Église et Etat en France au début du Ralliement. L affaire des catéchismes électoraux d après les Archives Vaticanes (1891-1892) - article ; n°181 ; vol.68, pg 213-233
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Église et Etat en France au début du Ralliement. L'affaire des catéchismes électoraux d'après les Archives Vaticanes (1891-1892) - article ; n°181 ; vol.68, pg 213-233

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1982 - Volume 68 - Numéro 181 - Pages 213-233
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Paola Vismara
Chiappa
Église et Etat en France au début du Ralliement. L'affaire des
catéchismes électoraux d'après les Archives Vaticanes (1891-
1892)
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 68. N°181, 1982. pp. 213-233.
Citer ce document / Cite this document :
Vismara Chiappa Paola. Église et Etat en France au début du Ralliement. L'affaire des catéchismes électoraux d'après les
Archives Vaticanes (1891-1892). In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 68. N°181, 1982. pp. 213-233.
doi : 10.3406/rhef.1982.1699
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1982_num_68_181_1699ÉGLISE ET ÉTAT EN FRANCE
AU DÉBUT DU RALLIEMENT
L'AFFAIRE DES CATÉCHISMES ÉLECTORAUX
D'APRÈS LES ARCHIVES VATICANES (1891-1892).
« ... Si incroyable qu'il y paraisse, il ne se passe de jour, que ne sur
gisse une nouvelle difficulté en ce pays. Depuis quatre mois, je n'ai
pas eu un moment de repos... » confiait le nouveau nonce Ferrata au
cardinal Rampolla, Secrétaire d'État, le 10 février 1892 1. Quelques
jours après (le 16), paraissait l'encyclique du Ralliement, Au milieu
des sollicitudes. Une recrudescence des passions fut l'un de ses premiers -
effets : « Le parti radical et franc-maçon devient plus hargneux et
multiplie ses efforts pour allumer les passions et aggraver la lutte
religieuse... f »
L'événement qui fournit à Ferrata l'occasion de ces considérations
si pleines d'amertume est l'affaire des « catéchismes électoraux ».
On qualifie ainsi des additions au texte classique, le plus souvent
récentes, qui traitent des devoirs des chrétiens en matière socio-poli
tique : plus que ce qui touche par exemple au mariage ou à l'éducation
des enfants et à l'école neutre, c'est l'attitude électorale du chrétien
qui y est particulièrement visée8.
Ce problème des catéchismes électoraux occupa le devant de la
scène politique depuis qu'en novembre 1891 le marquis de L'Angle
Beaumanoir, monarchiste, demanda, dans une interpellation au Sénat
au sujet de l'enseignement religieux, la suppression de ces catéchismes,
dans les écoles de l'État, au nom de la neutralité. En particulier, il
attira l'attention du monde politique sur les suppléments qu'il affirma
avoir été récemment insérés dans quelques catéchismes diocésains,
à Rennes notamment, à propos des devoirs électoraux des catholiques
et des écoles neutres. Dès lors, la question fut ouverte et, pendant plu
sieurs mois, ne connut aucun moment de trêve.
À travers ce cas particulier, c'est la politique du Saint-Siège envers
la France qui est en jeu, une fois de plus, celle dont le nonce Ferrata
1. Ferrata à Rampolla, 10/2/1892. Voir aussi 30/1/1892.
Les sources signalées, sauf indication contraire, sont conservées à l'Archivio
Segreto Vaticano (A.S.V.), Segreteria di Stato, a. 1892, rubr. 248 (8).
2. Du même au même, 10/4/1892.
3. Le P. Lecanuet, L'Église de France sous la III* République (Paris, éd. de
1930-31) fait l'historique de ces catéchismes électoraux, t. I, p. 519 et surtout t. II,
p. 535-559.
R.H.É.F., t. LXV111, 1982. . P. VISMARA CHIAPPA 214
s'est fait l'interprète diligent et fidèle *. La volonté de Restauratio, le
projet de portée universelle qui inspire l'action de Léon XIII se traduit,
pour la France, par une tentative de pacification, qui permettrait
à l'Église en France d'accomplir du mieux possible sa mission spirituelle
et sa tâche pastorale, sans tenir compte de la politique fi.
Cette politique se heurtait, en France même, à des obstacles consi
dérables, dont eurent conscience Rampolla aussi bien que Ferrata.
L'idée de la séparation entre l'Église et l'État faisait toujours plus de
chemin, non seulement dans les milieux laïques, mais aussi parmi le
clergé et les fidèles, jusque dans la hiérarchie : bien des catholiques
étaient fermement convaincus qu'on devait considérer la dénonciation
du Concordat comme un événement tout à fait positif, pouvant donner
à l'Église de France une plus grande liberté et la rendre indépendante
des entraves et du contrôle du pouvoir : au moins, l'envisageaient-t-ils
comme un fait proche et inévitable. Telle n'était pas la position du
Saint-Siège, qui voyait d'un mauvais œil une telle perspective 6.
Beaucoup de catholiques s'opposaient à une conciliation, jugeant
que la politique romaine était trop faible, prête à céder (il suffit de penser
à l'ampleur de la législation anticléricale en cette période) sans obtenir
de contrepartie. Rome, pour sa part, craignait l'ardeur d'une fraction
des catholiques, y compris dans l'épiscopat, qui risquait d'aboutir,
sinon à une lutte ouverte, du moins à une multiplication de prétextes
à un conflit. Par ailleurs, il ne faisait pas de doute que certains milieux
radicaux et monarchistes cherchaient à exciter l'opinion publique,
décidés à empêcher à tout prix le succès de la politique vaticane. .
Aussi le Saint-Siège presse-t-il le gouvernement de contribuer à
un apaisement. Il lui demande d'abroger les lois antireligieuses, de
stopper les mesures en projet, de freiner la violence des radicaux
et des francs-maçons 7. Selon Ribot, cependant, le Concordat est rendu
précaire non pas du fait du gouvernement, mais de cette partie du
4. Le remplacement de Rotelli par Ferrata à la nonciature doit être situé dans
ce contexte. La conformité de vues du pontife et des actes de Ferrata est à plusieurs
reprises mise en lumière par Rampolla (par ex. Rampolla à 4/2/92 et 6/2/92.
Voir aussi E. Lecanuet, op. cit. t. I, p. 472 as. 0. Kôhler (Handbuch der Kirchen-
geschichte, dir. par H. Jedin, B. VI/2, Freiburg-Basel-Wien 1973, p. 25) le définit
comme un des diplomates les plus habiles de Léon XIII. Voir aussi Y. Marchasson,
La diplomatie romaine et la république française à la recherche d'une conciliation.
1879-1880, Paris 1974, p. 73 ; A. Dansette, Histoire religieuse de la France contem
poraine. L'Église catholique dans la mêlée politique et sociale, Paris 1965, p. 451.
Le témoignage de Ferrata sur la part que lui-même a eue dans la politique de paci
fication est intéressant : D. Ferrata, Mémoires, Roma 1920, t. II, p. 7 sq.
5. P. Renouvin, Préface à Marchasson, op. cit., p. 5 ; J. Gadille, La pensée et
l'action politiques des évêques français au début de la IIIe République, 1870/1883,
Paris 1967, II, p. 125 sq.
6. Riche documentation à ce propos en A.S.V., Segreteria di Stato, a. 1891,
rubr. 248.
7. Il y a plusieurs lettres de Ferrata à Rampolla de novembre 1891 à janvier
1892. Le gouvernement ne peut et ne veut agir contre les radicaux et les franc-
maçons. Encore plus favorable à ces groupes le nouveau gouvernement (février
1892). Voir Ferrata, Mémoires, II, p. 164 ; Fava à Rampolla 29/6/1892. l'affaire des catéchismes électoraux 215
clergé et de la hiérarchie qui sort de sa fonction religieuse pour se
mêler à la politique.
Dans cette affaire des « catéchismes électoraux », comment les choses
se sont-elles passées ? Dès le début, il apparut impossible d'endiguer
le conflit, à cause de la pression parlementaire continue, de son reten
tissement dans la presse et dans l'opinion publique, et de l'agitation
des groupes cités plus haut.
La pression parlementaire contraignit le gouvernement à déférer
les suppléments aux catéchismes devant le conseil d'État. Non pas
huit, comme on pensait au début 8, mais cinq, à savoir ceux de Rennes,
Séez, Luçon, Saint-Jean-de-Maurienne et Grenoble. Compte tenu
de ce qu'était le conseil d'État depuis l'épuration de 1879 •, une décla
ration comme d'abus était désormais inéluctable. De plus, on ne propos
ait pas seulement d'interdire d'enseigner les suppléments, mais de
soumettre à censure tous les catéchismes diocésains, afin de les purger
de tout passage qui ne serait pas exclusivement religieux 10.
La politique du Saint-Siège dans l'affaire des catéchismes.
Il faut se demander quelle a été l'attitude du Vatican à ce propos.
Le Saint-Siège est fort soucieux des prises de position de quelques
évêques

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