continuait
pas moins sa politique nationaliste. C'est ainsi que pour servir
cette politique, le Kouo-min tang utilisait le mandarin au lieu
de la langue chinoise littéraire pour les. livres de classe des
écoles chinoises en Asie du Sud-Est. La plupart de ces livres
étaient anti-anglais, anti-hollandais et anti-français ; ils étaient
considérés comme subversifs et par conséquent interdits.
Le parti communiste chinois et le Kouo-min tang furent
longtemps ennemis, mais après les incidents de Sian de décem
bre 1936, ils se rapprochèrent pour former un front anti-japo
nais — qui en fait ne fut qu'une neutralité armée. Après la
défaite japonaise en 1945, le Kouo-min tang s'efforça de r
eprendre vis-à-vis des Chinois d'Outre-mer sa politique d'avant-
guerre. Mais d'une part, son pouvoir était sérieusement mis en
cause sur le continent par les communistes, et d'autre part, les
vieux dirigeants du Kouo-min tang s'étaient discrédités par
leur collaboration, volontaire ou forcée, avec les Japonais pen
dant l'occupation. Les communistes chinois redoublèrent d'ef
forts dans cette région, ce qui était un obstacle de plus au
succès du Kouo-min tang.
La victoire communiste en Chine, en 1949, eut parmi les
Chinois d'Outre-mer de très importantes répercussions. Il est
certain que beaucoup d'entre eux, quelque qu'ait été leur posi
tion politique, se réjouirent de voir que la Chine redevenait
une grande puissance. Cependant, nombre d'entre eux avaient
des parents en Chine auxquels ils envoyaient des fonds et ces
parents devaient, en qualité de « bourgeois capitalistes »,
souffrir des conséquences de la Révolution, bien que le Gou
vernement Populaire ait fini par accorder un traitement préfé
rentiel aux familles des Chinois d'Outre-mer — ceci afin de
continuer à recevoir de précieuses devises étrangères. Les Chi
nois d'Outre-mer, lorsqu'ils eurent connaissance des souffran
ces endurées par leurs familles, furent moins enthousiastes ET ASIE DU SUD-EST 143 CHINE
vis-à-vis de la Révolution. Les gouvernements de l'Asie du
Sud-Est devenus indépendants commencèrent peu à peu à
contrôler, puis à diminuer, et dans certains cas à arrêter tota
lement les envois de fonds à destination de la Chine. Dans
l'ensemble, les Chinois d'Outre-mer, sauf ceux qui étaient off
iciellement communistes, prirent bien soin de n'offenser ni le
gouvernement populaire, ni les gouvernements des pays dans
lesquels ils travaillaient, soit comme chefs d'entreprise, soit
comme travailleurs manuels, dans un cadre capitaliste, dont
ils devaient s'accommoder, de même qu'ils devaient s'accom
moder des communautés indigènes parmi lesquelles ils vivaient.
Cependant le gouvernement chinois, ayant à l'esprit les fautes
commises par le Kouo-min tang et s'efforçant de ne pas les
renouveler, cherchait à appliquer une nouvelle politique aux
Chinois d'Outre-mer. Le communisme considérant par défini
tion que toutes les races sont égales, le Gouvernement Popul
aire, tout en encourageant le développement du communisme
dans le Sud-Est asiatique, était soucieux de ne pas exiger un
traitement préférentiel en faveur des Chinois d'Outre-mer, pro
tégés rappelons-le par la constitution chinoise de 1949. Le
gouvernement chinois commit cependant une grosse erreur en
soutenant l'insurrection communiste en Malaisie. Cette insur
rection fut déclenchée par le parti communiste malais, presque
entièrement composé de Chinois qui formaient également la
presque totalité des quelques milliers de guérilleros combattant
dans la jungle malaise. Le parti communiste malais représent
ait les guerillas comme une armée de libération du peuple,
rassemblant fictivement Malais, Indonésiens et Chinois de
Malaisie, en lutte contre les « impériaistes britanniques ».
C'était aussi l'attitude du gouvernement chinois qui, en fait,
se borna à encourager les combattants sur les ondes de Radio-
Pékin, mais ne leur fournit ni argent, ni armes, ni hommes.
Le souvenir de cette période critique (1948-1960) est pour beau
coup dans l'attitude actuelle des Malais, le présent gouverne
ment de coalition n'ayant pas oublié le rôle joué par Pékin
dans cette longue lutte.
La Chine populaire eut plus de succès en ce qui concerne
l'Indonésie, du moins au début. Nous avons vu que les pays
du Sud-Est asiatique faisaient grief au gouvernement du Kouo-
min tang de cette loi sur la nationalité. Le de VICTOR PURCELL 144
Pékin était disposé à négocier à ce sujet avec les gouverne
ments : en 1954, le gouvernement indonésien et le
ment chinois commencèrent les négociations et signèrent an
moment de la Conférence de Bandoung, en avril 1955, un traité
qui stipulait que les nationaux d'un pays résidant dans l'autre
pays devaient choisir dans l'espace de deux ans entre les deux
nationalités et que ceux qui choisiraient la nationalité de leur
pays d'origine recevraient de leurs gouvernements respectifs
le conseil de ne prendre aucune part dans les affaires polit
iques du pays de leur résidence. Ce traité, pour des raisons
politiques et techniques, ne fut ratifié qu'après plusieurs an
nées, mais ses dispositions sont aujourd'hui en vigueur. Les
Chinois résidant en Indonésie et qui gardèrent la nationalité
chinoise sont dès lors astreints aux mesures de contrôle frap
pant les étrangers, en ce qui concerne l'immigration, le contrôle
de la presse et des écoles étrangères, la taxe sur les é

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