Le libre-échange a-t-il un sens ? - article ; n°2 ; vol.58, pg 295-307
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Description

Politique étrangère - Année 1993 - Volume 58 - Numéro 2 - Pages 295-307
Does Free Trade Make Sensé ?, by Michèle Debonneuil
Developed countries are facing an evolution toward a fixed costs production System in which capital remains the only factor for production. At the same time, they face competition from an increasing number of emerging countries whose efficiency bas increased tbanks notably to freer trade in goods and capital during the 80s. The adaptation of developed countries to these new production conditions is not rapid enough to avoid a rise in unemployment. Neither technological progress, nor free trade are to be questionned but it is necessary to look for pragmatic measures allowing to phase over time these positive, but too rapid evolutions.
Les pays développés évoluent vers des systèmes de production à coûts fixes où le capital devient le seul facteur de production. Dans le même temps, ils ont à faire face à la concurrence d'un nombre croissant de pays en développe- ment dont l'efficacité s'est accrue notamment en raison de l'accélération du processus de libre-échange des biens et surtout du capital au cours des années 80. L'adaptation des pays développés à ces nouvelles conditions de production ne se fait pas à un rythme suffisant pour éviter une montée du chômage. Face à cette évolution, il faut résister à la tentation consistant à mettre fondamentalement en cause les bienfaits du progrès technologique, et ceux du libre-échange. Il faut plutôt chercher avec pragmatisme les mesures permettant de moduler la vitesse laquelle ces évolutions se feront.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Debonneuil
Le libre-échange a-t-il un sens ?
In: Politique étrangère N°2 - 1993 - 58e année pp. 295-307.
Abstract
Does Free Trade Make Sensé ?, by Michèle Debonneuil
Developed countries are facing an evolution toward a fixed costs production System in which capital remains the only factor for
production. At the same time, they face competition from an increasing number of emerging countries whose efficiency bas
increased tbanks notably to freer trade in goods and capital during the 80s. The adaptation of developed countries to these new
production conditions is not rapid enough to avoid a rise in unemployment. Neither technological progress, nor free trade are to
be questionned but it is necessary to look for pragmatic measures allowing to phase over time these positive, but too rapid
evolutions.
Résumé
Les pays développés évoluent vers des systèmes de production à coûts fixes où le capital devient le seul facteur de production.
Dans le même temps, ils ont à faire face à la concurrence d'un nombre croissant de pays en développe- ment dont l'efficacité
s'est accrue notamment en raison de l'accélération du processus de libre-échange des biens et surtout du capital au cours des
années 80. L'adaptation des pays développés à ces nouvelles conditions de production ne se fait pas à un rythme suffisant pour
éviter une montée du chômage. Face à cette évolution, il faut résister à la tentation consistant à mettre fondamentalement en
cause les bienfaits du progrès technologique, et ceux du libre-échange. Il faut plutôt chercher avec pragmatisme les mesures
permettant de moduler la vitesse laquelle ces évolutions se feront.
Citer ce document / Cite this document :
Debonneuil. Le libre-échange a-t-il un sens ?. In: Politique étrangère N°2 - 1993 - 58e année pp. 295-307.
doi : 10.3406/polit.1993.4195
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1993_num_58_2_4195POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 295
Miche.eDEBONNEU.L- * MbW-échange
a-t-il un sens ?
La généralisation du chômage dans les pays industrialisés, associée à la
montée des déficits publics, avive la discussion sur la pertinence des
thèses du libre-échange. La théorie libérale, qui sous-tend ces thèses,
connaît d'ailleurs un sort paradoxal. En effet, alors que dans les économies
d'Europe de l'Est le dogme libéral succède au dogme dirigiste, les Etats-Unis
font le chemin inverse : les conseillers du président Clinton souhaitent une
« politique industrielle » et n'excluent pas le recours au protectionnisme.
De nombreux pays en développement ont aujourd'hui renoncé à fonder leurs
économies sur la rente ou sur le dirigisme ; ils ont adopté le mode de
production concurrentiel des Américains, et leur concurrence devient rude
Pour les pays développés. Ses effets déstabilisateurs, notamment pour
emploi, aggravent ceux des changements provoqués par l'évolution technolo
gique : l'industrie, de plus en plus automatisée, a de moins en moins besoin
de main-d'œuvre. Le capital devient le seul facteur de production. La transi
tion vers le nouveau mode de production qui en résulte, déjà délicate en
économie fermée, se fait à marche forcée sous la pression des pays en
développement.
Le choc qui en résulte sur l'emploi est d'autant plus rude en France que la
démographie, conjuguée à la croissance du travail féminin et au ralentissement
de la baisse tendancielle de la durée du travail, amène sur le marché une
population active croissante. En outre, la rigidité des salaires empêche que des
ajustements puissent se faire à la baisse.
Il convient de partir de la situation économique présente pour interroger de
nouveau les modèles économiques qui, depuis le début du XIXe siècle, ont
apporté des arguments si convaincants en faveur du libre-échange. Les hypot
hèses sur lesquelles ils sont fondés correspondent-elles à cette situation ? Si
ce n'est pas le cas, quelle valeur devons-nous accorder à leurs enseignements ?
Les modèles d'échange
Les économiques sont toujours simples : ils schématisent la réalité
comme un dessinateur schématise le portrait d'une personne. Cette simplicité
leur permet de mettre en lumière des relations de cause à effet masquées,
* Directeur, Service des études économiques et financières, Banque Indosuez, Paris. 1 POLITIQUE ÉTRANGÈRE 296
dans la pratique, par la multiplicité des déterminations concrètes de l'écono
mie. Les erreurs de raisonnement en économie ne résultent pas de la simplic
ité — légitime — des modèles, mais dans la façon dont ils sont utilisés. On
doit en effet vérifier, lorsqu'on les utilise, si les hypothèses qui les fondent
représentent de façon pertinente la réalité économique à laquelle on les
applique.
Les modèles qui formalisent les échanges internationaux sont l'un des acquis
les plus précieux de la pensée économique. Si on les utilise dans le cadre de
leurs hypothèses, ils sont aussi rigoureux et incontestables qu'une démonstrat
ion mathématique. Mais leur portée, notamment en ce qui concerne le libre-
échange, est étroitement délimitée par ces hypothèses.
Les modèles les plus connus sont, dans l'ordre historique, ceux de Ricardo,
Heckscher-Ohlin, et Krugman et Helpman K Chacun apporte sur les échanges
internationaux un éclairage particulier. Beaucoup d'autres auteurs ont depuis
attaché leur nom aux théories libre-échangiste ou protectionniste. Les modèles
de Ricardo, Heckscher-Ohlin et Helpman nous suffiront néanmoins pour
étayer notre thèse.
Ces modèles considèrent un ensemble de pays et un ensemble de biens.
Chaque pays est caractérisé par une fonction d'utilité dépendant des quantités
consommées des divers biens, et par une fonction de production relative à
chaque bien. Les modèles diffèrent entre eux par la manière dont les fonc
tions de production sont spécifiées. On peut les présenter de façon satisfai
sante en se limitant au cas de deux pays et de deux biens, la généralisation à
un nombre quelconque de biens ou de pays se faisant sans difficulté.
Trois modèles
Dans le modèle de Ricardo, le seul facteur de production est le travail. Pour
chaque produit, les écarts de productivité entre pays sont expliqués par les
« conditions naturelles », par exemple le climat, ou par des différences dues à
la technologie. On démontre que chaque pays se spécialise dans la production
du bien pour lequel il est relativement plus productif. Le modèle de Ricardo
permet de déterminer les prix relatifs des biens, ainsi que leurs proportions
dans l'échange et la production de chaque pays. Il est bien adapté à la
description des spécialisations dues à un écart technologique.
1. Les textes fondateurs de ces théories sont :
— David Ricardo, The Principles of Political Economy and Taxation, Irwin, Homewood, II.,
—1963. Eli L'ouvrage Heckscher, de « David Les effets Ricardo du commerce a été initialement extérieur publié sur la en distribution 1817 à Londres du revenu ; », publié en
suédois en 1919. Traduction anglaise : « The Effects of Foreign Trade on the Distribution of
Income », publiée sous la direction de H. S. Ellis et L.A. Metzler dans : Readings in the Theory
of International Trade, Irwin, Homewood, II., 1950 ;
— Bertil Ohlin, Interregional and International Trade, Harvard University Press, Cambridge,
1933 ;
— Elhanan Helpman, « International Trade in the Presence of Product Différenciation, Econo
mies of Scale and Monopolistic Competition : a Chamberlin-Heckscher-Ohlin Approach. Journal
of International Economics, 11 août 1981 ;
— Elhanan Helpman et Paul Krugman, Market Structure and Foreign Trade, MIT Press,
Cambridge, 1985. GATT/ LE LIBRE-ÉCHANGE A-T-IL UN SENS ? / 297
Dans le modèle de Heckscher-Ohlin, on considère les deux facteurs capital et
travail. Les pays sont supposés utiliser les mêmes technologies, mais les
proportions entre les quantités de capital et de travail dont ils disposent sont
différentes. Dès lors, il est aisé de montrer que le pays le moins « capitalist
ique » se spécialise dans les produits dont la production demande moins de
capital. Ce modèle apporte les mêmes résultats que le modèle de Ricardo
(prix, pr

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