Le cheminement œcuménique du protestantisme français - article ; n°1 ; vol.23, pg 20-43
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Description

Autres Temps. Les cahiers du christianisme social - Année 1989 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 20-43
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 120
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Michel Freychet
Le cheminement œcuménique du protestantisme français
In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°23, 1989. pp. 20-43.
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Freychet Michel. Le cheminement œcuménique du protestantisme français. In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme
social. N°23, 1989. pp. 20-43.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1989_num_23_1_1319LE CHEMINEMENT
OECUMÉNIQUE
DU PROTESTANTISME
FRANÇAIS Michel Freychet
« œcuménisme Trop souvent » en évoque France presque aujourd'hui, exclusivement, dans la pensée du moins commune, depuis le Concmot
ile de Vatican II, le dialogue entre l'Eglise catholique romaine et les
autres églises. Cela se comprend assez aisément dès l'instant où l'Eglise
catholique, majoritaire dans notre pays, est devenue officiellement partie
prenante du dialogue œcuménique. Pour autant, il ne faudrait pas oublier
que c'est au sein des églises non catholique qu'est né le mouvement œcu
ménique; et qu'il s'y est développé durant un siècle avant que l'Eglise
catholique ne se sentît elle aussi directement concernée par son remarquab
le essor et ne s'y engageât à son tour pour lui apporter sa propre contri
bution.
C'est lors de l'Assemblée missionnaire d'Edimbourg (1910) — faut-il le
rappeler — que, vivement interpellées par la voix des représentants des
jeunes églises, les églises occidentales issues de la Réforme comprirent que
mission et unité relevaient d'une seule et même exigence.
Pour sa part, le petit protestantisme français, lui-même très divisé et
encore sous le coup de sévères conflits théologiques internes, devait pren
dre peu à peu conscience du scandale de ses propres divisions. Associé
pratiquement dès le départ au développement du mouvement œcuméni
que par quelques-uns de ses plus éminents représentants, il lui doit sans
doute d'avoir alors échappé à l'asphyxie et à son total effritement, en
découvrant les richesses de la communion ecclésiale dont la pierre de tou
che est la reconnaissance mutuelle des dons spirituels que chaque église a
reçu en partage.
Naturellement, il n'est pas question dans le cadre de cet article de faire
un inventaire complet de la vie œcuménique en France de 1910 — et
même antérieurement à 1910 — jusqu'à nos jours. Du moins voudrions-
nous tenter d'en dresser quelques jalons significatifs, avant et après le
Michel Freychet est chargé des Relations Oecuméniques de la Fédération Protestante de
France.
20 Concile de Vatican II, pour ensuite mettre en lumière quelques-uns des
principaux enjeux du dialogue œcuménique en France aujourd'hui, avec
en particulier ses implications pour le protestantisme français.
POINTS DE REPERES
Avant le Concile de Vatican II
Durant cette période, en France, c'est donc essentiellement au sein du
protestantisme que naît et se développe la dynamique œcuménique. En
effet, l'Eglise catholique se montre alors très méfiante, voire carrément
hostile à l'émergence dans les autres églises d'un mouvement vers l'unité
qui échappe à ses prérogatives et à son autorité. Ainsi, l'Encyclique Mor-
talium Animos (1928) condamne-t-elle sans appel le de l'unité
et coupe court à toute velléité de dialogue. Les Conversations de Malines
elles-mêmes (1926) — conversations officieuses entreprises à l'initiative
de Lord Halifax et du Cardinal Mercier, avec la bénédiction de Rome,
sont soudain interrompues. C'est que viennent de se tenir presque au
même moment les deux premières grandes conférences internationales de
Vie et Action (Stockholm 1925) et de Foi et Constitution (Lausanne
1927), prémisses du futur Conseil œcuménique des Eglises (COE) dont
l'Assemblée constituante qui lui donnera officiellement le jour ne pourra
se tenir, en raison de la Deuxième Guerre Mondiale, qu'au lendemain de
cette dernière (Amsterdam 1948).
En ce qui le concerne, le protestantisme français — nous pensons ici
aux églises dites historiques issues de la Réforme du XVIe siècle — suscite
au cours de ces décennies des hommes de grande envergure qui sont à
compter au nombre des pionniers du mouvement œcuménique : entre
autres W. Monod, H. Monnier, Ch. Merle d'Aubigne, E. Gounelle,
M. Boegner, Hollard, Jezequel. Marc Boegner surtout, très tôt acquis,
sous l'influence de son oncle Tommy Fallot, à la cause de l'unité de
l'Eglise, et doué d'une autorité spirituelle universellement reconnue qui le
conduira à assumer de nombreuses et importantes responsabilités,
d'abord en France, plus tard au COE, va inlassablement, à la lumière des
Ecritures, rappeler aux églises de la Réforme en France P« exigence œcu
ménique », à laquelle elles ne peuvent en aucun cas se dérober sans man
quer à leur vocation. Avec passion et détermination, il fait de ce leitmotiv
une priorité dans l'exercice de ses multiples charges, souvent cumulées, de
pasteur de paroisse, de prédicateur, de conférencier, de directeur de la
Société des Missions de Paris, de président de la Fédération Protestante
de France, de président de l'Eglise Réformée de France, de président de
l'Alliance Biblique française, de président de la Cimade et enfin de
co-président du COE. Sa conviction œcuménique est si forte qu'elle le
conduit à faire sienne la célèbre formule de T. Fallot, audacieuse dans
21 sa double affirmation : 1) « L'Eglise sera catholique ou ne sera pas »;
2) « Le chrétien sera protestant ou ne sera pas ».
C'est sans conteste sous l'impulsion de M. Boegner (1881-1970), et à la
faveur d'une large vision de l'Eglise qu'il partage alors avec quelques-uns
de ses plus proches collaborateurs, que le protestantisme français entre
vraiment dans un processus de recomposition et de communion spiri
tuelle. Processus propre à lui permettre un jour, dans la fidélité aux intui
tions fondamentales des Réformateurs, de retrouver son unité visible et
organique et — au-delà, ou parallèlement — de se préparer à entrer dans
la communion retrouvée avec les autres églises. Communion qui, elle
aussi, pour être authentique, devra être scellée par des liens visibles et
organiques, peut-être différents des précédents, néanmoins de même
nature pour autant que les uns et les autres seront tissés dans la force de
l'Esprit1.
Peut-on citer quelques lieux précis à l'intérieur du protestantisme fran
çais où se sont manifestés des signes précurseurs qui ont, en somme,
déclenché un tel processus de communion ? Assurément !... d'ailleurs, le
plus souvent en relation étroite avec un courant général qui traverse
l'ensemble des églises de la Réforme dans le monde dès le XIXe siècle,
mais qui, relevant généralement d'initiatives privées, s'exprime alors fr
équemment en dehors des institutions ecclésiales.
Ainsi, par exemple, la branche française de l'Alliance Evangélique Univ
erselle (1848), dont l'un des fondateurs, Adolphe Monod, fut le premier
à employer l'adjectif « œcuménique » dans son sens actuel... encore qu'à
cette époque dans le protestantisme « l'universalité était alors comprise
non comme celle d'un corps, ni comme celle d'une alliance d'églises, mais
comme une association de personnes »2.
On pense aussi et surtout aux branches françaises des Mouvements de
Jeunesse, tels l'Union Chrétienne de Jeunes Gens (UCJG) née en 1844 et
l'Union Chrétienne de Jeunes Filles (UCJF), dont est issue en 1895 la
Fédération universelle des Etudiants Chrétiens (la fameuse Fédé). Ces
mouvements jouèrent un rôle déterminant dans l'éclosion de la cons
cience œcuménique. Parlant de l'UCJG, Georges Williams, son fondat
eur, déclarait : « II y a ici un anglican, un méthodiste, un baptiste, un
congrégationaliste : quatre croyants, mais une foi unique en Christ : en
avant ensemble »3.
Comment ne pas évoquer aussi le mouvement du Christianisme social
qui, en France, dès la fin du XIXe siècle, sous l'impulsion d'un Elie
Gounelle, ouvre le protestantisme sur les réalités sociales qui l'entourent.

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