François Mulard « premier député royal antijanséniste à Rome » - article ; n°137 ; vol.41, pg 185-210
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1955 - Volume 41 - Numéro 137 - Pages 185-210
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lucien Ceyssens
François Mulard « premier député royal antijanséniste à Rome »
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 41. N°137, 1955. pp. 185-210.
Citer ce document / Cite this document :
Ceyssens Lucien. François Mulard « premier député royal antijanséniste à Rome ». In: Revue d'histoire de l'Église de France.
Tome 41. N°137, 1955. pp. 185-210.
doi : 10.3406/rhef.1955.3180
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1955_num_41_137_3180FRANÇOIS MULARD
premier député royal antijanséniste à Rome »
Ces dernières années trois franciscains ont consacré des
études à leurs confrères qui se sont distingués dans la lutte
contre le jansénisme1. Cependant aucun d'eux n'a dit un mot
de François Mulard, le « premier député royal anti janséniste
à Rome »2. Il est, en effet, difficile de le faire. Quand, au
début du xviii8 siècle, le mauriste Jean Liron inséra dans sa
Bibliothèque chartraines une notice biographique relative au
P. Mulard, il la fit précéder de cette introduction :
« Voici un illustre d'une espèce toute particulière. Il ne mérit
ait pas d'avoir place dans cette Bibliothèque, si ces sortes d'ou
vrages n'étaient semblables à un filet jeté dans la mer qui prend
toutes sortes de poissons, bons et mauvais. Et puisque le P.
Mulard a trouvé moyen de faire parler de lui pendant sa vie,
on peut bien lui donner un titre ici. Il est beaucoup parlé de lui
dans le Journal de Monsieur de Saint-Amour et dans la cinquième
Disquisition de Paul Irénée, c'est-à-dire M. Nicole, son comp
atriote »...
1. A. de Sérent, Les frères-mineurs en face du jansénisme (1607-
1754), dans Études franciscaines, n.s. 2 (1951), p. 213-23I9; 321-333; D.
Van Heel, De Minderbroeders als bestrijders van het Jansénisme, dans
Bijdragen tot de geschiedenis van het Bisdom Haarlem, 57 (1939), p. 233<-
260; A. Bonnar, The English Franciscans and Jansenism, dans The
Clergy Review, 2 (1931), p. 122-132, A. Chiappini (Wadding, Annales^ con-
tin., t. XXIX, p. 35, 124, 156) mentionne l'activité missionnaire de
Mulard et il sait par Gerberon (cf. infra) que ce franciscain fit partie
des députés antijansénistes français venus à Rome pour la condamnat
ion des cinq propositions (o. c, t. XXX, p. 123).
2. Ces titres sont attribués à Mulard par Jean Fileau, Relation juri
dique, Poitiers 1654, p. 173; cf. infra. — Le nom du P. Mulard s'écrit
de diverses façons : Mullard, Mulart, Mullart, Maillard. C'est peut-
être en souvenir de ce franciscain que, plus tard les jansénistes don
nèrent au P. Bernard Désirant, augustin belge, le surnom de Mulart;
voir Causa Quesnelliana, Bruxelles 1704, p. 3>26. Jusqu'à présent, ni
étude, ni notice (à part celle de Liron, cf. infra) n'a été consacrée au
P. Mulard. Les références utiles seront données plus loin.
31. J. Liron, Bibliothèque générale des auteurs de France, livre pre
mier contenant la bibliothèque chartraine ou le traité des auteurs et
des hommes illustres de l'ancien diocèse de Chartres, Paris, 1719. L'au
teur n'ajoute pas de renseignements à ceux des jansénistes et des
antijansénistes. 186 L. CEYSSENS
Pour nous, si le P. Mulard nous intéresse, c'est parce qu'il
fournit des données importantes pour l'histoire générale de
l'Église. Il contribue à prouver l'existence et à révéler la na
ture d'un mouvement peu connu, mais qui a fortement influé
sur I2 xvne siècle : l'antijansénisme4.
Les principales indications biographiques relatives au
P. Mulard se rencontrent dans une lettre écrite à Chartres
(pays natal de notre franciscain) le 4 février 1652 par un
certain Edeline. Elle a été reproduite dans le volumineux
Journal de Mr de Saint-Amour, publié en 1662 par les soins
d'Antoine Arnauld et d'Antoine Le Maître de Sacy, tous les
deux jansénistes, comme l'était Louis Gorin de Saint-Amour.
Monsieur mon Frère,
Ce mot sera pour vous assurer que je me suis informé exacte
ment du P. Mulard, cordelier. Le dit Mulard est natif de cette
ville, de la paroisse Saint-Hilaire, proche de votre monastère^.
Il y a environ trente-deux ou trente-trois ans qu'il était médec
in. Quelques temps après il se rendit capucin. Après avoir porté
longtemps l'habit, il jeta le froc aux orties et s'en alla à Montp
ellier, auquel lieu il prit femme parmi les huguenots. Il passait
pour assez fameux médecin. Il fut reconni par un père capu
cin passant à Montpellier, auquel le dit Mulard fut contraint
d'avouer qu'il avait été de son ordre, allant le visiter en qualité
de médecin. Il y eut une servante du logis, dans lequel était
malade le capucin, qui entendit les remontrances qu'il faisait au
dit Mulard, et ne manqua pas de le dire au maître du logis.
L'affaire étant divulguée, le dit Mulard prit la fuite et s'en alla à
Rome, afin d'avoir dispense de son vœu. Il a eu permission du
pape de porter l'habit de cordelier. Il n'a point de couvent. Il
est passé dans cette ville depuis un mois. On ne sait pas en quel
lieu il est à présent. Il se dit aumônier de M. le Comte de Har-
court(>. Voilà tout ce que j'ai pu savoir de la vie du dit Mulard.
4. Nous avons soutenu en 1953, au congrès de l'Université pontifi
cale grégorienne, l'impossibilité d'étudier l'histoire du jansénisme sans
envisager en même temps celle de l'antijansénisme; voir L. Ceyssens,
Le Jansénisme. Considérations historiques préliminaires à sa notion,
dans Nuove ricerche storiche sut giansenismo, Rome 1954, p. 3-32.
5. Il s'agit de l'Abbaye bénédictine de Saint Père-en-Vallée, qui en
1640 s'était réunie à la Congrégation de Saint-Maur; cf. L. H. Cotti-
neau, Répertoire des abbayes, t. I, Mâcon 1936, p. 716-17.
6. Sur Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, que nous rencontrerons
encore plus loin, on trouvera des notices dans P. Larousse, Grand dic
tionnaire universel du xix° siècle, IX, col. 71; Enciclopedia universal
illustrada Europeo- Americana, XXVII, col. 674; italiana,
t. XVIIil, col. 371. Des lettres de lui, conservées à la Bibliothèque natio
nale de Paris (cf. A. Vidier-P. Perrier, Catalogue général des manusc
rits français, t. III, Paris 1935, p. 283) pourraient enrichir nos con
naissances sur l'activité de Mulard en tant qu'aumônier militaire. FRANÇOIS MULARD DEPUTE ANTIJANSÉNISTE 187
II est frère de notre cousine Le Fèvre, etc. Je suis à jamais de
tout mon cœur,
Monsieur mon Frère,
Votre très humble et affectionné Frère â vous
servir, ainsi signé Ëdeline
De Chartres, ce 4 février 16527.
Ce document sensationnel mérite-t-il confiance ? Certes, il
invoque une autorité de poids, la sœur même du P. Mulard;
mais peut-on se fier à cet Edeline, auteur de la lettre, et à
Saint- Amour qui l'a publiée ? Les auteurs jansénistes tels
qu'Arnauld, Hermant, Gerberon, De Witte» l'ont fait; mais
leur partialité ne les portait-elle pas à être trop crédules ?
Examinons donc plutôt les auteurs antijansénistes. Chose
étonnante, à part Jean Filleau et René Rapin, aucun d'eux ne
parle du premier député royal. On s'attendrait à rencontrer
au moins son nom dans H. Dumas, Histoire des cinq proposi
tions de Jansénius, Liège 1699, J. B< Du Chesne, Histoire du
baïanisme, Douai 1731, Robert Robillard d'Avrigny, Mé
moires chronologiques et dogmatiques, s. 1. 1739, François
Albizzi, Relatio, publiée par A. Schill, sous le titre Die offi
cielle Relation des rômischen Officiums ùber die Vêrurthei-
lung des Jansenismus, dans Der Katholik, LXIII, 1883. Cet
espoir est frustré. Nous reviendrons sur Filleau. Arrêtons-
nous un instant sur le P. Rapin, auteur qu'on voit cité par
tout, mais dont la partialité anti janséniste est connue. Il n'a
pas peur au besoin de blanchir les anti jansénistes et de noir
cir les jansénistes. Or, s'il mentionne le P. Mulard à plusieurs
7. Journal de M. de Saint-Amour, 142-43. Je n'ai pas pu identifier
l'auteur de cette lettre, au sujet duquel nous avons cependant quel
ques indications utiles. Il s'appelle Edeline, il habite Chartres, son
frère est bénéd

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