Organisation européenne et coexistence pacifique - article ; n°3 ; vol.19, pg 249-256
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Description

Politique étrangère - Année 1954 - Volume 19 - Numéro 3 - Pages 249-256
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

René Mayer
Organisation européenne et coexistence pacifique
In: Politique étrangère N°3 - 1954 - 19e année pp. 249-256.
Citer ce document / Cite this document :
Mayer René. Organisation européenne et coexistence pacifique. In: Politique étrangère N°3 - 1954 - 19e année pp. 249-256.
doi : 10.3406/polit.1954.6293
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1954_num_19_3_6293ORGANISATION EUROPÉENNE
: ET COEXISTENCE PACIFIQUE
Comme M. Molotov, je crois profondément au lien étroit qui existe
entre la Communauté européenne de défense et le Pacte de l'Atlantique (1).
J'ai eu l'occasion de dire récemment devant le congrès de mon parti que
si ce dernier était, suivant l'expression du président Herriot, une police
d'assurances, il fallait payer la prime qui, pour la France, est aujourd'hui
son adhésion à une Communauté européenne de défense.
C'est, l'Europe en effet qui est à l'origine du Pacte Atlantique. Aujourd
'hui, l'organisation atlantique fait partie de nos institutions, elle est
entrée dans notre vie politique, commande et mesure nos budgets de défense
nationale et réunit périodiquement les ministres des Affaires étrangères, des
Finances et de la Défense de quatorze Etats, dont deux font partie du nou
veau monde, et deux n'ont avec l'Atlantique que des rapports bien loin
tains. Mais nous perdons quelquefois de vue ses origines.
C'est pour éviter une véritable désintégration de l'Europe qu'a été conclu
le Pacte de l'Atlantique Nord. Sans remonter plus haut dans l'histoire,
rappelons-nous le refus imposé du gouvernement de Prague d'accepter le
Plan Marshall qu'il avait d'abord accueilli favorablement. Le gouvernement
soviétique donnait ainsi, au mois de juillet 1947, la preuve de sa détermi
nation de s'opposer à une action efficace de l'aide américaine pour le rel
èvement des pays de l'Europe centrale, comme de l'Europe occidentale.
Cette décision est, à mon avis, celle qui a mis fin à la première phase de
(1) Politique Étrangère, janvier 1954, Organisation atlantique et Communauté européenne,
par René Mayer, page 457. ~~ 250 RENE MAYER
coexistence pacifique, préparé la guerre froide, solidifié les deux blocs,
montré enfin quels étaient le fondement et le but de la politique extérieure
des Soviets : éliminer d'Europe l'influence, et si possible la présence amér
icaine. » * .
Me sera-t-il permis de souligner combien, alors qu'il n'a été bruit après
la mort de Staline que d'un changement de politique russe, M. Molotov
est constant et constamment d'accord avec lui-même. Il n'y a aucune diff
érence entre sa position de 1 947 en face de l'offre Marshall et le plan qu'il a
développé à Berlin. Le but reste le même : priver l'Europe de l'aide améri
caine, économique alors, militaire aujourd'hui, en rejetant les États-Unis
hors d'une Europe que la Russie vise à contrôler par une hégémonie que les
seules forces européennes ne pourront longtemps contenir.
Le refus de l'aide Marshall fut suivi trois mois plus tard de la constitution
du Kominform. La pression sur les satellites, et notamment la Tchécoslo
vaquie, allait en s'aggravant. Le 25 février 1 948, Edouard Benes, à Prague,
était contraint à la capitulation.
C'est à ce moment que vraiment l'Europe occidentale est menacée de
désintégration. Le Plan Marshall va la sauver de la déchéance économique,
de l'impossibilité d'importer des matières premières indispensables à son
relèvement ; l'affectation de la contre-valeur des dollars aux plans d'équ
ipement redresse le niveau de production de la France et de l'Italie en
particulier. Mais, sur le plan militaire, les pays du Pacte de Bruxelles cons
tatent bientôt qu'en face d'une mobilisation permanente, d'un service
militaire de durée accrue, en Russie, leurs forces seront sans efficacité et
sans espoir si elles ne sont pas appuyées sur l'aisenal des États-Unis d'Amér
ique et du Canada, si les forces de ces grandes démocraties ne se lient pas,
par avance, pour prévenir un conflit dans lequel elles interviendraient iné
vitablement. Le 4 mars 1948, Georges Bidault écrit au général Marshall.
Puis c'est au Sénat américain la résolution Vandenberg, ce grand républicain
trop tôt disparu. Le Pacte Atlantique est négocié, signé, ratifié.
L'Europe respire. Elle n'est pas, elle ne sera pas seule. Mais la mise en
route du Pacte est lente et se limite à une organisation militaire. •
J'ai souvent eu l'occasion de montrer combien son article 2 contenait en
puissance bien plus de liens entre les pays signataires qu'il n'en a été, en
réalité, établi. On ne peut pas dire que de ce traité, qui aurait pu lui donner
naissance, une organisation confédérale ait tenté de naître. Le Conseil
de l'Atlantique est demeuré une réunion périodique de ministres alors qu'il
aurait pu devenir l'organe permanent d'une politique coordonnée dans les
domaines militaire, certes, mais aussi économique et financier. Une coali- *
EUROPÉENNEORGANISATION .251
même défensive ne peut se réaliser elle-même de façon complète tion
aujourd'hui que si, dès le temps de paix, elle accepte de faire ce qu'elle fera
tout naturellement en temps de guerre : politique des matières premières,
investissements rationnels décidés pour accroître celles qui feront défaut,
équitable répartition et, s'il le faut, contrôle en commun des prix de certaines
d'entre elles. Politique commerciale et financière concertée qui permette le
rétablissement de l'équilibre des balances des comptes et initie, pour ne
pas prolonger indéfiniment l'aide financière, une politique commerciale
permettant aux pays qui manquent de dollars d'en gagner par leurs export
ations. Politique concertée dans les territoires d'Afrique, du Proche et
du Moyen Orient, dont certains recèlent des richesses minérales à la fois
indispensables et convoitées, et dont d'autres sont des tentations perma
nentes pour des entreprises de subversion animées, ou guidées plus ou
moins clandestinement par l'idéologie communiste.
Ce n'était pas la besogne qui aurait manqué à un Conseil de l'Atlantique .
Nord, siégeant en permanence et composé de membres des gouvernements
spécialement désignés, pour une telle mission. Alors on aurait vu à l'épreuve
si, oui ou non, la formule confédérale suffit pour de telles tâches ou si, au
contraire, la formule supranationale est nécessaire. Aucun pays européen
n'aurait pu garder un sentiment de précarité dans l'appréciation des enga
gements en Europe des Etats-Unis. Ceux-ci auraient peu à peu échappé aux
variations de l'humeur politique du Congrès. '
Et c'est vraisemblablement la raison majeure pour laquelle tout cela ne se
* ' . réalisa pas.
Les États-Unis avaient fait un grand pas, un pas immense en se liant,
pour la première fois en temps de paix, par un véritable traité d'alliance.
Ils ne franchirent pas l'espace qui séparait cet engagement de l'œuvre
constructive d'une Communauté atlantique véritable. Elle est demeurée
une force morale, dotée d'une organisation militaire permanente.
Loin de moi l'idée de minimiser ce progrès fondamental par rapport aux
temps que nous avons vécus en 1914, en 1939. Je suis le premier à recon
naître, pour les avoir à plusieurs reprises suivis personnellement dans les
Conseils de l'Atlantique Nord, les efforts des hommes d'État des douze,
puis des quatorze pays. adhérents au Pacte pour coordonner leurs efforts
militaires et persuader leurs parlements d'accepter, pour la fixation de leurs
budgets, le jugement de l'O. T. A. N. et les objectifs qu'il a fixés chaque
année à l'accroissement de leurs forces. v
II n'en demeure pas moins qu'une grande occasion a été perdue d'aller
plus loin dans ce que j'appellerai l'amélioration de l'ordre international. 252 RENE MAYER
Nos amis néerlandais l'avaient aperçu, à l'initiative de qui certaines études
furent entreprises au sein de comités de 1*0. T. A. N.
Mais, outre les États-Unis, la Grande

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