Les Palestiniens après la guerre du Liban - article ; n°2 ; vol.48, pg 447-460
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Description

Politique étrangère - Année 1983 - Volume 48 - Numéro 2 - Pages 447-460
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mansour
Les Palestiniens après la guerre du Liban
In: Politique étrangère N°2 - 1983 - 48e année pp. 447-460.
Citer ce document / Cite this document :
Mansour. Les Palestiniens après la guerre du Liban. In: Politique étrangère N°2 - 1983 - 48e année pp. 447-460.
doi : 10.3406/polit.1983.3321
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1983_num_48_2_3321POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 447
DOCUMENTS
Camille MANSOUR LES DU APRÈS LIBAN* PALESTINIENS LA GUERRE
Je voudrais d'abord remercier la direction de l'IFRI pour
m'avoir donné l'occasion d'exposer devant vous ce qui me
semble agiter la conscience palestinienne en cette étape de
l'histoire du Proche-Orient. Je ne prétendrai pas cependant
représenter ici le point de vue autorisé d'une organisation ou
d'une institution. C'est l'avantage des intellectuels et des pol
itologues, qui sont en même temps au-dedans et au-dehors,
de pouvoir exprimer en toute franchise les opinions qui leur
paraissent refléter, ou même représenter le consensus de leur
communauté, sans avoir à en répondre dans le détail devant une
quelconque instance. Mais c'est peut-être aussi un inconvénient.
J'espère, ce soir, être à la hauteur des avantages dont peut
jouir l'observateur politique impliqué, et j'espère aussi que vous
me pardonnerez l'inconvénient de représenter un point de vue
non officiel.
Signification de la guerre du Liban
Jetant un regard sur leur présent et leur avenir, les Palestiniens
en ont une image bien sombre. Dans cette étape de l' après-
Beyrouth, la situation aux niveaux matériel, stratégique, socio-
juridique ne leur paraît pas bien brillante.
Jusqu'en mai 1982, c'est-à-dire jusqu'à la veille de la guerre
israélo-palestinienne du Liban, les Palestiniens pouvaient, à tort
ou à raison, se considérer sur la bonne voie. Au Liban, ils
* Directeur du département de la Recherche à l'Institut des études palestiniennes,
Beyrouth.
** Conférence prononcée à l'Institut français des relations internationales,
le 18 mars 1983, Paris. 448 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
avaient un quasi-Etat, avec des institutions politiques, militaires,
administratives, sociales, éducationnelles, médicales, qu'il suffirait,
pensait-on, de « démonter » et de transférer le moment venu,
en Cisjordanie, pour constituer le noyau des appareils du nouvel
Etat. En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens pouvaient se
vanter d'avoir maintenu leur cohésion sociale et politique,
d'avoir eux aussi constitué des institutions pour une société
indépendante viable, malgré la politique israélienne de répression
et d'implantation. Un processus d'édification nationale {a nation-
building process) avait lieu entre Beyrouth et la patrie pales
tinienne. Un flux organisationnel, politique, financier allant de
Beyrouth vers les territoires occupés, une osmose institutionnelle
et sociologique entre Beyrouth et ces territoires, telles étaient
les deux caractéristiques de l'étape précédant la guerre. Les
Palestiniens de Cisjordanie tiraient la force de leur détermination
du prestige de l'OLP. L'OLP, voulant un Etat en Cisjordanie,
arrêtait ses opérations militaires à partir du Sud-Liban, et
consacrait ses efforts à se consolider et consolider la société
palestinienne des territoires occupés.
Et voilà que nous sommes maintenant dans une situation
entièrement nouvelle. Non pas que tout soit tombé comme un
château de cartes. Loin de là. Il aura fallu une offensive sans
pitié, des bombardements aveugles, un siège interminable, des
tentatives répétées de percée toujours mises en échec, la menace
de l'annihilation de toute une ville si les combattants palestiniens
ne s'en retirent pas, un massacre sans précédent, pour venir
à bout de la structure palestinienne au Liban. Cette structure,
basée sur une communauté, somme toute assez stable après plus
de 30 ans d'exil, a prouvé être plus coriace que prévu. Mais
quoi qu'il en soit, un séisme dévastateur a eu lieu, peut-être
plus important que celui de 1948. Le quasi-Etat palestinien du
Liban n'existe plus.
Il était vain peut-être de croire que la structure palestinienne
du Liban pouvait continuer à se développer indéfiniment. Une
multitude de raisons suggérait depuis au moins le début de 1982,
des difficultés politiques grandissantes pour les Palestiniens dans
ce pays. Citons-en quelques-unes : l'affaiblissement graduel de
la Syrie au Liban, cette Syrie qui constituait, qu'on le veuille
ou non, la seule arrière stratégique possible de l'OLP ; la dégra
dation de la base politique de l'OLP dans l'équilibre intérieur
libanais ; le pourrissement de la situation intérieure libanaise,
surtout au sein du mouvement national ; le gonflement artificiel
de certaines institutions palestiniennes au risque de heurter la
sensibilité libanaise ; leur concentration en territoire libanais
presque exclusivement ; l'absence de tentative sérieuse de DOCUMENTS I 449
rapprochement, ou au moins, d'établissement d'un modus vivendi,
avec les Phalangistes ou l'Etat libanais ; la croyance de l'OLP
que le renforcement militaire face au parti phalangiste et au
désir d'hégémonie syrienne suffirait pour assurer la survie ; les
confusions de l'alliance entre le mouvement palestinien et le
mouvement national libanais ; les abus même, imputés par tout
le monde à tout le monde, à cause de la situation chaotique
du Liban...
Il est cependant facile de faire après coup le procès des erreurs
passées, et de monter en épingle des phénomènes ou des faits
que l'on qualifie d'erreurs et qui ne sont, en vérité, que des
conséquences structurelles inéluctables d'une situation libanaise,
arabe et proche-orientale globale. C'est l'établissement d'Israël
qui a créé le problème des réfugiés palestiniens au Liban et
ailleurs. C'est l'occupation de la Cisjordanie en juin 1967 qui a
fait de l'OLP une organisation indépendante des pays arabes.
C'est l'expulsion de l'OLP de la Jordanie qui l'a transférée
au Liban. C'est la structure politico-sociale du Liban et la guerre
civile entre Libanais qui ont permis à l'OLP de se renforcer
dans ce pays et d'être considérée par une partie des Libanais
comme leur propre armée. C'est l'intransigeance israélienne et la
montée au pouvoir du Likoud qui ont empêché une solution
acceptable pour le mouvement palestinien et les Palestiniens
des territoires occupés, c'est-à-dire une solution stabilisatrice
pour le Proche-Orient tout entier. C'est Camp David, la défection
de l'Egypte, les divisions inter-arabes, le caractère factice de la
puissance saoudienne, la guerre irako-iranienne, la politique
négative de la Syrie envers le Liban et l'Irak et la Jordanie
et le plan Fahd, qui ont permis à Israël d'envahir impunément le
Liban. La défaite de Beyrouth, dont les Palestiniens et les
Libanais ont été les principales victimes, est le résultat de facteurs,
de déstabilisation et d'impotence qui sont inhérents à la structure
du monde arabe, mais qui sont aussi, sans aucun doute, mani
pulés par les deux principaux projets stratégiques du Proche-
Orient, je veux dire Israël et les Etats-Unis.
Tout cela ne veut pas dire qu'une auto-critique du mouvement
palestinien ne soit pas à faire. J'irai même jusqu'à dire que les
diverses organisations palestiniennes n'ont pas opéré une auto
critique sérieuse, n'ont pas encore tiré des leçons détaillées
et précises de la défaite de Beyrouth. Il y a certaines leçons
qu'il est trop tard de tirer puisqu'on ne peut pas refaire l'histoire,
mais il y en a d'autres qu'il est urgent de considérer. Mais
j'y reviendrai tout à l'heure.
Quoi qu'il en soit, les conséquences stratégiques de la défaite
de Beyrouth sur l'OLP et sur les Etats arabes inclinent au pessi- 450 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
misme. L'OLP a en partie perdu l'option militaire qu'elle tenait
depuis quelques années au Liban. Non pas que cette option
pouvait lui permettre de libérer un pouce du territoire national.
Mais si ce n'était l

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