À propos d un récent essai sur l histoire religieuse de la Martinique - article ; n°48 ; vol.10, pg 320-332
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Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1924 - Volume 10 - Numéro 48 - Pages 320-332
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Joseph Rennard
À propos d'un récent essai sur l'histoire religieuse de la
Martinique
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 10. N°48, 1924. pp. 320-332.
Citer ce document / Cite this document :
Rennard Joseph. À propos d'un récent essai sur l'histoire religieuse de la Martinique. In: Revue d'histoire de l'Église de France.
Tome 10. N°48, 1924. pp. 320-332.
doi : 10.3406/rhef.1924.2323
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1924_num_10_48_2323A PROPOS "D'UN RÉCENT ESSAI
SUR L'HISTOIRE RELIGIEUSE DE LA MARTINIQUE
L' Annuaire pontifical catholique de 1924 contient un essai
sur l'histoire religieuse de la Martinique (p. 470-492). Trai
tant une matière inexplorée jusqu'ici, il eût été difficile à l'au
teur d'atteindre d'emblée la perfection1. Mais à côté de légères
inexactitudes, d'autres, plus importantes, ne vont pas sans por
ter atteinte à la réputation des habitants de l'île et de son an
cien clergé. Les pages qui suivent n'ont d'autre but que de
remettre les choses au point.
La population blanche de la Martinique — à laquelle se
rattachent la plupart des insulaires — se compose d'une ving
taine de familles très anciennes", avec lesquelles toutes les au
tres sont plus ou moins apparentées.
Dire que « les premiers habitants, corsaires, flibustiers, bouc
aniers... ne reconnaissaient ni lois divines ni lois humaines »
(p. 474), que les « femmes et filles envoyées de France pour
devenir leurs épouses » avaient besoin d'une sérieuse convers
ion, à laquelle le P. Pierre Paul s'adonna de tout son cœur
sans grand succès, ce n'est pas seulement désobligeant pour les
Martiniquais, une telle affirmation est encore inexacte.
Plus d'une fois, il est vrai, les religieux, dans leurs chroni
ques, ont cédé à la tentation de multiplier les hérétiques et les
1. L'arrivée des Capucins à la Martinique eut certainement lieu avant
1686; car, en 1674 déjà, ils desservaient les paroisses de Fort-Royal et
du Marin. — Le P. Charles François ne. fut pas victime d'une émeute ré
volutionnaire ; il mourut dans son lit à l'âge de quatre-vingt-dix ans. — Le
P. Raymond Breton ne fit jamais de ministère à la Martinique; la cita
tion qui attribue à son habileté la donation aux Dominicains des parois
ses de la Capesterre (p. 472) est doublement fautive; elle n'est pas du
P. Du Tertre, mais du P. Labat, lequel, ce jour-là, contredit le P. Du
Tertre (Cf. Histoire générale des Antilles, t. I, p. 546). — Mgr de Cor-
mont ne donna pas sa démission (p. 490), mais à la suite de l'application
de la loi de séparation aux colonies, il envoya à Rome un rapport sur
l'opportunité d'un nouveau statut d'organisation diocésaine, et, ^eu de
temps après, il était nommé à l'évêché d'Aire et le diocèse de la Martini
que était confié à la congrégation des Pères du Saint-Esprit.
2. Elles sont dans l'île depuis les débuts de la colonisation. NOTES SUR L'HISTOIRE RELIGIEUSE DE LA MARTINIQUE 321
libertins des temps héroïques de la colonisation, pour s'a
ttribuer ensuite la gloire de les avoir convertis. L'honneur de
leur congrégation y trouvait peut-être son compte', mais l'his
toire a d'autres exigences.
Les premiers habitants de la Martinique n'étaient ni corsai
res, ni flibustiers, c'étaient des cadets de familles, des colons,
des cultivateurs, pour la plupart de braves Normands, de
mœurs un peu rudes, comme le voulait leur époque, un peu tur
bulents, frondeurs et profondément jaloux de la liberté qu'ils
étaient venus chercher aux colonies. Mais ils n'en étaient pas
moins très attachés à leur religion, et, en même temps très
accueillants et très hospitaliers. « Nos Français, écrivait le
P. Bouton en 1640, vivent assez franchement ensemble; il n'y
a ni hôtellerie ni cabaret [chez nous], mais quand on va de
lieu à autre, on dîne où on se rencontre, personne ne refusant
donner4
aux survenants ce qu'il leur peut ». Plus d'une fois le
bon accueil qu'ils firent à des colons qui se dirigeaient vers
d'autres lieux, détermina ces colons à ne pas pousser plus avant
et à s'établir sur le sol martiniquais.
Ni « contre les Caraïbes », ni « contre les bêtes », dont la
plus grosse n'avait pas le poids d'un lapin, leurs luttes n'ont
été de nature à leur inoculer les mœurs sanguinaires et barbar
es de ceux qui ne reconnaissent ni lois divines ni lois humain
es. Tous n'étaient pas des modèles, qui en douterait? « Quel
ques-uns », dit le P. Du Tertre, ont mené une vie licencieuse,
et c'est dommage pour la bonne renommée des îles; mais l'in-
conduite de quelques-uns n'autorise aucune généralisation. A
côté des débauchés, il y eut des chrétiens fervents. Le Jésuite
Martin Poinsset, curé du Prêcheur, nous apprend que l'un de
ses paroissiens, Jacques Chalot, est mort « en odeur de sain
teté, comme il a vécu ». Un document officiel fait cas d'un
Jaham Desfontaines, habitant au Marigot, comme d'un homme
terriblement dévot. La plupart des colons s]intéressent à la fon
dation des paroisses, et quand les premiers Jésuites abordèrent
à la Martinique, les habitants y étaient déjà en possession de
3. Comparer par exemple l'ouvrage du Jésuite Pelleprat et celui du
Dominicain Chevillard. C'est à qui racontera plus de conversions
4. P. Bouton, Relation de l'établissement des Français à la Martini
que, p. 98.
5. P. du Tertre, Histoire générale des Antilles, t. II, p. 422. 322 REVUE D'HISTOIRE ï>F, L'ÉGLISE DE FRANCE
leurs églises et de leurs prêtres". Enfin, en 1666, le P. Du
Tertre écrit : « II se rencontre présentement [dans les îles]
autant de vertu et de piété à proportion que dans la France,
car les sacrements y sont fréquentés et l'on y assiste aux offices
divins avec une assiduité qui témoigne assez le zèle et la dévo
tion des habitants7. »
Une population nombreuse était là première condition de
la prospérité des colonies. Dans ses avis aux gouverneurs, le
ministre insiste souvent sur les moyens de la multiplier. Mais
les femmes étaient naturellement moins promptes à s'expatrier
que les hommes. Pour y remédier, voici ce que de Baas piro-
posait à Colbert : « On est ici fort opiniâtre sur une ancienne
proposition qui serait d'un grand fruit pour peupler les îles,
s'il plaisait à Sa Majesté de la faire exécuter, qui serait d'y
envoyer tous les ans un nombre de jeunes p;ens de quatorze
ans avec des filles de dix qui se trouvent en plusieurs hôpitaux
de France... Les bons sucriers prendraient chacun une fille et
un garçon, et après s'en être servis quatre ans, les marieraient
et leur donneraient quelque endroit de terre défrichée pour
pouvoir vivre et ... ils deviendraient enfin sucriers". » Ces ma
riages faits sur commande présentaient naturellement plus
d'une difficulté et il n'y fut pas donné suite.
Vers l'année 1678, une vingtaine de familles quittèrent
Saint-Christophe pour aller s'établir à Saint-Domingue. Ce
petit fait divers, colporté à travers les îles, prit des proportions
fantastiques, à telle enseigne que l'intendant Patoulet écrivit en
France que huit mille colons avaient quitté les petites Antilles.
Cet exode invraisemblable jeta l'effroi à Versailles. Il fallait
au plus tôt pourvoir à la repopulation. Pour cela, on accorda
leur congé aux soldats en garnison aux' îles, à condition de
s'y marier, et on leur envoya des jeunes filles dont ils pour
raient faire choix pour épouses. Des envois eurent lieu de
1681 à 1683. Dans leur Mémoire au roi, le gouverneur et l'i
ntendant nous informent de leur arrivée. « S'il plaît à Sa
Majesté de continuer d'envoyer tous les ans cinquante jeunes
filles tirées de l'Hôpital, nous l'assurons que ce secours sera
6. P. Bouton, ouvr. cité, p. 96.
7. J. Du Tertre, ouvr. cité, t. II, p. 422.
8. Arch, nat, Colonies C8 A 1, Lettre du 26 déc. 1669. NOTES SUR L'HISTOIRE RELIGIEUSE DE LA MARTINIQUE 323
d'une très grande util

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