La Yougoslavie : le ventre mou de l Europe - article ; n°3 ; vol.50, pg 735-750
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Description

Politique étrangère - Année 1985 - Volume 50 - Numéro 3 - Pages 735-750
Yugoslavia. Europe's Soft Underbelly, by Nora Beloff
Nora Beloff suggests that, in the context of the East West ideological confrontation, Yugoslavia is poised to become the first country ever to break away from « Marxist-Leninism » : that is one party rule, a collectivized economy and attempted imposition of totalitarian thought-control. Yugoslavia is shown to be in an advanced state of disintegration and Nora Beloff traces the s tory of how the West, particularly England, helped Tito seize power and have continued to give his successors indispensable political and material support. As long as no effort is made to draw Yugoslavia into the Western military complex, Nora Beloff dismisses the fear that the Russians might intervene to present the peaceful passage of Yugoslavia's international régime from heterodox Communism to Western style democraty. The many Yugoslavs, at home and in exile, who favour this change deserve Western support. Their success would constitute a message to the outside world that the future does not necessarily lie with what Moscou calls the forces of progress.
Pour Nora Beloff, la Yougoslavie est dans le contexte actuel de confrontation Est-Ouest, le premier pays qui pourrait rompre avec le marxisme-léninisme : c'est-à-dire avec le parti unique, l'économie collectiviste et un contrôle totalitaire de la pensée. La Yougoslavie est décrite dans son état de décomposition avancée et l'auteur retrace l'histoire de la manière avec laquelle l'Occident et particulièrement la Grande-Bretagne ont aidé Tito à s'emparer du pouvoir et ont continué à donner à ses successeurs le soutien politique et matériel indispensable. Pour autant qu'aucun effort n'est entrepris pour attirer la Yougoslavie dans l'alliance militaire occidentale, l'Union soviétique n'interviendra pas pour s'opposer à la transition pacifique de la Yougoslavie vers un mode de démocratie à l'occidentale. Les nombreux Yougoslaves qui en exil ou en Yougoslavie même sont en faveur du changement méritent l'appui des Occidentaux. Leur succès constituerait pour le monde extérieur la preuve que le futur n'est pas nécessairement du côté de ce que Moscou appelle les forces du progrès.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 135
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nora Beloff
La Yougoslavie : le ventre mou de l'Europe
In: Politique étrangère N°3 - 1985 - 50e année pp. 735-750.
Citer ce document / Cite this document :
Beloff Nora. La Yougoslavie : le ventre mou de l'Europe. In: Politique étrangère N°3 - 1985 - 50e année pp. 735-750.
doi : 10.3406/polit.1985.3497
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1985_num_50_3_3497Résumé
Pour Nora Beloff, la Yougoslavie est dans le contexte actuel de confrontation Est-Ouest, le premier
pays qui pourrait rompre avec le marxisme-léninisme : c'est-à-dire avec le parti unique, l'économie
collectiviste et un contrôle totalitaire de la pensée. La Yougoslavie est décrite dans son état de
décomposition avancée et l'auteur retrace l'histoire de la manière avec laquelle l'Occident et
particulièrement la Grande-Bretagne ont aidé Tito à s'emparer du pouvoir et ont continué à donner à
ses successeurs le soutien politique et matériel indispensable. Pour autant qu'aucun effort n'est
entrepris pour attirer la Yougoslavie dans l'alliance militaire occidentale, l'Union soviétique n'interviendra
pas pour s'opposer à la transition pacifique de la Yougoslavie vers un mode de démocratie à
l'occidentale. Les nombreux Yougoslaves qui en exil ou en Yougoslavie même sont en faveur du
changement méritent l'appui des Occidentaux. Leur succès constituerait pour le monde extérieur la
preuve que le futur n'est pas nécessairement du côté de ce que Moscou appelle les forces du progrès.
Abstract
Yugoslavia. Europe's Soft Underbelly, by Nora Beloff
Nora Beloff suggests that, in the context of the East West ideological confrontation, Yugoslavia is poised
to become the first country ever to break away from « Marxist-Leninism » : that is one party rule, a
collectivized economy and attempted imposition of totalitarian thought-control. Yugoslavia is shown to
be in an advanced state of disintegration and Nora Beloff traces the s tory of how the West, particularly
England, helped Tito seize power and have continued to give his successors indispensable political and
material support. As long as no effort is made to draw Yugoslavia into the Western military complex,
Nora Beloff dismisses the fear that the Russians might intervene to present the peaceful passage of
Yugoslavia's international régime from heterodox Communism to Western style democraty. The many
Yugoslavs, at home and in exile, who favour this change deserve support. Their success would
constitute a message to the outside world that the future does not necessarily lie with what Moscou calls
the forces of progress.POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 735
POINT DE VUE
Nora BELOFF* _La Yougoslavie x & _ : _,_
le ventre mou de l'Europe
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill
avait l'habitude de parler de la Méditerranée comme étant le
ventre mou de l'Europe occupée. Aujourd'hui, heureuse
ment, l'Europe n'est engagée dans aucun conflit armé, uniquement
dans une guerre psychologique. Ainsi que tous ceux qui ont étudié la
doctrine ou la dialectique marxiste-léniniste le savent, que nous le
voulions ou non, l'Union soviétique — bien qu'autant effrayée que
nous par la guerre nucléaire — n'a jamais cessé de considérer « le
monde capitaliste » comme son ennemi historique. La lutte qu'elle
mène contre nous — et toutes les démocraties parlementaires font
partie du camp adverse — s'est poursuivie sans perdre de sa vigueur
au-delà de la guerre froide, de la coexistence pacifique, de la tension
ou de la détente, sans connaître d'autres variations que celles des
méthodes employées et des régions où les Soviétiques avancent leurs
pions.
L'objet de cet article est de montrer que, dans le cadre d'une lutte
idéologique à laquelle nous ne pouvions pas échapper, l'actuelle
Yougoslavie doit être considérée comme le ventre mou de l'Europe
communiste. C'est en Yougoslavie, où il n'y a pas de troupes
soviétiques, que les critiques de l'anarchie, de la corruption et de
l'inefficacité du système communiste sont les plus virulentes. Bien
que l'initiative et son déroulement doivent venir de l'intérieur, il est
raisonnable de penser que la Yougoslavie pourrait être le premier
pays d'Europe à se libérer du carcan marxiste-léniniste du parti
unique. A une condition toutefois : qu'une politique occidentale
prudente soit soigneusement mise sur pied et soutienne les groupe
ments antirépressifs et pro-occidentaux à l'intérieur du pays, sans
bien entendu altérer l'équilibre des forces ou remettre en question la
neutralité militaire du pays. Ainsi, la Yougoslavie pourrait s'intégrer
à la communauté des démocraties de type européen à laquelle
beaucoup de Yougoslaves estiment naturellement appartenir.
* Journaliste à V Observer. 736 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Dans la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, le camp
occidental était plus préoccupé, ce qui était compréhensible, de
restaurer la paix que de renforcer la démocratie. L'opinion et les
gouvernements occidentaux successifs supposaient implicitement que
l'Union soviétique, en ayant l'assurance d'un contrôle permanent sur
sa part de l'Europe, abandonnerait l'idée de faire pression sur
l'Ouest.
La conviction rassurante selon laquelle l'Europe occidentale avait
tout intérêt à ignorer ce qui se passait de l'autre côté du rideau de
fer a été contestée dans un discours très apaisant « What is Europe ?
Where is Europe ? », écrit par l'éminent historien, le professeur
Hugh Seton- Watson juste avant sa mort et présenté de manière
posthume au Royal Institute of International Affairs le 23 avril 1985.
Seton- Watson était conscient que le terrain qu'il abordait était hasar
deux : l'impact de la propagande, de la contre-propagande et de la
désinformation a été tel que dans l'esprit de centaines de milliers de
femmes et d'hommes occidentaux, pourtant bien informés et ferme
ment attachés à la liberté de leur propre pays, l'actuelle division de
l'Europe acquit un caractère sacré qu'ils sont prêts à justifier avec
fanatisme. Affirmer que cette division est, pour plus d'une centaine
de millions d'Européens, inaceptable indéfiniment et qu'elle ne poura
pas durer équivaut pour eux à prêcher la guerre nucléaire. Le
professeur Seton- Watson a concédé que les nouveaux Etats nationaux
d'Europe de l'Est sont un produit de la dernière guerre mondiale et
que, dans cette ère nucléaire, un conflit ne pourrait être un moyen
d'unifier l'Europe. Il en a néanmoins rejeté la conclusion que « ces
vérités rendent permanente et inviolable la division que nous connais
sons aujourd'hui ».
Cette année, avec la célébration du quarantième anniversaire de la
victoire sur l'Allemagne hitlérienne qui coïncide d'ailleurs avec l'écr
asement de la dernière tentative de la Pologne en vue de reconquérir
sa liberté, la remise en cause de l'équation division de l'Europe/paix
internationale a réellement été l'objet d'une progression dans l'état
d'esprit occidental. L'argument le plus explicite en faveur d'une
refonte fondamentale de la politique occidentale a peut-être été
avancé dans cette revue par Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller
du président Carter pour les affaires de Sécurité nationale, dans son
article « L'avenir de Yalta » 1. Cependant, en proposant une polit
ique dont le but serait d'inciter Moscou à relâcher son emprise sur
ses satellites, Brzezinski s'est limité aux membres du pacte de Varsov
ie. Ceux-ci sont couverts par ce qui est connu sous le nom de
doctrine Brejnev, ce qui signifie en d'autres termes qu'il existe
certaines régions où Moscou a montré sa détermination à utiliser la
1. Zbigniew Brzezinski, « L'avenir de Yalta », Politique étrangère, n° 4/84. LA YOUGOSLAVIE ! 737
puissance militaire pour préserver un communisme à la mode soviéti
que. Il semble fort improbable, du moins pendant l'ère Gorbatchev,
que cette doctrine soit abandonnée.
Le seul pays que Brzezinski n'ait pas mentionné est la Yougoslavie,
bien que depuis l'époque de Staline ce pays, contrairement aux
autres, n'ait pas é

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