Les protestants aux XVIe et XVIIe siècles et la théorie de l idée de mission - article ; n°57 ; vol.12, pg 443-459
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1926 - Volume 12 - Numéro 57 - Pages 443-459
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1926
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Rousseau
Les protestants aux XVIe et XVIIe siècles et la théorie de l'idée
de mission
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 12. N°57, 1926. pp. 443-459.
Citer ce document / Cite this document :
Rousseau François. Les protestants aux XVIe et XVIIe siècles et la théorie de l'idée de mission. In: Revue d'histoire de l'Église
de France. Tome 12. N°57, 1926. pp. 443-459.
doi : 10.3406/rhef.1926.2409
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1926_num_12_57_2409LES
XVIe ET XVIIe SIÈCLES PROTESTANTS AUX
ET LA
THÉORIE DE L'IDÉE DE MISSION
I. Emoi découvertes causé ohez géographiques les catholiques, du xve pour siècle. le — salut II. d«s Oomm-ent infidèles, les par théolo les
giens protestants interprétaient la parole du Christ : « Allez, ensei
gnez toutes les nations »? — Luther, Bucer, Théodore de Bèze,
Joseph Gerhard, Calvin. — III. Allégations émises par certains écr
ivains protestants pour atténuer ces théories — Loyauté d'historiens
protestants eii cette matière, Warneck. — Certaines âmes dans le
parti réformé n'acceptent point les conclusions, de pareilles doctrines. :
Saravia, Drelincourt. — IV. Caractère purement politique et commerc
ial de certaines missions chez les Lapons, au {Brésil, dans les colo-
nlies hollandaises. — V. Générosité apostolique d« certains hommes
du parti réformé: John Eliot, Von Veltz, Francité, Zinzendorff. —
Ce .sont des exceptions parmi leurs comtempoirains dornt ils encourent
l«s railleries et la contradiiCtiion.
Au xv* siècle, les récentes découvertes géographiques appor
tèrent le trouble dans les âmes cathoiliques.
Au Moyen Age, quand on ne connaissait guère que l'Europe,
le Nord de l'Afrique et une partie de l'Asie, on croyait que
la prédication chrétienne et la diffusion de il'Evangile avaient
brillé d'un tel éclat, chez tous les peuples, qu'il ne demeurait
à personne il'excuse de l'ignorance et de la bonne foi ! Les
appels de l'Evangile s'étaient fait entendre « ne fût-ce que
par un bruit lointain » dans tous les pays du monde. Si
par impossible, l'écho n'en parvenait pas à quelque âme de
bonne volonté, perdue au sein de régions désertes ou d'inac
cessibles forêts, Dieu accomplirait un miracle et, à défaut
de prédicateur, parlerait lui-même ou enverrait un de ses
anges. Le plus déshérité des païens trouverait à sa portée les
moyens de salut nécessaires. S'il accomplissait tout son 444 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
devoir, Dieu ne lui dénierait pas sa grâce, car Dieu veut sau
ver tous les hommes1.
Mais Iles faits démentirent cette théorie optimiste. On vit,
par les récits des explorateurs, qu'il ne s'agissait plus d'un
païen hypothétique, « perdu dans une forêt infranchissable »,
mais de peuples sans nombre privés des lumières de la foi.
Les navigateurs, qui franchirent l'Océan Atlantique, ne trou
vèrent, aux Indes occidentales, aaicun vestige de doctrine
chrétienne. Lorsque la Chine fut mieux connue, on s'aperçut
que, depuis des siècles, l'immense empire vivait tout à fait
à l'écart du monde chrétien.
Aussi une question angoissante se posa aux théologiens
catholiques des xvie et xvne siècles : Que faut-il donc penser
des âmes auxquelles la vérité n'est pas arrivée et qui ne sont
pas coupables de cette ignorance ?
Cependant les textes scripturaires et patristiques sem
blaient exiger, formellement, de tous les hommes, la foi expli
cite en Jésus-Christ.
« Non est in alio aliquo salus. Nec enim aliud nomen est
sub cœlo datum hominibus in quo oporteat nos salvos fieri »
{Actes, IV, 12). « Qui credit in eum non judicatur, qui autem
non credit jam judicatus est : quia non credit in nomine
Unigeniti Filii Del » (Johann., III, 18). « Hsec est vita aeterna
ut cognoscant te sdlum Deum verum et quem misisti, Jesum
Christum » (Ibid., XVII, 3). « In omnem terrain exivit sonus
eorum et in fines orbis terrae verba eorum » (Rom., X, 18).
Le symbole de saint Athanase se termine par ces mots :
« Hsec est fides catholica quam nisi quisque fideliter firmi-
terque crediderit salvus esse non poterit. » Et le concile de
Florence (1439) a enseigné « qu'en dehors de l'Eglise M n'est
point de salut ».
Les théologiens se heurtaient à ces textes. Dans les Univers
ités d'Espagne et de Portugal de nombreuses discussions
s'élevèrent. Les maîtres furent André Vega, Dominique Soto,
Miguel- de Médina, Medchior Cano, François de Vitoria, Gas
pard Casais, Bannèz et, enfin Suarez2. Ce dernier adopta une
doctrine transactionnelle. Il est très certain écrit Suarez que
1. Louis iCapéran, Le Problème du salut des infidèles, Essai historique
«Paris, 1912), p. 216.
2. De Fide, disp. XII; Opera, edit. Vives, t. XII, pp. 334-&60. LES PROTESTANTS ET L'IDEE DE MISSION 445
la foi explicite à la divinité du Rédempteur n'était pas, avant
la venue du Christ, nécessaire. II est même probable que la
croyance à une Providence surnaturelle qui a pris les moyens
de sauver les hommes suffisait aux Juifs eux-mêmes, car la
masse d'entre eux semble avoir attendu un Messie rédempteur
des corps, pour ainsi dire, plutôt que sauveur des âmes.
Les anciennes conditions de salut ont subsisté jusqu'à une
suffisante promulgation de la loi évangélique dans le Monde.
La foi en Dieu contient intrinsèquement et essentiellement
tout ce qu'il faut pour la justification, tandis que la foi expli
cite au Christ, si elle est nécessaire, n'est obligatoire qu'en
vertu d'une ordonnance de Dieu et du droit positif divin. A
moins de conférer à une intelligence humaine la faculté intui
tive de l'ange, il est impossible de l'éclairer, en un seul
moment, sur les mystères du christianisme. C'est donc chose
invraisemblable que, sous la nouvelle loi, Dieu ait rétréci
la voie du salut jusqu'à devoir recourir à de si grands mirac
les !
Si Dieu avait décidé d'attendre un acte de foi explicite en
Jésus-Christ avant de donner les secours nécessaires pour la
justification, cela ne conviendrait pas sous une loi de grâce :
cela ne s'accorderait pas avec la bonté et les promesses de
Dieu,
Oui la foi explicite est nécessaire au salut pour ceux qui
connaissent la loi de l'Evangile. Mais il suffit qui
De l'ont pas entendue, du désir. Hors de l'Egilise point de
salut. Mais il appartient à l'Eglise celui qui en a le désir3.
Les docteurs catholiques abandonnaient donc en général
la vieille opinion surannée d'après laquelle l'ignorance de
la religion chrétienne ne se concevait pas sans culpabilité.
Les multitudes à instruire étaient trop nombreuses pour que
Dieu lui-même ou un ange vînt les éclairer. Le miracle n'au
rait plus été un fait exceptionnel, mais îles lois naturelles
eussent été renversées. Puisque les moyens extraordinaires
faisaient défaut, il ne restait à employer que les ressources
humaines, si défectueuses fussent-elles. Loin de détourner
les missionnaires de l'immense tâche qui s'ouvrait à eux» les
théologiens catholiques encourageaient, au contraire, les
ouvriers apostoliques à défricher ces champs incultes où les
3. Louis Capéran, ouvr. cité, p. 267. , 446 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
appelait leur charité. Ce prosélytisme à l'égard des païens
n'était pas imité aux xvr et xvn* siècles par les docteurs pro
testants.
« Allez, enseignez toutes les nations », a recommandé le
Sauveur avant de quitter îles apôtres.
De telles paroles sont un ordre net et précis. Aucune équi
voque ne permet de le récuser. Cependant, le commentaire
que donnent à ce texte évangélique les docteurs protestants
détourne leurs adeptes de l'œuvre missionnaire. D'après eux,
le commandement du Christ s'adresse bien à ses apôtres, mais
Luther' non point à des hommes contemporains de ou de
Calvin.
Luther considère que cette parole est accomplie depuis
longtemps; dès la première génération chrétienne ! Les autres
brebis que mentionne la

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