La Société de Marie, dite d’Espagne. Mariologie, apocalyptique et contre-révolution - article ; n°1 ; vol.201, pg 37-58
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Revue de l'histoire des religions - Année 1984 - Volume 201 - Numéro 1 - Pages 37-58
Le présent article étudie un projet de congrégation religieuse (la Société de Marie, dite d'Espagne), à perspective mariale, apocalyptique et contre-révolutionnaire. L'A. analyse son idéologie et montre son insertion dans les courants de pensée de l'époque (seconde moitié du dix-huitième siècle). Quels rapports génétiques peut-on relever entre ce projet mort-né et la création, dans la France de la Restauration, de trois congrégations, toujours vivantes, se réclamant d'une idéologie également mariale, apocalyptique et contre-révolutionnaire ? L'article s'efforce de répondre à cette question ; il note enfin que les « congrégations adventistes » ici étudiées sont le pendant des sectes de terrain protestant à perspective apocalyptique et contre-révolutionnaire (pour la plupart) qui naissent à la même époque dans d'autres pays.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Séguy
La Société de Marie, dite d’Espagne. Mariologie, apocalyptique
et contre-révolution
In: Revue de l'histoire des religions, tome 201 n°1, 1984. pp. 37-58.
Résumé
Le présent article étudie un projet de congrégation religieuse (la Société de Marie, dite d'Espagne), à perspective mariale,
apocalyptique et contre-révolutionnaire. L'A. analyse son idéologie et montre son insertion dans les courants de pensée de
l'époque (seconde moitié du dix-huitième siècle). Quels rapports génétiques peut-on relever entre ce projet mort-né et la
création, dans la France de la Restauration, de trois congrégations, toujours vivantes, se réclamant d'une idéologie également
mariale, apocalyptique et contre-révolutionnaire ? L'article s'efforce de répondre à cette question ; il note enfin que les «
congrégations adventistes » ici étudiées sont le pendant des sectes de terrain protestant à perspective apocalyptique et contre-
révolutionnaire (pour la plupart) qui naissent à la même époque dans d'autres pays.
Citer ce document / Cite this document :
Séguy Jean. La Société de Marie, dite d’Espagne. Mariologie, apocalyptique et contre-révolution. In: Revue de l'histoire des
religions, tome 201 n°1, 1984. pp. 37-58.
doi : 10.3406/rhr.1984.4364
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1984_num_201_1_4364SOCIÉTÉ DE MARIE LA
DITE D'ESPAGNE
Mariologie, apocalyptique et contre-révolution
Le présent article étudie un projet de congrégation religieuse
(la Société de Marie, dite d'Espagne), à perspective mariale,
apocalyptique et contre-révolutionnaire. L'A. analyse son idéo
logie et montre son insertion dans les courants de pensée de
l'époque (seconde moitié du dix-huitième siècle).
Quels rapports génétiques peut-on relever entre ce projet mort-
né et la création, dans la France de la Restauration, de trois
congrégations, toujours vivantes, se réclamant d'une idéologie
également mariale, apocalyptique et contre-révolutionnaire ?
L'article s'efforce de répondre à cette question ; il note enfin que
les « congrégations adventistes » ici étudiées sont le pendant des
sectes de terrain protestant à perspective apocalyptique et contre-
révolutionnaire (pour la plupart) qui naissent à la même époque
dans d'autres pays.
Un fondateur malheureux : Bernard Daries (1772-1800)
L'inspirateur de la Société de Marie d'Espagne s'appelait
Bernard Daries1. Septième de douze enfants, il était né à
1. Sources manuscrites, pour la plupart aux archives de l'abbaye bénédict
ine de Tournay (Hautes-Pyrénées) : Philippe de Madiran, Abrégé de la vie de
Bernard Daries (1800), sous la cote 2B6D ; copie en 1B6D (nous citons d'après
cet exemplaire). Sous la même cote 1B6D, on trouve aussi une Lettre sur la
Sainte-Ecriture due à B. Daries, datée du 27 août 1794. Ce fonds d'archives
contient encore une copie manuscrite d'un roman de Daries, Le Pasteur du
village, dont un autre exemplaire figure chez les Fils de Marie Immaculée à
Revue de l'Histoire des Religions, cci-1/1984 38 Jean Séguy
Madiran (Hautes-Pyrénées) en 1772. Son père procurait une
relative aisance à sa famille par ses activités de négociant; du
côté de la mère, on jouissait aussi d'une modeste aisance, fruit
d'un travail opiniâtre, d'un esprit d'économie et d'organisa
tion caractéristique, allié à une piété apparemment hérédit
aire. Un des frères de Mme Daries était prêtre, un autre rel
igieux laïc capucin. Deux frères aînés de Bernard reçurent
le sacerdoce ; lui-même mourut — dit-on — diacre, divers évé
nements ayant mis obstacle à son ordination à la prêtrise.
En 1783, âgé de onze ans, Bernard Daries, déjà avancé dans
ses études grâce aux bons soins de son parrain, curé de
Madiran, entra comme élève au collège Saint-Charles de
Mussidan (Dordogne). Il y resta jusqu'à la fin de 1790, soit
sept années pleines. Brillant élève, il enlevait les prix d'excel
lence avec une monotone régularité. A l'âge de dix-sept ans,
son cursus collégial à peine achevé, il se voyait confier l'ense
ignement de la philosophie, à Saint-Charles même. Mais la
Révolution était déjà là, avec ses inévitables conséquences
pour un jeune homme que sa piété, sa science et ses goûts
désignaient pour le sacerdoce, ardemment désiré.
L'été 1790 voyait la Constitution civile du clergé approuvée
par l'Assemblée nationale ; au mois de novembre, la même
instance obligeait les prêtres ayant charge d'âmes à un se
rment de fidélité au gouvernement. La jeune et petite Congré-
Chavagnes-en-Paillers (Vendée). Enfin, les Archives générales marianistes, à
Rome, abritent une copie manuscrite du plan et des statuts de la Société de
Marie d'Espagne, sous le titre En Vhonneur de la Très Immaculée Mère de Dieu.
Plan de la Société de Marie, sous la cote agmar 12. 1 .23.
Etudes sur Daries : Yves Chaille, Aux origines d'une congrégation vendéenne;
Bernard Daries, La Revue du Bas-Poilou et des Provinces de l'Ouest, 1962, 1,
p. 39-53 ; du même, Le V. Père Baudoin et sa famille spirituelle ; le P. Baudoin
en Espagne, Revue Sainte-Marie, 1968, 1, p. 1-5, et 1968, 2, p. 4-9 ; Pierre Zind,
Les nouvelles congrégations de Frères enseignants en France, de 1800 à 1830,
Le Montet, 69 Saint-Genis-Laval, chez l'auteur, 1969, p. 60-69 ; Maurice Mau-
pilier, Louis-Marie Baudoin et ses disciples, Bar-le-Duc, Impr. Saint-Paul, 1973,
p. 48-63.
Nous remercions les deux derniers nommés, qui nous ont aimablement
procuré des photocopies de certains documents manuscrits cités plus haut. De
même, le R. P. Amborgio Albano, archiviste général des marianistes, nous a
fourni une photocopie et une transcription dactylographiée du Plan et des
Statuts de la Société de Marie d'Espagne. Qu'il en soit lui aussi cordialement
remercié. La Société de Marie, dite d'Espagne 39
gation de Saint-Charles dirigeant le collège de Mussidan
refusa en corps d'obtempérer à la loi. Déjà Daries, pieux laïc
d'esprit et de culture cléricaux se distinguait par un écrit
contraire à la Constitution civile du clergé, immédiatement
mis en circulation, sous forme manuscrite, dans l'intell
igentsia périgourdine. L'auteur devait, assez vite, se mettre
à l'abri des remous provoqués par son pamphlet. D'un pré
ceptorat chez un nobliau périgourdin, à un autre plus dis
tingué, à Biarritz, auprès de l'héritier présomptif de la cou
ronne d'Angleterre, côté jacobite, il se retrouva, après un
passage par la cour madrilène, à Tolède. Promu gouverneur
en second de l'Infant Louis de Bourbon, cousin du roi d'Es
pagne, il resta à ce poste de 1792 à 1796, ayant reçu, dès
l'été de 1792, les quatre ordres mineurs que lui avait conférés
l'évêque de Dax, alors réfugié à Saint-Sébastien.
Toujours actif, avide de savoir et brillant, Bernard Daries
n'avait pas perdu son temps entre Mussidan et Tolède. Ses
occupations de précepteur lui avaient laissé le loisir d'ajouter
à une connaissance déjà affirmée du latin et du grec, des él
éments d'hébreu; il avait également acquis la maîtrise écrite
et parlée de l'espagnol, du portugais et de l'italien ; enfin il
s'était donné un working knowledge de l'anglais. Il avait aussi
beaucoup lu, et allait continuer de le faire à Tolède, abordant
les Pères de l'Eglise latine, les auteurs spirituels classiques à
son époque, les écrits de certains mystiques (des xvie et
xvne siècles en particulier). Il n'avait pas négligé, non plus,
la lecture de certains philosophes contemporains (Rousseau
et Bernardin de Saint-Pierre entre autres) ; il voulait les
connaître de première main pour mieux les combattre.
Dès son séjour biarrot, le jeune homme avait conçu
l'idée d'une congrégation religieuse ; sous l'invocation de
Marie, elle devait combattre les ennemis

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