L iconoclasme dans le diocèse de Nîmes au XVIe et au début du XVIIe siècle - article ; n°176 ; vol.66, pg 5-15
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L'iconoclasme dans le diocèse de Nîmes au XVIe et au début du XVIIe siècle - article ; n°176 ; vol.66, pg 5-15

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1980 - Volume 66 - Numéro 176 - Pages 5-15
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Monsieur Robert Sauzet
L'iconoclasme dans le diocèse de Nîmes au XVIe et au début du
XVIIe siècle
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 66. N°176, 1980. pp. 5-15.
Citer ce document / Cite this document :
Sauzet Robert. L'iconoclasme dans le diocèse de Nîmes au XVIe et au début du XVIIe siècle. In: Revue d'histoire de l'Église de
France. Tome 66. N°176, 1980. pp. 5-15.
doi : 10.3406/rhef.1980.1651
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1980_num_66_176_1651L'ICONOCLASME DANS LE DIOCÈSE DE NÎMES
AU XVI« ET AU DÉBUT DU XVII* SIÈCLE ,
Travaillant sur le diocèse de Nîmes au xvne siècle, j'ai rencontré
l'iconoclasme. La présente étude est le résultat d'une remontée dans
le temps, aux origines de ce mouvement. Elle retrouve d'autres recher
ches. Je pense notamment à la controverse entre Mme8 Estèbe et Davis,
ainsi qu'aux travaux entrepris ou réalisés sur les Pays-Bas par Mme Mack
Crew et par mes collègues lillois Alain Lottin, Suzanne Deyon et leurs
élèves *.
A la différence du sud des « pays de par deçà », l'iconoclasme protes
tant ne se limite pas, en Bas Languedoc, à une brève période paro
xystique. Il éclate dès que la Réforme s'affirme, dans les années 60
du xvie siècle, et se manifeste à nouveau avec violence lors des retours
offensifs du calvinisme, notamment pendant c les guerres de Mons
ieur de Rohan » ou durant l'épisode camisard.
Je voudrais centrer mon étude sur la première manifestation icono
claste et sur la récurrence de 1621, situant succinctement les faits
et posant à travers eux quelques problèmes d'histoire psycho-sociale
des débuts de la Réforme dans cette région. Il y a là, me semble-t-il,
matière à de fructueuses comparaisons. Le phénomène iconoclaste
apparaît, par la violence même de sa négation, comme un bon révéla
teur de l'importance de l'image pour la religion populaire *.
Les sources d'une pareille étude sont variées. A côté des délibéra
tions consistoriales ou capitulaires, des livres de raison, des ouvrages
polémiques contemporains, une série intitulée c troubles des religion-
1. Cf. Natalie Zemon Davis, « The rites of violence, Religious riot in 16th century
France », Past and Présent, n° 59, mai 1973, p. 53-91 ; et débat Janine Estèbe
et N. Z. Davis, Past and Présent, n° 67, mai 1975, p. 127-135. Phyllis Mack Crew,
Calfinist preaching and Iconoclaam, in the Netherlands 1544-69, Cambridge Univenity
Press, 1978. A. Lottin, dans l'Histoire des diocèses de France (Cambrai et Lille),
sous la direction de P. Pierrard, 1978. J.-M. Regnault et P. Vermander, c La
crise iconoclaste de 1566 dans la région d'Armentières. Essai de description et d'in
terprétation », Revue du Nord, avril 1977. Écho des recherches lilloises dans
J. Dblumbau, La Peur en Occident, 1978, p. 185. Pour l'Angleterre, Keith Thomas,
Religion and the décline of magie, Londres, 1971.
2. Cf. l'important article de J. Séguy, « Images et religion populaire », Archivés
de Sciences sociales des Religions, 1977, 44/1, p. 25-43..» ■ B. SAUZET D
naires » qui renferme des informations judiciaires des xvie et xvne siècles
est particulièrement riche en témoignages concrets 8.
La première vague d'iconoclasme se manifesta en 1561, au moment
où, à la faveur de la crise de l'autorité royale, le calvinisme sortait
de la clandestinité.
Très tôt, le protestantisme avait trouvé des appuis dans l'élite
locale. En 1537 et 1548, les consuls avaient protégé des professeurs
du collège, Pécolet et Baduel, « mal sentans de la foy §4. En 1545,
une première agression contre les images eut lieu à la cathédrale de
Nîmes : un inconnu lacéra « l'image de la benoîte Dame étant en la
chapelle S* Honoré ou S* André » ce qui donna lieu à une procession
expiatoire à laquelle le sénéchal de Beaucaire ordonna aux habitants
d'assister*. Le règne d'Henri II fut marqué par une répression inca
pable d'arrêter le progrès du calvinisme6. Les idées nouvelles pro
gressèrent, après la mort d'Henri H, sous l'impulsion de deux ministres
venus de Genève, Mauget et La Serre. Au printemps 1561, tandis que
les Guise quittaient la Cour et que Catherine de Médicis se rapprochait
des plus modérés des réformateurs, comme Coligny, le protestantisme
méridional s'affirme. Le consistoire de Nîmes apparaît en mars 1561.
Le cahier de doléances pour les États Généraux, rédigé dans un
conseil de ville extraordinaire, le 15 mars 1561, montre que l'élite
municipale est favorable à la Réforme : II demande en effet que « aul-
cung ne soyt travailhé ny molesté, nonobstant tous edictz precedentz,
pour le faict de religion, fores que les atheistes, libertins, anabaptistes
et aultres semblables monstres, ennemys déclarés de Dieu et des
hommes... Singulièrement que a ceulx qui croyent ne pouvoir en saine
conscience communiquer aux cérémonies de l'Église Romaine, soyt
donné moyen d'estre instruictz et enseignés en la parole de Dieu, de peur
qu'ils ne tumbent en athéisme... Il seroit bon que dores-en-avant,
pour prier et louer Dieu, de cœur et vérité comme de bouche, sans
yppochrisie et superstition, dont procède principalement le mespris
du service de Dieu, toutes prières ecclésiastiques, soient pour louanges
de Dieu ou aultrement, soyent reduictes et faictes en langue à tous
intelligible, et meshuy que la lecture de l'escripture saincte ne soyt
interdicte à nul, de quel estât et condition qu'il soyt, ains que tous
généralement s'y adonnent et en soient tousjours exhortés par leurs
ministres, singulièrement aux sainctes psalmodiations et chansons
spirituelles » 7»
A cette date* la sanior pare de la population nîmoise est gagnée aux
idées des Réformateurs : comme le conseil de ville, le présidial est dominé
3. A. D. Gard, G 441 à 448.
4. A. Pubch, Les débuts de la Réforme à Ntmeê d'après des documents inédits,
1893.
5. L. MéNARD, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la villt de Nistnes,
tome IV, 1753, p. 188.
6. L. Ménard, op. cit., p. 206, 232, 235, 286.
7. Arch. commun. Nîmes, LL 9. Cité par L. Ménard, op. cit., t* IV, p. 271. . l'ïCONOCLASME i NÎMES 7
par les sectateurs de Calvin. La majorité des avocats et des gentils*
hommes de la ville sont également huguenots 8 et, au chapitre cathédral
lui-même, telle délibération capitulaire révèle la pénétration des idées
nouvelles *. La major pars de la cité paraît également gagnée : signe
non équivoque *— même compte tenu de la présence d'auditeurs forains
— t la participation de 8 000 personnes (dans une ville qui comptait
une douzaine de milliers d'habitants) aux prédications de Pierre Viret, .
à l'automne 1561 10. C'est à ee moment que se manifesta l'iconoclasme.
L'occasion en fut la revendication et l'occupation de lieux de culte,
implicitement contenue dans le cahier de doléances de mars 1561 u.
En juillet 1561, la prise de l'église de Sauve par le ministre Tartas,
suivi de 3 ou 400 hommes, suscita des actes de violence contre les ;
emblèmes du catholicisme, les assaillants ayant « prins le temple, -
abattu les idoles, tombé les autels, chassé les prebtres, fait tomber
les croix à deux villages ciroonvoisins du dit lieu » ia. A Nîmes, fin
septembre, les religionnaires s'emparèrent de l'église des Cordeliers
de l'Observance. Cette occupation ne s'accompagna pas, dans l'im
médiat, d'iconoclasme. Les chanoines de Nîmes, réunis, le même jour,
en chapitre extraordinaire, se plaignaient de ce que « l'assemblée du
ministre de Genève et de l'esglise particulière de la dite ville de Niâmes
a saisi par embûche l'esglise et couvent des frères religieux de l'ordre
de S* François » et demandaient l'assistance des magistrats et consuls •■
pour leur permettre d'aller chercher « le Saint sacrement du précieux
corps de notre Seigneur lequel est posé au devant du grand autel »,
craignant qu'il ne soit « irrévérencieusement traité » 1Z. Le consi

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