Le groupe des dieux El, Bétyle, Dagon et Atlas chez Philon de Byblos - article ; n°1 ; vol.169, pg 37-49
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1966 - Volume 169 - Numéro 1 - Pages 37-49
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Comte Du Mesnil Du Buisson
Le groupe des dieux El, Bétyle, Dagon et Atlas chez Philon de
Byblos
In: Revue de l'histoire des religions, tome 169 n°1, 1966. pp. 37-49.
Citer ce document / Cite this document :
Du Mesnil Du Buisson . Le groupe des dieux El, Bétyle, Dagon et Atlas chez Philon de Byblos. In: Revue de l'histoire des
religions, tome 169 n°1, 1966. pp. 37-49.
doi : 10.3406/rhr.1966.8292
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1966_num_169_1_8292Le (jroupe des dieux
Kl, Bélyle, Daffon et Atlas
chez Philon de Hvblos
Philon de Byblos, retraçant um: histoire des origines du
monde, nous dit qu'Ouranos. « Ciel », et (iè. « Terre », son
épouse, eurent «. ([uatre enfants. Elos <{ui est Kronos, et
Bétyle, et Dagon qui est Sitôn, et Atlas » [II, Hj1. La filiation
est fictive, ne servant qu'à lier lu récit et à y introduire le
groupe des quatre divinités en question. Elle est inspirée
par la mythologie grecque qui fait de Kronos un fils d'Oura-
nos et de fié. Les trois autres dieux l'ont suivi d'après une
parenté imaginée par l'auteur. Dans la mythologie phéni
cienne El étant le créateur des dieux et des hommes ne
saurait avoir un père et une mère. Le couple divin Ciel et
Terre n'a du reste pas son correspondant dans le milieu
sémitique.
Xous sommes donc en droit d'examiner le groupe des
quatre divinités, isolément. Au cours de ses enquêtes, Philon
de Byblos a trouvé ce groupe ainsi constitué, et nous le fait
connaître : ce sont apparemment les dieux d'une certaine
ville qu'il ne mentionne pas, et que nous aurons à rechercher.
1, Karl Mras, Eusebius Werke, Achler Band : die Praeparalio Euangelica, 1954
Aead. de Berlin, Écrits chrétiens grecs, t. 43, I, p. 46, 1. 21-22, et p. 47, 1. 1-2 ;
Laiíhamíe, Éludes mr les rel. sémit., 2e éd., p. 422, Philon de Byblos, Fragm. II,
14. Nous donnons dans le texte, entre crochets, les renvois à cet auteur. Voici les
lignes du Fragment II qui font l'objet de cette étude : 'O Oùpavoç ... ôcysTai ~ç.bç
yá[j.ov TVjv àSsXç'/jv Třfj xai — oisïtxi ic, xûtîjç i:aïSaç Tsaaapaç THXov (variante
"iXovi, tov xxt Kpóvov, y.aî BxÍtuaov (variantes BstuXov, ByjtjXov) xal Aaywv. oç
iaxl SiToiv, v.xi "AtXxvtx. Г-а variante "IXov transcrit 1' 'i initial du nom de "El,
'II, à lias Sharnra, constatation fort intéressante. 38 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
« Êlos qui est Kronos » ne fait pas de difficulté. Il s'agit
du dieu El des textes de Ras Shamra, l'époux d'Ashérat.
le même que Shor El, « le taureau El », père des dieux et des
hommes. C'est la plus ancienne forme du dieu créateur en
Phénicie, la seule que connaissent les tablettes de Ras Shamra
au xive siècle av. J.-C. A l'époque de la fondation de Carthage,
ce dieu parti de Туг у a donné Ba'al Hammôn = Kronos-
Saturne. Au Ier millénaire av. J.-C, une autre forme cana
néenne du dieu créateur, Élioun, « le Très-Haut », = Ba'al
Shamîn, « le Maître des Cieux », tend cependant à supplanter
El, et finit par le faire disparaître. Élioun est identifié à
Zeus, et non à Kronos. La présence d'Él-Kronos en tête de
notre groupe des quatre dieux est donc un signe d'ancienneté,
mais elle ne nous apprend rien sur la ville d'origine, El appar
tenant à tout le milieu cananéen.
* *
La divinité désignée par le nom de Bétyle (Всатилос) est
plus difficile à reconnaître. Philon de Byblos la désigne par
un mot grec formé lui-même de deux mots sémitiques : bl 4L
« maison de El » ou « maison de dieu ». A l'époque de l'auteur,
le mot s'appliquait comme aujourd'hui à une pierre dressée
servant d'habitat à un esprit divin. Certaines étaient sans
doute des aérolithes tombés du ciel ; d'autres étaient réputés
l'être. De là, l'explication de Philon de Byblos : « Le dieu
Ouranos imagina les bétyles, ayant fabriqué des pierres
animées » [II, 10. fin]. La pierre ainsi comprise était-elle
un dieu indépendant de l'esprit divin qu'elle était censée
contenir ? Nous n'en avons trouvé aucune preuve. Lorsque
les anciens Israélites disaient à la pierre : « tu es ma mère »,
et au bois, c'est-à-dire à Vashérâ : « tu es mon père w1, ils
s'adressaient apparemment aux divinités qui étaient censées
y habiter. De même, l'expression Zeus Bétyle désigne un
1) Lods, Israël, p. 153, citant Jérémie, II, 27. Le prophète cherche à montrer
la sottise des Israélites infidèles qui invoquaient la déesse dans la massébâ et le
dieu dans Vashérâ. LE GROUPE DES DIEUX ЗУ
Zeus habitant dans un Létyle. Dans les langues sémitiques,
il n'est pas davantage question d'un dieu massébn, en pendant
de la déesse ashêrd.
Il y a done, lieu de penser que la divinité appelée « Bétyle »
par Philon de Byblos ne correspond nullement au concept de
la pierre bétyle divinisée, mais que ce mot est un qualificatif
d'une divinité pouvant être appelée bl 'il, « maison de El »
ou « maison de dieu ». Or dans un texte de Ras Shamra,
l'expression bl.'il, « maison de El », alterne avec 'ait.' il, « femme
de El »l, pour désigner deux déesses épouses de El, donc deux
déesses Ashérat. On sait que certains auteurs ont traduit
bl.'il par « fille de El » (bl pour bnl). Mais il faudrait supposer
que El a épousé deux de ses filles, ce qui est bien contraire
aux usages de l'Orient. D'après Philon de Byblos, Ashérat,
son épouse, aurait été, on va le voir, sa sœur, et il aurait
épousé, en outre, trois de ses demi-sœurs [19] qui sont deve
nues aussi des déesses Ashérat2, en plus sans doute des deux
Ashérat du texte que nous mentionnons. La traduction
« fille de El » serait justifiée par l'appellation que ces deux
dernières donnent à El : ml et 'adz, qu'on traduit alors
« Époux ! » et « Père ! ». Ce, dernier vocable démontrerait
qu'elles étaient bien les filles de El. Mais il faut remarquer
qu'en Orient l'appellation « Père ! » ou même « Mon Père »
est très souvent honorifique, sans supposer aucune parenté.
On peut faire une observation analogue pour « Frère ! »,
« Mon frère ! ». Mais la traduction de 'ad par « père » nous
paraît surtout très douteuse. Ce serait un арах à Ras Shamra
où « père » se dit toujours 'ah. Nous préférerions la suggestion
de M. Virolleaud qui pense que 'ad, 'adô, serait un diminutif
familier de 'adn, 'adnn, « Maître ! »4, assez fréquent à Ras
1) IIerdner, Corpus des lablelles en cunéiformes alphabétiques découvertes à
Ras Shamra, p. 99, texte 23, 1. 42 et 45.
2) El et ses épouses vus par Philon de Byblos, Mélanges Jérôme Carcopino,
p. 277-279).
3) Herdner, ibid., 1. 40, 46; .'52 et 43.
4) Syria, 14, 1933, p. 146, en écartant le rapprochement avec. Adonis qui n'a
pas sa place ici; voir Jean-IIoftijzer, Diet, rfrs inscr. sémit. de. V Ouest, p. 4-Г>. Ю REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
Shamra1. Nous pensons donc qu'il faut maintenir la traduct
ion de hl.'il par « Maison-de-El », traduction aussi proposée
par M. Virolleaud2.
L'expression complète btm.bt.'il.bt.'il serait donc à com
prendre v les (fleux) maisons (duel), Maison-de-Él (et) Maison-
de-Él », parallèlement à 'ailm.'ail.'il.'alt.'il, « les (deux)
femmes, Femme-de-El (et) Femme-de-Él ». Il s'agit dans les
deux cas des deux mêmes déesses, épouses de El.
Le qualificatif « maison de El » s'explique par leur carac
tère d'ashérâ, c'est-à-dire de tronc d'arbre ou de poteau
sacré pouvant recevoir une divinité, comme un bétyle ; il
est plusieurs fois fait allusion à cette sorte d'habitat divin
dans l'Ancien Testament ; il était généralement placé près
de l'autel3. Dans le texte cité de

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