Les avoués du chapitre cathédral de Chartres au Moyen Âge - article ; n°48 ; vol.10, pg 297-319
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1924 - Volume 10 - Numéro 48 - Pages 297-319
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Amiet
Les avoués du chapitre cathédral de Chartres au Moyen Âge
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 10. N°48, 1924. pp. 297-319.
Citer ce document / Cite this document :
Amiet Louis. Les avoués du chapitre cathédral de Chartres au Moyen Âge. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 10.
N°48, 1924. pp. 297-319.
doi : 10.3406/rhef.1924.2322
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1924_num_10_48_2322Les Avoués
du Chapitre cathedral de Chartres
au Moyen Age
L'avouerie disparition la siècle). 1195 question bourgeoisie ; l'affaire — canoniale. La des composition des avoués du avoués. Col-Rouge Roi. Son sous origine. — de la Comparaison 1271 comtesse et — les et Conflits multiples le statut Adèle de avec l'avouerie définitif et incidents la l'autorité sentence des du canoniale- avoués. procès temporelle arbitrale — et (xni* La de :
Entre autres « privilèges » de sa juridiction temporelle, le
puissant chapitre cathedral de Chartres comptait avec fierté le
droit d'avouerie bourgeoise1. Institution singulière, qui témoi
gne de l'autorité considérable, acquise par la Compagnie de
Notre-Dame dans la cité et le pays chartrain, au prix de que
relles incessantes avec les seigneurs et, souvent aussi, au péril
de la paix sociale!
Selon un traité curieux du XIVe siècle, connu sous le nom
de Vieille Chronique, l'évêque de Chartres, le Chapitre et les
chanoines possédaient des avoués dans la ville et même dans
les dépendances de la justice du comte. En nombre d'abord
illimité, les avoués du Chapitre auraient été réduits ensuite à
douze seulement2.
Les avoués (advoati, advocati, servientes) étaient des bour-
1. BIBLIOGRAPHIE. — Merlet et de Lépinois, Cartulaire de N.-D.
de Chartres, 3 vol., Chartres, 1862-1865 ; — de Lépinois, Histoire de 2 vol., 1854-1858; — Souchet, Histoire du diocèse
et à\e la ville de Chartres, 4 vol., Chartres, 1866-1873; — Challine, Re
cherches sur Chartres, 1918 ; — V. aussi un ouvrage anonyme du
xvine siècle sur l'Eglise de Chartres, paru dans le Supplément aux Affi
ches chartr aines. — Parmi les publications récentes, voir notre Essai sur
l'organisation du Chapitre cathedral de Chartres {du XIe au XVIIIe siè
cle), Chartres, 1922, et notre étude sur la Juridiction spirituelle privilé
giée du Chapitre cathedral de Chartres, parue dans la Bévue historique
de Droit français et étranger, 1923, p. 210-271.
2. Nous verrons plus loin que la composition de 1271 fixa à dix \&
nombre des avoués.
1. 298 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
geois de Chartres ou des environs, qui entraient au service
d'un membre du Chapitre, dont ils devenaient les protégés et
les justiciables; ils jouissaient ainsi des privilèges et immun
ités de la Compagnie, qui les défendait, au même titre que
ses propres sujets, contre les entreprises et exactions du comte
et de ses officiers.
Il importe d'observer, d'ailleurs, que les avoués du Chapitre
étaient pareillement soustraits à la juridiction de l'évêque de
Chartres, même in spiritualibus. Sans nommer expressément
les avoués, la célèbre lettre, écrite vers 1200 par le chapitre
de Chartres à celui du Mans, constate la juridiction pleine et
entière des chanoines sur tous leurs gens, à l'exclusion de
celle de l'évêque3. Un des textes fondamentaux, invoqué à
l'appui de la juridiction spirituelle capitulaire, la transaction,
dite de Jean Pasté (1328), spécifie que les avoués et leurs fa
milles sont sous la juridiction totale des « doyen et Chapitre »\
La charte des coutumes de 1330 précise que l'évêque ne peut
excommunier les avoués et leurs familles qui ressortissent au
seul Chapitre5. La Vieille Chronique (1389) comprend les
avoués dans l'énumération des exempts de toute juridiction
épiscopale ou archiépiscopale, qui sont dans la dépendance
spirituelle immédiate du Saint-Siège et relèvent au temporel du
roi, en son parlement de Paris6. Ainsi, l'évêque ne pouvait s'im
miscer dans les affaires d'avouerie canoniale; il est probable,
du reste, que les prélats ne se firent pas faute d'intervenir en la
circonstance comme en maintes autres, et que des difficultés
s'élevèrent au sujet des avoués entre le Chapitre cathedral et
le chef du diocèse. Mais les incidents n'eurent pas un grand
retentissement. Par contre, la lutte entre la Compagnie et les
comtes de Chartres atteignit parfois, en ce qui concernait l'a-
vouerie, un degré de gravité tel 'que, l'ordre public et la
dignité de l'Eglise étant en péril, papes et rois de France de
vaient proposer médiation ou arbitrage!
3. Livre des Privilèges de l'Eglise de Chartres, cart 28, p. 186; — Cart.
N.-D., t. II, cxliv.
4. Arch. dép. d'Eure-et-Loir, G 892; — Bibl. mun. de Chartres, ms.
1162 : Regestrum privilegiorum Papalium Ecclesie Carnatensi concesso-
rum, fol. 112 et seq.
5. Arch. dép. G 131, caisse III, cl;- Cart. N.-D.,
t. II, CCCXCIII.
6. Ed. Meblet, p. 61. ■
LES AVOUÉS DU CHAPITRE CATHEDRAL DE CHARTRES 299
Pour bien comprendre la portée de l'avouerie, il faut en
effet la placer dans le milieu social du moyen âge; il faut se
rappeler les libertés et immunités dont jouissait l'Eglise, et
aussi les mœurs assez farouches de l'époque féodale. Il appar
aîtra alors que l'avouerie canoniale constitua pour maints ha
bitants de Chartres, tombés dans la disgrâce du comte ou pour
suivis par sa haine, un suprême refuge, un asile inviolable :
l'avouerie devenait une arme politique, un habile moyen offen
sif dirigé contre le pouvoir civil par un corps ecclésiastique tout
puissant. Il était impossible qu'une telle institution fût acceptée
sans protestations, violences ou représailles par les seigneurs
qu'elle blessait dans leur orgueil et atteignait dans leur autor
ité et leurs ressources fiscales. Des querelles devaient fatale
ment naître entre le comte de Chartres et le Chapitre, qui se
plaisait parfois à prendre sous sa sauvegarde les ennemis-
jurés des puissants du jour ou les citadins désireux de se déro
ber aux impositions arbitraires et aux corvées pénibles ou oné
reuses'. Souvent aussi, des clercs d'origine chartraine obte
naient une stalle au chœur de Notre-Dame; leur admission
dans la Compagnie permettait à ces nouveaux chanoines d'a
vouer parents et amis. Toute cette clientèle venait grossir les
rangs des sujets de l'Eglise et se trouvait ainsi en bloc sous
traite à la justice du comte, sans aucune compensation. Nous
verrons plus loin comment les comtes se défendirent contre
l'avouerie et parvinrent, sinon à les supprimer, du moins à la
restreindre et à l'entourer de garanties efficaces contre les
fraudes. Mais il convient de rechercher d'abord l'origine de
cette « coutume », assez particulière à l'Eglise de Chartres.
Remarquons, en premier lieu, que l'appellation d'avoué sem-
7. On cite parmi les bourgeois notables, qui cherchèrent dans l'avoue
rie un abri précieux contre la colère des comtes : les prévôts Vincent et
Tirel, Raoul de la Vallée et Gilon Col-Rouge, etc.
Constatation curieuse : du dépit impuissant des comtes résulta parfois
une amélioration dans le sort de certains bourgeois. « Le privilège des
avoués, observe M. André Bloxdel (Institutions municipales de Chart
res, xme-xviie siècle), ne profita pas seulement aux bourgeois qui furent
dans leur nombre. Le comte, pour contrebalancer l'influence du Chapit
re, s'entoura de certains familiers, dont la condition devint ainsi plus
favorable ». — M. E. de Lépinois note, de son côté, que les comtes
firent « sortir un assez grand nombre de familles de l'obscurité servile »,
pour opposer ces « conseillers bourgeois » aux avoués du Chapitre (op.
cit., t. I, p. 156). 300 REVUE D'HISTOIRE DE L*EGLISE DE FRANCE
ble bizarrement choisie. Généralement, l'avoué n'était pas un
protégé ; il était un protecteur. Sa mission était de répondre de
vant les juges pour les monastères, abbayes, communautés,
compagnies cathédrales et autres dont il avait charge et de sou
tenir ou faire défendre leurs causes. Ces avoués, princes ou
riches seigneurs, apportaient à l'Eglise l'appui de leur autorité
ou parfo

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