Perspectives économiques entre les Etats-Unis et l Europe - article ; n°4 ; vol.32, pg 453-476
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Description

Politique étrangère - Année 1967 - Volume 32 - Numéro 4 - Pages 453-476
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Aubert de La Rue
Perspectives économiques entre les Etats-Unis et l'Europe
In: Politique étrangère N°4-5 - 1967 - 32e année pp. 453-476.
Citer ce document / Cite this document :
Aubert de La Rue Philippe. Perspectives économiques entre les Etats-Unis et l'Europe. In: Politique étrangère N°4-5 - 1967 -
32e année pp. 453-476.
doi : 10.3406/polit.1967.2176
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1967_num_32_4_2176PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES
ENTRE LES ÉTATS-UNIS ET L'EUROPE
Les rapports économiques entre les Etats-Unis et l'Europe
occidentale, particulièrement la Communauté Economique
Européenne, toujours fluctuants, n'embrassent pas seulement les
mouvements commerciaux et financiers conventionnels, les cou
rants d'affaires usuels. Leur incidence sur l'évolution générale
des Etats européens est profonde ; elle atteint le plan politique
et culturel.
Trois secteurs de ces rapports sont aujourd'hui particulièr
ement actuels et méritent qu'on les examine de plus près.
Ce sont d'abord les échanges traditionnels de marchandises :
ils vont bénéficier, au cours des années à venir, du désarmement
tarifaire partiel instauré par l'accord de Genève du 30 juin
1967 conclu à l'issue du « Kennedy Round ».
Un problème non seulement économique mais aussi politique
et psychologique est la pénétration industrielle américaine en
Europe. Elle se manifeste entre autres par l'implantation d'en
treprises dans le Marché commun et elle est conditionnée
notamment par l'avance technologique parfois considérable
acquise par les Etats-Unis dans certains domaines.
Tl y a enfin un contentieux monétaire : il concerne l'au
gmentation des liquidités internationales, affaire marginale par
sa technicité, mais permanente étant donné le déficit constant
de la balance américaine des paiements.
Ce rappel des principaux problèmes économiques qui se
posent aujourd'hui entre les Six et les U.S.A., et sont les uns
en voie de solution, les autres en suspens, appelle une remar
que méthodologique. Ces problèmes concernent les secteurs les 454 AUBERT DE LA RUE
plus divers : l'importation de produits industriels et agricoles
comme les investissements, les réserves monétaires comme
la compétition — ou la coopération scientifique et technique.
Chacun de ces problèmes appartient à des domaines bien déter
minés de l'activité comme de l'analyse économique, chacun a
son caractère technique propre, son optique particulière. Les
travaux qui leur sont consacrés relèvent nécessairement de la
monographie. Mais la spécialisation que suppose l'approche
théorique ou pratique des principaux aspects de l'actualité éco
nomique américano-européenne risque de faire perdre de vue le
sens de l'évolution générale et le fait que ces problèmes sont
inextricablement liés. Par delà l'économique, ils entrent dans le .
vaste cadre des rapports généraux entre les Etats-Unis et les
états membres de la Communauté Economique Européenne. Il
faut en effet considérer les problèmes économiques en fonction
des rapports de puissance, tels qu'ils existent et existeront entre
les gouvernements. C'est pourquoi nous avons tenté de déga
ger une vue d'ensemble des problèmes économiques qui se
posent entre les Etats-Unis et le Marché commun en nous effor
çant de dégager avant tout les grandes lignes et de les situer
par rapport à l'ensemble des relations américano-européennes. Si
imparfait que soit nécessairement tout effort de synthèse, il
peut donner l'occasion d'examiner certaines solutions et de tra
cer les limites qui ne devraient pas être dépassées. Il sera ainsi
possible de se faire une idée de la tâche des gouvernements
qui, considérant ces problèmes à la lumière des nécessités poli
tiques, ont à déterminer les options et les priorités après un
examen minutieux des aspects techniques.
I
Le fait le plus spectaculaire concernant l'avenir des échan
ges commerciaux américano-européens est l'accord de Genève,
aboutissement des longues et difficiles négociations menées dans
le cadre du GATT à la suite de l'initiative prise en 1962 par
le président Kennedy. Il serait prématuré d'aborder l'étude PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES 455
approfondie de cet accord (1) avant de connaître et de comparer
les prises de position des milieux économiques dans les prin
cipaux pays ayant participé au Kennedy Round. On se bornera,
pour le moment, à en relever quelques aspects.
Tout d'abord — ce que les nombreux commentateurs euro
péens ont souligné avec raison — la Communauté Economique
Européenne, représentée en l'occurrence par la Commission de
Bruxelles agissant conformément aux décisions du Conseil des
Ministres, a pour la première fois négocié sur un pied d'égalité
avec les Etats-Unis dans une affaire majeure. Elle a tiré parti
de sa masse économique considérable : le Marché commun, on
ne doit pas l'oublier, est le plus gros partenaire commercial du
monde. Le total de ses importations et de ses exportations est
presque le double de celui des Etats-Unis : en 1966, 106.050
millions de dollars (C.E.E.) contre 55.488 millions de dollars
(U.S.A.) (2) Le poids international de l'Europe des Six agissant
d'un commun accord, son « bargaining power », l'importance
de son utilisation tactique ne sont probablement jamais apparus
aussi clairement que lors des négociations de Genève. La C.E.E.
a pris pleinement conscience de ses potentialités commerciales
internationales.
Quant aux Etats-Unis, ils ont manifesté tout au long des
pourparlers de Genève la double tendance qui inspire leur ligne
de conduite commerciale et correspond d'ailleurs à leur concept
ion politique. D'une part, le Marché commun devrait rester
ouvert aux exportations américaines et même leur devenir plus
facilement accessible encore que par le passé, d'autre part, les
U.S.A. qui ont toujours eu horreur des systèmes régionaux de
préférence douanière, estiment que l'égalité de traitement tari
faire et le libre jeu de la clause de la nation la plus favorisée
(incarné aujourd'hui dans l'institution du GATT) créent les
conditions optima pour leur expansion commerciale à l'exté-
(1) Un document imponant faisant partie de cet accord, le protocole contenant
les listes des droits de douane modifiés à Genève, sera signé ultérieurement. Cf.
Le Monde, 1-7-67.
(2) Bulletin mensuel de statistique des Nations Unies, 5/67, 98-9. 456 AUBERT DE LA RUE
rieur. Cette conviction repose sur la situation particulière de
l'industrie américaine, techniquement très avancée et appuyée
sur un énorme marché intérieur. Sa conséquence logique est le
désir de Washington d'arriver à créer à la longue une vaste zone
sinon de libre échange, tout au moins de large libéralisation des
échanges. Cette conception ne se limite pas à l'espace dit « atlan
tique » (Amérique et Europe), qui en constituerait le noyau,
elle tend à englober le Japon et l'Australie. Ce dessein aboutir
ait à insérer l'Europe dans un vaste ensemble centré sur les
Etats-Unis. Que deviendrait l'Europe dans un tel espace tran
socéanique où son autonomie et son individualité économique
risqueraient de se diluer pour s'évanouir finalement ?
Sans méconnaître les dangers inhérents, à long terme, à un
démantèlement des frontières économiques qui ne tiendrait pas
compte des nécessités régionales, on reconnaîtra cependant que
l'accord final de Genève, limité dans son objet, constitue un
progrès économique appréciable : il porte sur un volume
d'échanges de 40 milliards de dollars selon les estimations amér
icaines. Par ailleurs, la zone d'application du GATT s'est éten
due, par l'adhésion de la Pologne notamment. L'accord est donc
prometteur à bien des égards,. Les négociateurs américains l'ont
appelé le plus vaste assaut contre les entraves au commerce
international qui ait jamais eu lieu (3).
Il convient toutefois de ne pas méconnaître ses lacunes. Il
sera essentielle

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